Michel Soëtard et Guy Le Bouëdec (sous la direction de)
La foi du pédagogue

Paris – Ed. Don Bosco – 2011 – 212 p.

L’éducation est une activité aléatoire. Ce n’est pas une fabrication. Elle consiste à postuler qu’on aboutira à l’objectif souhaité. Mais, précisément, qu’est-ce qui pousse à entreprendre, à persévérer, sinon une foi, inégalement intense selon les personnes et les moments mais logiquement et psychologiquement indispensable, tant pour commencer que pour continuer, même après déception et échec. Quelles sont donc l’origine et la justification de cette foi, d’autant plus paradoxale qu’elle rencontre inévitablement des déconvenues ? Telle est la question essentielle qui a amené M. M. Soëtard et Le Bouëdec à organiser en juillet 2009, à l’Université Catholique de l’Ouest, un Colloque dont voici les Actes.

Introduisant les débats, Michel Soëtard fort de l’idée que, si, les sciences de l’éducation étudiaient désormais très utilement le processus éducatif, le succès de celui-ci ne résulte pas de l’application d’une méthode dont la portée serait scientifiquement établie, de sorte qu’il suffirait d’en user pour aboutir. Il faut d’abord, pour des raisons d’ordre simultanément logique et atypique, postuler la pertinence de l’initiative éducative ; Et c’est sur le statut de cet acte de foi, « confiance raisonnable », (p. 17) que Guy Le Bouëdec s’interroge. Il n’y a ni certitude, ni procédé garanti de réussite. Croire en (autrui) ou croire que (cela est possible), ces deux positionnements interviennent dans l’éducation ; et ce n’est pas seulement un sentiment. Guy Avanzini montre précisément ce qui structure cette foi : l’acte éducatif est volontariste, lié à la recherche d’un certain idéal ; mais il s’adresse à un sujet inégalement disposé -ou supposé disposé- à adhérer ; cela requiert d’inventer donc une manière de l’amener à adhérer. La foi de l’éducation consiste à estimer- ou à être convaincu que lui-même saura inventer la bonne façon de faire. C’est bien, par exemple, ce qui amène les grands fondateurs de Congrégations à créer le dispositif institutionnel -l’Ecole- propice à engager les enfants sur la voie du Salut.

Encore cette foi n’est-elle pas nécessairement religieuse. D’où l’exposé de J.M. Lamarre sur « la foi laïque d’un pédagogue républicain », Frédéric Buisson, qui pensait consolider ainsi une république fragile. Il s’agit d’une « religion » nouvelle, qui croit plus en l’homme qu’en Dieu. Il reste que, comme le montrent bien E. Besnard (s.d.b.) et Francois Le Clerc, cette conviction de base est également au cœur de l’action salésienne. S’il est impossible de présenter ici toutes les contributions à ce colloque, il importe cependant de souligner fortement qu’il s’est situé au cœur même de l’éducation et s’est attaché à circonscrire et à analyser ce qui en fait l’essentiel.

Alain MOUGNIOTTE