Numéro spécial 208 – 2015
En analysant dans cette rubrique le beau livre de Mathias Gardet sur La jeunesse en marge[1], dont la parution coïncide globalement avec le 150ème anniversaire de la Fondation Apprentis d’Auteuil, nous avions déjà évoqué l’origine et l’évolution de celle-ci. Il n’est cependant ni inutile, ni redondant, de présenter aussi, malgré sa brièveté, le numéro spécial de sa revue, consacré précisément à son histoire.
Après l’article introductif de son nouveau directeur général, Nicolas Truelle, on lira en effet avec profit le « dossier » (pp. 6-11) qui en retrace l’évolution et en souligne l’actualité. C’est en mars 1866 que le jeune Abbé Roussel s’installe, avec six adolescents à la dérive qu’il a recueillis, dans une ville abandonnée, c’est ce qu’il appelle « l’oeuvre de la Première Communion », où ils vivront de la générosité environnante et seront alphabétisés et catéchisés. Au prix des difficultés, de l’ingéniosité et de dévouement incessant que l’on devine, la modeste entreprise initiale a connu une étonnante extension, puisqu’elle fédère aujourd’hui près de 200 établissements et reçoit 30 000 jeunes, que non seulement elle sauvegarde du pire mais engage sur la voie d’un avenir professionnel, moyennant la formation appropriée qu’elle leur apporte. Et l’on ne peut qu’admirer la fidélité de ses successeurs -spécialement le Bienheureux Daniel Brottier et les Pères du Saint-Esprit- aux initiatives éducatives du Père Roussel : son regard bienveillant -confiance- souplesse, face à des sujets qui ont besoin d’activité, de mouvement, d’attention.
Il s’agit ici d’une initiative parisienne, liée évidemment au nouveau contexte d’une société en vue d’industrialisation et d’urbanisation, avec toutes les menaces qui y sont liées. Elle se montre, au XIXème, attentive au grand exemple donné au XVIIème par Saint-Vincent de Paul : la pédagogie chrétienne réagit face à une nouvelle détresse, elle multiplie ses efforts pour en prévenir les dommages.
Guy Avanzini
[1] Cf. Revue Educatio, n°5.