Paris : Ed. Don Bosco, 2012, 176 p.
Michel Soëtard a mis en évidence la foi du pédagogue[1] : plusieurs textes de divers auteurs soulignent l’acte de charité que constitue la pratique éducative ; ancien Secrétaire Général adjoint de l’Enseignement Catholique, Frère Maurice Bergeret, f.m., considère, quant à lui, qu’il s’agit d’une « mission d’espérance ». Si l’École mobilise donc ainsi les trois vertus théologales, l’espérance, pour sa part, implique un pari sur l’avenir. En toute logique, enseigner n’a de sens que si l’on en attend un avenir meilleur. Il reste que, dans le contexte actuel, ce pari est courageux, car il est paradoxal ; d’innombrables ouvrages consacrés à l’institution scolaire, si divers qu’en soit le niveau, se situent dans le registre de la désolation, de la nostalgie, du regret; ils mettent en cause la possibilité même d’éduquer aujourd’hui. Ce livre contraste donc vigoureusement avec le climat dépressif et acrimonieux de ces publications. Mais, ne voulant pas être seulement une expression personnelle d’optimisme, il entend, bien sûr, justifier ce qui fonde cette espérance.
C’est précisément le but de ces pages qui, avec bon sens, simplicité mais aussi tonicité et conviction, présentent une réflexion sur ce qui peut et doit redonner à l’éducation la confiance qu’elle a perdue depuis les années 70, mais que l’Enseignement Catholique, fort de sa tradition et de son anthropologie, est en mesure de réactiver. Aussi bien, les grands fondateurs, ceux dont le charisme demeure, étaient, d’emblée, portés par cette Espérance, que le langage sécularisé appelle « utopie ». D’où l’intérêt des quelques beaux exemples que ce livre en donne, tout particulièrement celui à qui est due la Congrégation des Frères Maristes, Saint Marcellin Champagnat.
Encore faut-il pour cela que les enseignants, si divers dans leurs origines et leurs convictions, acceptent de ne pas limiter la représentation de leur élèves à leur performances scolaires, à leurs bévues ou à leurs échecs, mais portent sur eux un regard marqué par l’estime dont toute personne, en tant que telle, mérite d’être l’objet, pour que soit découvert et dévoilé son potentiel. C’est pourquoi le livre de Frère Bergeret est particulièrement approprié aux nouveaux professeurs, qu’il éclaire utilement sur le positionnement des Établissements Catholiques d’Enseignement et la spiritualité qui doit les animer, en proposant à leur liberté la lumière de l’Évangile. Ouvert par une préface de Paul Malartre, pour qui le fondement de l’Espérance est en Jésus, le livre s’achève précisément par une belle méditation de l’auteur sur divers aspects du visage du Fils de Dieu, avant que, dans sa postface, Isabelle Parmentier rappelle opportunément à ceux pour qui la liberté d’autrui comporte ou exige de sauvegarder leur ignorance, que « respecter, ce n’est pas se taire » (p.166).
Guy Avanzini.