Documents Episcopat – N° 2 – 2016 – 40 p.
Prolongeant et confirmant la dynamique inaugurée depuis 2000 par « les Assises », ce texte n’est pas seulement une réflexion pédagogique ponctuelle de qualité ; il se place ambitieusement au sein d’une stratégie globale, ordonnée au « réenchantement de l’Ecole ». Certes, dans le climat de morosité qui affecte l’institution scolaire d’une société déclinante, c’est un défi que lance et se lance le Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique. Se référant à Marcel Gauchet, ce document, fortement pensé, a d’emblée le grand mérite de situer adéquatement le vrai problème actuel, celui des finalités (p.9). C’est bien du fait de leur spécificité qu’un établissement catholique d’enseignement n’est pas seulement privé, mais marqué par son « caractère propre », consistant, tout simplement, – si l’on peut dire – à s’efforcer d’être chrétien. Et cela, à la fois, lui ouvre de larges horizons et lui confère d’impérieux devoirs. D’où l’exigence d’une meilleure articulation entre la verticalité institutionnelle, liée à leur histoire, et l’horizontalité des communautés éducatives et de leur potentiel. Il s’agit de libérer leur créativité et de déployer leurs initiatives, pour les convertir en projets novateurs, animés par un sens. Il s’agit, indissociablement, de susciter un climat relationnel au sein duquel s’élabore et se transmette une culture chrétienne due à ce que tous les acteurs de l’Enseignement Catholique auront su, à la fois, « penser, explorer et partager » (p. 18). Il s’agit, au total, de susciter une « mobilisation collective » (p. 13) ordonnée à recueillir, évaluer et explorer les idées de chacun, pour un renouveau d’ensemble.
Aussi bien, c’est déjà un vaste plan d’action qui est engagé, et dont Pascal Balmand indique ici les principales étapes. Dès la rentrée de 2016, en effet, quelques « foyers de recherche et d’expérimentation » seront installés sur des terrains qui s’y prêtent et rassembleront les volontaires, bientôt fédérés en un « cercle d’exploration éducative et pédagogique » instauré auprès du Secrétariat Général. En outre, un « Conseil National des Jeunes », lui-même constitué à l’automne, apportera ses suggestions au « Conseil de Réenchantement », déjà créé en mai 2015.
L’on ne saurait, évidemment, anticiper ici sur les résultats éventuels ; du moins implique-t-il de souligner, d’une part, la vitalité et l’esprit de recherche qui anime la pédagogie chrétienne officielle en France et, d’autre part, la vertu d’espérance dont les initiatives sont une belle affirmation, qui contraste avec l’attitude récriminante ou fataliste qui prévaut ailleurs.
Guy Avanzini