Hervé Pasqua (sous la direction de)
Education et éducateurs chrétiens

Paris – l’Harmattan – 2013 – 270 p.

Fondé à l’initiative de la DDEC, l’Institut Catholique de Rennes a organisé en octobre 2011 un Colloque dont voici les Actes. Ceux-ci réunissent 11 textes, dont 3 traitent de problématiques de type théorique, et 8, d’ordre historico-biographique, étudient des chrétiens illustres qui, canonisés ou béatifiés, se sont occupés de pédagogie.

Si l’on est un peu déçu par l’exposé sur Don Bosco qui, exclusivement narratif, n’évoque même pas le « système préventif », on lit en revanche très volontiers la présentation de Saint Jean-Baptiste de la Salle, centrée sur l’essentiel de son projet fondateur ; pertinents sont aussi les deux chapitres consacrés au Bienheureux John-Henry Newman ; ce n’est en effet guère sur sa vision de l’éducation que portent les études francophones de son œuvre. De même appréciera-t-on les pages réservées à Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix -Edith Stein- dont la thèse du « geste anthropologique intégral » (p. 143) montre qu’elle a remarquablement saisi la structure et la fonction de l’acte éducatif.

Les trois approches théoriques mobilisent à bon droit l’attention : H. Pasqua insiste utilement sur le rôle libérateur de la connaissance de la Vérité, ce qu’il présente comme la finalité même de l’éducation ; M Mattéi, évoquant la thématique antique de la sagesse, rappelle -et il en est besoin- que l’enfant ne doit pas être puerolatriquement enfermé dans l’enfance et que le rôle de l’école est de le faire accéder à la pensée et, par là, à l’humanisation. Enfin, l’excellente communication terminale de Jean-Dominique Durand, traitant des relations entre l’Eglise et l’Université en Europe, montre la force et la pertinence du lien qui les unit, car la seconde « a fait de l’enseignement et de l’éducation une part intégrale de sa mission » (p.220). Rejoignant ainsi l’analyse de Maud Besnard sur Newman et se référant à la notion d’humanisme intégral de Maritain, il met en évidence la fonction, clairement rappelée par les Papes, de l’Université Catholique.

Il reste que, pour bienvenu qu’il soit, cet ouvrage laisse quelques regrets : il lui manque une introduction qui en aurait clairement présenté l’objet et lui aurait servi de fil directeur. On ne sait guère selon quels critères ont été retenus ceux à qui sont consacrés les études ni quelle problématique commune aurait entraîné leur choix, si bien que l’on est devant une série de monographies, souvent judicieuses, mais dont on ne voit pas suffisamment ce qui les relie. Du moins illustrent-elles bien tout à la fois, la variété et l’unité des éducateurs chrétiens.

Guy AVANZINI