François Hochepied*
U.G.S.E.L. 2011-2013 : de l’intérêt d’un retour aux sources du projet actualisé et stabilisé
En 2011, l’Union Générale et Sportive de l’Enseignement Libre, fédération affinitaire emblématique du « sport scolaire catholique » célébrait son centenaire. Dans le prolongement des manifestations institutionnelles festives, de nouveaux projets éducatifs, associatifs, et pastoraux voyaient le jour et, tout en conservant le sigle U.G.S.E.L., la fédération changeait officiellement de nom pour devenir « Fédération sportive éducative de l’Enseignement catholique ».
Considérée, par le nouveau statut de l’Enseignement catholique de 2013, comme association partenaire dans l’animation institutionnelle de l’école catholique, l’U.G.S.E.L. a pour objet « de promouvoir, orienter et coordonner l’éducation physique et la pratique des sports, des activités de loisirs et de culture dans les établissements de l’Enseignement catholique des 1eret 2nd degrés »[1].
L’U.G.S.E.L. se trouve ainsi au carrefour du service éducatif de la nation, auquel contribue l’Enseignement catholique dans le cadre, aujourd’hui et pour l’essentiel, d’une relation contractuelle avec l’État, de l’Eglise, en réaffirmant que l’annonce de l’Evangile est placée « au cœur de toutes ses activités »[2]et aussi du Mouvement sportif, en signant notamment de nombreuses conventions avec les fédérations délégataires et en étant, entre autres, membre du Comité National Olympique Sportif Français au sein du collège des fédérations scolaires et universitaires.
Revendiquant 1150 associations sportives (2nddegré), 2600 écoles adhérentes (1erdegré), plus de 840.000 adhérents, une implantation dans 18 régions et 60 départements, l’U.G.S.E.L. exprime ces ancrages institutionnels par un éclectisme conséquent des actions et des missions : des offres de sports scolaires, bien sûr, avec comme point d’orgue l’organisation de championnats nationaux dans plus d’une vingtaine de sports différents, mais également des offres de formations disciplinaires et interdisciplinaires au service des professeurs d’éducation physique et sportive et des professeurs des écoles de l’Enseignement catholique et aussi, des offres de projets d’animations éducatives institutionnelles, comme, par exemple, la formation aux premiers secours[3]ou les diverses expressions de développement du temps périscolaire.
A tous les échelons – du local à l’international – où s’exprimera l’éclectisme des missions de l’U.G.S.E.L., l’observation de cette dynamique de développement, que ne peut manquer d’impulser la réécriture des projets, méritera d’être scrupuleusement effectuée mais l’exercice intellectuel en question ne sera pas l’objet et le cœur de notre contribution à ce numéro de la revue Educatio. En revanche, cette actualité institutionnelle récente s’inscrit dans des problématiques fondamentales qui traversent le XX° siècle et renvoie, bien évidemment, aux discours et aux pratiques des Pères fondateurs dont René Barbier de la Serre (Mgr) est, sans aucun doute, le personnage le plus emblématique et le plus influent.
Dans le cadre de cet article, nous ne nous intéresserons pas à la biographie exhaustive de René Barbier de la Serre (Mgr)[4]mais nous nous consacrerons essentiellement, c’est à la fois l’objectif et la limite de l’exercice, aux discours tenus en matière d’éducation physique et de sports par l’U.G.S.E.L. dans le contexte de l’entre-deux-guerres et des prémices de la IV° République, âge d’or de la fédération.Il s’agit ici d’étudier le discours idéologique, véritable fondation de la fédération, le souhaitant le plus instructif possible pour la compréhension des réalités contemporaines du « sport catholique », que symbolise l’U.G.S.E.L. en ce début de XXI°[5].
Une approche éducative empreinte de mysticisme
« N’éteignez pas l’Esprit, disait Saint-Paul à ses premiers fidèles. Qu’est-ce à dire sinon d’abord qu’il y a un monde, celui de la pensée, qui est complet, intéressant et suffisant par lui même, parce qu’il débouche sur Dieu et sur l’Absolu : c’est le monde des choses invisibles »[6].Cette affirmation de René Barbier de la Serre (Mgr) place immédiatement la réflexion et le débat sur l’éducation physique et les sports dans sa véritable dimension. Témoigner pour l’esprit, c’est ainsi professer que le monde invisible est supérieur à l’autre ; les qualités de l’âme sont au dessus de celle du corps :
« Mieux vaut l’idée que la matière, mieux vaut un cœur généreux qu’une musculature puissante, mieux vaut la fidélité que la fortune, mieux vaut la conscience que la santé, mieux vaut l’honneur que le succès, mieux vaut le dévouement au pays que la liberté, mieux vaut le service de Dieu que la vie même »[7].
Pour l’éducateur chrétien qu’il est, les positions sont très explicites : être est plus fondamental qu’agir ; l’action ne vaut pas par elle même, mais en dépendance d’une règle de vérité :
« Il y a une vie de la pensée qui se consomme au ciel par la contemplation amoureuse et se prépare ici-bas par la méditation. Avec le beau et le bien qui, à l’infini, se confondent avec lui, le vrai garde pour nous sa valeur d’absolu, sollicite et justifie notre effort. Il importera donc, en enseignant les disciplines d’action, d’en employer une part […] à préparer et réserver les droits, la place et le temps des disciplines intellectuelles »[8].
Néanmoins, ce primat de l’esprit ne peut se concevoir sans une ascèse corporelle de tous les instants :
« On a assez souvent souligné les répercussions du physique sur le moral, insisté sur l’unité de l’âme à la fois directrice du corps qu’elle façonne et conduit, et agent de la vie spirituelle, pour que cette éducation physique soit acceptée comme un devoir primordial et pratiquée par tous le plus longtemps possible »[9].
Le sens des orientations de René Barbier de la Serre (Mgr)
« Tandis que le païen ne s’assujettissait à un austère régime sportif que pour obtenir une couronne périssable, le chrétien s’y soumet en vue d’une fin plus haute, d’une récompense immortelle »[10].
Ainsi compris, les sports ne sont pas considérés comme une fin en soi. Comme tels, ils doivent rester orientés vers leur fin, c’est à dire vers la formation et l’éducation parfaite et équilibrée de tout homme. Dans l’éditorial de mai 1946 de la revue officielle de l’U.G.S.E.L.[11], René Barbier de la Serre (Mgr) déclare qu’il ne s’agit pas de former des « spécialistes, des champions exigeants et égoïstes, des fanatiques du succès par tous les moyens, des asservis d’un sport ou d’un club » ; en revanche, il veut faire émerger « des hommes complets en qui s’épaulent toutes les compétences, celles du sens religieux de la vie comme celle du ballon rond, celle du goût comme celle de la résistance physique, celle de l’intelligence comme celle du jeu, celle du dévouement comme celles des techniques du sport, celle d’un style de vie comme celle d’un style de saut »[12].
Au regard de cette conception de l’homme qui est à la fois âme et corps, matière et esprit, l’éducation physique et les sports n’apparaissent donc pas superflus dans la vie de l’élève. L’éducation physique[13]est d’abord un enseignement qui doit certes être donnée, pour lui, de manière rationnelle sous la surveillance du corps médical et son couronnement est, bien sûr, le sport pour reprendre l’expression du Règlement Général d’Education physique, méthode française.
René Barbier de la Serre (Mgr) est, à cet égard, en parfaite harmonie avec les discours dominants dans le genre, entre les deux guerres, des médecins qui prônent une approche scientifique de la recherche de la santé par la pratique sportive, à condition d’être précédée d’une solide éducation physique analytique. C’est dans le Manuel Scientifique d’Education Physique du Docteur M. Boigey, publié en 1922, que les propos de René Barbier de la Serre (Mgr) sur l’éducation physique et sportive trouvent une caution très répandue dans ce contexte de l’entre-deux-guerres :
« Entre 1918 et 1958 […] tandis que l’influence militaire est en perte de vitesse, les médecins conquièrent une place prépondérante […] L’éducation physique est mise au service de la santé et de la régénération de la race française. Un certain nombre d’historiens utiliseront la notion de monopole médical pour caractériser cette conjoncture. Pierre Arnaud évoque même une médicalisation de l’éducation physique. Plus précisément, on peut parler d’éclectisme sous tutelle médicale : l’éducation physique s’appuie alors sur un réel éclectisme de contenus et de méthodes, mais les références théoriques sont données par les médecins »[14].
Certes, tous deux se préoccupent plus, de la santé pour le premier et des âmes pour le second, mais il est aussi vrai, que pour le premier comme pour le second, le sport peut illustrer, mieux que d’autres « méthodes » la santé des corps et des âmes. Cependant, entré dès 1911 par l’organisation du sport des scolaires au sein de l’U.G.S.E.L., René Barbier de la Serre (Mgr) ne peut pas, non plus, être insensible, au début des années trente, aux travaux du Docteur Marc Bellin du Coteau quirédige un véritable plaidoyer pour l’intégration du sport dans l’éducationphysique et, dans lequel, il affirme, entre autres, que le sport peut prétendre perfectionner le corps humain au même titre que les autres méthodes[15] ; Marc Bellin du Coteau s’attache ainsi à rationaliser son enseignement en initiant les principes fondamentaux d’une « méthode sportive ». Mais il est tout aussi évident que René Barbier de la Serre (Mgr) légitime le sport des scolaires et/ou le sport au sein de la leçon d’éducation physique moins au regard des contenus des pratiques stricto-sensu ou d’une quelconque implication personnelle à une « guerre des méthodes », que pour promouvoir un modèle éducatif sous-jacent d’inspiration anglaise, fait de liberté apparente, de responsabilité partagée, de discipline intégrée, de respect, de dynamisme, qui se sert du sport et, ainsi, propose une référence pour tous ceux qui veulent réformer la formation des élites dont la nation a besoin. Ces modèles culturels et éducatifs anglais sont, aux yeux de la bourgeoisie libérale et conservatrice française, à prendre en considération : l’Angleterre fournit, en effet, l’image d’une nation forte, dynamique, moderne et le modèle anglais représente une manière de vivre, une attitude et un style de vie qui provoque un attrait irrésistible. Mais, à vrai dire, les orientations des contenus de l’éducation physique peuvent changer ; René Barbier de la Serre (Mgr) pourrait faire sienne, dans une autre perspective, cette phrase de Boigey : « toutes les méthodes se ressemblent et emploient les mêmes procédés. Il faut absolument abandonner les schémas simplistes sur les méthodes »; peu importe, même si les sports méritent d’être pris en considération, il s’agit d’abord et avant tout de chercher à préserver ce climat à l’aide duquel l’âme de l’enfant s’ouvrira à la grâce divine. René Barbier de la Serre (Mgr) affirme que ce sont ces réalités supérieures qui sont en jeu dans ce problème de la place de l’éducation physique et des sports au sein de l’enseignement secondaire libre. Il se situe ainsi pleinement parmi les défenseurs d’une éducation physique et sportive catholique qui vantent ses qualités apostoliques.
Après avoir pris en charge, dès 1911, les sports des scolaires, l’U.G.S.E.L. nationale, sous son autorité, se situe pleinement du côté des partisans d’une intégration dosée du sport comme élément d’éducation physique et essaye modestement de contribuer à la rationalisation de l’utilisation du sport dans le cadre de la leçon d’éducation physique et du déroulement de la vie scolaire quotidienne. Mais force est aussi de reconnaître que l’U.G.S.E.L. s’investit avec détermination dans d’autres directions. Il s’agit là, même, d’une contribution, certes plus utopique que réaliste, à l’évolution des visions chrétiennes du sport : le sport, encore objet de méfiance parce qu’il véhiculait une valorisation excessive du corps au détriment des préoccupations intellectuelles, reçoit peu à peu une tout autre considération :
« Utilisé d’abord comme une occasion de promouvoir un ordre social chrétien, puis de favoriser d’éventuels élans spirituels, le sport est peu à peu découvert comme porteur d’une validité intrinsèque, susceptible de donner lieu à une pratique spécifiquement chrétienne »[16].
Mais comment donner sens et visibilité à ce « sport éducatif catholique » quand on sait qu’il se distingue déjà assez mal lui même à cette époque, sans ce qualificatif de catholique, du sport non scolarisé, décrié par les médecins, mal surveillé, orienté vers la spécialisation précoce, le rendement et le record à tout prix.
Comme le remarque Gilbert Andrieu, « ces deux sports se ressemblent comme deux frères jumeaux et la confusion s’enracine dans la nature même des exercices […] S’ajoute à cela que le sport qui plait le plus, ce n’est pas le sport éducatif mais le sport total, le sport vedette »[17].
Bien plus, la distinction souvent évoquée entre sport et éducation physique, et parfois défendue avec ardeur par les partisans de la cause éducative, relève de louables ambitions, mais paraît très artificielle :
« Un seul sport semble exister dans les pratiques. Les qualifications d’éducatifs scolaires et/ou de haut niveau ne paraissent pas en modifier les mises en œuvre »[18].
L’imprégnation naturelle entre la leçon d’éducation physique et l’association sportive scolaire par le biais des contenus les plus attractifs et la substitution du sport à toute autre forme d’enseignement semble prévaloir de plus en plus aussi au sein des maisons d’éducation chrétienne.
Qui plus est, ce n’est qu’à partir de novembre 1944 que la première école de moniteurs et de professeurs d’éducation physique de l’enseignement catholique (Institut Libre d’Education Physique Supérieur) verra le jour ; jusqu’alors, seuls des stages de formation permettaient aux cadres de l’éducation physique des maisons d’éducation chrétienne de recevoir des éléments de perfectionnement de leurs pratiques professionnelles et, à n’en pas douter, comme en témoigne l’intervention de René Barbier de la Serre (Mgr) au Congrès de l’U.G.S.E.L. de 1939, le modèle du sport fédéral reste le moteur essentiel et recherché de ces modules de formation :
« Plusieurs maisons d’éducation ont demandé les visites et les suggestions de notre infatigable secrétaire général ; des démonstrations ont été faites, dont la plus éclatante a été celle de Bordeaux. Elles ont indiqué par film et grâce aussi à la présence d’athlètes comme Joye[19]ou d’équipes de jeunes gens bien entraînés dans quel sens orienter les efforts des moniteurs et des élèves pour assurer le succès et travailler utilement »[20].
Quelle est donc cette pratique sportive spécifiquement chrétienne qui cherche à s’inscrire dans les institutions et collèges de l’Enseignement libre à l’instigation de René Barbier de la Serre (Mgr) et dont l’aumônier général de l’U.G.S.E.L., le Père A. Maucorps, brosse les contours :
« Cet effort de réflexion ne doit pas consister dans un essai d’harmonisation factice entre les règles sportives et les exigences de la morale chrétienne. Nous ne devons pas nous contenter de baser notre recherche d’une conception du sport sur les conventions internationales qui régissent la pratique du sport dans tous les pays. Ce serait nous limiter au niveau de la moralité naturelle et nous interdire tout progrès. La question doit être envisagée à partir de Dieu. C’est la considération de la vocation surnaturelle de l’homme qui doit nous permettre d’infuser un esprit et des idées nouvelles dans ce domaine de l’activité humaine »[21].
Contrôler les énergies des adolescents, préparer les fils de la classe dirigeante à leur rôle de commandements, tremper les âmes en les détournant des facilités de la civilisation industrielle sont, à n’en pas douter, des éléments significatifs d’un condensé de ce que peut et doit contribuer à apporter un modèle éducatif où le sport prend sa place ; mais cet objet commun, qu’est le sport, nécessite un traitement particulier, je n’oserais dire didactique, pour être au service des maisons d’éducation chrétienne. Pour René Barbier de la Serre (Mgr), l’U.G.S.E.L. nationale se doit donc d’être un milieu de recherche et l’expression d’un modèle éducatif « particulier », qui prône et valorise un objet « commun », le sport.
S’il est bien difficile dans ses propos et ceux de ses compagnons de route de recueillir des traces d’illustrations concrètes de pratiques spécifiques pour identifier des contenus propres au genre « éducation physique et sportive catholique », force nous est plutôt donnée à voir un ensemble d’attitudes et de postures souhaitées, qui sont censées traduire l’efficacité de l’apostolat par et au moyen du sport et de l’éducation physique :
« Si je vous demandais ce qu’il représente à vos yeux [le sigle U.G.S.E.L.], la plupart répondrait que c’est le nom abrégé de la Fédération sportive de l’Enseignement libre […] L’U.G.S.E.L. c’est bien un peu ce que vous pensez. Ce n’est pas tout à fait cela […] Au-delà, l’U.G.S.E.L. s’est proposée un but idéal : il lui appartient de mettre au point une doctrine des disciplines actives et un code sportif en accord avec nos idées chrétiennes de pudeur, de modestie, d’humilité, de charité. C’est à résoudre ce problème qu’elle s’emploie »[22].
Quatre orientations majeures, qui guideront, par ailleurs, la suite de notre article, expriment, au delà des « contenus spécifiques », bien difficiles à appréhender, ce que René Barbier de la Serre (Mgr) vise dans l’utilisation du sport comme moyen d’éducation et d’éducation physique catholique tout au long de son parcours au sein de l’U.G.S.E.L.nationale : la dénonciation virulente du sport professionnel, la création de « l’homme nouveau », l’éducation à la réussite et l’accès à l’expérience religieuse par le biais de la pratique physique.
Le sport professionnel ou l’expression du Mal absolu
Le sport constitue donc ainsi, pour René Barbier de la Serre (Mgr), un moyen incontournable ; en revanche, c’est à la recherche d’un sport mythique qu’il se consacre : un sport pur, un sport vrai, celui qui n’a pas encore été dévoyé par ce grand corrupteur qu’est l’argent.
Yves Bouvyer, secrétaire général de l’U.G.S.E.L., et son plus fidèle collaborateur en matière de sports et d’éducation physique, se lance dans un véritable réquisitoire contre le « sport-spectacle », qui est en plein essor depuis les année 1920 et qui s’enracine quelque peu dans la culture malgré les tricheries, les violences, les corruptions, le dopage, l’amateurisme marron et tant d’expressions de chauvinisme et de nationalisme. Quand le sport secrète autant de maux et produit un esclavagisme des temps modernes, que reste-t-il des vertus célébrées ?
« Depuis un demi siècle, date de leur renaissance, les sports ont glissé lentement pour aboutir à la forme que nous connaissons. Il n’est plus de champion de premier plan qui ne soit payé directement ou indirectement pour son geste sportif. Celui-ci n’est plus désintéressé. Dans ce cas le plaisir procuré par le sport diminue ; il n’a plus même valeur. L’homme n’est plus libre non plus, il devient esclave […] Pourtant il a une âme. Et n’est-ce pas justement pour libérer les esclaves que le Christ est venu sur terre ? […] Alors, comprenons enfin qu’il y a des excès auxquels un homme ne doit pas souscrire, surtout pas un enfant, à plus forte raison un chrétien »[23].
En ce sens, la revue de l’U.G.S.E.L., dont René Barbier de la Serre (Mgr) dirige, bien sûr, la ligne éditoriale, se retrouve, sur cette question, dans l’ambiance consensuelle qui traverse les sphères politiques au lendemain du second conflit mondial et des débuts de la IV° République. Toujours sous la plume de Bouvyer, L’U.G.S.E.L.dénonce la cupidité des hommes et ses conséquences sur le monde des pratiques sportives :
« Les vedettes du sport étant payées, les « espoirs », ceux sur qui les dirigeants de grands clubs (la plupart transformé en organisateurs de spectacles commerciaux) ont les yeux fixés, sont tentés à leur tour et parfois succombent. Des étudiants sont dévoyés de leur chemin, de leur mission et parfois de leur apostolat. Des hommes, attirés par l’argent, sans songer au lendemain, s’engagent dans la même voie et, leur valeur physique diminuant, se retrouvent dans la vie sans métier appris ; ils sont des laissés pour compte »[24].
Ce réquisitoire contre le sport spectacle, très répandu dans les milieux officiels, ne reconnaît pas aux sportifs de haut niveau un talent artistique. Mais « le spectacle sportif est, et cette existence défie les censeurs, se moquant, à travers les âges et les continents, des incantations vertueuses […] Prisonnière de son discours, la République se réfugie dans le silence, ignorant le discrédit que lui infligent, jour après jour, masse et héros, bien réels ceux là »[25]. René Barbier de la Serre (Mgr) participe à cette autocélébration naïve, ou démagogique, d’un sport considéré comme moralement pur, le sport amateur. C’est le temps des illusions plus ou moins complices :
« Violence, dopage, corruption, voilà le quotidien du sport vrai […] Réalité peu glorieuse, que les fédérations tentent, aujourd’hui encore, d’escamoter […] On se bat sur le terrain et dans les tribunes ; des pilules, des enveloppes et des seringues circulent ; des cadeaux attendent les plus doués à la sortie des vestiaires. Mais on se tait »[26].
René Barbier de la Serre (Mgr) poursuit pourtant son combat pour un sport amateur pur et dur, se référant à une Antiquité parfaitement imaginaire. Méprisants à l’égard des « héros sportifs » que la France se donne, autistes face aux discrédits que leur infligent chaque jour la réalité passionnée et passionnante des spectacles sportifs, les éditorialistes de L’U.G.S.E.L. restent encore pleins de morgue à l’aube des années 1950 et s’obstinent, peut être avec lucidité et honorabilité, à nier l’évidence :
« Que devient sous nos yeux le sport, cet idéal proposé à toute une jeunesse ? Un métier de bas étage. Regardons-les bien, nos champions. Que sont-ils, dieux du stade, seigneurs des courts, géants de la route, idoles du ring ? Guère plus que des saltimbanques doués par la nature, et utilisés aux jeux du cirque par des maquignons internationaux »[27].
Cependant, pour René Barbier de la Serre (Mgr), « le sport catholique » doit aussi être un ambassadeur. Cette dimension de représentation nationale s’ancre évidemment sur une solidarité sans faille avec la vulgate olympique : amateur envers et contre tout, sans souci de la défaite. Certes, ce sont bien les hymnes et les drapeaux qui martèlent le niveau. Mais cela ne semble pas vraiment être le souci majeur de l‘U.G.S.E.L.; d’ ailleurs, si les Jeux olympiques de Londres reçoivent un témoignage d’approbation, c’est, d’abord et avant tout, pour la rupture avec « la perfection mécanique de Berlin […], la religion de la force brutale et le culte absolu du corps, qui constituèrent, en 1936, les arguments-force du Reich en sa capitale berlinoise »[28]. Les médiocres résultats des Français aux épreuves de Londres sont, d’ailleurs, paradoxalement analysés à l’aune de l’absence de sérieux de leur préparation, mais également attribués à « l’excès d’importance accordée à ces manifestations : excès, en ce sens que certains de nos champions ont cru à la nécessité de régimes spéciaux et d’autres procédés de laboratoire pour atteindre à des résultats supérieurs ; d’autres ont été diminués par une véritable obsession »[29].
Dans ces conditions, s’il faut reconnaître un mérite à ces rassemblements internationaux, il n’en demeure pas moins vrai que la décadencene pourra qu’être l’issue ultime de ces épreuves olympiques si les organisateurs n’imprègnent pas le sport de spiritualité :
« Les Jeux olympiques ont donné lieu à des manifestations de plus en plus imposantes, dont l’apothéose fut marquée par les derniers Jeux de Berlin en 1936. Aucun pays organisateur des Jeux olympiques n’a pris l’initiative de prévoir quelque manifestation religieuse […] à l’occasion de ces festivités sportives. Aucun concurrent, aucune délégation de quelque pays n’a osé exiger ce geste capable de placer les Jeux du stade dans une ambiance spirituelle, hors de laquelle, ils feraient fausse route »[30].
Mais, au nom d’une France catholique, l‘U.G.S.E.L. fait preuve d’un volontarisme exacerbé, qui perdure au delà du contexte porteur des années d’après-guerre. En effet, la crise des mouvements de jeunesse des années 1950 voit se déliter les exigences religieuses élevées : la concurrence des sociétés laïques, des clubs d’usine ou d’école qui offrent de nombreux avantages comme des adhésions ou des équipements gratuits est bien trop vive : l’identité religieuse de structures associatives comme la F.G.S.P.F. est d’ailleurs souvent remise en cause ; c’est la raison pour laquelle René Barbier de la Serre (Mgr) rappelle, et rappellera sans cesse, que l’U.G.S.E.L puise dans l’Evangile l’essence de sa doctrine et la base de ses conceptions métaphysiques et sociales. Il se rebelle et refuse de capituler si vite ; le « sport catholique », porteur de renouveau, dira le premier que la France catholique est toujours debout :
« Les sportifs de l’U.G.S.E.L. ont le devoir impératif de replacer sans cesse les sports à leur place, dans un cadre spirituel. C’est aussi le devoir des autres sportifs catholiques de notre pays. C’est celui des sportifs catholiques du monde entier. Seuls, nous ne pourrions sans doute soulever cette montagne. Nous demandons aux hommes de sport chrétiens d’autres pays de s’atteler à cette même tâche, dans leurs patries respectives. […] La conclusion de rencontres sportives internationales […] ne doit pas refléter le caractère habituel, […] les matches ne doivent pas être empreints du désir féroce de gagner […] Ce doit être une confrontation de talents rigoureuse mais humaine, exacte, mais aimable, marquée du coin des vertus chrétiennes [… ] dans la croisade de conquête du monde au Christ »[31].
« L’homme nouveau »
Voir dans la pratique sportive un élément de formation de l’homme équilibré et complet, tel est le credo de René Barbier de la Serre (Mgr). Cette posture trouve ses racines dans l’émergence, à la fin du XIX°, des sports anglais au sein des lycées élitistes parisiens et parmi ceux qui, à l’instar de G. de Saint-Clair, ayant découvert le « système » éducatif anglais et le rôle qu’y joue le sport, veulent en faire un instrument de progrès social et d’éducation morale. Instrument également dans la philosophie de René Barbier de la Serre (Mgr) où le sport n’est qu’au service de l’âme, à laquelle tout éducateur chrétien doit d’abord et avant tout s’intéresser : nous retrouvons là, bien sûr, cette préoccupation d’éducation intégrale bien définie dans l’ouvrage de François Hébrard, publié en 1930, « Soigne ton corps, forme ta volonté »[32].
Arguant d’une faiblesse française supposée dans la pratique des sports, c’est le modèle anglais qui sert donc de référence à René Barbier de la Serre (Mgr) et aux différents éditorialistes et rédacteurs de L’ U.G.S.E.L. dans la quête de cet « homme nouveau » :
« La France est-elle sportive ? Oui, si l’on en croit les journaux, mais si l’on y regarde de près […] notre jeunesse n’est-elle pas plutôt une jeunesse de boulevards et de cinéma ? N’est-ce pas elle qui représente la France d’aujourd’hui ? […] Faites la proportion, combien de jeunes Français pratiquent véritablement le sport ? Mettez 10 %, et à côté, combien d’Anglais, plus de 60 %. Il faut prêcher pour le Stade, pas pour la tribune, mais pour la pelouse et la piste ; il faut prêcher le sport pratiqué avec méthode »[33].
Mais proclamer avec véhémence l’urgence d’un intérêt pour les pratiques corporelles ne suffit pourtant pas ; ce pari peut-il, d’ailleurs, être gagné ? Même s’il est difficile de percevoir l’ensemble des réalisations dans le domaine des sports et de l’éducation physique dans les maisons d’éducation secondaire chrétiennes par l’unique biais des avancées et des combats de l’U.G.S.E.L. nationale, force est néanmoins de reconnaître que les constats amers de René Barbier de la Serre (Mgr), lors d’un des derniers congrès de sa présidence en 1952, laissent également place à un certain désappointement :
« Garanties, bénédictions, souhaits […] Il n’empêche que, de fait, ce sont toujours les mêmes personnes, ou à peu près, qui nous sont réellement et activement favorables. Pratiquement, 12% seulement des maisons d’éducation chrétienne et de nos collèges (du Nord et du Midi aussi bien que de Paris) s’intéressent à ce que nous faisons et utilisent ce que nous proposons »[34].
Il faut, cependant, bien admettre que, dans le contexte national économique de ces années là, l’enseignement privé catholique ne recevait plus aucune subvention[35]; difficile, dans ces conditions, pour l’U.G.S.E.L., en dépit d’une passion proclamée et d’efforts méritoires, de prévoir, de planifier et d’évoluer autant que souhaité :
« Au lendemain de la Libération en mars 1945 l’assemblée consultative provisoire, où une majorité laïque s’est aussitôt reformée supprime toutes les subventions accordées par le régime de Vichy. C’est le retour à une réalité difficile pour les défenseurs de l’école libre. La constitution de la IV° République de 1946 ne mentionne pas non plus la liberté de l’enseignement […] Cependant en 1950-1951 il [l’enseignement catholique] représente encore 17,5% dans le primaire et 41,3% dans le secondaire. Financièrement cet enseignement est aux abois. Il ne peut accorder aux maîtres qu’il emploie que des salaires dérisoires, en particulier aux maîtres laïcs de plus en plus nombreux »[36].
La fonction sociale du champion
Manifestation de l’excellence, le champion vit dans une société qui le connaît et le reconnaît. Il est porteur d’une puissance médiatique et véhicule des symboles qui dépassent largement le cadre sportif. Le spectacle sportif connaît un essor important au tournant des années 20 ; la presse écrite et, à partir des années trente, radiophonique, tisse de véritables épopées et constitue des légendes autour des héros sportifs de cyclisme, de boxe, de football, d’athlétisme et de tennis.
René Barbier de la Serre (Mgr) ne se satisfait absolument pas de cette réalité et dénonce régulièrement « cette jeunesse française qui pénètre sur le stade moins pour y courir que pour s’y asseoir et regarder »[37]. Mais, en contrepoint, parce que son projet n’est pas exclusivement sportif, il promeut un discours volontariste sur l’éducation à la victoire que peut offrir la pratique sportive chrétienne. Mission est alors absolument donnée aux cadres du mouvement sportif catholique de chercher à exploiter la réussite et la victoire sportive dans une perspective d’éducation chrétienne. Trois orientations majeures peuvent caractériser le discours dominant vis à vis des « victoires sportives catholiques ». Il s’agit, en premier lieu, de la mise en exergue des valeurs d’humilité et de modestie :
« Si j’ai reçu plus de talents, ai-je le droit de m’en glorifier ? […] Or s’il est une prière que Dieu n’admet pas, c’est celle qui dit « Mon Dieu, je vous remercie de ce que je ne suis pas comme les autres hommes »[38].
Le champion doit, par ailleurs, mettre très haut son idéal et se plier, de son plein gré, voire avec joie, aux dures exigences de son nouveau statut :
« Non seulement l’anonymat ne lui est plus permis, mais il devient l’homme admiré, l’homme qui donne le ton ; sa seule performance l’a investi chef et, dès lors, il a le devoir de se considérer et de se conduire comme tel ; par conséquent, se consacrer au service d’autrui car, comme le Maître, le chef est destiné à servir »[39].
Pour finir, une conscience professionnelle de tous les instants doit conduire le champion à une quête infinie de l’excellence :
« Le champion […] est engagé sur la voie du progrès indéfini […] et doit craindre plus qu’aucun autre le reproche de mauvais et paresseux serviteur encouru par ceux qui, au jugement dernier, auront négligé de faire fructifier les talents reçus »[40].
C’est au service de l’idéal chrétien que le sport devient ainsi une véritable méthode de formation sociale ; mais, dans ces conditions, il est impérativement nécessaire de le sauver d’un double péril : d’une part, celui qu’engendrent les excès du professionnalisme mais aussi celui, de manière diamétralement opposée, qui génèrent l’amusement et le désintérêt dans la pure lignée des pratiques qui ont émergé dans les premiers clubs mondains de la haute société parisienne de la deuxième moitié du XIX°.
Elite sportive, élite sociale, élite chrétienne : ainsi entendu, « le titre de champion de l’U.G.S.E.L. » oblige son bénéficiaire dans son quotidien :
« Ainsi encore parviendrons-nous à former une élite aguerrie aux tentations de la puissance et de la gloire. Et si l’on déclare que le risque est trop grand, nous répondrons que nous préférons, même au prix de quelques échecs douloureux réussir l’éducation de quelques chrétiens complets et rayonnants, en prise sur la société de leur temps, plutôt que de préserver en une serre chaude bien abritée, les médiocres exemplaires d’un monde révolu »[41].
Il s’agit alors de défendre, contre vents et marées, la valeur éducative du sport face aux assauts et dégradations qu’il subit ; et c’est en véritable gardien du temple et de la mémoire d’un sport « pur et vrai » que se pose l’U.G.S.E.L. :
« Nous savons bien, dans ce désordre, ce que signifierait notre démission [car il ne s’agit pas seulement] des champions en herbe, mais de tous ceux qui subiront sans antidote l’influence néfaste d’une telle contre formation donnée par la société contemporaine. Voilà quelle a été, quelle doit rester la mission de l’U.G.S.E.L. »[42].
La production d’un discours idéologique – le Sport est un moyen d’expérience religieuse ou une approche de l’éducation sportive empreinte de mysticisme
René Barbier de la Serre (Mgr) met en valeur « le nouveau » type d’homme, parfaitement adapté à la société industrielle, qu’il s’agit de façonner : un homme qui doit avoir un caractère bien trempé, une énergie virile, le sens des responsabilités, et soit capable d’affronter toutes les concurrences.
Pour ce faire, le sport est présenté en mettant surtout en valeur le rapport privilégié à la souffrance qu’il offre au-delà de toutes les autres caractéristiques :
« Jeune athlète ne reste pas dans ton coin, loin des difficultés, hors de la grande route où l’on peine, mais où l’on s’élève. Ne boude pas ; écoute l’appel de la piste sur laquelle on souffre d’une souffrance qui porte en elle sa joie, autour de laquelle on s’apaise en priant où l’on trouve le calme, l’équilibre, la paix »[43].
A cette véritable allégorie en hommage aux souffrances provoquées et recherchées par les pratiques sportives, l’U.G.S.E.L. associe la mise en exergue de la valeur symbolique du corps, qui est solidaire de l’âme et signe de l’état intérieur. Le corps a, par ses gestes et ses attitudes, un langage infiniment riche et universellement compréhensible. Il doit ainsi être la traduction d’un idéal spirituel car l’objectif ultime et divin de « l’éducateur chrétien-entraîneur »est de chercher à obtenir non pas des résultats probants sur les terrains de jeux mais bien plus cette symbiose parfaite :
« Le sport peut être un moyen d’expérience religieuse pour vérifier la profondeur et la solidité de ses principes religieux et constater la concordance des exigences évangéliques et des obligations sportives »[44].
C’est la quête de la symbiose corps-âme qui s’avère être le combat permanent et la réelle mission divine de « l’éducateur chrétien-entraîneur » ; d’une part, au niveau de la gestion de la vie quotidienne de « son » athlète, « puisqu’ il s’agit de se faire une âme à ce point claire et rayonnante qu’elle transfigure le corps et le fasse parler de Dieu »[45]; d’ autre part, au niveau de la réflexion purement théologique, puisque « le travail de pensée n’a pas encore été fait et est terriblement éprouvant. Nous ne possédons que des notions éparses sur le caractère sacré du corps, sur ses rapports avec l’âme, sur sa valeur de signe, sur sa destinée glorieuse dans le monde ressuscité, sur sa mission sacramentelle d’union et d’expression »[46].
L’athlète de l’U.G.S.E.L. pour René Barbier de la Serre (Mgr) et ses collaborateurs, ne doit donc surtout pas être un athlète comme tous les autres ; c’est un athlète de Dieu car « les qualités de nageur et d’athlète sont innées ; il[l’athlète] n’y est pour rien »[47].En revanche, il lui est possible de se sublimer « s’il n’oublie pas que, sur le stade, à la piscine, […] il faut lutter avec persévérance […] mais surtout avec l’aide du grand entraîneur : Dieu »[48].Dans ces conditions, l’athlète peut s’imprégner de l’idée « que Dieu, véritablement, compte sur les sportifs pour régénérer le monde »[49]. Le sport « intelligent, de qualité »[50], va donc dans le sens du christianisme. L’expérience sportive peut aider à la réalisation de l’oubli de soi, au passage du plan physique au plan spirituel. Il s’agit, d’ ailleurs, de faire prendre conscience du contenu spirituel de tout geste humain et, plus particulièrement, du geste sportif :
« Il y a, dans la technique de la culture physique un rythme de mort et de vie, d’oubli et de conscience de soi, de ruine et de reconstruction qui peut disposer l’âme à entrer dans les vues évangéliques […] N’hésitons pas à dire : l’oubli indispensable au perfectionnement du corps invite à l’oubli de soi, nécessaire à la vie de l’âme »[51].
Pour les dirigeants de l’U.G.S.E.L.nationale,c’est cette seule et unique approche du sport qui permet d’en faire un moyen crédible. En un mot, le christianisme ne doit pas se régler sur le sport, mais il doit l’enrichir et le perfectionner ; tel est donc le but ultime pour l’équipe de René Barbier de la Serre (Mgr) : il est essentiellement éducateur et religieux. Pourquoi l’U.G.S.E.L.? « Parce qu’elle peut être une des voies qui mènent à Dieu »[52].Et tous ceux qui imaginent que l’intérêt des gestes sportifs se trouvent soit dans l’agrément de jeux en compagnie d’aimables camarades ou même encore dans l’égoïsme de la victoire « n’ont strictement rien compris […] L’intérêt des sports que vous pratiquez chaque semaine réside en partie dans la confrontation de votre valeur personnelle avec celle d’autrui […] L’U.G.S.E.L.est une Fédération […] dont les athlètes sont de qualité, savent combattre loyalement pour le plaisir de développer leur corps avec la volonté de le dompter au service d’une âme sous l’heureuse inspiration de l’intelligence »[53].
________________________
Pour citer cet article
Référence électronique
François Hochepied, « U.G.S.E.L. : une vision catholique du sport », Educatio[En ligne], 7 |2018. URL : https://revue-educatio.eu
Droits d’auteurs
Tous droits réservés
*Agrégé d’éducation physique et sportive. Docteur en Sciences de l’éducation.
[1]Projet éducatif de l’U.G.S.E.L.- pour le développement intégral de chaque personne et de toute la personne –, 2013, éditions de l’U.G.S.E.L, p. 16.
[2]Idem, p. 1.
[3]L’U.G.S.E.L. est agréée par le Ministère de l’Intérieur pour la formation Prévention et Secours Civiques par l’arrêté du 29 novembre 2010.
[4]Voir pour cette question : François HOCHEPIED, Monseigneur René Barbier de la Serre (1880-1969) : un éducateur conservateur et novateur, Paris, CERF, 2009.
[5]Voir pour cette question du « sport catholique » : François HOCHEPIED, Athlètes de Dieu ou Dieux du stade ?in L’expérience corporelle, Clapiers, éditions de l’AFRAPS, 2013. Textes réunis par ANDRIEU (B.), MORLOT (J.) et RICHARD (G.)
[6]René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), Messe des championnats de France U.G.S.E.L., Pentecôte 1942, archives personnelles de René BARBIER DE LA SERRE.
[7]Idem.
[8]René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), L’éducation générale, Aux éditions de l’U.G.S.E.L., 1942, p. 16.
[9]Idem, p. 18.
[10]S.S. Pie XII, Discours du 20 mai 1948 à l’intention des dix mille jeunes gens appartenant à diverses formations sportives, in RevueL’U.G.S.E.L., novembre-décembre 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[11]Le 1ernuméro est daté de février 1946 et est vendu au prix de 6 francs : communications de résultats sportifs, résumés des principales manifestations sportives des fédérations, informations relatives aux divers règlements scolaires et fédéraux, analyses des textes officiels, articles techniques, conseils d’entraînements, chroniques régionales, tribunes libres et éditoriaux constituent la matière essentielle de cette revue.
[12]René BARBIER DE LA SERRE, (Mgr) Entraînement, in Revue L’U.G.S.E.L., mai 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[13]Nous partageons avec Fabien GRONINGER le choix de la définition que donne le docteur Mesnard en 1913 pour identifier au sens large l’éducation physique catholique : « l’éducation physique est cette partie de l’éducation générale qui a pour but d’aider au développement normal du corps et de maintenir un équilibre harmonieux entre les différentes fonctions de notre organisme (Les Jeunes, 21 Août 1932, p. 518.). Or, les principaux moyens dont dispose l’éducation physique intégrale sont la gymnastique et les sports (Les Jeunes, 30 Août 1932, p. 627.), in Fabien GROENINGER, Sport, religion et nation – La Fédération des patronages de France d’une guerre mondiale à l’autre, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 39.
[14]Yves TRAVAILLOT, Marc TABORY, Histoire de l’éducation physique – Genèse d’une discipline, Pau MyT2, 2001, p. 108.
[15]Marc BELLIN DU COTEAU (Dr), La méthode sportive, in Traité d’éducation physique, sous la direction du professeurLabbé, tome 2, Paris, Doin, 1930,
[16]Guy AVANZINI, Y-a-t-il une vision chrétienne du sport ? in Sport, culture et religion : les patronages catholiques (1898-1998), Centre de recherche bretonne et celtique, Brest, 1999, p. 343.
[17]Gilbert ANDRIEU, L’éducation physique au XX° siècle : une histoire des pratiques, Paris, Seuil, 1999, p. 88-89.
[18]Mickaël ATTALI, Jean SAINT-MARTIN, La sportivisation de l’éducation physique est-elle une réalité historique ?, Revue EPS, n°310, novembre-décembre 2004, p. 52.
[19]Prudent Joye, champion d’Europe du 400 m haies et moniteur à l‘Ecole Supérieure de Joinville.
[20]René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), Allocution d’accueil, Congrès de l’U.G.S.E.L., Pentecôte 1939, archives de l’U.G.S.E.L.
[21]André MAUCORPS, Pourquoi l’U.G.S.E.L.in Revue L’U.G.S.E.L., juillet 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[22]Yves BOUVYER, Déchiffrages d’initiales, in Revue L’U.G.S.E.L., avril 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[23]Yves BOUVYER, Marché d’esclaves, in Revue L’U.G.S.E.L., décembre 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[24]Yves BOUVYER, Marché d’esclaves, op. cit.
[25]Marianne AMAR, Nés pour courir : sports, pouvoirs et rébellions, 1944-1958, Grenoble, PUG, 1987, p. 75.
[26]Idem, p. 91.
[27]Philippe HUET, Milieu de siècle, in Revue L’U.G.S.E.L., février1950, archives de l’U.G.S.E.L.
[28]Yves BOUVYER, Londres – Monaco – Rome : des Jeux Olympiques aux fêtes du Jubilé Papal, in Revue L’U.G.S.E.L., août-septembre 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[29]Idem.
[30]Yves BOUVYER, Tu seras meneur d’hommes, in Revue L’U.G.S.E.L., octobre 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[31]Yves BOUVYER, Tu seras meneur d’hommes, op. cit.
[32]L’ouvrage « reçut de la presse un excellent accueil et fut un succès de librairie. Dans son journal, François Hébrard note que les cinq mille premiers exemplaires furent épuisés en quelques semaines. L’Académie française lui décerna le « prix Fabien » en juillet 1931. L’auteur, qui a peut être été influencé par l’essai de J. Gotteland [« Pour l’éducation intégrale, physique, intellectuelle, et morale »] y apparaît comme un guide […] Mais, indirectement, cette œuvre s’adresse aussi à tous les sceptiques, réticents au développement des activités physiques dans les patronages catholiques. Il s’agit de les convaincre de l’utilité de l’éducation intégrale », Fabien GROENINGER, op. cit. , p. 138.
[33]La Bruyère (pseudonyme), Stade, in Revue L’ U.G.S.E.L., janvier 1947, archives de l’ U.G.S.E.L.
[34]René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), Faisons le point, in Revue L’ U.G.S.E.L, janvier 1952, archives de l’U.G.S.E.L.
[35]« Sous l’influence de la Ligue, à la suite d’un Congrès à Angers, il fut alors déclaré inadmissible de subventionner l’Enseignement libre, d’une façon lointaine, en acceptant les licences de l’U.G.S.E.L. comme valable pour les compétitions de l’O.S.S.U. C’était une attitude de retrait, d’hostilité peut-on dire, dont nous savions l’inspiration. J’ai alors décidé que nous ne prendrions plus part à ces compétitions (1947). Nous ne voulions pas que nos garçons aient à payer deux Licences uniquement parce que la Ligue – qui n’a rien à voir avec les organisations sportives – est venue mettre le nez dans les affaires de l’O.S.S.U. et dans les nôtres par ricochet »René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), idem.
[36]Marcel LAUNAY, L’Eglise et l’école en France, XIX°-XX° siècles, Paris, Desclée, 1988, p. 109.
[37]René BARBIER DE LA SERRE (Mgr), Entraînement, in Revue L’U.G.S.E.L., mai 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[38]Jacques DEFIVES, Responsabilité du champion, in Revue L’U.G.S.E.L., mars 1950, archives de l’U.G.S.E.L.
[39]Idem.
[40]Ibid.
[41]Philippe HUET, Pourquoi faire des champions ?, in Revue L’U.G.S.E.L., archives de l’U.G.S.E.L.
[42]Philippe HUET, Milieu de siècle, in Revue L’U.G.S.E.L., février 1950, archives de l’U.G.S.E.L.
[43]Yves BOUVYER, Tu seras meneur d’hommes, op.cit.
[44]André MAUCORPS, Pourquoi l’U.G.S.E.L. ? op.cit.
[45]André MAUUCORPS ? Sommes nous prêts ?, in Revue L’U.G.S.E.L., mai 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[46]André MAUCORPS, Pourquoi l’U.G.S.E.L ? op. cit.
[47]Vacances, non signé, in Revue L’U.G.S.E.L., septembre 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[48]Idem.
[49]Yves BOUVYER, Pourquoi pas toi, in Revue L’U.G.S.E.L., juillet 1946, archives de l’U.G.S.E.L.
[50]André MAUCORPS, Le bienfait de l’oubli, in Revue L’U.G.S.E.L.,avril 1948, archives de l’U.G.S.E.L.
[51]Idem.
[52]André MAUCORPS, Pourquoi l’U.G.S.E.L. ? op. cit.
[53]Yves BOUVYER Y., En plein championnat, in revue L’U.G.S.E.L., mars 1946, archives de l’U.G.S.E.L.