Gilles Lecocq*
Télécharger le fichier en version .pdf
Résumé : Nous faisons l’hypothèse qu’une éducation physique vertueuse a sa place dans les enceintes scolaires lorsqu’une éducation physique et sportive et une éducation physique supérieure se donnent la main afin d’en venir aux mots plutôt qu’aux mains. Pour favoriser ce dialogue, nous préciserons dans un premier temps de quelles façons trois chemins de vie scolaire peuvent être balisés. C’est dans un deuxième temps que nous mettrons en exergue une autre triple alliance : celle qui permet à un éducateur de faire œuvre éducative en identifiant trois moments qui structurent son chemin de vie professionnelle. Nous conclurons nos propos en identifiant les cinq mouvements qui caractérisent une Education Physique Supérieure qui a une place pleine et entière à tenir au sein des enceintes scolaires, aux côtés des territoires de l’Education Physique et Sportive.
Mots-clés : Education Physique Supérieure, Excellence, Au-delà de l’Excellence, Vertus, Corps Vécu.
Nous empruntons certaines routes dans le désir
qu’elles creusent dans la mémoire une incise lumineuse. Tout chemin
est d’abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas, il
mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et
parfois, il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la
transformation heureuse de soi. [1].
Une éducation physique vertueuse a-t-elle sa place dans les enceintes scolaires ? C’est à partir de cette question que nous nous proposons de nous intéresser aux vertus qui sont sollicités lorsque le corps humain est en mouvement lors d’une pratique physique. Si l’une des vertus cardinales du sport est la quête de l’excellence, d’autres vertus sont sollicités dans des activités physiques qui s’intéressent à ce qui se vit dans l’au-delà de l’excellence sportive : l’honnêteté, l’intégrité et la fiabilité éthiques[2]. La notion d’éducation physique vertueuse est aussi l’occasion, d’associer aux vertus classiques du beau, du bien et du vrai[3], des vertus qui se révèlent dès que le corps d’une personne se met en mouvement. Nous faisons ainsi l’hypothèse qu’une éducation physique vertueuse a sa place dans les enceintes scolaires, lorsqu’une éducation physique et sportive et une éducation physique supérieure se donnent la main afin d’en venir aux mots plutôt qu’aux mains[4]. Cette éducation physique vertueuse inscrit ainsi fondamentalement ses actions sous le sceau d’une double légitimité fondamentale : une légitimité sociale qui favorise la transmission des normes, des valeurs et des symboles d’une culture et une légitimité humaine qui favorise la révélation de l’intelligence spirituelle d’une personne[5]. Entre ces deux légitimités, l’éducation physique vertueuse ne peut faire le choix d’en privilégier une au détriment de l’autre. Afin de favoriser une rencontre fertile entre ces deux légitimités qui révèlent les dimensions humaines et sociales d’une personne, une éducation physique et sportive et une éducation physique supérieure sont des espaces et des temps scolaires qui méritent une attention particulière de la part des éducateurs. Ces espaces et ces temps sont en effet l’occasion de découvrir trois formes de bonheur : un bien-être hédonique qui s’acquiert dans l’immédiateté, un bonheur eudémonique qui se révèle lorsque le cœur du corps d’une personne est en harmonie permanente avec les actions motrices qu’elle entreprend et un attachement à l’intériorité de la condition humaine qui permet de reconnaître que nous ne sommes jamais seul au monde[6].
L’éducation physique et sportive, entre le sport et le corps, est un entre-deux éducatif où se révèle chez un élève une présence au monde, des rapports aux autres et des rapports à soi inédits. Trois vertus y sont plus particulièrement associées : la sagesse, la connaissance et le courage. L’éducation physique supérieure, entre le corps visible et le corps indicible, est un entre-deux éducatif où se révèle chez un élève sa capacité à s’ouvrir à des rapports avec quelque chose qui échappe à la raison et qui conduit à la contemplation d’un plus grand que soi. Trois vertus y sont plus particulièrement associées : l’amour, la transcendance et la tempérance[7]. Au cœur d’une éducation physique vertueuse, entre spiritualité et socialité, se discipliner et se mettre en mouvement supposent plusieurs formes d’alliances qui sont nécessaires pour qu’une réalité humaine et une réalité sur-humaine dialoguent entre elles au service d’une Personne en devenir. Pour favoriser ce dialogue, nous préciserons dans un premier temps de quelles façons, au sein des enceintes scolaires, trois chemins peuvent être balisés :
- un premier chemin qui permet à un élève de s’intégrer dans une société en s’appropriant les normes, les valeurs et les symboles du culte de l’excellence;
- un second chemin qui permet à un élève de ressentir les fragilités qui se révèlent au-delà de l’excellence;
- un troisième chemin qui permet à un élève de croire en des vertus qui le dépassent et qui pourtant lui appartiennent.
C’est dans un deuxième temps que nous mettrons en exergue une autre triple alliance : celle qui permet à un éducateur de faire œuvre éducative en identifiant trois moments qui structurent son chemin de vie professionnelle :
- un premier moment où il s’agit pour lui de se reconnaître comme un éducateur excellent dans le regard de personnes qui ont de l’importance pour lui ;
- un deuxième moment où il reconnaît que son identité professionnelle se façonne également à l’aune de ses fragilités cognitives, émotionnelles et relationnelles ;
- un troisième moment où il accepte de révéler des vertus qui sont aux creux de son corps et qui restent pour lui des vertus qui le dépassent et qui pourtant constituent le fondement d’un acte éducatif.
Ces trois chemins d’Education et ces trois moments vécus par un éducateur nous amènerons à conclure nos propos en identifiant les cinq mouvements qui caractérisent une Education Physique Supérieure qui a une place pleine et entière à tenir au sein des enceintes scolaires, aux côtés des territoires de l’Education Physique et Sportive.
I. De la quête de l’excellence à une reconnaissance de ses fragilités : itinéraire des vertus conjuguées d’une Education Physique et Sportive et d’une Education Physique Supérieure
La performance n’exclut pas complètement la défaillance,
au contraire. Il s’agit de s’en approcher le plus près possible,
de la connaître dans ce qu’elle a de pire, de se retrouver dans
une situation où la vie même est menacée. [8].
La vie scolaire d’un élève est le théâtre d’une mise en scène où deux dynamiques contradictoires et cependant complémentaires s’enrichissent mutuellement. Une première dynamique donne l’occasion à un élève de s’intégrer à une société en s’appropriant les normes, les vertus et les symboles du culte de l’excellence. Une seconde dynamique est l’occasion pour un élève de ressentir les fragilités qui se révèlent au-delà de l’excellence et d’établir avec son corps un nouveau dialogue. C’est la conjugaison de ces deux dynamiques, mobilisée par une éducation physique vertueuse, qui favorise l’émergence d’une nouvelle créativité motrice qui se met au service d’une conversion identitaire.
A. S’intégrer dans une société en s’appropriant les normes, les vertus et les symboles du culte de l’excellence
A quoi reconnaît-on qu’on est quelqu’un ? Cette question entre dans un rapport inédit qui assimile dans une même rhétorique la conquête d’une identité personnelle à celle de la réussite publique d’une personne. A une extériorisation de l’intime, ce serait sa « publicisation », est associée une incorporation du social, ce serait sa « privatisation »[9]. Le processus éducatif qui permet d’identifier les personnes qui réussissent de celles qui ne réussissent pas est celui qui permet à un élève de démontrer sa capacité à développer une expression libre et contrôlée de ses émotions[10], condition d’une vie commune harmonieuse. Ce processus naît du diptyque surveiller-punir[11]. Le sport permet en effet, au sein des territoires scolaires, de perfectionner l’exercice du pouvoir en réduisant le nombre de ceux qui l’exercent, tout en multipliant le nombre de ceux sur qui on l’exerce. Le corps sain dans un esprit sain nécessite en effet un esprit ardent dans un corps entraîné : Mens fervida in corpore lacertoso. Le sport scolaire ne naît pas de l’ordre scolaire : c’est le sport scolaire qui crée un ordre scolaire, celui de fabriquer de la rivalité pour favoriser de l’uniformité. La différenciation se développe alors sur le fond d’un mouvement d’intégration. La pratique sportive scolaire aide ainsi à perpétuer un ordre social inégalitaire et hiérarchique et de le rendre désirable. Toute la force du sport réside dans cette capacité[12].
Lorsque le processus de la liberté contrôlée des émotions est acquis par des élèves, le sport scolaire met en scène également un mythe : celui de l’égalité des chances face à celui de l’inégalité des résultats. Alors le sport parle et séduit les élèves en leur faisant partager l’univers du vainqueur. Il parle et effraie en leur faisant partager celui du vaincu. Il leur parle et les ébranle lorsqu’il mesure les capacités de chacun dans des classements irrécusables nés de l’affrontement avec les autres. Grâce aux vertus associées à l’affrontement, la liberté contrôlée des émotions sollicite aussi chez un élève la source non-consciente de ses langages et de ses mouvements humains. Elle nécessite en effet la mise en place d’un accordage affectif et d’un sentiment de sécurité qui permet à l’intime de l’humain d’exister au sein d’une culture scolaire. Toute personne à l’aube de sa vie est amenée à expérimenter deux besoins fondamentaux : celui de découvrir le monde qui l’environne et celui de le maîtriser afin de se sentir compétent. Au fur et à mesure de ses expériences, un élève va ainsi orienter ses actions vers des espaces sociaux où ses besoins pourront être comblés. Il lui faudra cependant accepter de jouer un rôle social : celui qui consiste à montrer qu’il souhaite devenir excellent afin d’être reconnu socialement. Celui qui réussit, accepte ainsi de jouer le jeu d’atteindre la perfection, celle qui consiste à monter sur un piédestal provisoire. Une fois « élevé », celui qui vit une situation de réussite peut recevoir en témoignage de son engagement une gratification sociale. Celle de quitter le statut de personne ordinaire pour devenir momentanément une personne exceptionnelle.
Si la pratique régulière d’une activité sportive favorise la santé d’un élève, l’excès de cette pratique provoque chez ce même élève une accoutumance à l’effort physique et à la douleur muette. La pratique d’une activité sportive, devient l’un des paravents les plus ingénieux pour qu’une tendance à l’excès se travestisse en des « douleurs indolores » liées à des efforts physiques extrêmes. La dépendance à l’effort physique témoigne alors d’un mécanisme d’adaptation qui donne l’illusion d’un corps perçu extérieurement comme solide et pourtant fragile intérieurement[13]. L’émergence d’une fragilité sous forme de blessures physiques peut alors devenir l’occasion pour une personne de renoncer à ce qui, dans une sorte de nécessité vitale, ancrée dans son histoire précoce, l’avait jusqu’alors déterminé. L’accès à la posture d’Homo-Fractalis offre la possibilité à un élève de devenir quelqu’un d’autre en existant quelque part ailleurs[14].
B. Ressentir les fragilités qui se révèlent au-delà de l’excellence corporelle : un nouveau rapport au corps devient possible
Grâce à une blessure, il arrive ainsi qu’un élève prenne conscience qu’il a surestimé sa propre force et vécu dans la folle illusion qu’une telle chose ne pouvait pas lui arriver. Or, à travers la constante perverse « Excellence-Excès-Exclusion », les bénéfices de la blessure sont bien de permettre à un sujet de ressentir les effets d’une dynamique latente qui a fragilisé son corps physique et favorisé le réveil de vulnérabilités psychologiques jusqu’alors masquées par une pratique sportive qui lui permettait d’être reconnue comme l’acteur d’une partition où seul sa performance avait une raison d’être[15]. Heureusement, la blessure met le sujet dans une position qui le marginalise et qui l’exclut momentanément de « sa » culture sportive. En effet, la recherche de l’excellence a des séductions qui génèrent des illusions. Elle devient redoutable dès qu’elle devient normative. Pour éviter les effets pervers de l’excellence, l’idéal de l’homme, c’est le contraire de l’homme excellent ! C’est l’homme qui sent son provisoire et ses limites, à savoir qu’il n’est pas excellent et qu’il ne réussit plus. Le chemin d’une éducation physique qui consiste à favoriser uniquement la performance d’un élève conduit donc à une impasse : le toujours plus d’excellence produit de la fatigue et consiste à ne plus se reconnaître dans la reconnaissance des autres. La fatigue de ne pas être soi met en lumière le coût de l’excellence[16] : celui d’avoir échangé une identité personnelle au profit d’une identité sociale éphémère. Une logique du toujours plus provoque des confusions entre l’excès et l’excellence. En voulant programmer l’A-Venir, la technique qui favorise le geste humain efficace prend le pas sur l’esthétique du mouvement humain, le certain scotomise l’inattendu, les fins ne justifient plus les moyens. Le corps blessé devenu fragile est le dernier rempart qui permet à celui qui ne réussit plus de ressentir la Vie qui est en lui.
L’élève qui ne réussit plus peut s’autoriser à s’isoler d’un environnement qui ne répond plus à ses besoins vitaux et à vivre des moments de solitude où se révèle une part intime de lui-même qui échappe à son propre regard. Les accords du plus-que-parfait qui scandaient la conjugaison du verbe Réussir à la première personne du pluriel peuvent alors être remplacés par d’autres accords qui s’intéressent à la conjugaison du verbe Vivre à la première personne du singulier. Le Je a alors une place à prendre aux côtés d’un Nous devenu momentanément insignifiant[17].
C. Au-delà de l’excellence : une nouvelle créativité motrice se met au service d’une conversion identitaire
Lorsque l’excellence laisse la place à un élan de vie qui donne du corps à sa propre expressivité, l’élève ne s’assujettit plus, il se fait sujet. En se reconnaissant le droit à l’étrangeté, l’expression d’une autonomie authentique peut se réaliser. La reconnaissance de ce droit à l’étrangeté permet en effet à un élève de découvrir à travers son corps, une forme possible de transcendance personnelle. Le corps (re)devient un partenaire privilégié, un lieu géométrique de la reconquête de soi face au monde[18]. Le corps qui se contrôle sur la scène publique, laisse la place momentanément à des phases de détente dans les coulisses de l’humain. Une éducation physique supérieure redonne de l’épaisseur et une souplesse aux dimensions esthétiques et poétiques de l’expressivité humaine du corps. En ce sens, dans cette quête d’une liberté inventive conférée à un élève, le souci de soi se rapproche d’un acte d’apprentissage qui enfonce les gestes dans les plis de l’étoffe intime du corps humain.
Au-delà de l’excellence, un nouveau rapport au corps est à envisager. Aucun pansement culturel ne va permettre de cicatriser totalement un corps mis à vif. Cependant, une fragilité impensable va être l’occasion pour un élève provisoirement vulnérable de se déconstruire au point de ne plus arriver à trouver ni sa place, ni sa propre voix[19]. La recherche d’un centre de gravité perdu révèle des moments de vie chaotiques et inoubliables qui mettent un élève dans des états asthéniques dominés par le sentiment d’être impuissant face à ce qui se joue à son in-su dans son propre corps. Il existe néanmoins, au-delà de l’excellence corporelle, une perspective : celle de concevoir la possibilité à travers une blessure de transformer une expérience traumatique en un vécu signifiant. La fragilité heureuse se révèle lorsque des repères s’effondrent et des sensations insolites troublent les intelligences multiples d’un élève. Celui-ci découvre ainsi la condition de l’homme fragile pour qui l’existence s’est soudain transformée : le clair-obscur est devenu à la fois exigence d’absolue clarté et rencontres d’épaisses ténèbres, appel à une parole vraie et épreuve d’un espace infiniment silencieux[20].
Quand il n’est plus possible de s’appuyer sur des vertus sportives devenues obsolètes, le temps est venu pour un élève de rechercher en soi ce qu’il pensait être à l’extérieur de lui-même. Un nouveau monde est à portée de main de cet élève lorsqu’il est renvoyé au plus foncier de lui-même, au cœur d’un lieu de vérité qui est son corps propre. L’accès à ce nouveau monde ne peut exister que lorsque la personne accepte de développer ses capacités créatrices dans un environnement où la confiance l’emporte sur le contrôle, l’initiative sur la mesure des résultats, la sublimation sur la toute-puissance. Une vision optimiste de la fragilité est alors envisageable lorsque la sensation d’être soutenu par un environnement “suffisamment bon” permet la cohabitation d’une identité secure, l’idem et d’une identité créative, l’ipse[21]. L’idem représente cette partie intime d’une personne qui est restée intacte à la suite d’un événement traumatique et l’ipse, cette partie publique qui s’est développée en dépit des traumatismes qui jalonnent le chemin d’une vie. L’occasion est alors donnée à un élève en reconstruction identitaire de se reconnaître comme différent et d’affirmer son originalité et son exotisme à la face du monde. L’exotisme assumé n’est autre que la notion du différent ; la perception du Divers ; la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même ; et le pouvoir d’exotisme n’est que le pouvoir de se concevoir autre[22]. Le corps vécu valorisé par une Education Physique Supérieure nous révèle que rien n’est plus mystérieux que l’épaisseur du corps humain animé d’un élan indescriptible[23]. La corporéité ne connaît pas de limite : non seulement, comme le dit Bergson, « elle va jusqu’aux étoiles », mais selon le mot de Valéry, elle se déploie dans « l’infini esthétique » de notre pouvoir de sentir[24].
Lorsqu’un élève ressent l’infini esthétique contenu dans son corps, il n’est plus tout à fait conforme à ce que l’école attend de lui. En effet, il n’est plus simplement porteur de savoirs objectivés cohérents et systématisés, dans la mesure où ceux-ci sont liés à des expériences de vie singulières et inédites[25]. Lorsqu’un élève devient le seul garant de ce savoir nouveau, il appartient à un éducateur de lui permettre de traduire l’indicible corporel qui fait de lui le témoin ce qui fonde le choc entre plusieurs cultures incorporées.
II. Eduquer à l’excellence et accompagner une personne au-delà de l’excellence : deux missions d’un éducateur qui reconnaît la complémentarité des vertus d’une éducation physique et sportive et d’une éducation physique supérieure
Le noir de la chute, la chute dans le noir, préparent des
drames faciles pour l’imagination inconsciente. Henri Wallon
a montré que l’agoraphobie n’était au fond, qu’une variété de
la peur de tomber. Elle n’est pas une peur de rencontrer des
hommes, mais une peur de ne pas rencontrer d’appui. [26].
Métier de l’humain, métier impossible, métier complexe, métier paradoxal, le souci d’éduquer mobilise des compétences qui ne peuvent pas échapper à une zone d’incertitude face à des élèves qui assume une position marginale, celle de revendiquer le droit d’être reconnu dans les espaces de l’au-delà de l’excellence. Ce qui fonde alors une œuvre éducative, ce n’est plus tant les savoirs pédagogiques et didactiques mobilisés lors de situations prescrites que les savoirs d’actions mobilisés pour permettre à des élèves de donner un sens à ce qu’ils ressentent lorsqu’ils se trouvent dans cet au-delà de l’excellence. La reconnaissance d’un savoir focal, là où l’éducation physique et sportive et l’éducation physique supérieure se donnent la main, résulte pour l’éducateur d’une capacité à se libérer d’un prescrit pour se consacrer pleinement à un contexte d’interactions. Être éducateur suppose de la part de celui-ci qu’il reconnaisse les différentes phases qui structurent la construction de son chemin de Vie professionnelle. Trois phases sont à distinguer : l’impérieuse nécessité de se sentir excellent, la reconnaissance de ses fragilités professionnelles, l’acceptation que sa vocation professionnelle a un sens qui le dépasse.
A. L’impérieuse nécessité pour un éducateur de se sentir excellent
A l’aube de sa vie professionnelle, l’identité d’un éducateur prend corps à travers sa volonté d’éprouver le sentiment de créer son propre Uni-Vers à travers deux besoins fondamentaux : un besoin d’affiliation et un besoin de reconnaissance publique. Tant qu’une relation harmonieuse existe entre un éducateur et l’image qu’il se fait de l’organisation éducative avec qui il est sous contrat, l’ouverture vers les autres est reconnue comme une compétence suffisante et nécessaire. Cette alliance va évoluer lorsque les rapports entre un Je et un Nous jusqu’alors fluides deviennent sujets de dysharmonies et de désintérêts. Des émotions jusqu’alors ignorées réapparaissent : l’ennui, l’angoisse, l’insatisfaction, la peur sont des symptômes qui signalent qu’une histoire individuelle porteuse d’espoirs, de projets et de désirs se trouve en rupture d’une organisation professionnelle perçue comme dépersonnalisante. Le temps est alors venu pour un éducateur de prendre le temps de s’ouvrir à ce qui fait de lui une personne fragilisée par des convictions professionnelles remises en cause. L’illusion d’une identité illusoire qui cherchait à réunir ce qui était fragmenté, laisse la place à une prise de conscience : celle de la virtualité d’une identité qui ne se reconnaît plus dans son unicité mais dans sa fragmentation. L’accès à la posture d’Homo-Fractalis offre la possibilité à un éducateur de devenir quelqu’un d’autre en existant quelque part ailleurs[27].
B. Reconnaître qu’une identité professionnelle se façonne aussi au-delà de l’excellence, à l’aune de fragilités cognitives, émotionnelles et relationnelles
Reconnaître la fragilité et à la vulnérabilité d’un élève nécessite de la part d’un éducateur de reconnaître sa propre faiblesse devant une altérité qui lui échappe, surtout lorsque la production d’une performance n’est plus une finalité essentielle pour un élève. Lorsque cet éducateur privilégie une approche centrée sur la personne doublée d’une approche compréhensive, la raison d’être de son identité professionnelle est remise en cause. Lorsque le care, cette posture qui consiste à prendre soin de l’autre, se rapproche d’un état d’empathie, trois formes de relations professionnelles originales émergent pour soutenir une identité professionnelle en reconversion : l’attention portée sur le bien-être de la personne, le respect de son autonomie et la reconnaissance des émotions qui favorisent les relations interpersonnelles.
En acceptant de se sentir vulnérable, un éducateur est en capacité de se décentrer d’une identité professionnelle dénuée momentanément de sens. Une tension se révèle dans un manque initial à dire et surtout à se dire. Trois symptômes symbolisent ce manque : la peur de mal-faire, l’insatisfaction et l’absence de reconnaissance. La quête d’un absolu qui se révélait à l’aune d’une reconnaissance professionnelle aboutit provisoirement à une impasse, celle d’une incapacité à se laisser aller au bonheur d’être soi lors de son activité professionnelle. Cette crise devient un moment propice afin qu’une somme d’indécisions devienne un moment de vérité : au sentiment d’être à l’abri de tout imprévu, succède un état de conscience où les repères s’effondrent et les sensations les plus insolites envahissent le paysage mental de l’éducateur.
C’est à ce moment que le choix professionnel de l’éducateur est enfin interrogé sur des significations qui étaient restées dans la pénombre de la reconnaissance sociale. Les différentes facettes de l’identité professionnelle peuvent alors se redéployer vers un élargissement de l’être[28]. Le temps est venu pour celui qui existait au travers de ses actions en direction d’autrui de se retrouver dans une position qui consiste à s’accompagner soi-même. A travers cette émergence de soi comme sujet, un équilibre s’installe entre deux extrêmes. Le premier est celui de l’illusion de totale impuissance sur sa vie professionnelle : illusion confortable car elle déresponsabilise totalement l’individu au regard de ce qui lui arrive. Le second extrême, c’est l’illusion de toute puissance qui consiste à croire que l’on s’est fait tout seul et que l’on maîtrise absolument son histoire, qu’on en est l’origine absolue[29].
Dans le même temps où le sujet accepte de s’ouvrir à une nouvelle identité à la fois évanescente et fragilisée, celui-ci s’aperçoit qu’un moment de vie critique renferme paradoxalement un potentiel de vie jusqu’alors inconnu. L’opposition manichéenne entre le « vide de la vie » et le « vide de la mort » laisse la place à une labyrinthique quête de sens[30]. Tel un ressort invisible, celle-ci transforme une épreuve en tremplin et une faiblesse momentanée en une force durable[31]. C’est à ce moment que l’éducateur se sent prêt à s’investir de nouveau dans un réseau professionnel élargi pour partager des pensées et des sentiments authentiques. L’éducateur va ainsi devenir un créateur de sa propre autonomie en se confrontant à ses propres peurs, ses propres contradictions et à une nouvelle vision de la réalité professionnelle qui s’offre à lui. Autonome, l’éducateur va le devenir en acceptant de remettre en jeu sa vie professionnelle. En accédant à une prise de conscience de ce qui est impossible, un espace de possibles devient acceptable à ses yeux : celui d’aller à la rencontre d’un plus grand que Soi.
C. Accepter le sens caché d’une vocation professionnelle
L’ouverture vers Soi est le signal qu’un véritable processus de transformation est à l’œuvre : la recherche de certitudes accompagne l’acceptation du doute[32]. Se décentrer d’un Soi perçu comme unique pour s’ouvrir à une altérité perçue comme indomptable suppose aussi de reconnaître l’ignorance de cette partie de l’humain qui échappe toujours à celui qui pense avoir accès à la compréhension du phénomène humain. Pour accepter ce quelque chose qui échappe, il est nécessaire d’établir un pont entre ce qui concerne l’anonymat de l’intime et la reconnaissance du social. Le tissage de ce pont suppose l’acceptation d’une vision complexe du phénomène humain, qui comporte en elle l’impossibilité d’unifier, l’impossibilité d’achèvement, une part d’incertitude, une part d’indécidabilité. Alors l’éducateur se retrouve face à un obstacle insurmontable : la Sur-Vie. Le temps est alors venu pour l’éducateur de sortir de soi-même pour réfléchir et réfléchir avec un autre que Soi. Etre centré sur Soi tout en étant à l’écoute de l’autre : voici deux positions qui semblent a priori contradictoires aussi bien au sein d’un même individu que dans les relations que celui-ci développe avec autrui. L’éducateur authentique se révèle alors sous le masque d’un Janus bicéphale qui accepte les contradictions qui font de lui un aliéné qui assume la complexité de ses missions et de ses engagements[33]. Cependant tel l’alpiniste ardent qui ne détache pas ses yeux de la cime qu’il souhaite atteindre, l’élan vers l’A-venir suppose l’acceptation d’un accompagnement qui ne se situe plus seulement à côté des autres, mais au-delà et au-dessus de soi-même[34]. Une ouverture à l’improbable, aussi bien dans le registre du savoir que dans celui de l’action, devient alors possible. Cette perspective est aussi le ciment qui permet à un individu de gérer la complexité d’une unita multiplex qui fait de lui un personnage protéiforme doué de raison, d’émotions et de passions contradictoires[35].
Alors, une œuvre éducative est à concevoir comme une aventure qui se révèle dans sa capacité à tisser des liens entre deux facettes du phénomène humain que sont l’expérience et la connaissance, l’induction et la déduction, l’implicite et l’explicitation, la raison et l’intuition. Tantôt l’éducateur se fait sensible au sensible, ce qui révèlent toutes les formes de contemplations esthétiques ou spirituelles, tantôt il tente de pénétrer en intelligibilité son corps. Il est ainsi (re)devenu un citoyen de deux mondes : le spirituel et le corporel. Une éthique du discernement devient alors le support de l’accomplissement d’une œuvre éducative. Il suffit pour cela que les éducateurs, qui se mobilisent pour entraîner des personnes vers un ailleurs et un meilleur, prennent conscience de ce qui les anime. L’un des buts supérieurs de l’éducation est peut-être alors de prendre en compte cette multiplicité de personnalités qui compose une Personne, celle qui existe dans sa capacité à s’ouvrir à l’univers matériel et social sans jamais s’y dissoudre, celle qui appelle le mouvement complémentaire de l’extériorisation, qui est l’intériorisation[36].
Chaque éducateur, face au sens mystérieux de sa vocation professionnelle, se trouve alors confronté, interpellé et interrogé sur ce qui l’autorise à rêver un adulte en devenir[37]. Tandis que les rêves habitent le présent perpétuel et se meuvent dans l’infini, l’existence humaine se déroule dans un temps qui n’a qu’une extension finie[38]. Néanmoins le rêve est une action qui de donne de l’élan vers un A-Venir. Il contient l’Espérance qui ne sait rien du futur mais qui accepte l’imprévu d’un élan de la Vie[39]. Lorsque l’élan de la Vie résonne avec l’élan de l’A-venir, l’éducateur peut alors devenir un croyant en la modifiabilité ce celui qu’il accompagne. Autrement dit, il devient un croyant en « l’En-Avant », voué à l’ultra-humain[40]. Trois dynamiques sont ainsi l’occasion pour un éducateur de rendre vivant son engagement professionnel :
- Favoriser la construction des liens qui permettent à une personne humaine d’intégrer les normes d’une culture.
- Autoriser une personne humaine à s’émanciper et à se distancier de ses cultures d’appartenance.
- Permettre à une personne humaine de relier ce qu’elle a de plus intime avec ce qui est le plus universel.
C’est la présence simultanée de ces trois dynamiques qui permet à un éducateur de s’autoriser à faire preuve de fidélité, de fragilité et de créativité afin de devenir un créateur d’histoires qui s’ouvrent au Monde pour le transformer. Ancrer une pratique professionnelle dans une démarche de transformation suppose alors de militer pour une éthique de la fragilité[41]. C’est ainsi que l’humanité devient humaine quand elle invente la faiblesse[42].
III. Les trois piliers d’une éducation physique supérieure : Le Souffle, la Rencontre avec Soi et la Confiance envers un Autre
A quoi peut ressembler une éducation physique supérieure dans les territoires scolaires, aux côtés d’une éducation physique et sportive ? Trois piliers peuvent s’ériger autour d’une Trinité: Le Souffle, la Rencontre avec Soi et la Confiance envers un autre. Cette Trinité se révèle autour de cinq mouvements :
A. Mouvement 1 : Prendre le risque, à travers un effort physique, de ressentir les réalités du souffle présentes dans le cœur
L’effort physique est un risque. Celui de se lancer dans un mouvement de vie dont l’issue restera toujours inconnue, illusoire et inaccessible : c’est l’une des règles des jeux que les hommes ont inventées pour se sentir exister. Cette mise en action vaut la peine d’être vécue pour contacter une confiance, qui se construit à la fois sous le regard bienveillant des autres et qui fleurit à l’aune de son propre regard. Si la Confiance est cette force qui donne à une Personne l’occasion d’aller vers un ailleurs, encore faut-il que celle-ci largue les amarres qui la relient au passé pour se projeter dans un futur où domine l’Espérance. Alors un voyage mystérieux peut commencer en mobilisant le corps propre de l’Homme, celui qui contient en son cœur le Souffle qui permet à un effort physique de devenir un compagnon idéal pour côtoyer l’extase corporelle.
B. Mouvement 2 : Les variations du souffle physiologique conduisent à un Souffle qui est en Soi
La reconnaissance des sensations provoquées par les variations du Souffle lors d’un effort physique sont des moments qui permettent à une Personne de se libérer d’une carapace musculaire qui n’est pas toujours suffisante pour affirmer sa présence au Monde et devenir un metteur en scène au service d’une éducation physique vertueuse.
Là où l’athlète s’appuie pour courir, c’est là que l’acteur s’appuie pour lancer une imprécation spasmodique, mais dont la course est rejetée vers l’intérieur…Là où chez l’acteur le corps est appuyé par le souffle, chez le lutteur, chez l’athlète physique c’est le souffle qui s’appuie sur le corps[43].
Le corps en mouvement permet l’accès à ces états lorsqu’elle accompagne la Personne dans une double quête qui consiste à construire des relations avec ses partenaires et ses adversaires tout en reconnaissant un Chemin qui mène à Soi. Ainsi, au-delà d’un désir de reconnaissance et d’un désir d’autonomie qui transfigure une Personne, le Chemin vers Soi devient un chef d’œuvre éducatif lorsqu’une centration sur Soi permet à un autre Chemin de se révéler: celui qui favorise l’écoute des autres tout en étant proche de Soi. Ces deux chemins sont ceux sur lesquels se révèle le développement intégral d’une Personne.
C. Mouvement 3 : Le développement intégral de la Personne Humaine a un coût !
Le développement intégral d’une personne au cœur de son corps à un coût : celui de rencontrer les fragilités et les vulnérabilités qui, au-delà des limites du geste raisonnable, sont présentes au cœur des émotions, là où siège le Sur-Humain. Cependant, l’élan vers le Sur-Humain suppose une ouverture qui s’incarne aussi bien dans le registre de l’action motrice que dans celui de l’imaginaire. C’est la profondeur de l’imaginaire qui donne de l’élan vers l’A-venir, qui contient une Espérance, qui ne connaît rien du futur mais qui accepte l’imprévu d’un élan vers la Sur-Vie. Lorsque l’élan de la Sur-Vie résonne avec l’élan de l’A-venir, la vie peut devenir l’occasion d’atteindre les contours de l’humilité humaine qui se révèle aux faîtes des performances et des contre-performances. Alors face à la fragilité et à la vulnérabilité de la condition humaine, une bonne nouvelle peut devenir audible: nous ne sommes pas seuls au monde lorsque nous faisons confiance à un Autre que Soi !
D. Mouvement 4 : La fragilité heureuse fait partie de la Sur-Vie corporelle
La fragilité heureuse de la condition humaine corporelle est celle où nous pouvons reconnaître qu’il est une dépendance qui fait vivre et désirer : celle qui nous lie les uns aux autres. C’est cette dimension vulnérable et fragile de l’humain qui nous impose le respect de ce qui se trouve au-delà de l’excellence. C’est elle qui fait que du possible peut se révéler, offrant l’Espérance de grandir en humanité. Cependant le rapport sain et fécond avec autrui ne peut faire l’économie du recueillement dans un temps et un espace à soi. La rencontre avec Soi est un passage obligé pour éprouver la confiance envers un Autre et témoigner avec les autres.
E. Mouvement 5 : Le Témoin, un symbole d’une Education Physique Supérieure et un trait d’union entre les générations
Si le Souffle, la Rencontre avec Soi et la Confiance envers un Autre sont trois piliers constitutifs d’une éducation physique supérieure, un symbole reste cependant nécessaire pour donner un Sens au fondement de celle-ci. Le Témoin, en acceptant d’être un trait d’union entre les générations, est celui qui en osant larguer les amarres se sent libre de poser deux questions fondamentales à ceux et à celles qu’il rencontre sur son Chemin : Où allez-vous ? D’où venez-vous ?
Une relation professionnelle authentique s’inscrit alors dans une logique où la réceptivité à ce qui est inconnu s’amplifie. Une éducation physique supérieure devient ainsi un support qui favorise la reconnaissance de ce qui fonde l’autonomie d’une personne aux prises avec ses fragilités et ses vulnérabilités. Il est alors nécessaire d’accepter de travailler sous le joug d’un paradigme de l’incertitude ancré sur ce qu’il y a d’unique et de mouvant dans une interaction. Le challenge proposé à une éducation physique supérieure est alors de s’inscrire dans une démarche de transmission où un respect authentique se met au service des gens vulnérables qui n’ont rien d’exceptionnels[44]. C’est ainsi qu’évolue une institution humaine, née de multiples projets, mais sans projet, animée par de multiples finalités, mais sans finalité[45].
Prendre mer
Oser l’horizon, la confiance
S’ouvrir au voyage
Aux espaces à venir
Partir sans savoir
Le chemin, les étoiles
Mais quitter, se tourner
Vers l’avant, le mystère. [46]
_______________________
Pour citer cet article
Référence électronique : Gilles Lecocq, « Valoriser l’excellence et accepter la fragilité qui se révèle dans l’au-delà de l’excellence : les deux facettes d’une Education Physique Supérieure vertueuse », Educatio [En ligne], 5 | 2016. URL : https://revue-educatio.eu
Droits d’auteurs
Tous droits réservés
*ILEPS-Cergy ; ICP-Paris
[1] Le Breton, D. (2012). Marcher. Eloge des chemins et de la lenteur. Paris: Métailié, p. 158.
[2] McNamee, M. (2015). Youth Sport and the Virtues. In P. Kelly (Ed.). Youth, Sport & Spirituality. Catholic Perspectives. Notre Dame Indiana: University of Notre Dame Press, pp. 74-87.
[3] Gardner, H. (2011). Les nouvelles formes de la vérité, de la beauté et de la bonté pour les transmettre au XXIe siècle. Paris: Odile Jacob. Le titre original de cet ouvrage est Truth, Beauty and Goodness Reframed. Educating for the Virtues in the Twenty-First Century. La version en livre de poche a pris le titre de : Truth, Beauty and Goodness Reframed. Educating in the Era of Truthiness and Twitter.
[4] Bentolila, A. (2000). Le propre de l’homme, parler, lire, écrire. Paris: Plon.
[5] Emmons, R-A. (1999). The Psychology of Ultimate Concerns. Motivation and Spirituality in Personality. New York: The Guilford Press.
[6] Seligman, M. (2006). Breaking the 65 Percent Barrier. In M. Csikszentmihalyi, & I-S. Csikszentmihalyi (Eds). A life worth living. Contribution to Positive Psychology (pp. 230-236). Oxford: Oxford University Press.
[7] Peterson, C. & Seligman, M. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. New York: Oxford University Press.
[8] Swec, G. (1998). Les galériens volontaires. Paris: P.U.F, p.39.
[9] Ehrenberg, A. (1991). Le culte de la performance. Paris: Calmann-Lévy.
[10] Elias, N. & Dunning, E. (1993). Sport et civilisation : la violence maîtrisée. Paris: Fayard.
[11] Foucault, M. (1975). Surveiller et punir : naissance de la prison, Paris: Gallimard.
[12] Liotard, P. (2004). L’éthique sportive : une morale de la soumission ? In Michaël Attali (Ed). Le sport et ses valeurs. Paris: La Dispute, pp. 117-156.
[13] Lecocq, G. (2015). Mise en scène d’une vie sportive au Théâtre des Deux Sources : Psyché peut-elle rencontrer Eros sans rencontrer Thanatos ? In P. Philippe-Meden (Ed.). Erotisme et sexualité dans les arts du spectacle, Lavérune: Editions Entretemps, pp.205-214.
[14] Baudrillard, J. (2004). Le pacte de lucidité ou l’intelligence du mal. Paris: Galilée.
[15] Lecocq, G. (2015). La Blessure. In B. Andrieu (Ed.). Vocabulaire de philosophie du sport, Lausanne: L’âge d’homme, pp. 372-382.
[16] Aubert, N. & de Gaulejac, V. (1991). Le coût de l’excellence. Paris : Seuil.
[17] Honneth, A. (2008). The I in We: studies in the theory of recognition. Cambridge: Polity Press.
[18] Le Breton, D. (1999). L’adieu au corps. Paris: Métailié.
[19] Melman, C. (2005). L’homme sans gravité. Paris: Denoël
[20] Blanchot, M. (1969). L’entretien infini. Paris: Gallimard, p. 142.
[21] Ricœur, P. (1990). Soi-même comme un autre. Paris: Seuil.
[22] Segalen, V. (1986). Essai sur l’exotisme. Paris: Librairie Générale Française, p.41.
[23] Le Breton, D. (1990). Anthropologie du corps et modernité, Paris: P.U.F.
[24] Bernard, M. (2002). De la corporéité fictionnaire, Revue Internationale de Philosophie, 4-222, pp. 523-534.
[25] Schurugansky, D. (2007). « Vingt mille lieues sous les mers » : les quatre défis de l’apprentissage informel, Revue Française de Pédagogie, 160, pp. 13-27.
[26] Bachelard, G. (1943). L’air et les songes. Essai sur l’imagination du mouvement. Paris: José Corti, p. 117.
[27] Baudrillard, J. (2004). Le pacte de lucidité ou l’intelligence du mal. Paris: Galilée.
[28] Barus-Michel, J., Giust-Desprairies, F. & Ridel, L. (1996), Crises : approche psychosociale clinique. Paris: Desclée de Brouwer.
[29] Lainé, A. (1998), Faire de sa vie une histoire : théories et pratiques de l’histoire de vie en formation. Paris: Desclée de Brouwer.
[30] Watzlawick, P. (1988). Comment réussir à échouer : trouver une ultrasolution. Paris: Seuil.
[31] Fischer, G-N. (2003). Les blessures psychiques ; la force de revivre. Paris: Odile Jacob.
[32] Blanchard–Laville, C. (2001). Les enseignants entre plaisir et souffrance. Paris : PUF.
[33] Lecocq, G. (2005). Le travail des aliénés-enseignants : Une activité humaine où se côtoient conformisme et autonomie. In P.A. Lebecq (P-A.), Leçons d’histoire sur l’éducation physique d’aujourd’hui, Paris: Vigot, pp. 199-227.
[34] Teilhard de Chardin, P. (1997). Sur le bonheur et sur l’amour. Paris: Seuil.
[35] Lifton, R-J. (1993). The Protean Self. Human resilience in an Age of Fragmentation. Chicago: The University of Chicago Press.
[36] Fraisse, P. (1988). De la caractérologie à l’anthropologie d’E. Mounier. Pour la psychologie scientifique. Liège: Mardaga.
[37] Giust-Desprairies, F. (1989). L’enfant rêvé : significations imaginaires d’une école nouvelle. Paris: Armand Colin.
[38] Todorov, T. (1995). La vie commune : Essai d’anthropologie générale. Paris: Seuil, 1995.
[39] Coq, G. (1999), Dis moi ton espérance. Paris: Seuil.
[40] Teilhard de Chardin, P. (1965). Science et Christ. Paris: Seuil.
[41] Corcuff, P. (2002). La société de verre. Pour une éthique de la fragilité. Paris: Armand Colin.
[42] Serres, M. (1991). Le Tiers-Instruit, Paris: Gallimard.
[43] Artaud, A. (2004). Œuvres, Paris: Gallimard, p. 584.
[44] Paperman, P. (2005). Les gens vulnérables n’ont rien d’exceptionnel. In P. Paperman & S. Laugier (Eds), Le souci des autres. Ethique et politique du care. Paris : Editions de l’EHESS, pp. 62-84.
[45] Elias, N. (1991). La société des individus. Paris: Fayard, p. 108.
[46] Becquart, N. (2012). 100 prières pour traverser la tempête. Paris: Salvator, p. 14.