Blandine Berger (présentation par)
Madeleine Daniélou : chemin vers l’intériorité

Paris – Ed. Parole et Silence – 2016 – 134 p.

Poursuivant ses recherches et publications sur Madeleine Daniélou, l’auteure approfondit l’analyse de la belle aventure spirituelle de cette mère de famille qui, avec l’autorisation du Cardinal Amette et le soutien du Père de Grandmaison, fonda en 1913 une société de femmes engagées par un vœu perpétuel au service de l’éducation des jeunes filles : la Communauté Apostolique de Saint-François Xavier. Constatant douloureusement que beaucoup d’entre elles, en entreprenant des études supérieures, perdent la foi, elle entreprend d’y réagir en montrant que, sainement conçue, la culture n’entraîne pas l’incroyance mais, au contraire, l’enracine et la promeut. Sa vocation devient donc, à ses yeux, de créer des établissements scolaires proposant une formation chrétienne qui aide à trouver Dieu. C’est ce que visent le célèbre lycée Sainte Marie de Neuilly, et, ultérieurement, beaucoup d’autres.

Réunissant ici et commentant de manière sobre et discrète divers textes de Madeleine Daniélou, B. Berger présente sa spiritualité. Nous retiendrons spécialement la 3ème partie de son livre car, explicitement centrée sur l’éducation, elle précise comment ouvrir les jeunes à cette « vie intérieure », à laquelle ils aspirent intensément, quoique sans toujours le percevoir : comment, donc, assurer « la transmission de l’intériorité» (p. 95)par et au cours de l’éducation ?

Si l’on se réfère au climat intellectuel du début du XXème siècle, contradictoirement marqué à la fois par le naturalisme scientiste et par Bergson, qui le combat et dont on perçoit bien l’influence qu’il exerça sur elle, l’on saisit l’originalité de l’anthropologie de Madeleine Daniélou et de sa conception de « l’éducation selon l’esprit », sa vision dynamique de l’éducabilité des filles, sa conviction de leur potentiel intellectuel et spirituel, « l’élan créateur » qui les poussa (p. 110)et, au total, la vision personnaliste qui est au cœur de sa pensée et qui, indissociable de sa foi, la vivifie. On appréciera aussi les pages qui montrent comment l’autorité de l’éducateur est suspendue à son authenticité (p. 105-106)comme celles qui mettent en garde contre une valorisation excessive du sport (p. 111-112)ou qui soulignent que, dans une société où tout est permis, « seul l’appel à une conviction personnelle, à une vie intérieure profonde, assure la moralité » (p.114).

Guy Avanzini