Frère Josu Fernandez Olabarrieta, fic
Jean-Marie de la Mennais, guetteur d’avenir

La Mennais Editions, Rome ; Editions Don Bosco, Paris, 2012,  254 p.

Traduit de l’espagnol par André Berthelot et Frère Yvon Deniaud.

Le 6 décembre 2010 a marqué le cent cinquantenaire de la disparition de Jean-Marie de la Mennais, fondateur de la Congrégation des Frères de Ploërmel. A cette occasion, l’ancien assistant général de celle-ci, actuellement directeur des Etudes Mennaisiennes, vient de publier un ouvrage doublement original : d’abord, par le recours à un vieux procédé d’écriture qui, emprunté à la Genèse, présente son objet selon la séquence des 7 jours de la semaine : ensuite, en racontant la vie de son personnage telle que celui-ci l’aurait perçue et vécue. Mais, si cette entrée s’avère parfois un peu irritante et artificielle, elle ne nuit pas à la validité historique du récit.

Ainsi saisit-on, comme au fil des jours, les péripéties et la passion d’un jeune prêtre d’envergure, sollicité par mille tâches, de plus en plus inquiet de l’évolution de son frère Félicité et, quant à lui, viscéralement attaché à l’Eglise et au Pape. Mais ce que nous voulons surtout souligner ici, c’est l’entreprise pédagogique vers laquelle l’entraîne sa volonté de « sauver les enfants par l’éducation ». C’est elle, en effet, qui l’inscrit dans cette vaste série d’initiatives du début d’un XIXème siècle marqué par l’émergence d’une série de Congrégations de Frères Enseignants qui, à l’incitation des Frères des Ecoles Chrétiennes tout en s’en différenciant, entendent promouvoir l’éducation populaire, mais surtout dans les zones rurales[1].

C’est précisément cette effervescence fondatrice que l’on retrouve dans ces pages, spécialement la persévérance obstinée de J.M. de la Mennais qui, à travers et au-delà de son combat contre la Société pour l’instruction élémentaire comme de divers échecs, est amené à se recentrer sur la mise en place « des Frères de l’instruction chrétienne » , qu’il installe à Ploërmel en collaboration avec le célèbre curé d’Auray, le Père Gabriel Deshayes[2],  et dont il va bientôt assurer la diffusion, en les envoyant aux Antilles, puis en bien d’autres lieux où leurs établissements demeurent aujourd’hui vivants[3].

C’est le mérite de ce livre que de reconstituer la dynamique innovatrice de la pédagogie chrétienne, portée par les charismes successifs que la Providence ne cesse de renouveler.

Guy Avanzini



[1] P. Zind, Les nouvelles congrégations de Frères Enseignants en France, de 1800 à 1830, 69 Saint Genis Laval, 1969.

[2] L. Perouas, Gabriel Deshayes. Un grand pionnier de la Restauration catholique dans l’Ouest de la France (1767-1841), Éditions Don Bosco, 2003, 174 p.

[3] G. Avanzini, R.Cailleau, A. M. Audic, F. P. Penisson, Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne d’expression française, Éditions Don Bosco, 2010.