Philippe Lécrivain, s.j.
Les Jésuites

Paris – Ed. Eyrolles – 2013 – 166 p.

« L’auteur n’oublie pas que l’occasion de cet ouvrage est le fait que, pour la première fois de l’histoire, un Jésuite est devenu Pape » (p.11). Sans doute, dès lors, s’agit-il pour lui de montrer comment cette élection s’inscrit dans la dynamique de la Compagnie et, simultanément, de saisir en quoi l’appartenance à celle-ci peut infléchir la manière d’exercer le ministère pontifical.

En attendant le délai requis pour répondre à de telles questions, ces pages rappellent les innombrables épisodes qui, simultanément douloureux et glorieux, ont marqué l’histoire de la Compagnie, qu’homogénéise sa permanente fidélité au Saint-Siège. En dépit des turbulences violentes et des vicissitudes qu’elle a subies, jusqu’au bannissement et à la dissolution, il demeure l’envergure de son entreprise missionnaire, sa réactivité et son adaptabilité aux circonstances, l’intensité courageuse de son inventivité pastorale.

S’agissant, en ce qui nous concerne plus directement, de la pédagogie, l’intérêt de l’ouvrage tient à ce que, tout en situant clairement, et dès le début, le rôle des collèges, il ne réduit pas à ceux-ci l’apostolat des Pères, mais les inscrit dans le projet global de l’Ordre. Son activité éducative y est présentée dès le début, mais dans sa relation avec les autres champs d’action. Elle n’y est pas étudiée pour elle-même, au point de décevoir un peu le souhait de ceux qui en auraient espéré une approche plus approfondie ; Du moins le Père Lécrivain souligne-t-il à la fois, au-delà de l’institution scolaire proprement dite, le rayonnement individuel et spirituel des communautés liées aux Collèges. Aussi bien, l’on retrouve au fil des pages, écrites sur un ton très libre et dépourvues de toute tentation hagiographique, une série de noms prestigieux et vénérés des religieux qui ont marqué l’histoire de la culture et de l’Eglise. Bien que l’abondance des données rassemblées gène un peu l’identification des thématiques majeures, le livre offre bien une synthèse des évènements qui nous séparent de l’initiative d’Ignace de Loyola.

Au terme de son étude, l’auteur se demande si les Pères ont été assez fidèles à leur fondateur « pour rendre gloire à Dieu » (p.159). Si sa religieuse modestie lui interdit sans doute une réponse positive, n’est-ce pas, cependant, celle qui s’impose ?

Guy AVANZINI