Paris, Salvator, 2021, 166 p.
C’est une étude de bon niveau réflexif que propose cet ouvrage. Sans doute est-il difficile d’entrer dans sa lecture et dans sa dynamique car l’absence d’une problématique localisée obscurcit d’abord son projet. Il s’agit en réalité d’analyser la crise de l’enseignement et de la transmission et de savoir comment y remédier. Mais, il propose pour cela une approche originale. Il exclut en effet les modèles pédagogiques périmés comme des perspectives ouvertes par les sciences de l’éducation, mais il mobilise une nouvelle anthropologie fondée sur l’éducabilité des élèves. Il suppose que tous sont éducables, en particulier les adolescents sont sensibles à toutes les formes d’arts : « Sans doute faut-il admettre qu’au regard de l’amour, aucun territoire ni personne n’est jamais perdu » (p.66). C’est pourquoi, il se perçoit lui-même comme un artisan, créateur d’œuvres suggérées par la rencontre des élèves : « Avec tous ses défauts…la troisième République avait au moins enraciné dans le cœur des professeurs l’amour et la dignité de leur mission…cette École a su faire des émules et transmettre le goût du savoir » (p.65). Aujourd’hui, il en va autrement, et le même goût du savoir peut se restaurer si l’intéressé rencontre une personnalité qui lui révèle sa propre créativité : « Nous avons aujourd’hui à renouveler dans l’amour l’élan premier de la transmission » (id). Aussi bien, c’est ce regard qui l’amène tout naturellement à renvoyer à Don Bosco. Il s’agit donc de rejeter tout processus de fabrication en série ou de mécanisme : l’éducation est le contraire même de la fabrication.
Poussant plus loin sa perspective critique, Monsieur Tournyols du Clos rejette aussi les prétentions politiques de l’École : pour lui, là encore, ce n’est pas la répétition qui provoque la conviction. C’est pourquoi les démarches d’éducation civique lui paraissent vaines et propres à susciter plutôt l’ironie que l’adhésion.
On le voit, cet ouvrage se veut à la fois novateur et combatif. Il ne craint pas d’ouvrir le débat sur des problèmes controversés mais l’enjeu de cette confrontation mérite qu’elle soit conduite.
Guy Avanzini