L’orientation : choix d’une rationalité ou développement d’une capacité stratégique ?

Réflexion sur les affinités électives entre la foi chrétienne et une approche stratégique de l’orientation.

Matthieu Ollagnon[1]

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Résumé. L’orientation peut être entendue de deux manières : soit comme l’acte d’orienter, c’est-à-dire de choisir une rationalité de référence (uni-rationalité), à laquelle subordonner à un moment donné un ensemble d’objectifs et de moyens ; soit comme la mise en route d’une capacité à s’orienter en continu, c’est-à-dire d’une capacité d’écoute et de synthèse du réel et de soi traçant un chemin toujours réajusté. Cette seconde manière correspond à ce que l’on pourrait appeler une approche « stratégique[2] », dont nous proposons qu’elle entretienne des affinités électives avec la foi chrétienne.

Mots clés : Orientation, élargissement de l’esprit, stratégies éducatives, accompagnement.

« Dans leur idée, aucune éducation n’est utile, si elle ne prépare immédiatement à exercer une occupation profane ou une technique, ou encore à découvrir quelque secret de l’univers matériel. A quoi je réponds que l’esprit cultivé, précisément parce qu’il est bon en lui-même, entreprend tout travail et toute occupation avec une vigueur et une facilité qui lui sont propres. »

John Henry Newman[3]

Est-il possible d’identifier une approche chrétienne de l’orientation ? Quelle en est l’économie ? Comment pratiquement l’exprimer ?

La question est d’importance, et pas seulement d’un point de vue théorique. Elle s’étend même à l’ensemble des réalités pédagogiques. Qu’est ce qui peut fonder, dans un contexte éducatif de plus en plus concurrentiel, le choix d’une institution catholique pour instruire un jeune ?  Et dans ce moment particulier qu’est celui du choix d’une trajectoire d’étude ou de vie, que trouvera un jeune davantage là où le Christ est confessé que là où il n’y est pas ?

Indéniablement, la bienveillance, ou du moins l’espoir de la bienveillance. De même pour la promesse d’une attention particulière apportée aux étudiants. Ces propositions sont louables, mais suffisent-elles pour autant à fonder la singularité d’une éducation et d’une orientation chrétiennes ? La bienveillance est une réalité humaine ; il serait hasardeux de l’approprier comme une exclusivité chrétienne : « Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? »[4]. Et comment ne pas voir l’ambivalence à la fois de la bienveillance et de l’attention aux personnes ? Pilate à sa façon était bienveillant, jusqu’à une certaine limite. Et tous ceux qui se font escroquer le sont généralement par gens d’apparence bienveillante. Enfin, on ne trouvera dans la nature jamais plus d’attention aux personnes que dans celle du serpent qui fixe une souris. Ni dans celle de l’économie éducative conduisant de l’enfant-roi à l’enfant-tyran[5].

La spécificité chrétienne dans l’orientation ne peut donc, de ce point de vue, être seulement un surcroît de telle ou telle qualité dans l’activité d’orientation. Elle est, d’une façon ou d’une autre, plutôt un « changement de cadre » et l’incarnation d’une réalité autre et fondamentale dans une pratique éducative. La question reste cependant la même, si elle existe, comment en rendre compte ?

Je suis chef d’entreprise et enseignant à l’Université catholique de Lyon, ancien directeur pédagogique d’une année préparatoire[6] en science politique. J’ai à ces divers titres reçu et accompagné un certain nombre d’étudiants au cours de leur année de préparation des concours d’admission aux Institut d’études politiques (IEP). Certains d’entre eux, à vrai dire assez minoritaires, avaient une vue claire de leur parcours futur ; il ne s’agissait alors que leur procurer les moyens d’une réussite dont le référentiel était déjà construit. Beaucoup, cependant, attendaient de la formation généraliste des IEP qu’elle leur fournisse l’occasion de s’orienter dans un univers professionnel dont les paramètres leur semblaient nébuleux.

Certains d’entre eux arrivaient dans mon bureau dans une grande angoisse quant à leur avenir, la plupart dans un état de stress avancé. Une énorme pression, à la fois interne et exogène s’appliquait sur eux. Elle était certes liée à la nature particulière des concours. J’ai du mal, cependant, à séparer celle-ci d’une approche généralement anxiogène de l’orientation, portée par un mouvement de fond de notre société[7], où les générations montantes semblent avoir tout à construire et rien à hériter, en particulier en matière de trajectoire personnelle et d’activité professionnelle. « En démocratie, chaque génération est un peuple nouveau[8] » écrivait Tocqueville. Leur demande était alors à plusieurs niveaux : comment s’orienter et anticiper sa place dans une société mouvante ? Comment s’assurer une sécurité financière et morale, qui nourrisse le corps sans dégrader l’âme ? Par quel chemin y arriver ? Comment se connaitre suffisamment et connaitre suffisamment le réel pour ne pas s’engager dans une voie qui serait perçue in fine comme un emprisonnement [9]?

A toutes ces questions, comment apporter une réponse simple ? Le chemin à proposer à l’étudiant relève tout à la fois du renseignement à apporter, d’une invitation à expérimenter les différentes voies possibles[10] et du discernement.

C’est l’esprit avec lequel est parcouru ce chemin qui est susceptible de variations. Par esprit, j’entends une forme spécifique d’harmonie dans l’action entre ce qui est cru, ce sur quoi cela fait ouvrir les yeux, sur ce que l’on veut faire et sur la façon dont on veut le faire. C’est là une forme de « paradigme implicite » qui préside au sens de l’action et à la construction du sens.

De ce point de vue, il me semble que deux types d’approche de l’orientation sont possibles. Celles-ci sont mises en œuvre par les étudiants et leur environnement et s’offrent, au moins comme possibilité, à l’accompagnateur dans l’orientation. Sans être nécessairement opposées, disons qu’elles diffèrent assez nettement dans leur esprit et leurs conséquences.

La première est une approche que je qualifierai d’« uni-rationelle » : elle consiste à identifier comme enjeu principal le choix d’une rationalité de référence, auquel subordonner un ensemble d’objectifs et de moyens. Elle est – disons le à trop gros traits – la recherche d’une direction promettant raisonnablement un niveau voulu de réussite, de bonheur et de cohérence morale.

La seconde est une approche que je qualifierai de « stratégique ». Elle consiste, sans rien renier de l’importance de s’orienter à un moment donné, à accorder une importance à la construction d’une capacité à s’orienter en continu. Elle est, dans cette perspective, autant un accompagnement qu’un compagnonnage : l’étudiant déployant ses facultés par expérimentation et imitation, soutenu par des encouragements.

Max Weber a développé le concept, issu de l’alchimie, d’ « affinité élective » en l’appliquant aux relations entre capitalisme et éthique protestante[11]. Celui-ci « renvoie à une relation interne riche et significative entre deux configurations[12] », que peuvent être une éthique religieuse, une forme économique ou une façon de faire. Il me parait possible, dans cette perspective, de proposer que le christianisme, et singulièrement le catholicisme, a des affinités particulières avec l’approche stratégique.

Un cheminement en trois étapes conduit à exprimer cette proposition. La première est de considérer que dans la perspective catholique la relation d’orientation est alors avant tout une relation triadique : Jésus-Christ, l’étudiant, et l’accompagnateur ; et que cela a des conséquences pratiques. Parmi celles-ci, et c’est un second point, que la foi en Jésus-Christ ne peut rester cantonnée en dehors de l’intellect. Lui donner la place qu’il convient conduit, selon le mot de John-Henry Newman, à un « élargissement de l’esprit »[13] et que celui-ci pousse dans une direction toute différente d’une uni-rationalité. En conséquence – et c’est là le dernier point – la perspective ainsi décrite va, électivement, avoir une affinité avec une approche plus stratégique dont la traduction peut être extrêmement concrète.

La présence du Christ

Durant le processus d’orientation, l’accompagnant chrétien n’est pas seul : le Christ est là, toujours.  D’abord présent dans la conscience de l’accompagnant, dans l’économie interne de son intellect et de son affectivité, Il l’est aussi dans la relation directe avec l’étudiant, conférant à celle-ci une nature triadique.

Au plan personnel, un accompagnateur, chrétien ou non, entre dans le processus d’orientation, avec une vision du bonheur et des conditions de réussite de l’existence. Il participe, ainsi, par son expression et le reflet de son cœur, à la formation d’une vision de ce qui est bon, possible et envisageable. Un accompagnateur non-chrétien pourra sans difficulté considérer la recherche du bonheur comme l’objet légitime d’une démarche d’orientation professionnelle. Dans une démarche, pour le coup uni-rationnelle, il pourra intimement recevoir comme réaliste la demande implicite de tant d’étudiants : « aidez-moi à trouver la voie pour être heureux ».

Bien sûr, l’âge venant, tout accompagnateur peut, comme Péguy, contempler « le secret qu’on n’a jamais écrit. Le secret le plus universellement divulgué et qui des hommes de quarante ans n’est jamais passé, par-dessus les trente-sept ans, par-dessus les trente-cinq ans, par-dessus les trente- trois ans, n’est jamais descendu aux hommes d’en dessous. Il sait ; et il sait qu’il sait. Il sait que l’on n’est pas heureux. Il sait que depuis qu’il y a l’homme nul homme jamais n’a été heureux. ».[14] Mais là, aussi, un infini s’ouvre entre celui-qui voit le Christ par-dessus son désespoir et celui qui ne le voit pas. Et ce dernier, à la demande de l’étudiant, quand elle s’exprime, comment répondra-t-il ? Comment promettra-t-il ce que la vie lui refuse, à lui ? Jugera-t-il légitime de le nourrir des mêmes illusions que celles qui ont portées ses premières années d’adulte ?

Je n’ai pas de réponse, sinon qu’un éducateur chrétien ne me semble pas naturellement porté à accorder à la « bonne » orientation une attente démesurée, qui serait celle d’apporter le bonheur. Il verrait même dans le fait d’encourager cette attente une forme d’idolâtrie, qu’elle soit exprimée ou non.

Il ne peut non plus la voir comme une pure réalité instrumentale et ne lui accorder qu’une préoccupation d’ordre technique ou administratif. Ce qui est en jeu est bien trop grand. Sans que cela soit contradictoire avec sa propre nature de petit frère du Christ, l’accompagnateur est face à l’étudiant comme, dans les temps anciens, le précepteur servile était face au fils du Roi. Est confié à ses soins, très provisoirement, un être de nature royale, dont il n’a à définir ni le destin ni les fins. Accompagner un étudiant, c’est d’une certaine façon être invité à prendre conscience de la royauté du Christ : aurais-je, parce ce que celui-ci me fait confiance, des projets pour le frère d’un Roi ? Et encore plus quand le Roi est présent ?

Une fois cette conscience reçue, la relation d’orientation pour un chrétien prend une nature très simple : c’est regarder l’autre avec le Christ et comme le Christ. Et malgré toutes les aspérités de notre être, et peut-être même avec elles, cela change tout. L’étudiant et sa vie deviennent des mystères trop grands pour l’on puisse se les approprier. J’ajouterai même, pour que lui-même puisse se les approprier. La vision de la vie change. Ce n’est plus un programme à construire, une domination à établir sur le futur, mais un chemin à parcourir. Prévoir et s’orienter, oui, mais marcher avec le Christ en voyant la vie comme une occasion de répondre, sans qu’il soit possible de prévoir ce qui sera dit.

La traduction concrète de tout cela est double. D’un côté, un accompagnateur chrétien, dans le processus d’orientation, devrait pressentir la dignité royale de celui qui lui est confié, même si celui-ci ne la voit pas.  Il devrait espérer haut pour lui, non pas forcément en termes de réussite professionnelle ou d’échelle sociale, mais parce que cet étudiant est un enfant du Roi des cieux, qu’un ange lui est adjoint et que depuis les origines sa place est préparée dans le temps et l’éternité.

D’un autre côté, conséquence de cette réalité, l’accompagnateur chrétien ne peut donc pas posséder l’étudiant en voulant à sa place.  A lui de se prémunir de la tentation de vouloir renforcer ses projets propres ou sa vision de ce que devraient être les choses. C’est là tout le contraire de la guerre culturelle à la Gramsci : on ne peut utiliser l’orientation pour renforcer tel ou tel parti de recrues de valeurs, ni pour faire adhérer les étudiants à notre vision du bien. Et ce alors que cette abdication de la liberté est parfois une demande de l’étudiant ou des parents.

Il ne s’agit pas de ne pas être authentiquement chrétien, de ne pas exprimer une morale et une vision de la vie en accord avec le magistère. Il s’agit, je crois, de mettre au premier rang des vertus à cultiver et à demander, celle de la chasteté. Tout est dit, à ce sujet, dans le catéchisme de l’Eglise catholique « la charité est la forme de toutes les vertus. Sous son influence, la chasteté apparaît comme une école de don de la personne. La maîtrise de soi est ordonnée au don de soi. La chasteté conduit celui qui la pratique à devenir auprès du prochain un témoin de la fidélité et de la tendresse de Dieu. [15] ».

Avec la chasteté vient la pudeur qu’un partenaire professionnel, enseignant en gestion du stress, définit comme « la liberté pour les participants de choisir sans pression leur profondeur d’engagement ». Exclues donc les postures qui entendent enfermer la compréhension de l’être dans un profil psychologique[16] ou dans un exercice de quelque nature que ce soit. Exclue aussi la recherche d’une relation trop intime entre l’accompagnateur et l’étudiant : celui-ci n’est pas un thérapeute, et n’a pas à chercher à connaître ce qui ne lui est pas révélé. Et si cela lui est révélé, il n’a pas à s’y complaire et à s’y attarder plus que nécessaire.

Cette posture de chasteté est, très clairement en tension avec ce qui fait le fond du désir de l’éducateur : le désir de transmettre et de faire du bien, non seulement maintenant, mais dans l’avenir. En effet, « quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain? ». Elle est je crois à assumer, nous avons à transmettre, à rendre compte et à incarner de toutes nos forces ce que nous reconnaissons comme le bien. Et nous devons remettre la muselière en permanence à cette tentation continue de manipuler pour promouvoir ou orienter ou, pire, mais tellement difficile, d’agir pour marquer l’étudiant.

S’en prémunir ne consiste pas à ne pas transmettre à l’étudiant ce que nous reconnaissons comme juste et utile. Il s’agit au contraire à lui présenter les trésors qui nous été confiés, ou les outils ou suggestions que sa situation nous semble exiger, en étant autant que possible absolument conscient que le résultat final nous échappe complétement. Il n’y a pas de logique ou de rationalité dont nous serions dépositaires qui puisse sauver l’homme, il n’y a que le Christ.

L’approche uni-rationnelle et l’élargissement de l’esprit

Revenons maintenant à la différence entre une approche uni-rationnelle et une approche stratégique de l’orientation.

L’orientation, en premier lieu, peut-être conçue comme la recherche de la bonne rationalité appliquée à la démarche académique et à la recherche d’emploi. Par rationalité, j’entends un complexe d’objectifs et de moyens et le référentiel pour l’action qui en découle. Cette approche uni-rationnelle est parfaitement cohérente quand l’action se suffit à elle-même : prendre sa voiture, écrire un article, passer un concours. Elle est beaucoup moins adaptée quand les fins sont mouvantes et multiples, l’avenir lointain et que son champ d’application semble engager l’être même du sujet.

Pour autant, la recherche de la « bonne rationalité » est une demande, souvent explicite, d’un certain nombre d’étudiants et de parents. Il s’agit d’identifier le bon objectif, les bon moyens et le référentiel adéquat pour orienter sa vie. Ceci n’est évidemment pas dénué de sens, pour autant que la recherche de la « bonne rationalité » reste subordonnée à la dignité intrinsèque de l’étudiant. Le choix de celle-ci ne peut-être, en même temps que le choix d’une direction, celui d’un enfermement. J’entends que ce propos peut paraitre excessif, appliqué à une activité somme toute assez courante. Il me semble cependant que la recherche de la « bonne rationalité » a très souvent une dimension anxiolytique.

Il me semble voir régulièrement des étudiants étouffer par leur travail l’angoisse de leur avenir. Ceci est particulièrement flagrant en école d’ingénieurs, où j’ai eu l’occasion d’intervenir. Certains, doués en sciences et disposants d’excellentes capacités de concentration échouaient par la réussite. Occupant le haut des classements, sautant de classe en classe, puis du Lycée à la prépa et de la prépa à l’école, la réussite était pour eux naturelle. Naturelle, oui, mais était-elle voulue ? Quand les capacités de l’étudiant correspondent si parfaitement au système éducatif, quel entrainement reçoit-il pour piloter la sortie du système ? Quand apprend-t-il à évoluer dans une situation dont le référentiel et la clé ne lui sont pas fournis par autrui ? J’ai le souvenir d’une mission pour une école, où le problème était explicitement posé, l’angoisse et le mal-être sourdant chez certains au point d’en devenir préoccupants. La direction de vie prise par cette rationalité « naturelle » ne correspondait pas à la richesse de leurs aspirations.

De même, face à l’angoisse, le réflexe le plus naturel de l’étudiant préparant les concours des IEP est de travailler encore plus. Cela est bien compréhensible dans le cadre d’une course à court terme, pour un objectif défini : l’uni-rationalité est provisoire (je travaille pour passer mon concours). Cela l’est d’autant plus que cette uni-rationalité est pour beaucoup un moyen de sortir de l’uni-rationalité : les IEP étant généralistes, beaucoup d’impétrants espèrent y trouver le panel de propositions qui permettra d’orienter leur vie.  Leur attente, justifiée, est celle d’une jonction entre leurs aspirations intérieures et un aspect de la réalité. Pour autant, à y regarder de près, n’est-elle pas l’espoir de l’offre d’une multitude de rationalités au sein desquelles il faudrait en choisir une ? La formulation du problème est, ici aussi, uni-rationnelle.

A ceci il convient d’ajouter que, en France, la préparation aux concours des IEP dit « de province » porte déjà en soi une uni-rationalité très lourde. Les concours comportent une épreuve de dissertation portant sur une thématique donnée à l’avance et assortie d’une bibliographie. Celle-ci était souvent marquée par les passions tristes que sont la compréhension du monde en stricts rapports de domination, une écologie sans amour de la nature de l’homme et, à vrai dire, une certaine forme de souffrance intérieure. J’ai le souvenir de l’émerveillement de certains étudiants à la découverte de Tocqueville décrivant la vie d’une démocratie en termes effectifs, comme un processus vivant se déroulant sous leurs yeux et non comme la description d’un univers de domination.  La liste de lecture est déjà une forme d’uni-rationalité et ceux qui achèvent sa lecture échappent difficilement à sa puissance structurante.

L’IEP de Paris, qui a un concours propre, fait-il exception à cette réalité ? Rien n’est moins sûr, un sondage réalisé en 2022 montrait que 55% des étudiants accordaient leur suffrage au candidat de la gauche radicale, contre 17% de l’ensemble des jeunes du même âge dans la population[17]. Qu’on les juge bonnes ou mauvaises, des rationalités puissantes sont à l’œuvre à l’endroit même où l’étudiant s’attend à avoir le choix.

A contrario, un esprit authentiquement chrétien ne peut être uni-rationnel. Avec le Christ vient la certitude qu’aucune logique ou aucune rationalité ne peut sauver l’homme : le salut vient par une personne. Le chrétien doit faire cohabiter dans son esprit a minima deux types de légitimité de la connaissance :  la connaissance investiguée, que cela soit par l’expérience ou la science, et la connaissance révélée. Il sait par ailleurs que l’une et l’autre ont vocation à s’harmoniser à plus ou moins long terme parce que, selon Newman, la vérité ne peut aller contre la vérité. Il sait donc qu’en situation se joue intérieurement un dialogue entre des réalités différentes, qu’on ne peut épuiser en un seul discours ou une seule orientation.

Le problème du sens concret de la vie, comme relation entre l’existence pratique et les fins dernières, ne peut être résolu une fois pour toutes. Les dimensions de la question sont tellement considérables, sa réalité tellement vivante qu’elle peut être solutionnée par le seul établissement d’un plan ou seulement le choix d’une rationalité professionnelle.

Celle-ci au contraire est libérée de l’obligation de fournir le cadre de la réussite de la vie, laquelle est accueillie comme un mystère. J’entends par mystère quelque chose qui diffère de l’obscurité. Avancer dans une obscurité amène dans des ténèbres de plus en plus épaisses. Progresser dans un mystère, c’est découvrir en même temps que l’on avance, autant de clartés imprévues et nouvelles que d’inconnu à découvrir. Le mystère est un approfondissement.

C’est aussi une grande source d’angoisse si l’on y entre seul. C’est la chance de l’homme qui sait que le Christ l’accompagne, c’est la demande implicite de certains jeunes aux adultes.

Quand celle-ci ne trouve pas de réponse, la tentation est alors souvent celle de l’ultra-solution. Ce concept, développé par Paul Watzlawick[18], consiste à solutionner un problème en détruisant le problème lui-même. Ainsi en est-il de celui qui se tire une balle dans le crâne pour faire passer un mal de tête. Ainsi en est-il, aussi, de nombre de situations où la conscience laissée seule face à elle-même se trouve fort isolée. Le choix de l’uni-rationalité fait figure d’ultrasolution : c’est attendre de l’orientation d’un moment qu’elle libère de la question de l’orientation. Ce choix entend « tuer le problème » et donner une garantie sur la complexité de l’avenir. Quand l’esprit n’est pas entrainé, habitué à ce dialogue des différentes réalités et au mystère qui en résulte, qui y résisterait ?

Orienter chrétiennement, c’est peut-être accueillir cela et le laisser s’exprimer, mais aussi aller plus loin. L’orientation est alors un moment de dialogue de rationalités. Il s’agit alors de laisser venir et d’aller chercher. Laisser venir signifie ne pas écarter ce qui arrive de l’étudiant et en ayant comme l’exprime la sociologie allemande de G. Simmel et M. Weber, « l’oreille musicale » des réalités autres[19]. C’est prêter à l’étudiant ses mots et sa capacité de synthèse pour reformuler la multi dimensionnalité de sa vie et de ses souhaits.

Aller chercher, c’est contribuer à ouvrir l’horizon, c’est faire lire, expérimenter, ouvrir à d’autres rationalités. Certains livres ont une capacité d’ouverture étonnante, je pense encore une fois à la lecture approfondie de Tocqueville pour les étudiants en science politique.

Le développement de cette capacité vivante à être au centre de réalités multiples et à avoir un esprit suffisamment vif et vivant pour établir en permanence une harmonie et des liens entre elles, c’est là strictement, ce que J. Henry Newman appelait l’élargissement de l’esprit :

« Il n’y a véritable élargissement de l’esprit que lorsqu’il y a cette puissance d’envisager plusieurs objets d’un seul coup et comme un tout ; de leur accorder à chacun sa vraie place dans le système universel, de comprendre la valeur respective d’un chacun et d’établir ses rapports de dépendance par rapport aux autres.[…] Avoir ne serait-ce qu’une parcelle de cette raison illuminative et de cette authentique philosophie, c’est avoir atteint le plus haut idéal où la nature puisse aspirer au plan intellectuel.[20] »

Il me semble donc que l’approche chrétienne entretient une affinité élective avec un recadrage du problème de l’orientation, d’une vision qui peut être uni-rationnelle vers une forme de pluri-rationalité. L’appréhension de celle-ci suppose un élargissement de l’esprit, au sens newmanien. Cet élargissement de l’esprit est à la fois un moment (celui où il advient) et un mouvement, celui où l’esprit, comme un muscle, déploie son énergie de façon ordonnée et continue pour établir des liens entre toutes les données qui arrivent à la conscience :

« L’élargissement suppose qu’une puissance formatrice intervient ici pour mettre en ordre le contenu de notre connaissance et lui donner une signification. Il suppose que ce que nous avons acquis est devenu subjectivement nôtre ou, pour employer une expression familière, qu’après l’avoir avalé, nous avons digéré ce qui a été introduit dans le contenu antérieur de notre réflexion.[21] »

Cette puissance formatrice est propre à l’étudiant et on ne saurait la prescrire. Il est toutefois possible, dans une modeste mesure, d’encourager et d’accompagner son déploiement. C’est ce que j’appellerai ci-après, l’approche stratégique.

L’approche stratégique et la mise en route de la capacité à s’orienter

La logique uni-rationnelle suppose une conception de l’action et de l’orientation assez simple et qui n’est pas invalide : définition de l’objectif, définition de la stratégie à mettre en œuvre pour y arriver, éventuellement déclinaison en plan A et plan B, mise en œuvre, évaluation. L’orientation y est faite, pour ainsi dire, en un instant. L’important est le choix de l’objectif. Il s’agit alors d’identifier et d’acquérir le stock de compétences et de connaissances convenables pour y arriver. C’est en France, le sens de la logique RNCP (registre national des certifications professionnelles). Celle-ci est tout à fait légitime pour normer le parcours conduisant à l’apprentissage d’un métier. S’appuyer sur cette logique pour matérialiser un choix judicieux, mais cela l’est-il quant il s’agit de procéder au choix lui-même ? De même, la multiplication des masters spécialisés dans nos universités est une diversification des possibilités de choix uni-rationnelle, pas une augmentation de la capacité à faire des choix.

La logique pluri-rationnelle suppose que la vie est un équilibre instable, qu’il faut apprendre à piloter : une solution uni-rationnelle ne traite qu’un problème ou, appliqué à l’existence, ne la traite que comme le problème d’un moment.

Au contraire, l’élargissement de l’esprit est la mise en route d’une capacité à faire des liens. Ce n’est pas un état final du savoir, ou une forme spécifique du stock de connaissances ou de compétences : c’est un entrainement. Rapporté à la vie académique, comme Newman l’appelait de ses vœux, cela implique d’entrainer l’étudiant à faire émerger la cohérence d’éléments éparts et à se servir judicieusement de son stock de connaissances. Il s’agit avant tout de l’entrainement d’une capacité vivante.

Rapporté à la vie, cela signifie faire la stratégie, c’est-à-dire simultanément :

  • être capable de monitorer et piloter en continu son équilibre interne, d’en faire une synthèse ;
  • être capable de monitorer en continu son environnement, voire de l’adapter, d’en faire une synthèse,
  • de faire une synthèse de ces deux mouvements pour saisir les connexions et les chemins qui émergent,
  • de mettre en œuvre des actions provisoire puis de les évaluer en continu.

L’approche stratégique est relation continue entre l’écoute de soi et du monde, et l’action. Elle laisse, pour le chrétien, la place pour écouter le Christ parler en soi et par le monde. Cette capacité s’acquiert souvent tout seul ; il est aussi possible d’aider à la développer au moment de l’orientation, pour autant que l’on dispose d’un peu de temps.

Il est possible, en effet, par compagnonnage, d’introduire l’étudiant à la pratique de plusieurs savoir-faire facilitant l’apprentissage d’une approche stratégique.

Le premier est d’accoutumer l’étudiant à une posture d’écoute de son environnement professionnel et humain. Il s’agit de le familiariser avec une vision énergétique de celui-ci : les désirs et les problèmes d’autrui et du monde sont des sources d’énergie, de cette énergie humaine qui mobilise le travail. Où sont les problèmes ? comment sont-ils formulés par ceux qui les vivent ? comment y apporter une réponse ? Comment, si on souhaite s’engager dans leur prise en charge, être visible de ceux qui pourraient être partenaires ou employeurs ? L’outil privilégié est la démarche réseau, qui consiste à envoyer l’étudiant discuter de façon ouverte avec des professionnels ou des parties prenantes du milieu qui l’intéresse. Les gens sont pour la plupart ravis de rendre service et la discussion avec les professionnels libère les étudiants du vis-à-vis avec eux-mêmes et d’une vision trop théorique des choses. Une excellente source d’inspiration se trouve dans la méthode et des conseils proposés par Hervé Bommelaer[22] dans le contexte de l’outplacement (placement de cadres dirigeants). La pratique des stages dans les univers professionnels suscitant l’attention a, ici aussi, une valeur incomparable.

Une autre approche était d’apprendre à s’écouter soi. Il ne s’agit pas de survaloriser une introspection continue en quête de réponse sur soi ou de cohérence. L’enjeu est plutôt d’inciter à s’accueillir davantage comme un mystère à accueillir que comme un problème à régler. Non, les choses n’iront pas mieux quand la rationalité ultime de l’être aura été comprise : il y a dans l’être des réalités qui seront toujours en tension « unies sans confusion ni séparation[23]  ». Là aussi des outils permettent d’en développer l’intelligence : parmi eux, la pratique de la méthode Vittoz[24] et, dans un registre différent, la théorie des différents états du moi d’Éric Berne[25].

Apprendre à synthétiser, en particulier l’écoute de soi et celle de l’environnement, est l’étape suivante. La plupart des étudiants confondent la synthèse avec la compression, dire la même chose en resserrant les mots. Ils n’osent pas se lancer – alors qu’ils en sont tout à fait capables – dans des méta-formulations porteuses de sens.  Pour cela, un exercice est souverain : la synthèse thématique. Dans cette logique d’élargissement de l’esprit, l’étudiant est invité à lire un ou plusieurs ouvrages, puis à en résumer ce qu’il en a compris en trois phrases. Celle-ci sont discutées avec l’accompagnateur, qui reformule avec lui, affine, explore, bref, qui pratique la synthèse avec lui. Cet exercice, bien conduit, désinhibe l’étudiant quant à sa capacité de produire à partir d’éléments épar des synthèses qui soient les siennes. Selon le choix du livre, c’est aussi l’occasion d’une discussion permettant d’aborder indirectement nombre de sujets importants.

Des outils sont aussi nécessaires pour piloter le continuum qui va de la phase d’écoute et de synthèse d’une situation jusqu’à la mise en place de l’action. Pour cela, un outil est particulièrement intéressant, venu de mon univers professionnel, la grille dite IDPA, outil de référence en facilitation stratégique : Identification (cadrage du problème), Diagnostic (ce qui a été déjà fait et évaluation des résultats obtenus), Prospective (vers quoi l’avenir pourrait-il aller ?) et propositions d’Action (que faire ? à quelles conditions et avec qui ?). L’idée est de structurer avec l’étudiant sa réflexion sous forme IDPA et, par la suite, de la faire évoluer en s’aidant également de ce support. Son usage a un effet certain en ceci que cette grille permet de sortir de l’impression de saturation cognitive qui va avec l’action en univers complexe. J’ai pu observer plusieurs fois son impact pour faire progresser la réflexion.

Reste la question de la prise de décision. Là aussi un outil existe, bien connu dans le monde chrétien : la procédure de décision libre du docteur Roger Vittoz[26]. Conçue pour être employée dans le cadre d’une rééducation globale du fonctionnement cérébral, elle n’en constitue pas moins un excellent outil de prise de décision, une fois pesé le pour et le contre. La décision y est prise après l’examen successif de plusieurs registres : l’objet de la décision, son lieu de mise en œuvre, ses limites de temps, sa faisabilité morale (incluant un état le plus clair possible sur les sentiments contradictoires pouvant être vécus) et, enfin sa faisabilité pratique. La décision est alors prise après avoir, le plus calmement possible, apporté une réponse à ces cinq registres. Encore une fois, la pratique de cette décision libre sans la pratique de l’entrainement cérébral propre aux travaux de Roger Vittoz est un mode d’usage très dégradé. Il n’en reste pas moins extrêmement puissant et aidant pour l’étudiant qui doit acter une décision.

La démarche stratégique est alors très proche d’une forme d’improvisation en continu. Le moment d’orientation est dans cette perspective une occasion d’initiation à celle-ci. Sur la base d’une bonne écoute, l’étudiant est invité à s’approprier et mobiliser toutes sortes d’outils pour, dès maintenant, commencer à piloter sa vie professionnelle. Combien les mettent en œuvre sur le long terme ? Très peu, sans doute, et ce n’est pas l’objectif. le but est de les mettre davantage en mouvement en tant que sujets et d’aller au-delà de l’orientation vue comme un service limité dans le temps pour passer à l’activation d’une capacité à s’orienter en continu.

Cette approche est plus lourde que des entretiens d’orientation rapide. Elle aussi plus difficile à intégrer dans une formation pensée selon les critères de compétence mais elle ne s’y oppose pas. L’une et l’autre ne rendent pas le même service : d’un côté l’orientation comme direction de vie, de l’autre, le choix de compétence à acquérir.  Il convient de les faire cohabiter, en évitant par-dessus tout que l’une ne prenne le pas sur l’autre.

Conclusion

Ces quelques lignes auront permis de toucher, j’espère, la proximité naturelle qui peut exister entre une approche plus stratégique de l’orientation et la foi en Christ. Proximité naturelle ne veut cependant pas dire connexion systématique, tout comme affinité élective ne signifie pas relation causale. Il me semble cependant y avoir davantage un certain « potentiel d’idolâtrie » (c’est-à-dire de soumission de l’être humain à une chose ou une idée) dans l’uni-rationalité, qui peut amener à confier ses espoirs à une seule logique qu’il conviendrait d’identifier, que dans une approche stratégique. Cette dernière est fondée sur un élargissement de l’esprit, dans la ligne de Newman. Elle repose également sur un compagnonnage entre un ou des adultes et un étudiant. Il y apprendra par transmission et imitation à monitorer l’équation de sa propre réalité et celle de son environnement, à formaliser ses choix et à s’éprouver. L’accompagnateur est ici un compagnon de route et, à travers lui, peut-être médiateur du Christ.

Bibliographie

Newman, J. H. (2007). L’Idée d’université. (E. Robillard, & M. Labelle, Trads.) Genève : Ad Solem, page 316.

Didier Pleux, Savoir s’empêcher, une piste pour sauver le monde ? Cerveau & Psycho, 2019/10 (N° 115), p. 82-87. DOI : 10.3917/cerpsy.115.0082. URL : https://www.cairn.info/magazine-cerveau-et-psycho-2019-10-page-82.htm

Alexis de Tocqueville (1835), De la démocratie en Amérique I (première partie), Edition en ligne Calenda, p. 98, http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie_1/democratie_tome1.html

Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Éditions en ligne Calenda, 155 pages, http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/ethique_protestante/Ethique.html

Michael Löwy, Le concept d’affinité élective chez Max Weber, Arch. de Sc. soc. des Rel., 2004, 127, (juillet-septembre 2004) 93-103.

Martial Foucault, Anne Muxel, Une jeunesse engagée. Enquête sur les étudiants de Sciences Po, 2002-2022, Paris, Les Presses de Sciences Po, coll. « Essai », 2022,

Paul Watzlawick, Comment réussir à échouer. Trouver l’ultrasolution, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Lise Hacker, Points Essai, Paris, 2014, 128p.

Jean Rémy. Georg Simmel, La tension entre religiosité et religion : une transaction permanente, Jean Rémy éd., La transaction sociale. Un outil pour dénouer la complexité de la vie en société. Ères, 2020, pp. 349-382.

Hervé Bommelaer, Trouver le bon job grâce au(x) réseau(x), Eyrolles, Paris, 2020, 272 pages.

Roger Vittoz, Traitement des Psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral, Tequi, Paris, 2002, 176 pages.

Eric Berne, Analyse transactionnelle et psychothérapie, Trad. de l’anglais par Sylvie Laroche, Paris, Payot, 2016, 384 pages.

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Pour citer cet article
Référence électronique : Matthieu Ollagnon, « L’orientation : choix d’une rationalité ou développement d’une capacité stratégique ? – Réflexion sur les affinités électives entre la foi chrétienne et une approche stratégique de l’orientation », Educatio [En ligne], 13| 2022. URL : https://revue-educatio.eu

Droits d’auteurs
Tous droits réservés

[1] Enseignant à l’Université Catholique de Lyon, concepteur et ancien directeur pédagogique de la Préparation Société et Politique de l’Ucly, directeur de l’Institut des Stratégies Émergentes (http://www.strategies-emergentes.fr ), Doctorat Canonique en Sciences sociales et économiques (ICP – 2004), mention « sociologie des religions ».

[2] Le terme renvoie au déploiement d’une capacité sur la durée, par opposition à une stratégie mise en œuvre de façon limitée.

[3] Newman, J. H. (2007). L’Idée d’université. (E. Robillard, & M. Labelle, Trads.) Genève: Ad Solem, page 316.

[4] Matthieu, 5-47

[5] PLEUX Didier, Savoir s’empêcher, une piste pour sauver le monde ? Cerveau & Psycho, 2019/10 (N° 115), p. 82-87. DOI : 10.3917/cerpsy.115.0082. URL : https://www.cairn.info/magazine-cerveau-et-psycho-2019-10-page-82.htm

[6] La Préparation « Société et politique », devenue depuis le D.U. « Préparation aux concours des IEP », en Faculté des Lettres et Civilisations.

[7] Je me souviens avoir vu, avec leurs parents, des adolescents de 14 ans au salon de l’étudiant.

[8] « qui vient s’offrir à la main du législateur ». Alexis de Tocqueville (1835), De la démocratie en Amérique I (première partie), Edition en ligne Calenda, p. 98, http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie_1/democratie_tome1.html

[9] Sont exclus, bien sûr du cadre l’orientation, le choix d’un état de vie (mariage, état consacré, …) qui n’est pas de l’ordre de l’orientation professionnelle mais d’un engagement de vie.

[10] A une échelle très modeste, par des stages ou de la démarche réseau.

[11] Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Éditions en ligne Calenda, 155 pages, http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/ethique_protestante/Ethique.html

[12] Michael Löwy, Le concept d’affinité élective chez Max Weber, Arch. de Sc. soc. des Rel., 2004, 127, (juillet-septembre 2004) 93-103

[13] Newman, J. H. (2007). L’Idée d’université. (E. Robillard, & M. Labelle, Trads.) Genève: Ad Solem.

[14] Charles Péguy, Œuvres posthumes T. VIII (1917), Paris : Éditions de la Nouvelle revue française, 1917, p. 218.

[15] Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2346

[16] Ce qui ne veut pas dire se priver de leur apport pour comprendre un fonctionnement cognitif.

[17] Martial Foucault, Anne Muxel, Une jeunesse engagée. Enquête sur les étudiants de Sciences Po, 2002-2022, Paris, Les Presses de Sciences Po, coll. « Essai », 2022,

[18] Paul Watzlawick, Comment réussir à échouer. Trouver l’ultrasolution, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Lise Hacker, Points Essai, Paris, 2014, 128p.

[19] Rémy , Jean, 12. Georg Simmel, la tension entre religiosité et religion : une transaction permanente », Jean Rémy éd., La transaction sociale. Un outil pour dénouer la complexité de la vie en société. Ères, 2020, pp. 349-382.

[20] John Henry Newman, Ibid., pp 269 – 270.

[21] Ibid., p. 265.

[22] Hervé Bommelaer, Trouver le bon job grâce au(x) réseau(x), Eyrolles, Paris, 2020, 272 pages.

[23] Symbole de Chalcédoine, 451.

[24] Roger Vittoz, Traitement des Psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral, Tequi, Paris, 2002, 176 pages.

[25] Eric Berne, Analyse transactionnelle et psychothérapie, Trad. de l’anglais par Sylvie Laroche, Paris, Payot, 2016, 384 pages.

[26] Roger Vittoz, Ibid.