Olivier Landron
L’université catholique de l’ouest (1875-1970). Enracinement et ouverture

Préface du P. Guy Bedouelle – Paris – CLD éditions – 2012 – 264 p.

Une édition qui fait honneur à l’éditeur qu’il s’agisse de la couverture, de la typographie, des illustrations ou de l’index. Le P. Guy Bedouelle en avait écrit la préface depuis Fribourg où, recteur émérite de l’UCO, il s’était retiré avant son décès survenu le 22 mai 2012.

La présente synthèse devient une mine dans laquelle les chercheurs pourront puiser pour, allant plus loin, développer des recherches ponctuelles. L’auteur a utilisé neuf mémoires de maîtrises ou thèses, dont six dirigés par Jean-Luc Marais. Organisée en quatre parties, l’étude est sagement chronologique : « Fondations et premiers développements (1875-1914 » ; « Consolidation (1914-1945) » ; « Essor (1945-1960) » ; « Crises et renouveau (1960-1970) ».

A l’origine : Mgr Freppel, le combatif évêque d’Angers (1870-1891). Il saisit d’emblée l’occasion avec le vote de la loi de juillet 1875 sur la liberté de l’enseignement supérieur. Dés le 15 novembre, Freppel inaugure sa faculté de droit. On aurait aimé, ici, en savoir un peu plus sur la fondation des quatre autres universités catholiques : Lille, Paris, Lyon, Toulouse. L’évêque entretient de mauvais rapports avec l’un de ses plus illustres diocésains … le comte de Falloux, catholique libéral. Il a été déçu par un autre catholique libéral, Henri Wallon. Les premiers recteurs dépendent étroitement de l’évêque chancelier. Outre le problème des rapports plus ou moins faciles avec les évêques de l’Ouest, ce sont les finances qui constituent un frein.

En 1906, après la séparation, l’abbé J. Calvet, professeur à l’Institut catholique de Toulouse, pense que les Instituts catholiques ne devraient conserver que la théologie et les sciences religieuses. Mais à Angers, c’est la faculté de droit qui compte le plus d’étudiants, en moyenne une centaine. N’imaginons pas que les facultés d’Etat ont, en province, des effectifs nettement supérieurs. Premières étudiantes en 1912. Sur l’enseignant René Bazin, voir les pages 68-69 : il fut le premier docteur de l’UCO, en 1877. En lettres, de 1876 à 1940, sur cinquante-deux enseignants, quarante sont des ecclésiastiques. La question de jury mixte est abordée à plusieurs reprises. Promise à un succès durable, la fondation, en 1898, de l’Ecole supérieure d’agriculture qui, comme celle de Commerce (1909), délivre ses propres diplômes. Présentation des professeurs les plus notables, ainsi, à partir de 1933, du tétraplégique André Trannoy, le fondateur de l’Association des paralysés de France, et l’auteur d’une thèse sur Montalembert.

En 1927, le P. Foreau, jésuite, est à l’origine du centre d’études rurales par correspondance et l’un des fondateurs de la jeunesse agricole catholique en 1929. Essentiel est le lien entre l’UCO et la formations d’enseignements des établissements secondaires catholiques. Mais ce sont les écoles, avec leurs nombreux enseignants jésuites qui sont le fleuron de l’Université (éducateurs spécialisés, chimie, électronique …). Les rectorats de Mgr Riobé et de Mgr Honoré ne sont pas de tout repos. Le premier affronte la création du Collège universitaire d’Etat d’Angers, puis l’université du même nom (1971). L’UCO perd son monopole et les relations ont été, au début, conflictuelles.

Mgr honoré entre aussi en conflit avec l’Institut catholique de Paris (p.177 s.) dont le recteur entend ne pas « singer l’enseignement des facultés d’Etat » (14 octobre 1968). Il doit aussi faire face à la contestation étudiante (mais pas seulement). Ceux qui « avaient lu le Concile dans les médias entendaient mettre fin aux institutions chrétiennes » (p. 233). Ce sont les instituts spécialisés, professionalisants, qui assurent alors la survie. Des portraits de professeurs, ainsi de l’abbé Germain Marc’hadour professeur d’anglais spécialiste de Thomas More.

Gérard CHOLVY