Pour une éducation affective et sexuelle

Xavier Lacroix*

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Introduction

L’adolescence est un âge de découvertes, de bouleversements, de troubles, de transgressions, mais aussi de transmission. Il serait dommage que les parents (la famille) n’aient pas du tout leur mot à dire, comme il serait regrettable qu’ils soient les seuls à transmettre une éthique. A cet égard, la tension entre la famille, l’école et les « lieux tiers » est une bonne chose, souhaitable même.

Deux excès sont à éviter :

  • soit l’ultra libéralisme qui ne renvoie chacun qu’à son désir, ses émotions, ses affects, dans une perspective qui fait le deuil de toute éthique commune ;
  • soit une éducation répressive uniquement en termes de permis-interdit, dans une perspective autoritariste et binaire (bien – mal).

Le second excès étant devenu rare, le premier guette bien davantage.

1. Ni confondre ni dissocier quatre notions

Le fait que l’expression la plus courante pour dire l’union sexuelle soit « faire l’amour » est à la fois riche de sens et redoutable. Riche de sens dans la mesure où ce qui pourrait ne relever que de l’accouplement animal est interprété comme acte d’amour. Redoutable lorsque le désir et l’acte sont interprétés trop rapidement comme actes « d’amour », oubliant la dimension proprement « érotique » de ce qui est ressenti, vécu et mis en œuvre.

Ces quatre notions sont donc : désir – amour – pulsions – alliance

Le désir (eros) a sa propre logique, sa propre dynamique, sa propre genèse. Il est attrait, convoitise, demande. Il ne s’adresse pas à un objet (de jouissance) seulement, mais à un sujet. Il va d’un sujet à un autre sujet. Il est marqué par le corps et l’appartenance sexuée, mais il passe aussi par la conscience, l’inconscient, le langage. Ces deux dimensions (corporelle et interprétative) doivent être tenues ensemble. Le désir est spontanément tourné vers la satisfaction, spontanément égoïste, il ne doit donc pas être confondu avec l’amour. « Je te désire » n’est pas synonyme de « je t’aime ».

L’amour est un décentrement, une découverte, celle de l’infini en l’autre. Dans l’amour, l’autre est perçu pour lui-même, pour elle-même. Sa beauté, son unicité, son mystère touchent le cœur, c’est-à-dire la personne dans toutes ses dimensions. « Je t’aime » signifie : « je te reconnais comme unique ». L’amour ouvre le temps, il l’ouvre vers un avenir, car je n’aurai jamais fini de découvrir l’autre. Dans l’amour, il y a une dimension de don – plus que dans le désir. La vérité de l’amour reste une question pour aujourd’hui, pour chacun et chacune. Qu’est-ce qu’aimer véritablement ? Ce peut être le point de départ d’une réflexion profonde. Il s’agit là d’un des principaux points de rencontre entre le christianisme et la culture contemporaine.

La pulsion est une force. Ne parler de la vie sexuelle qu’en termes liés au désir, c’est quelque peu l’idéaliser. Sous le désir, dans son élan, se tient la pulsion. Ce terme vient du latin pulsare, pousser. Il désigne une énergie, qui vient du corps le plus organique, et qui n’est pas sans dépendance des hormones, de l’anatomie, de la complémentarité des sexes. C’est l’aspect « économique » de la vie sexuelle selon Freud, qui distingue le désir comme « vœu » (Wunsch) et la pulsion comme force (Begierde).Comment nier que dans l’expérience et la mise en œuvre de la « sexualité » interviennent non seulement des représentations, mais des forces, lesquelles s’ancrent dans des tensions, des manques, des attraits qui viennent du corps le plus animal, qui trouvent même leur source dans ce qu’il faut bien appeler l’instinct, même si les pulsions, faisant appel à une élaboration psychique très fine et très complexe, ne sont pas le pur et simple prolongement de celui-ci ? La pulsion n’est pas l’instinct, mais elle est en continuité avec lui. Il y a un côté animal, quasi physique, dans le désir de l’homme pour la femme. L’union est inscrite dans leur anatomie. On peut alors vraiment parler d’union (ce qui n’est pas le cas pour d’autres types de rapprochement). Lorsqu’un individu-homme désire sexuellement une femme, ce n’est pas seulement telle individualité, telle personne qu’il désire mais, en elle, à travers elle, la femme – osons le dire – la femelle. Lui-même redevient le mâle désirant la femelle. La loi de l’espèce réapparaît en lui. Il se replonge dans celle-ci. En même temps qu’il se réunit à la femelle, son esprit se réunit à son corps – Il vit une expérience d’incarnation. Le désir du mâle pour la femelle est le plus incarné qui soit. Il accepte cela. Il fait alliance avec son propre corps au moment où il fait alliance avec l’autre de l’autre sexe. Ceux qui ont du mal à vivre cela sont bien souvent ceux qui ont du mal à assumer leur animalité.

L’alliance est l’entrée de deux histoires l’une dans l’autre. Le terme n’est pas synonyme d’amour, dans la mesure où l’amour est un phénomène subjectif et où tout amour n’a pas vocation à devenir alliance. Mais qui ne voit un mouvement commun entre l’acte d’alliance, qui est le consentement mutuel l’un à l’autre, et l’amour d’une part, l’union sexuelle d’autre part ? Aussi, la très antique tradition qui associe « union sexuelle » et « acte d’alliance », qui continue d’opérer dans les esprits, doit-elle être respectée et nommée.

Les quatre notions de désir, d’amour, de pulsion et d’alliance sont nécessaires et s’appellent mutuellement. Elles s’enrichissent réciproquement. A condition de ne pas les confondre.

2. Du sens des gestes à l’appel à la responsabilité

a) Langage des gestes et langage du corps

Tout est contenu dans le triple sens du mot sens entendu à la fois comme « sensation », « signification » et « orientation ».

Le « sens » concerné est le sens du toucher, un sens pas comme les autres, le premier et le dernier de notre vie.

Il est lié à la douceur : douceur de la peau : comme dans aucune autre espèce, « L’étrange défaillance de la douceur ».

Il implique la réciprocité « réciprocité du tact », « quelqu’un touche en étant touché quelqu’un qui est touché par lui en le touchant » (H Van Lier), ce que le toucher révèle, c’est la chair. La chair précisément comme ce qui s’éprouve soi-même en éprouvant ce qui l’entoure (Michel Henry), la caresse comme incarnation, tentative d’incarnation, je donne à l’autre de se sentir chair pour qu’il me donne de me sentir chair, la caresse comme « double incarnation réciproque » (Sartre, cité par Lacroix 1992[1]).

Les gestes de l’union ne sont pas seulement des moyens pour parvenir à un résultat déterminé, l’orgasme, qui serait comme le produit d’un travail, ainsi qu’une certaine littérature sexologique le laisse entendre. Ils sont par eux mêmes des actes, un langage, une poésie. Combien, d’ailleurs, les poètes en parlent mieux que les sciences humaines !

« Tu feras de mon corps ton plus cher jardin[2] » (Jabes 1989).

La caresse n’est pas seulement contact ou tentative d’appropriation ; elle est façonnement, visant à éprouver toujours plus la chair de l’autre comme telle, tout en lui donnant de faire la même expérience. Plus je te conduis à te sentir chair, plus je m’éprouve moi même comme chair. Ce double mouvement est mutuel, à tel point que la caresse a pu être désignée comme « double incarnation réciproque ». Mais, en même temps et paradoxalement, elle est aussi expérience que l’autre est insaisissable. Elle est « accroissement de faim », autrement dit, elle est langage même du désir.

Embrasser, entourer de ses bras, les ouvrir pour recevoir, les refermer pour accueillir, c’est donner à l’autre une place dans son espace propre, dans son espace intime. Est mise en gestes la victoire sur la distance ainsi que sur toute relation d’affrontement. On s’embrasse pour se réconcilier. L’étreinte mime et met en scène l’accès à une relation de réciprocité consentie, où l’on passe de la dureté du choc des existences à l’enveloppement mutuel, qui correspond à un désir profondément ancré dans le cœur depuis l’enfance.

Avec le baiser, et singulièrement le baiser sur la bouche, un seuil est franchi. Sur le registre de l’oralité, à mi chemin entre dévoration et adoration, le baiser est aussi à mi chemin entre la parole et l’échange substantiel. Il a pu être dit « commencement de pénétration ». Avec le coït, c’est l’hospitalité mutuelle qui prend corps. Le « toi en moi et moi en toi » se réalise charnellement, chacun étant entouré et entourant, inclus et incluant, différemment selon qu’il soit homme ou femme.

Dans la volupté a lieu un abandon ultime, un élan quasi-extatique, comme si la vie de ma propre chair était augmentée par celle de l’autre chair. Je ne jouis pas de ma propre jouissance seulement : je jouis de la jouissance de l’autre. La volupté voisine avec la joie, la jouissance avec la réjouissance, dans la mesure où celle-ci est le sentiment d’un agrandissement de la vie.

La merveille de l’érotisme vécu dans un contexte d’alliance est que le plus obscur y rejoint le plus lumineux. Le plus primitif, le pulsionnel, qui pourrait être régressif, y est intégré dans le mouvement de don et d’accueil qui est au cœur de l’alliance conjugale. Le plus charnel y exprime le plus spirituel. Plus même, chose étonnante, les lois de l’érotisme rejoignent celles de la vie spirituelle : dans l’un et l’autre cas il est possible de dire, selon la parole attribuée à saint François : c’est en donnant que l’on reçoit.

 Retenons :

  • l’ambiguïté de tous ces gestes : en dépit de ce qui vient d’être relevé, ils ne sont pas univoques. Ils ont d’autres significations possibles : jeu, violence, emprise, envoûtement, dérision.
  • l’importance du contexte : le vécu « diurne » vient donner sens au vécu « nocturne ». Si toute la journée les relations ont été faites de délicatesse, d’attention, de service, de prévenance, les mêmes gestes et sensations n’auront pas la même signification que si les relations ont été marquées par des rapports de forces, de l’indifférence, de la goujaterie.
  • la gradation dans le sens et la portée des gestes : différencier ceux-ci selon la relation et le degré d’engagement. Des gestes d’affection ou d’amitié n’auront ni la même configuration ni le même sens que des gestes érotiques. Il est des moments où un seuil est franchi : notamment, dans notre culture, avec le « baiser sur la bouche ».

Quelles que soient l’équivocité et la pluralité de sens, ces gestes ont quand même une signification essentielle, un sens axial, irréductible, qui fait qu’ils sont ce qu’ils sont (authentiquement caresse, baiser). Ce n’est pas forcer les choses que de recueillir ce sens autour des significations de don et d’accueil.

« Le consentement proclame le langage des corps dans sa vérité » (Jean-Paul II, Catéchèses, 19.01.83). Le corps m’engage. Les significations du langage des corps, en elles-mêmes, sont des possibilités, des potentialités. Le sujet pourrait rester à distance de celles-ci, s’en dissocier, privilégier d’autres potentialités. L’appel de l’éthique, que je qualifierai de personnaliste, pour laquelle le corps exprime la personne, est un appel à l’unification. Sois un, unifie-toi, ce qui signifie : sois conscient que tu es ton corps, comme l’autre est son corps. Autrement dit, les actes de ce corps t’engagent, comme ils l’engagent. Tu es dans tes gestes, dans ta main, dans ta caresse.

Ce sens de l’engagement dans les actes du corps rejoint le sens élémentaire de l’éthique, qui est précisément celui de l’engagement. Tu es engagé par tes gestes, par leur portée, par leur signification.

Ce que l’éthique personnaliste réprouve, c’est la dissociation : d’un côté, poser des gestes de don, d’abandon, extatiques et, de l’autre, se dire : « Après-demain, les vacances au Club Méd seront terminées ; je serai dans les bras d’une autre ».

L’alternative existentielle et fondamentale est donc bien entre unification et dissociation. Unification : le sym-bolique, de sun-ballein, jeter ensemble – dissociation : le dia-bolique, de dia-ballein, jeter ça et là.

b) Appel à la responsabilité

Nous avons évoqué du sens des gestes en termes d’apprivoisement. Or nous nous rappelons cette phrase du Petit prince de Saint-Exupéry : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ». La notion de « responsabilité » marque l’entrée dans l’éthique.

Le terme se comprend à partir de son étymologie latine : respondere, répondre. Ici il s’agit de « répondre de ».

1. Répondre de soi devant l’autre : assumer et aussi maîtriser. Relativement mais réellement. Nous rencontrons ici un des sens du terme « chasteté » : La « maîtrise libérante des pulsions » (Thévenot, 2005). On relèvera l’association entre « maîtrise » et « libérante ». La maîtrise ne peut pas être totale, elle peut demander du temps, mais que serait une liberté sans maîtrise ?

2. Répondre de l’autre devant soi, devant sa conscience. Respondere de sa fragilité, de sa confiance, de ses attentes. Toute union est une confidence. Chacun s’y livre dans sa vulnérabilité. Elle crée des attentes. Quelle réponse à ces attentes ? La responsabilité, comme le sens éthique, est réponse à un appel.

Ici, sur ce fond de tableau peut prendre place l’appel à la responsabilité quant à la protection de la santé de l’autre, s’il y a conduites à risques. Ici peut prendre place une indication de recours au préservatif…

Mais, on l’a vu, la responsabilité ne se limite pas au recours à une membrane de latex. On peut se demander quelle vision de l’homme, quelle anthropologie est sous-jacente aux discours qui associent directement et exclusivement responsabilité et préservatif.

3. Une triple intégration

De bien des manières, « éthique » veut dire intégré. Intégré dans un contexte, dans une histoire, dans la liberté de la personne. « La sexualité n’est mauvaise que séparée » (Jean Lacroix[3]).

Les trois intégrations que nous envisagerons ici sont :

a-   L’intégration de la durée

Pas plus que « Paris ne s’est fait en un jour », le don ne se réalise en une heure ou en un jour… Il faut du temps pour que le don, de potentiel, devienne réel.
Cette durée, à son tour, prendra forme dans les petits gestes du quotidien. Elle désigne une fidélité, au double sens d’exclusivité et de loyauté. Exclusivité, car je n’ai qu’un corps et je ne peux le « donner » qu’à une seule personne (rapport entre unité et unicité) – loyauté, car l’amour est promesse et je tiendrai cette promesse.

b-  Une seconde intégration est celle de la fécondité

Il est toujours possible de parler de l’union en termes exclusivement intersubjectifs, et cela est conforme à la culture dominante. Mais cette vision est tronquée. En effet, l’intégration de l’horizon fécondité fait partie du sens plénier de la sexualité. Cela peut se comprendre sous différents angles :

1-  Le vœu de fécondité tourne vers l’avenir un désir qui, en dehors de cette perspective aurait toutes les chances d’être surdéterminé par le passé (les fameux « stades de la sexualité ») ou fasciné par le présent.

2-  Si la sexualité ne se réduit pas à la génitalité, elle est toutefois appelée, pour devenir unifiée, à s’organiser autour de la génitalité. Or, n’oublions pas que dans « génital » se trouve la racine « genere », engendrer. L’accès au stade génital suppose pour l’homme l’intégration du féminin avec toutes ses potentialités, et réciproquement[4].

3-  La procréation offre non seulement un avenir, mais une réalisation à l’union. « Une seule chair » ne se réalise pas vraiment dans la conjonction charnelle qui, comme je viens de le rappeler est tout autant expérience de dualité. Selon Rachi, maître du judaïsme, « C’est dans l’enfant que leur chair devient une[5] ».

4-  La jouissance recherchée pour elle même prend très vite un goût de néant. Certains dialectes désignent l’orgasme comme « petite mort ». La fuite du temps y est éprouvée de manière particulièrement aiguë. Animal triste post coïtum… Héritier à la fois du judaïsme et de la phénoménologie, Emmanuel Levinas place la volupté orgasmique face à l’alternative suivante : ou le néant de l’angoisse, ou celui de l’avenir « enseveli dans le secret du moins que rien[6] ».

5-  Enfin, l’accueil de cet avenir vient ouvrir – vers un tiers – une relation qui, hors de cette ouverture est toujours susceptible de ne boucler que sur « le cercle clos d’un égoïsme à deux[7] ».

Il est entendu que nous visons ici l’ouverture globale de la vie du couple à la fécondité, autrement dit la conscience que la sexualité a potentiellement cette dimension. Il est bien évident qu’un couple ayant déjà accueilli le nombre d’enfants qu’il se juge appelé à élever, un couple connaissant l’épreuve de la stérilité ou encore un couple ne s’estimant pas présentement apte à procréer ont ou peuvent avoir intégré cette dimension, qui est plus large que la « fécondation ». Un développement serait également utile sur les autres formes de fécondité du couple et de l’union, à commencer par les fruits du rayonnement de l’amour. « Le dynamisme de l’amour ne s’arrête ni à l’instant présent ni à la personne aimée » (Lévinas), « ‘Aimer revient à désirer concevoir et enfanter » (Platon), « Que notre lit d’amour se prolonge après nous et dresse sa pénombre dans un regard qui rêve, oui, cela a de quoi rendre heureux » (Char).

c-   Une troisième intégration sera l’intégration du cadre approprié.

Toute relation a lieu dans un cadre. Et ici, il est possible d’affirmer sereinement que le cadre le plus clair et le plus cohérent pour les relations sexuelles est le cadre de l’alliance conjugale.

C’est dans ce cadre que les relations en question ont le plus clairement la signification de don et accueil réciproques. En dehors de ce cadre, comme nous l’avons vu au chapitre 2, elles ont un statut et une signification incertains. Se prêter, ou se donner ? S’essayer, ou s’engager ? La cohérence entre les significations de don-accueil avec l’alliance conjugale (qui repose sur le don réciproque) est perceptible par tous aujourd’hui encore.

Dans une parole éducative, elle peut et doit offrir la « boussole morale » qui permet de se repérer. Une boussole est un instrument qui indique le Nord. Elle ne dit pas où vous allez vous diriger, dans quelle direction vous irez, mais elle indique un « Nord ». Ici, avoir des relations sexuelles en étant conscient que leur signification est encore incertaine, partielle, inachevée, que le Nord est ailleurs, n’a pas du tout la même portée qu’avoir ces mêmes relations en pensant que là est le meilleur, que tout est acquis, que telle est la norme.

Voilà jusqu’où peut aller, me semble-t-il, une éthique en termes philosophiques. Selon E. Lévians, « parler philosophiquement, c’est parler en s’adressant à tous ». D’une manière ou d’une autre, la parole du moraliste ou du théologien chrétien devra être capable d’emprunter cette voie, dans la mesure où ce ne sont pas des biens « confessionnels », mais des biens humains fondamentaux, pour tous, qui sont en jeu.

Il se peut toutefois que cette position ait ses vulnérabilités, dans la mesure où elle présuppose des options fondamentales sur l’humain, sur le sens de la vie, sur l’être corporel ou spirituel, qui engagent des options de « foi ». Mieux vaut alors être conscient de ces options.

Il est des contextes (confession de foi) où ce sont ces options fondamentales qui doivent être explicitées, avec conscience de ce que la Révélation chrétienne apporte de spécifique et de décisif.[8]

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Pour citer cet article
Référence électronique :
Xavier Lacroix, « Pour une éducation affective et sexuelle », Educatio [En ligne], 3 | 2014, mis en ligne juillet 2014. URL : https://revue-educatio.eu

Droits d’auteurs
Tous droits réservés


* Doyen Honoraire de la Faculté de Théologie, Université Catholique de Lyon. Membre du Comité Consultatif National d’Éthique

[1] Réf in X.L. Le corps de chair, Cerf, 1992, p. 103.

[2] Edmond Jabès, Le livre des questions (1973) ; Gallimard, 1989, p. 76.

[3] Article de 1977 pour la revue Exister.

[4] « Le coït vécu fémininement, en remontée vers le centre, le sans cesse en deçà, vers le plus initial et le plus spontané, ne trouve sans doute son point ultime d’introjection spatiale ni dans un lieu, ni dans une chose, mais dans un acte : tu es avec moi jusqu’à ce foyer plus intime que moi, d’où une vie peut repartir. L’éjaculation virile, de son côté, obtient une réciprocité dans la germination, où le recevant devient donnant à son tour.» Henri Van Lier, L’intention sexuelle, p. 83.

[5] Talmudiste champenois, XIIe siècle. Cité in Josy Eisenberg, A Bible ouverte, vol. II, Albin Michel, 1979, p. 155.

[6] « La relation avec l’enfant se dessine déjà dans la volupté pour s’accomplir dans l’enfant lui-même, comme peut s’accomplir un désir qui ne s’éteint pas dans sa fin, ni ne s’apaise dans sa satisfaction. Nous voici devant une catégorie nouvelle (…). Il s’agit d’un néant distinct du néant de l’angoisse : du néant de l’avenir enseveli dans le secret du moins que rien. » E. Lévinas, Totalité et infini, p. 244.

[7] « Si aimer, c’est aimer l’amour que l’Aimée me porte, aimer est aussi s’aimer dans l’amour et retourner ainsi à soi. L’amour ne transcende pas sans équivoque – il se complaît, il est plaisir et égoïsme à deux. » (ibid.)

[8] Pour plus de développements, voir X.L. Le corps retrouvé, Bayard, 2012 ou Le corps de l’esprit, Cerf, 1999