Paris – Salvator – 2018 – 346 p.
C’est une approche originale qu’a choisie ce prêtre allemand récemment disparu, connu comme auteur de plusieurs biographies, spécialement de saints. Son pari -et il semble bien réussi-, est d’allier fidélité historique et écriture romanesque. Car c’est bien à la manière d’un roman qu’on lit ce volume, minutieusement documenté, dense et précis, qui unit aisément la rigueur de l’information et l’agrément d’une écriture vivante et concrète. On appréciera en particulier la présentation approfondie de la sanctification de Jean Bosco au fil du temps, qui cependant ne cède jamais à une tentation hagiographique et consentirait à la mièvrerie, mais sait intégrer toutes les dimensions d’une personnalité « surdouée » et tentée par l’excès. On remarquera l’analyse de l’alliance entre l’obéissance institutionnelle à Rome et l’inventivité d’un prêtre dont le zèle et l’ardeur se déploient au service de l’Église et des pauvres. On notera enfin l’aisance avec laquelle l’auteur choisit et présente des anecdotes et des situations qui mobilisent les convictions fondamentales de l’éducateur. A peine regrettera-t-on peut être une certaine longueur du texte et une certaine surabondance des données.
Ce qui fait la force du livre fait néanmoins aussi sa faiblesse. Le genre littéraire choisi, celui du roman, empêche l’exposé thématique -théologique ou anthropologique- de la pensée pédagogique de Don Bosco, comme de son positionnement dans l’histoire des idées et des pratiques en la matière. La notion même de « système préventif » n’est pas mobilisée. Celui qui s’en tiendrait à cet ouvrage pourrait ne pas soupçonner ni mesurer toute l’originalité de cette vision de l’éducation. C’est donc, si on le compare aux publications simultanées du Père Petitclerc, il en fournit une remarquable illustration, mais aussi en requiert la lecture.
Guy Avanzini