Beaune – Editions de la Toison d’or – 2014 – 240 p.
Reprenant (délibérément ?) le titre de l’ouvrage bien connu de Mme Dufourcq sur les religieuses missionnaires[1], ce livre n’avait, au premier regard, aucune raison d’être recensé ici. Dépourvus de toute prétention scientifique, de toute méthodologie et de toute synthèse, ce sont, à l’état brut, 16 témoignages auto-biogaphiques de Pères Blancs retirés dans leur maison de retraite de Bry-sur-Marne, sur leurs ministères respectifs en Afrique.
Cependant, ces textes de longueur inégale –de 3 à 26 pages- ont d’abord en commun la densité spirituelle due à l’impressionnante générosité de leur abnégation apostolique. Et surtout, c’est ce qui justifie cette recension, ils illustrent, de manière empirique mais explicite et récurrente, une facette mal connue de l’activité éducative de l’Eglise. Très variable, dans ses modalités, ce rôle est fermement souligné par environ la moitié d’entre eux qui, à un moment où à un autre, ont été instituteurs ou professeurs, chargés d’ouvrir et de diriger des organismes d’alphabétisation, des établissements des divers degrés, d’enseignement général, de formation professionnelle, ou de catéchèse ; comme naguère en Europe, ils ont devancé le mouvement global de scolarisation et d’éducation des adultes. Par leurs recherches, certains ont efficacement contribué à la conservation des langues locales et enrichi la culture arabo-musulmane.
Par ce travail minutieux et persévérant, les Pères Blancs ont contribué à l’émancipation et à l’autonomisation des personnes, comme au développement global des pays africains. Ils ont, inéluctablement, rencontré le problème du lien complexe entre évangélisation et substrat culturel ; ils ont perçu comment le second favorise la première, mais aussi comment tous deux se soutiennent et se renforcent inter-activement. Ce faisant, enfin, ils ont, selon des modalités originales, mis en œuvre l’universalisation de la pédagogie chrétienne.
Cet ouvrage offre une impressionnante rétrospective de l’œuvre des fils du Cardinal Lavigerie, dont les premières pages rappellent la haute mémoire. On regrettera seulement qu’il n’ait ni explicité ni formalisé la missiologie dont il est porteur.
Guy Avanzini
[1] Elisabeth Dufourcq – Aventurières de Dieu– Paris – Lattes – 1993