Erick RAHARIVELO[1]
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Résumé(s) : Le Centre des Œuvres des Paulins a été fondé à l’origine pour venir en aide aux enfants métis nés de relations entre des femmes malgaches et des soldats ou fonctionnaires français, ainsi qu’à d’autres nationalités, souvent abandonnés après le départ de leurs pères. Aujourd’hui, il accueille non seulement des orphelins, mais aussi des enfants dont les parents ne peuvent pas s’occuper d’eux. Le centre joue ainsi un rôle crucial dans la protection sociale des enfants en danger en leur offrant une éducation qui vise à leur transmettre des valeurs sociales, culturelles, intellectuelles et spirituelles. L’objectif est, en effet, de leur proposer un avenir meilleur en leur inculquant des valeurs essentielles et en les aidant à surmonter les défis liés à leur situation socio-économique. De cette manière, le centre aspire à offrir aux enfants qu’il accueille une éducation intégrale. Cet article cherche donc à examiner en quoi et comment les pratiques déployées dans le Centre des Œuvres des Paulins relèvent d’une éducation intégrale. Pour ce faire, il consacre d’abord un premier temps à l’état des savoirs relatifs à l’éducation intégrale. Ensuite, il décrira le terrain d’étude : d’abord la situation du Centre des Œuvres de Paulins (son histoire, ses missions, ses objectifs), puis les enfants actuellement pris en charge dans le centre (effectif, sexe, âge, milieu d’origine). Une fois cela établi, l’article montrera en quoi les pratiques des éducateurs, y compris dans les petits faits du quotidien, participent (ou non) à une éducation intégrale.
Mots clés : éducation religieuse, éducation intégrale, centre des Œuvres des Paulins, charisme des religieuses trinitaires de Valence, pauvreté, spiritualité, parler de Dieu.
Summary(s): The Centre des Œuvres des Paulins was originally founded to help mixed-race children born of relationships between Malagasy women and French soldiers or civil servants, as well as children of other nationalities, often abandoned after their fathers’ departure. Today, it takes in not only orphans, but also children whose parents are unable to care for them. The center thus plays a crucial role in the social protection of children at risk, offering them an education that aims to impart social, cultural, intellectual and spiritual values. The aim is to offer them a better future by instilling essential values and helping them overcome the challenges of their socio-economic situation. In this way, the center aims to offer the children it takes in an all-round education. This article therefore seeks to examine how and why the practices deployed at the Centre des Œuvres des Paulins are part of an integral education. To do so, it first examines the state of knowledge about integral education. Next, it describes the field of study: first, the situation of the Centre des Œuvres de Paulins (its history, missions and objectives), then the children currently being cared for at the center (numbers, gender, age, background). Once this has been established, the article will show how the practices of the educators, including in the small everyday facts, participate (or not) in an integral education.
Key words: religious education, integral education, Œuvres des Paulins center, charism of the Trinitarian nuns of Valence, poverty, spirituality, talking about God.
Introduction générale
La perception de Dieu par l’homme peut évoluer et être influencée par son contexte social et culturel. Par ailleurs, dans les pays où la laïcité est prévalente, l’enseignement religieux dans les écoles primaires, secondaires voire dans les lycées est parfois contesté. Bien que cela ne soit pas encore le cas à Madagascar, l’introduction de la notion de Dieu auprès des élèves en formation scolaire ou au collège risque de provoquer des malentendus, car les interprétations de Dieu diffèrent considérablement d’une confession à l’autre et d’une religion à l’autre, compliquant ainsi la compréhension de sa nature par les élèves.
Cependant, l’enseignement catholique met en avant l’importance d’aborder la question de Dieu avec les élèves, que ce soit à l’école ou au sein d’un centre de formation. En effet, dans le cadre d’une éducation intégrale, l’éducation catholique considère qu’il est crucial d’apporter une attention égale au développement cognitif, psychologique, pratique, affectif et spirituel des individus[2]. Néanmoins, plus d’un a pu remarquer que certaines personnes pensent qu’il suffit de prier Dieu pour réussir dans la vie, sans avoir à travailler. D’autres estiment qu’il est possible d’être guéri de différentes maladies par la prière, sans avoir besoin de consulter un médecin. Ainsi, la religion peut parfois apparaître comme un obstacle au développement de l’homme et de la société. Effectivement, dans certains contextes, comme celui de la société malgache, la pratique chrétienne peut constituer un frein pour les individus, en particulier les enfants, dans l’accomplissement de leurs responsabilités. L’influence de certaines croyances religieuses peut nuire aux performances scolaires des élèves, notamment celles véhiculées par des sectes, qui leur font croire qu’une simple prière suffit à garantir le succès de leurs examens sans fournir d’efforts.
En observant la réalité des individus dans cette société et en tenant compte de l’affirmation de l’Église catholique sur l’apport de l’éducation religieuse dans le développement intégral de l’homme, on peut se demander si le dialogue autour de Dieu avec les élèves peut véritablement favoriser leur développement intégral et se révéler essentiel à leur croissance et à leur épanouissement social. Pour mettre au travail cette question du développement intégral, l’article se penche sur le Centre des Paulins, situé à Madagascar, qui accueille des enfants orphelins vivant dans des conditions de pauvreté. Avant leur arrivée au centre, ces enfants avaient déjà des conceptions personnelles de Dieu. Les religieuses trinitaires qui y œuvrent estiment qu’une éducation religieuse est cruciale pour leur développement et incitent les enfants à s’engager dans diverses activités spirituelles, telles que le catéchisme et la messe, en plus des autres activités liées à leur éducation, comme les activités scolaires et parascolaires. En insistant sur les activités religieuses et spirituelles, les éducateurs du centre pensent pouvoir offrir aux enfants accueillis un avenir meilleur en leur inculquant, entre autres, les valeurs préconisées par l’éducation catholique et en les aidant à surmonter les défis liés à leur situation socio-économique. De cette manière, le centre aspire à offrir aux enfants qu’il accueille une éducation intégrale.
Cet article vise à examiner en quoi et comment les pratiques déployées dans le Centre des Œuvres des Paulins s’inscrivent dans une démarche d’éducation intégrale. Pour ce faire, il se divise en deux parties. La première sera consacrée à l’exploration de la notion d’éducation intégrale. La deuxième partie, quant à elle, décrira le terrain d’étude : d’une part, la situation du Centre des Œuvres des Paulins (son histoire, ses missions, ses objectifs) et, d’autre part, les enfants pris en charge dans le centre (effectif, sexe, âge, milieu d’origine). Une fois cet état des lieux sur l’éducation intégrale établi, l’article montrera en quoi les pratiques des éducateurs, y compris dans les gestes quotidiens, tendent à répondre aux critères de l’éducation intégrale. Ainsi, il est essentiel de commencer par définir ce qu’est l’éducation intégrale.
I- La nécessité d’une éducation intégrale pour le développement holistique des enfants en âge scolaire
1- L’exploration de la notion de l’éducation intégrale
Voulant s’approprier l’annonce de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, envoyé par le Père pour sauver l’humanité et lui faire participer à la vie divine (cf. Jn 3, 16-17), c’est-à-dire jouir de son statut d’être créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26-28), l’Église catholique, depuis plusieurs décennies, relève un défi de taille dans son projet éducatif. Ce projet vise à faire face, entre autres, à la crise anthropologique, culturelle et écologique, à la montée de l’individualisme, ainsi qu’à l’affaiblissement des valeurs éthiques et morales qui traversent notre société. Ainsi, elle adopte depuis plusieurs décennies une éducation visant à former l’homme dans toutes ses dimensions : âme, corps et esprit. Cette approche éducative, qu’elle qualifie d’« éducation intégrale », est régulièrement évoquée dans les textes sur l’éducation catholique et la catéchèse[3]. L’utilisation de ce terme dans le Magistère de l’Église catholique ne vient cependant pas par hasard. L’Église hérite des réflexions du philosophe Jacques Maritain, qui ont, entre autres, influencé le texte du concile Vatican II sur l’éducation. Ainsi, cette première partie se consacre surtout à l’exploration de la notion d’éducation intégrale. Ce travail d’exploration cherche principalement à identifier l’origine de cette expression « éducation intégrale » et à présenter la diversité des formes d’usage de cette expression dans les textes de la Congrégation pour l’éducation catholique depuis le Concile Vatican II. Cette démarche permettra d’affirmer que la notion d’éducation intégrale ne se laisse pas enfermer dans un discours, mais appelle et opère une transformation des pratiques éducatives elles-mêmes, comme l’a bien souligné Moog : « cette anthropologie ne se présente pas sous la forme d’une conception métaphysique de l’homme mais plutôt de l’énoncé d’une vocation et de la désignation d’un accomplissement. En ce sens, la notion d’éducation intégrale ne se laisse pas enfermer dans un discours mais appelle et opère une transformation des pratiques éducatives elles-mêmes. »[4]. Il s’avère donc important de commencer par examiner l’origine de cette expression « éducation intégrale ».
1.1 – Origine de la notion de l’éducation intégrale
L’Église catholique souhaite effectivement centrer l’éducation sur le développement intégral de l’homme. Cependant, le terme « intégral » ou l’expression « éducation intégrale » n’étaient pas systématiquement présents dans les documents de l’Église catholique sur l’éducation avant Vatican II. En effet, Vatican II a introduit une évolution terminologique par rapport à l’enseignement de Pie XI, notamment dans son encyclique Divini illius Magistri sur l’éducation chrétienne Pie XI évoque à deux reprises la notion de totalité[5], homo totus soulignant que l’éducation doit considérer l’homme dans sa totalité, tant en tant qu’individu que membre de la société, en tenant compte à la fois de la nature et de la grâce. Cela implique une collaboration harmonieuse entre trois entités essentielles : la famille, la société civile et l’Église, chacune ayant des objectifs spécifiques, conformément au plan de la Providence divine[6]. Pix XI n’a donc pas encore utilisé ce vocable « intégralité » mais « totalité ».
1.2 – De la totalité à l’intégralité
Le concile œcuménique Vatican II remplace le terme « totalité » par « intégralité », sans toutefois altérer l’essence de l’enseignement de Pie XI. L’accent est mis sur l’importance d’articuler la dimension personnelle et sociale de l’être humain, tout en appréhendant sa complexité. La nouvelle perspective éducative vise à éduquer l’individu dans sa plénitude et son intégrité, plutôt que de se concentrer uniquement sur la totalité de l’homme[7]. Cette évolution terminologique que Vatican II doit à l’influence de l’humanisme intégral de Jacques Maritain[8]. Ce dernier voit en effet la fin de l’éducation au développement intégral de l’enfant ou de l’éduqué. Ainsi, pour lui, une éducation intégrale a pour but un « humanisme intégral ». Maritain souhaite donc que l’éducation contribue à la réalisation de l’homme tel qu’il a été conçu selon le projet de son créateur. C’est ainsi qu’il veut que l’éducation embrasse la complexité et l’intégralité de l’homme. Ce dernier, pour lui, est un « animal, mais un être doué de raison, dont la suprême dignité réside dans l’intelligence ; c’est un individu libre, mais en relation avec Dieu, la suprême justice étant de lui obéir ; l’homme est une créature pécheresse mais appelée à la vie divine et à la liberté de la grâce, et dont la suprême perfection est dans l’amour » [9]. Ainsi, ajoute-t-il : « il (l’homme) est plus un tout qu’une partie et plus indépendant que serf. C’est ce mystère de notre nature que la pensée religieuse désigne quand elle dit que la personne humaine est à l’image de Dieu » [10]. Visant à permettre à l’enfant de se réaliser pleinement en tant qu’homme, l’éducation doit donc être intégrale. Cette éducation intégrale doit orienter vers une fin, c’est-à-dire vers le plein accomplissement de l’homme dans un humanisme intégral. C’est pourquoi, pour mieux comprendre le sens de l’éducation intégrale dans le contexte catholique, et particulièrement dans le décret Gravissimum Educationis du concile Vatican II[11], il est nécessaire d’examiner la signification de l’humanisme intégral de Maritain.
1.3 – L’humanisme intégral de Jacques Maritain comme orientation et fin de l’éducation intégrale
Maritain peut être vu dans son livre « L’Humanisme intégral » comme une personne qui cherche à progresser dans son cheminement spirituel tout en intégrant le rationalisme et la liberté. Autrement dit, il allie la foi, la raison, la vie et l’engagement socio-politique dans sa vie spirituelle, académique et sociale. En effet, son humanisme intégral peut ainsi être compris comme « une somme de philosophie pratique qui veut répondre à la question : une politique chrétienne est-elle possible ? Il propose une conception profane et non plus sacrale du temporel, un nouvel humanisme qui découple la religion chrétienne de tout lien avec la civilisation occidentale »[12]. En effet, entre autres, il œuvre pour une société pluraliste, autonome par rapport à l’Église, et s’appuie sur une légitimité démocratique. Néanmoins, bien qu’il considère cette société comme autonome par rapport à la religion chrétienne ou à l’Église, il la perçoit également comme chrétienne, car dans cette société, les laïcs peuvent agir en chrétien, ce qui sous-entend qu’ils peuvent le faire sans engager l’Église[13]. Ainsi, la pensée de Maritain peut être utile pour les chrétiens confrontés aux totalitarismes. C’est la raison pour laquelle la pensée de ce philosophe a souvent inspiré les courants démocrates-chrétiens au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en Italie, en Amérique latine et, si peu, en France. Elle a également beaucoup inspiré les documents du concile Vatican II en matière d’éducation[14]. Néanmoins, ce qui intéresse davantage cette partie du présent article, c’est de montrer l’influence de la pensée de Maritain sur l’emploi par l’Église de l’expression « éducation intégrale » dans la formation proposée aux éduqués. En effet, la pensée de Maritain, qui pourrait être interprétée comme une réflexion cherchant à répondre librement et sans contrainte à la question morale « que dois-je faire ? » pour vivre tel que je suis, individuellement et en tant que personne censée être liée aux autres dans la société où j’évolue selon ce que Dieu veut de moi, permet aussi bien aux éduqués qu’aux éducateurs de réfléchir à ce qu’ils doivent faire dans leurs activités afin de pouvoir agir en conséquence. Effectivement, les conférences de Jacques Maritain prononcées à Yale en 1943, publiées sous le titre Education at the Crossroads[15] et traduites en français tout en les retravaillant par l’l’auteur lui-même en 1947[16], visent à établir une philosophie chrétienne de l’éducation. Ses réflexions, dans ce livre, cherchent à répondre à un besoin plus large d’humanisme face aux crises historiques de cette période. Ainsi, tout en critiquant à la fois le traditionalisme et le libéralisme Maritain œuvre pour une philosophie chrétienne de l’éducation[17]. Son projet éducatif est bien développé dans sa quatrième conférence. Ce philosophe y insiste en effet sur l’importance de l’éducation dans la formation non seulement d’un individu en tant que membre d’une société, mais aussi pour l’aider à réaliser son humanité fondamentale. Son approche vise à promouvoir un humanisme intégral, en appelant à une éducation qui reconnaît la complexité de l’expérience humaine. Effectivement, pour Jacques Maritain, l’éducation ne doit pas se limiter à la formation d’un individu selon des spécificités culturelles ou historiques, mais doit viser à former l’homme dans son intégralité. Il souligne que, bien que l’enfant soit façonné par son environnement, il est avant tout un être humain, et devenir un homme est un défi complexe.[18]. Ainsi « La tâche éducative vise à surmonter par une unification supérieure la multiplicité des énergies vitales et des connaissances. L’éducation vise à unifier l’être de l’enfant afin qu’il devienne pleinement homme, autrement dit, un homme intégral et ceci est la conséquence d’une anthropologie chrétienne qui affirme l’unité du corps et de l’âme dans la vie terrestre et dans la résurrection »[19].
Maritain propose ainsi une anthropologie de l’éducation, soulignant que l’homme est à la fois un être naturel, doué de raison, libre, pécheur mais appelé à la vie divine. Aussi pour lui, l’idée de l’homme intégral, cruciale pour l’éducation, est à la fois philosophique et religieuse, mais peut être acceptée dans une société laïque, ancrée dans la culture judéo-gréco-chrétienne[20]. En effet, selon Maritain, l’éducation doit trouver un équilibre entre autoritarisme et anarchie, en tenant compte de l’enfant en tant qu’individu et en tant que personne en relation[21]. Ainsi, ce philosophe insiste sur l’importance d’une anthropologie chrétienne qui valorise l’unité du corps et de l’âme, affirmant que l’éducation doit mener à un humanisme intégral plutôt que de se perdre dans des approches matérialistes. Sans une finalité anthropologique claire, l’éducation risque de se limiter à de simples améliorations méthodologiques, perdant ainsi de vue son objectif fondamental[22]. Cet humanisme intégral de Jacques Maritain vise donc à dépasser les dualismes par une philosophie politique et sociale, ainsi qu’une révolution morale ancrée dans l’histoire profane, afin de construire une société plus juste et fraternelle. Cela permet à chaque homme d’agir librement pour réaliser le bien commun[23]. Maritain, par ailleurs, insiste sur la nécessité d’une anthropologie unifiée et intégrale dans l’éducation, qui doit être à la fois personnelle et sociale. Ainsi, il souligne que l’éducation ne relève pas uniquement des éducateurs, mais engage également la responsabilité des parents, des familles et de la société dans son ensemble[24]. Par son approche de l’éducation intégrale, Maritain veut aider l’éduqué à devenir l’homme intégral. Ce dernier, selon lui, « est un projet et non une donnée qu’il suffirait d’entretenir. C’est pourquoi l’éducation est à la fois un processus, une finalité et une institution culturelle et scientifique » [25]..
1.4 – L’accueil du Concile Vatican II de la conception de l’éducation intégrale de Jacques Maritain
Le Concile Vatican II, quant à lui, a approfondi l’idée de Maritain sur l’éducation, qui vise à permettre à l’homme de vivre pleinement en tant qu’être humain. Ainsi, l’expression « éducation intégrale » n’est autre, dans l’usage de l’Église catholique et en particulier dans le décret Gravissimum Educationis du Concile Vatican II, qu’une déclinaison de l’humanisme intégral du philosophe Jacques Maritain, comme l’a bien souligné François Moog : « Il convient cependant de souligner que l’apparition de l’expression « éducation intégrale » à Vatican II constitue une réception de l’anthropologie développée par Jacques Maritain dans Humanisme intégral »[26]. Effectivement, Vatican II, tout en reprenant la doctrine de Pie XI sur l’homme total, l’enrichit de la pensée de Maritain, d’une part en rappelant la nécessité de prendre en compte l’ensemble des dimensions de la vie humaine dans l’éducation, notamment la dimension transcendantale, et d’autre part en considérant l’être humain comme une personne et non seulement comme un individu[27]. Ainsi, en adoptant l’expression « éducation intégrale », l’Église catholique met en avant le caractère holistique de l’éducation chrétienne, qui vise principalement à l’unification de la personne et oriente toute la vie humaine vers le projet de Dieu, qui l’a créée à son image et à sa ressemblance. En effet selon Gravissimum educationis :
« L’éducation véritable doit avoir pour but la formation intégrale de la personne humaine ayant en vue sa fin dernière en même temps que le bien commun de la société, les enfants et les jeunes seront formés de telle façon qu’ils puissent développer harmonieusement leurs dons physiques, moraux et intellectuels, qu’ils acquièrent un sens plus parfait de la responsabilité et un juste usage de la liberté, et qu’ils deviennent capables de participer activement à la vie sociale »[28]
Certes, la pensée de Maritain concernant la question de l’éducation intégrale est bien accueillie par le document du Concile Vatican II sur l’éducation, mais elle continue d’inspirer d’autres documents de l’Église sur ce sujet. Cependant, la notion de la complexité de l’enfant, que l’éducation doit prendre en compte, relève de la diversité des formes d’usage dans les textes de la Congrégation pour l’éducation catholique depuis le Concile Vatican II. C’est pourquoi il est pertinent d’examiner, dans le deuxième point de cette partie, la diversité d’usage et de signification de cette expression dans les documents concernant l’éducation au sein de l’Église catholique depuis Vatican II.
2 – La diversité des formes d’interprétation et d’usage de l’expression de la complexité de l’enfant dans les textes de la Congrégation pour l’éducation catholique depuis le Concile Vatican II
Comme cela a été souligné précédemment, visant à permettre à l’enfant de vivre pleinement en homme l’éducation intégrale cherche à tenir en compte de la complexité de l’éduqué, en tant qu’une personne humaine. Néanmoins, cette complexité, selon François Moog[29], n’est pas présentée de manière homogène dans les documents magistériels[30]. En effet, tantôt on insiste sur « le développement de toutes les facultés humaines de l’élève, sa préparation à la vie professionnelle, la formation de son sens éthique et social, son ouverture à la transcendance et son éducation religieuse » [31], tantôt on souligne l’importance de « cultiver l’intelligence et les autres dons spirituels, notamment par le travail scolaire, ainsi que de prendre soin de son corps et de sa santé à travers l’activité physique et sportive » [32]. Prendre en compte cette complexité de la personne humaine demande, selon un autre texte, d’assurer « aux enfants et aux jeunes la possibilité de développer harmonieusement leurs capacités physiques, morales, intellectuelles et spirituelles », tout en tenant compte « de la dimension morale et religieuse de la personne » [33]. Un autre texte évoque le développement « d’une multiplicité de compétences qui enrichissent leur humanité : créativité, imagination, capacité d’aimer le monde et de cultiver la justice et la compassion » [34]. Bien que les documents cités ci-dessous n’expriment pas de manière homogène la nécessité de prendre en compte la complexité de l’enfant dans l’éducation, ils soulignent, à travers divers objectifs et moyens, l’importance de considérer l’enfant comme une personne humaine dans le processus éducatif. Les formulations des objectifs, ainsi que les contenus et méthodologies employées pour les atteindre, visent tous une finalité commune : proposer une éducation qui prend en compte l’éduqué dans toutes ses dimensions, notamment corporelle, spirituelle et sociale. L’enfant est ainsi perçu non seulement dans sa singularité, mais aussi comme un être appelé à vivre en communauté et à s’approprier le projet de Dieu pour lui. Cette approche apporte une nouvelle réflexion anthropologique sur l’enfant, entraînant un changement nécessaire de méthodologie et de vision éducative.
3 – La nouveauté et les exigences de l’éducation intégrale
La visée primordiale de l’Église catholique en matière d’éducation est de permettre aux éduqués de jouir de leur dignité en tant qu’êtres créés à l’image de Dieu, afin qu’ils puissent vivre pleinement en tant qu’hommes. L’éducation intégrale ne se limite pas à l’inclusion de l’enseignement religieux dans le programme d’études ; elle nécessite également que cet enseignement repose sur la forme, la méthodologie, le contenu et la vision de la mission salvifique de Jésus, le Verbe incarné, pour le salut de l’humanité (cf. Jn 3, 17). Ainsi, l’éducation intégrale doit permettre à l’éduqué de faire sien le projet de Dieu, comme le développe le document du Vatican II sur l’éducation :
« Tous les hommes, quelle que soit leur race, leur âge ou leur condition, possèdent, en tant qu’ils jouissent de la dignité de personne, un droit inaliénable à une éducation qui réponde à leur vocation propre, soit conforme à leur tempérament, à la différence des sexes, à la culture et aux traditions nationales, tout en étant ouverte aux échanges fraternels avec les autres peuples pour favoriser l’unité véritable et la paix dans le monde » (Gravissimum educationis (GE 1).
Ainsi, selon ce même décret, le but de cette éducation intégrale est de « former la personne humaine dans la perspective de sa fin la plus haute et du bien des groupes dont l’homme est membre, et au service desquels s’exercera son activité d’adulte » (GE 1). Pour réaliser cet objectif, la Congrégation pour l’éducation catholique insiste, dès 1977, sur la « formation intégrale de la personne humaine »[35] ou éducation intégrale. Étymologiquement, le verbe « éduquer » provient du latin « educare », qui signifie conduire quelqu’un au-delà de ses acquis en influençant ses valeurs et ses objectifs. Ainsi, dans l’éducation intégrale, les éducateurs jouent un rôle important dans la formation intégrale des élèves. Ils doivent en effet « tenir ensemble le développement de toutes les facultés humaines de l’élève, sa préparation à la vie professionnelle, la formation de son sens éthique et social, son ouverture à la transcendance et son éducation religieuse » [36]. C’est pourquoi, en plus de la formation intellectuelle, le document magistériel insiste sur le dialogue entre la foi, la vie et la culture (cf. GE 2). Ces trois aspects englobent les trois composantes de l’être humain : l’âme, le corps et l’esprit. Néanmoins, pour que cet agencement entre la foi, la culture et la vie soit possible dans l’existence humaine, l’éducation proposée doit tenir compte de la place de la parole de Dieu, car la foi est le fruit de l’accueil et de la mise en pratique de la parole de Dieu « est reconnue pour sa capacité à transformer le monde en intégrant la nature, la culture et la vie humaine »[37]. Ainsi, les éducateurs doivent avoir pour modèle le Christ, qui propose aux hommes de toutes cultures et de diverses situations sociales le salut, c’est-à-dire le moyen de permettre à l’homme de jouir de sa dignité d’être créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance. En effet, le Christ, par sa vie et sa pédagogie, réalise ce qu’il dit. Il s’approprie ainsi le projet de Dieu pour l’humanité et ne sépare pas toutes les dimensions de la personne qu’il veut conduire au salut. De plus, il ne se contente pas d’enseigner par sa parole le projet de Dieu, mais il le confirme également par sa vie toute entière, qui est au service de Dieu et des hommes, par ses actes et par le don de sa vie même pour que les hommes puissent vivre (cf. Jn 10,10,17 ; 15,13-14) non pas seulement dans la vie après la mort, mais dès maintenant, par leur responsabilité et leur engagement pour le bien de leurs semblables et de toutes les créatures, les hommes vivent déjà le projet de Dieu pour eux et pour toutes les créatures. Ainsi, ce projet éducatif adopté par l’Église catholique vise à opérer une synthèse entre la foi, la culture et la vie [38], car « L’Évangile et les appels du monde à une aide fraternelle commandent une charité éducative, ardente obligation pour tous les projets éducatifs des écoles catholiques »[39]. Le Pape François souligne que « l’éducation sera inefficace, et ses efforts seront vains, si elle n’essaie pas aussi de répandre un nouveau paradigme concernant l’être humain, la vie, la société et la relation avec la nature. Autrement, le paradigme consumériste, transmis par les moyens de communication sociale et les engrenages efficaces du marché, continuera de progresser »[40]. Par ailleurs, ces projets éducatifs sont portés par « la communauté éducative, qui regroupe l’ensemble des catégories de personnes – élèves, parents, professeurs – ayant des relations mutuelles de collaboration » [41]. Néanmoins, cette communauté éducative ne se limite pas à l’école, mais inclut toutes les institutions éducatives chrétiennes, l’Église, les communautés chrétiennes, l’école de la foi, l’école de catéchisme, la société, ainsi que les familles[42]. En effet, pour former les élèves selon l’enseignement évangélique, il ne suffit pas d’expliquer le projet de Dieu pour l’humanité et les créatures ; il est essentiel de l’inculquer dans leur vie par des méthodes adaptées à leur âge, afin qu’ils puissent incarner dans leur comportement et leur manière d’agir le message évangélique, qui se manifeste par leur façon de vivre le commandement de l’amour mutuel de Jésus (cf. Jn 3,34). Cela favorise la compréhension mutuelle, l’entraide, la paix et contribue à l’épanouissement de l’homme selon le projet de Dieu. Benoît XVI, quant à lui, développe cette idée dans son encyclique Caritas in veritate, où il souligne que l’éducation doit reposer sur des pratiques humanisantes guidées par la charité, considérée comme une « expression authentique d’humanité » (CV 3). L’adoption de l’éducation intégrale transforme les institutions éducatives catholiques en véritables laboratoires d’initiatives sociales, formant des individus engagés pour le bien commun et en faveur d’une société plus juste.
Ainsi, le Centre des Œuvres des Poulains, qui accueille des enfants issus de familles défavorisées, s’efforce d’aider ses pensionnaires à retrouver leur dignité et à devenir des hommes et des femmes responsables, capables de contribuer au bien-être de leurs pairs et de leur communauté. Dans cette démarche, le centre cherche à inculquer le message évangélique dans leurs comportements et leur manière d’agir. Il est donc essentiel d’examiner et de montrer dans quelle mesure les pratiques mises en œuvre au sein de ce centre sont en adéquation avec la méthodologie et la vision de l’éducation intégrale, afin de pouvoir proposer des améliorations pertinentes.
II – Les pratiques au sein du Centre des Œuvres des Poulains comme exemple de la mise en œuvre de l’éducation intégrale
Le Centre des Œuvres des Poulains aspire à façonner, à travers la parole évangélique, les enfants qui y sont accueillis, dont la majorité provient de familles pauvres ou défavorisées. Ce centre souhaite en effet aider les enfants et les jeunes qui y sont accueillis à incorporer ce message dans leur vie quotidienne et dans toutes leurs activités, qu’elles soient scolaires, parascolaires, spirituelles ou sociales. Ainsi, cette partie a pour objectif de montrer que, par leur manière d’inculquer le message évangélique dans la vie des jeunes qui y sont accueillis, les éducateurs proposent, bien que leur méthode éducative ait encore besoin d’être améliorée, une éducation intégrale.
Les responsables du centre estiment que le comportement des enfants, nourri par l’enseignement évangélique, les prépare à agir à l’avenir en tant que citoyens responsables, œuvrant pour le bien commun de leur société en fonction de leur rôle au sein de celle-ci. Ainsi, avant de démontrer que la pratique au sein de ce centre répond généralement aux critères et à la visée de l’éducation intégrale, il est essentiel de commencer par une brève présentation de la réalité du centre, de son histoire, de sa population et de ses activités. Par la suite, nous exposerons les impacts de ces activités sur la vie des enfants qui y sont accueillis durant leur séjour, ainsi que les effets de la formation reçue après leur départ. Enfin, à la fin de cette partie, nous fournirons quelques interprétations des résultats observés dans la vie des anciens pensionnaires, illustrant la manière dont le centre intègre l’éducation intégrale dans son système éducatif. Cette démarche permettra de formuler des propositions dans la conclusion de cet article afin d’optimiser la pratique au sein de ce centre. Il convient de noter que la majorité des informations et des données présentées dans cet article s’appuient sur le mémoire de Master II de RAZANAMANAMPISOA, Tiana Victoire.[43].
1- L’histoire et missions du centre depuis la fondation jusqu’à présent
Il est utile de commencer par un aperçu succinct du centre avant d’explorer son fonctionnement. Cet aperçu facilitera la compréhension de la situation des enfants qui y sont accueillis, afin de leur proposer une éducation tenant compte de la complexité de la personne humaine et leur permettant de s’épanouir et de se développer pleinement dans les trois dimensions qui concernent l’être humain
1.1 – Brève histoire du centre
Le Centre des Œuvres de Paulin, situé à Antananarivo, Madagascar, s’étend sur 2 hectares, entouré de routes et de quartiers voisins. Il a été fondé en 1905 par le père Joseph de Villèle, un prêtre jésuite d’origine réunionnaise. Né le 6 septembre 1851 à Bel-Air, La Réunion, il a grandi dans une atmosphère spirituelle. À l’âge de 11 ans, il entre au collège des jésuites, où il se distingue comme un élève brillant. Il est ordonné prêtre au sein de la Compagnie de Jésus le 8 septembre 1883. Sa vie missionnaire débute cinq ans après son ordination, en 1888, lorsqu’il arrive pour la première fois à Madagascar, où il devient le père fondateur du Centre des Œuvres de Paulin en 1905 (cf. Razanamanampisoa, 2021). Grâce à ses activités visant à redonner aux enfants la possibilité de vivre comme les autres et de jouir pleinement de leurs droits en tant qu’enfants, son œuvre a été reconnue d’utilité publique par le Gouvernement français en 1917. Durant sa vie, Joseph de Villèle a pris soin de plus de 600 Paulins de nationalités diverses. En effet, en plus des Métis, le centre a également accueilli, à son époque, des Malgaches, des Créoles, des Grecs, des Chinois, des Syriens et des Sénégalais, qui ont tous bénéficié de sa bienveillance. À la fin de sa vie, le 6 juillet 1939, ses œuvres ont été reprises par la Congrégation des Religieuses Trinitaires de Valence en 1940 (Razanamanampisoa, 2021). En 1943, l’œuvre de Joseph de Villèle, également connue sous le nom « d’Œuvres de Paulins », a été officiellement placée sous la direction de cette institution religieuse, grâce à la nomination effectuée par Monseigneur Fourcardier, alors archevêque d’Antananarivo (Razanamanampisoa, 2021). Mais qui sont donc les enfants pris en charge dans ce centre ?
1.2 – Les enfants pris en charge dans le centre
Le centre a donc été créé initialement pour soutenir les enfants métis abandonnés durant la période coloniale à Madagascar, notamment ceux issus de relations illégales entre des soldats ou fonctionnaires français, ou d’autres pays ayant collaboré avec l’État français, et des femmes malgaches. Ces enfants métis, souvent laissés à l’abandon après le retour de leurs pères en Europe ou dans leur pays d’origine, se retrouvaient dans des situations précaires, leurs mères étant souvent incapables de subvenir à leurs besoins en raison de la pauvreté. Depuis sa création jusqu’en 1934, 222 enfants métis ont été pris en charge. Sous la direction du Père Joseph de Villèle, le centre a élargi ses activités pour inclure également des orphelins et des enfants issus de familles démunies (Razanamanampisoa, 2021). Néanmoins, le centre ne se limite pas à une aide matérielle ; il offre également un soutien spirituel et moral, cherchant à répondre aux besoins fondamentaux des enfants et à leur fournir un environnement propice à leur épanouissement. Aujourd’hui, l’orphelinat est perçu comme un recours essentiel pour la protection sociale des enfants en danger, dépassant la simple notion d’enfant sans famille ou sans parents pour inclure ceux dont les parents, bien que vivants, ne peuvent pas les prendre en charge.
Mais quelles sont donc les activités proposées par ce centre pour atteindre ses objectifs, c’est-à-dire permettre aux enfants qui y sont accueillis de se développer intégralement et de jouir de leur dignité ?
1.3 – Les activités du centre
Toutes les activités du centre ont pour objectif d’offrir une éducation intégrale aux enfants, les aidant ainsi à se développer dans toutes les dimensions humaines : spirituelles, intellectuelles, culturelles et communautaires (Razanamanampisoa, 2021). Ainsi, la formation spirituelle occupe une place essentielle au sein du centre pour atteindre ces objectifs. En effet, la mission principale du centre peut être reformulée comme une aide apportée aux enfants, en les prenant en charge pendant leurs années scolaires et en leur proposant une éducation spirituelle, civique et morale, tout en leur permettant de vivre ces valeurs au quotidien au sein du centre, afin de devenir des hommes et des femmes debout, responsables, se reconnaissant comme enfants de Dieu. Quelle que soit leur religion, le centre leur offre une éducation catholique. Actuellement, le centre accueille une centaine d’enfants âgés de 3 à 17 ans. Il les prépare aux sacrements (baptême, confession, première communion) tout en respectant leur liberté. En plus du catéchisme, la vie du centre est animée par le mouvement eucharistique (FET/MEJ), qui permet aux enfants de connaître et d’aimer Jésus-Christ à travers la prière, la parole de Dieu et l’Eucharistie. En effet, les enfants fréquentent l’école du lundi au vendredi et étudient avec des élèves externes issus de familles assez aisées, participant activement aux activités scolaires et parascolaires. Par ailleurs, ils s’engagent dans des tâches quotidiennes adaptées à leur âge, telles que le ménage et le jardinage, ce qui favorise leur développement personnel. Ces activités visent à développer leurs talents et compétences pour un avenir meilleur, tout en encourageant le travail d’équipe et la responsabilité, sous la supervision des responsables du centre (Razanamanampisoa, 2021). En outre, les responsables de ce centre veillent à ce que les activités au sein de celui-ci soient bien organisées, afin de permettre aux enfants de mener une vie équilibrée entre les activités intellectuelles, spirituelles, manuelles et le temps de détente, favorisant ainsi leur cohésion (Razanamanampisoa, 2021). Par ailleurs, le centre accorde une grande importance aux liens entre les enfants et leurs familles, ainsi qu’avec la société. Des visites familiales mensuelles et des vacances sont organisées pour maintenir ces connexions. En somme, l’orphelinat vise à offrir une structure de vie stable et enrichissante aux enfants, tout en cherchant à préserver leurs liens avec le monde extérieur (Razanamanampisoa, 2021). Si telles sont donc les activités du centre, quels sont les impacts de celles-ci sur leur vie individuelle, leurs relations avec les autres, ainsi que sur leur développement et leur épanouissement ?
2 – L’impact des activités du centre sur la vie et le développement des enfants
Il s’agira d’abord de présenter comment les enfants ou les jeunes accueillis dans le centre s’adaptent à leur nouveau mode de vie. Ensuite, il sera question de présenter les appréciations des anciens pensionnaires concernant leur vie et leur formation durant leur passage dans ce centre.
2.1 – L’accueil des jeunes aux activités religieuses dispensées par le centre
Voulant atteindre son objectif principal, qui est de permettre aux enfants de devenir des hommes et des femmes responsables et de bons citoyens, jouissant ainsi de leur dignité, le centre associe, par ses pratiques et les activités qui en découlent, l’éducation religieuse, intellectuelle et humaine. En général, les enfants passent entre quatre et sept ans dans le centre. Chaque année, entre 15 et 30 nouveaux enfants intègrent le centre. Ils doivent quitter le centre après la classe de septième. Parmi la centaine des Paulins qui vivent dans le centre chaque année, il est intéressant de noter que 80 % d’entre eux proviennent de familles catholiques, même s’ils ne sont pas tous baptisés. Les 20 % restants sont issus de familles évangéliques ou de familles adhérant aux nouvelles Églises (Razanamanampisoa, 2021). À leur arrivée au centre, aucun enfant ne manifeste d’hostilité à l’égard de la religion chrétienne, de la confession catholique ou de Dieu. Tous les enfants et les jeunes accueillis dans le centre participent activement à la messe dominicale. La veille, ils ont eu un temps de partage autour de l’Évangile avec leurs éducateurs. Le prêtre qui préside la messe s’adapte à leur niveau. Ainsi, il ne fait pas d’homélie classique, mais utilise le plus souvent une méthode participative en posant des questions aux enfants concernant les trois textes proposés par l’Église et en les guidant, sous forme de questions, sur la manière dont ils peuvent mettre en pratique les enseignements de ces lectures bibliques. À la fin, il propose un enseignement court et compréhensible pour les enfants, ce qui leur permet de s’approprier le message évangélique à leur niveau. En effet, au début de l’année, la compréhension de Dieu par ces enfants est très limitée et parfois confuse. Ceux qui parviennent à répondre à la question « Qui est Dieu ? » donnent presque toujours la même réponse : « Dieu est le créateur, il nous aime et il nous protège. » À mesure qu’ils progressent dans le catéchisme et dans les activités spirituelles, leur compréhension de Dieu évolue et s’enrichit. La plupart des enfants demandent souvent la prière et la bénédiction des prêtres avant les examens scolaires, convaincus que Dieu les aide à réussir. Ils prient également Dieu lorsqu’ils ressentent de la peur, que ce soit à l’idée d’être punis pour leurs fautes ou de tomber malades, espérant ainsi obtenir guérison et protection. Leur foi leur procure la certitude que Dieu veille sur eux et leur apporte du bien dans leur vie. Par ailleurs, les entretiens avec les responsables du centre montrent que la plupart des enfants qui ont vécu dans le centre se distinguent des autres enfants, surtout ceux issus de familles défavorisées, lorsqu’ils quittent le centre pour retourner dans leur famille, dans d’autres écoles ou dans leur lieu de travail. L’éducation qu’ils ont reçue dans le centre leur permet de développer un sens d’appartenance. Voici quelques chiffres qui montrent que de nombreux enfants sont heureux et satisfaits de leur vie passée dans le centre.
2.2 – L’appréciation des anciens Paulins sur les activités dans le centre
Parmi les 70 anciens Paulins interrogés, 96 % ont éprouvé un sentiment d’appartenance et ont réussi à s’intégrer dans la vie et les activités proposées par le centre durant leur séjour. Ils ont affirmé ressentir un sentiment d’appartenance familiale, et ce, indépendamment de la durée de leur séjour au sein du centre (Razanamanampisoa, 2021). La cohésion entre les enfants ainsi que les diverses activités réalisées constituent les facteurs qui nourrissent ce sentiment d’appartenance. Les 4 % qui déclaraient ne pas ressentir de sentiment d’appartenance familiale sont des enfants ayant vécu moins de 3 ans dans le centre. Ils sont encore en phase d’adaptation pour cohabiter avec d’autres enfants dans une situation similaire. Autrement dit, malgré l’uniformité des parcours de la plupart des enfants intégrés au centre, certains rencontrent encore des difficultés à s’adapter à la vie communautaire. Leur processus d’intégration est très lent en raison de leur fort attachement à leur famille d’origine, malgré les atouts matériels et spirituels offerts par le centre. Certains d’entre eux affirment que, malgré tout cela, la séparation d’avec leur famille entraîne un malaise psychologique difficile à résoudre. La vie au centre ne remplace pas la relation chaleureuse vécue en famille.
En ce qui concerne les relations avec les autres, parmi les 70 anciens Paulins interrogés, 31 d’entre eux, soit 44 %, soutiennent qu’ils étaient satisfaits de leurs relations avec les autres enfants durant leur séjour au centre. Ils entretenaient des relations fraternelles et se sentaient épanouis. Avec une proportion de 40 %, les anciens Paulins estiment avoir des relations plutôt satisfaisantes avec les autres enfants du centre. Quels que soient les problèmes rencontrés entre enfants, ils ont l’impression d’avoir trouvé leur place et d’avoir des amis. En revanche, 11 anciens Paulins, soit 16 % des interrogés, affirment ne pas être satisfaits de leurs relations avec les autres enfants du centre. Ce mécontentement découle de problèmes d’inclusion sociale. Selon eux, ils ne se sentent pas accueillis par les autres enfants et sont souvent victimes d’exclusion, d’incompréhension et de menaces de la part des aînés (Razanamanampisoa, 2021). L’expérience de la vie communautaire qu’ils ont menée au sein du centre a également permis à certains de s’insérer aisément dans leur profession. En effet, 54,3 % des anciens Paulins enquêtés occupent des situations stables. Ils ont réussi à trouver des emplois stables et bien rémunérés. Plus ils ont réussi leur cursus scolaire, plus ils réussissent dans le monde professionnel. En revanche, 20 % sont moins bien rémunérés, 8 % exercent des travaux journaliers, 8,6 % poursuivent encore leurs études et 5,7 % sont au chômage (Razanamanampisoa, 2021). Avant d’occuper leur position actuelle, les anciens Paulins ont souvent traversé des parcours conflictuels. Ceux qui bénéficient d’un emploi bien rémunéré ont suivi des formations professionnelles et poursuivi leurs études. En revanche, ceux qui perçoivent des salaires moins élevés ont éprouvé des difficultés à accéder à des formations en raison de contraintes financières. Quant à ceux qui sont au chômage, ils n’ont pas su tirer parti des opportunités éducatives offertes par le centre, se retrouvant ainsi dans une situation comparable à celle qu’ils avaient auparavant (Razanamanampisoa, 2021). La plupart des anciens Paulins, surtout ceux qui mènent actuellement une vie correcte, constatent que les valeurs acquises au sein du centre d’accueil — c’est-à-dire sociales, culturelles, intellectuelles et spirituelles — sont essentielles pour leur insertion professionnelle et leur intégration sociale. En effet, l’incarnation de ces valeurs dans leur vie quotidienne et professionnelle leur permet d’être plus sociables, justes, respectables, respectueux et responsables. L’éducation qu’ils ont reçue au sein du centre leur a permis de développer des compétences et des talents, leur permettant de trouver des emplois, même en restant à un niveau scolaire primaire. Malgré leurs origines vulnérables, des anciens Paulins parviennent donc à améliorer leur situation grâce aux valeurs et à l’éducation acquises, démontrant que la pauvreté n’est pas une fatalité et que le développement personnel et professionnel est accessible. Après avoir exposé la situation du centre et les résultats de l’éducation dispensée aux enfants, il est maintenant temps de montrer comment les pratiques des éducateurs, y compris dans les petits gestes du quotidien, bien qu’elles aient encore besoin d’être améliorées, contribuent à une éducation intégrale des enfants.
3- Une éducation au cœur du développement intégral des enfants accueillis au centre
En réfléchissant aux activités du centre dans le but de transmettre une éducation qui se veut intégrale aux enfants, bien que cet objectif ne soit pas atteint parfaitement, on peut dire que le centre des Œuvres des Paulins à Madagascar s’engage dans le développement intégral des enfants qu’il accueille. Ainsi, le centre adopte quelques critères indispensables de l’éducation intégrale.
3.1 – L’importance pour le centre de tenir compte de la complexité de l’enfant en tant que personne.
Géré et animé par les religieuses trinitaires, dont le charisme et la spiritualité visent à permettre aux hommes de vivre pleinement leur dignité, le centre inculque des valeurs évangéliques, telles que l’option préférentielle pour les pauvres et la solidarité (cf. Razanamanampisoa, 2021), à travers son approche éducative. De plus, les éducateurs du centre s’efforcent de prendre en compte la singularité de chaque enfant et son passé. Malgré les difficultés sociales et les antécédents de chacun, ils le considèrent comme une personne à part entière et l’aident à se transformer à travers le message évangélique. Le centre souligne également l’importance de l’éducation, qui ne considère pas l’homme comme un simple intellect ou corps, mais aussi comme une âme. Les trois dimensions de l’être humain — intellect, corps et âme — sont indissociables. Par ailleurs, l’enfant est pris en compte dans sa singularité et dans sa vocation à collaborer et à vivre avec ses semblables. Ainsi, l’éducation religieuse proposée par le centre ne se limite pas à un enseignement théorique, même s’il est nécessaire, mais vise à transformer chaque enfant et à favoriser le développement de l’ensemble du groupe selon le projet de Dieu pour l’humanité. L’enseignement théorique doit donc être associé à des activités concrètes. Par exemple, le centre, à travers diverses activités, permet aux enfants de mettre en pratique les valeurs chrétiennes et humaines qui leur sont enseignées dans le cadre du catéchisme ou d’autres enseignements intellectuels, civiques et spirituels, tels que l’entraide mutuelle, l’amour du prochain, en particulier la préférence pour les pauvres et les plus démunis, ainsi que l’amour de la création. C’est pourquoi, dans l’organisation du centre, les enfants plus âgés ou les anciens sont chargés d’aider les plus jeunes à se laver, à ranger leurs lits, à maintenir leurs dortoirs en ordre et à les initier aux règlements et à la vie du centre. Les enfants participent également à la préparation des repas pour l’ensemble de la communauté avec des éducateurs, notamment pendant les périodes de fête et certains dimanches (cf. Razanamanampisoa, 2021).
Aussi, pour inculquer aux enfants l’importance de prendre soin de la création, de la Terre et d’autrui, le centre organise des activités dans son emploi du temps, notamment pendant les weekends et les temps libres. Ainsi, les enfants, parfois accompagnés d’un ou deux éducateurs, entretiennent leurs jardins. De même, chaque matin, ils s’organisent pour nettoyer et entretenir non seulement leur propre espace, mais aussi l’ensemble de l’enceinte où se trouve le centre. Ces activités pratiques leur permettent de se laisser guider et de se transformer par l’enseignement évangélique, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance à leur communauté et développant leur sens des responsabilités envers celle-ci, envers autrui et envers les créatures. Certes, ce n’est pas toujours facile au début pour les nouveaux pensionnaires, mais avec le temps, grâce à leur compréhension de l’objectif éducatif du centre, qui touche à l’intégralité de leur personne, et à leur accueil de celui-ci, ces enfants participent à leur développement intégral (Cf. Razanamanampisoa, 2021).
Cette approche constitue un élément fondamental de l’éducation intégrale[44], car comme nous l’avons mentionné ci-dessus, cette éducation ne vise pas à créer une dépendance, mais à répondre aux besoins fondamentaux des personnes humaines, leur permettant ainsi de vivre pleinement en tant qu’êtres humains, d’être responsables et solidaires avec les autres[45]. L’éducation que les jeunes reçoivent durant leur séjour au centre les transforme et fait d’eux des pratiquants de la parole évangélique, malgré les faiblesses qui peuvent survenir dans leur vie, même au sein du centre et dans leur établissement scolaire. Un bon exemple est le geste des anciens pensionnaires envers les enfants encore présents au centre. Bien qu’ils ne soient pas riches, certains d’entre eux contribuent au bon fonctionnement de l’établissement en envoyant des dons matériels ou en partageant leur expérience avec les jeunes. Ils leur expliquent comment leur accueil et leur adhésion à l’éducation proposée ont façonné leur parcours, tout en leur transmettant l’esprit dans lequel ils ont reçu cette éducation (cf. Razanamanampisoa, 2021). Il est également important de noter que certains anciens pensionnaires sont devenus prêtres, religieux et religieuses, s’engageant ainsi dans la vie de l’Église et l’amélioration de leur société. Bien qu’ils ne représentent qu’un faible pourcentage des sortants du centre, certains d’entre eux sont devenus des chrétiens catholiques pratiquants, ayant même des enfants prêtres ou religieux (cf. Razanamanampisoa, 2021). Ces exemples montrent que certains enfants pensionnaires se laissent transformer par le message évangélique, ce qui correspond au projet du Créateur pour l’humanité, comme le décrivent les récits de la Genèse (cf. Gn 1, 26-28) et les documents magistériels de l’Église catholique (CE, 1). Pour le centre, l’éducation religieuse et spirituelle n’est pas une simple valeur ajoutée, mais le moteur de l’éducation dans son ensemble, d’où la nécessité pour les éducateurs d’agir selon ce message évangélique.
3.2 – La nécessité pour les éducateurs du centre de vivre le message évangélique afin de favoriser la transformation des enfants par l’enseignement divin.
Dans la politique éducative du centre, le message évangélique doit toucher tant les éducateurs que les enfants. Selon les recommandations du centre, les éducateurs transmettent ce message non seulement à travers diverses activités, comme l’enseignement du catéchisme, le partage de l’évangile le samedi pour préparer la messe dominicale, et la participation aux mouvements spirituels, mais aussi par leur propre témoignage de vie, nourri par la foi et la parole de Dieu. Leur manière de vivre le commandement d’amour, leur dévotion à leur mission, ainsi que leur patience et compréhension envers chaque enfant, constituent un modèle inspirant. Ces valeurs permettent aux enfants de mieux assimiler les enseignements théoriques. Bien que certains d’entre eux rencontrent des difficultés à intégrer ces éléments éducatifs, ils reçoivent un soutien pour ajuster leurs comportements et habitudes hérités de leur milieu d’origine. Les interactions continues entre éducateurs et enfants, ainsi qu’entre les enfants et leur environnement, transforment donc leur manière de vivre, de penser et d’agir en société. Il est donc essentiel pour le centre de disposer d’éducateurs animés par la foi en Jésus, ainsi que d’un environnement propice au développement matériel, spirituel et intellectuel des enfants. Grâce à ces moyens, l’éducation offerte par le centre favorise un nouveau dynamisme, permettant à ces enfants vulnérables de surmonter progressivement leur situation initiale. Certes, les éducateurs jouent un rôle important dans l’éducation de l’enfant, mais le centre s’appuie également sur d’autres entités éducatives et favorise la collaboration avec elles.
3.3 – Le rôle essentiel de l’établissement scolaire, des parents, de la paroisse et de la communauté chrétienne dans la réussite éducative des pensionnaires du centre.
L’éducation des enfants n’est pas seulement l’affaire des éducateurs du centre, même s’ils ont un rôle particulier à jouer. Dans le cadre de l’éducation des enfants accueillis, les responsables collaborent étroitement avec d’autres entités éducatives, telles que les établissements scolaires, la communauté paroissiale, des hommes et des femmes de bonne volonté, ainsi que les parents des enfants. Cela vise à permettre à ces enfants d’atteindre l’objectif que le centre souhaite pour eux : vivre pleinement en tant qu’hommes, responsables, bons citoyens, et jouir de leur dignité en tant qu’êtres créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance.[46] . En effet, comme il a été mentionné précédemment, les pensionnaires du centre suivent leur scolarité à l’école Notre Dame de Bon Remède, dirigée également par les religieuses trinitaires. Dans cet établissement, avec d’autres enfants issus de familles relativement aisées, les pensionnaires du centre bénéficient de l’offre de formation de cette école, qui intègre, entre autres, en plus de l’éducation intellectuelle, l’éducation civique et religieuse (cf. Razanamanampisoa, 2021). De plus, le fait de fréquenter cet établissement permet également aux pensionnaires de s’ouvrir aux enfants qui ne sont pas de la même classe sociale qu’eux. L’établissement veille d’ailleurs à ce que chaque enfant, quelle que soit sa situation sociale, soit traité de la même manière. Par ailleurs, étant donné que les enfants sont envoyés, pendant les vacances, dans leurs familles, qui appartiennent à des milieux défavorisés et dont certaines ne pratiquent pas la foi chrétienne ou ne portent pas une grande attention à l’éducation religieuse, les responsables du centre organisent régulièrement des rencontres avec les parents ou les personnes qui accueillent ces enfants durant cette période. Ces réunions, qui se tiennent une fois par mois, ont pour but de leur offrir une formation religieuse, humaine et d’autres enseignements pour les aider à maintenir l’éducation qu’ils reçoivent pendant leur séjour au centre. En outre, les responsables du centre envoient également les enfants participer aux célébrations dominicales dans la paroisse de temps à autre, afin de les habituer à prier avec d’autres chrétiens, mais aussi pour les familiariser avec la prière en présence de personnes de différents âges, cultures et situations sociales, et pour les engager dans la vie de l’Église. Cela leur permettra de vouloir fréquenter l’église après leur passage au centre. Certains d’entre eux font même partie des enfants de chœur, tandis que d’autres participent à d’autres mouvements religieux.
Il faudrait également souligner que si le centre arrive à fonctionner, c’est aussi grâce aux bienfaiteurs qui le soutiennent, financièrement ou matériellement. Les responsables du centre s’efforcent de faire savoir aux enfants le rôle de ces bienfaiteurs, et certains d’entre eux viennent également visiter le centre et parler aux enfants pour leur expliquer les raisons qui les poussent à accomplir cet acte de charité : c’est pour qu’ils puissent bien travailler à l’école et avoir un avenir meilleur, et devenir des hommes et des femmes responsables. Les responsables demandent parfois aux enfants, par écrit ou par discours, de remercier ces bienfaiteurs en exprimant leur reconnaissance et leur promesse d’atteindre les objectifs du centre. Ce qui semble aussi important, et que l’on ne peut pas ignorer, c’est l’explication que les éducateurs donnent aux enfants, que ce soit en ce qui concerne les gestes des enseignants à l’école, ceux des bienfaiteurs, ou ceux des personnes qui viennent aider le centre de différentes manières. Si ces personnes consacrent du temps, des moyens et de l’argent pour eux, c’est parce qu’elles agissent selon le message de l’Évangile, parce qu’elles les aiment, car ils sont aussi des enfants de Dieu. Cela permet aux enfants de s’approprier et de mettre en œuvre le message évangélique. Certes, le centre aide les enfants issus de milieux pauvres et défavorisés, mais son objectif n’est pas seulement de leur permettre de devenir des hommes et des femmes ayant une vie économique stable à l’avenir, même si la croissance économique est souvent considérée comme un pilier du développement à Madagascar. Le centre s’engage, à travers ses activités et ses collaborations avec d’autres entités éducatives, à former des hommes et des femmes responsables, œuvrant pour le bien de leur famille et de leur société en agissant selon l’enseignement évangélique. Autrement dit, il vise le développement intégral de ses pensionnaires.
En effet, lorsque les élèves se développent pleinement, ils peuvent également contribuer à l’avancement économique et social de leur communauté. Les activités des Œuvres des Paulins ne se concentrent pas uniquement sur l’aide apportée aux enfants pour qu’ils aient, à l’avenir, une situation économique aisée, mais également sur l’épanouissement de l’individu en tant que personne humaine. Ainsi, la transmission de ce message évangélique doit s’effectuer non seulement par la parole, mais aussi par des gestes et des actions. C’est pourquoi le personnel du centre s’efforce de montrer aux enfants l’amour de Dieu à travers ses actions et ses paroles, afin de leur inculquer le désir de servir autrui et de servir Dieu. Ces deux aspects sont en effet indissociables dans l’annonce de la bonne nouvelle.
Les discours sont essentiels pour expliquer les actions en faveur des bénéficiaires, tandis que ces actions renforcent les paroles des annonceurs en révélant aux enfants le projet de Dieu pour eux et ce qu’Il attend d’eux. Ainsi, les activités du centre permettent aux enfants de développer un sentiment d’appartenance à une communauté croyante et à la société dans laquelle ils évoluent, leur offrant la possibilité de contribuer, même modestement, au bon fonctionnement de ces structures. En effet, nul ne peut prétendre être un bon chrétien sans être un bon citoyen, contribuant ainsi au développement intégral de l’homme et à l’harmonie de la société.
De plus, les témoignages de vie des religieuses qui résident à proximité du centre peuvent transformer la perception des enfants sur Dieu et la vie, les incitant à adopter et à vivre l’enseignement évangélique. Les enfants ont ainsi l’opportunité d’échanger avec les religieuses et d’observer leur façon de vivre et d’exercer leur foi à travers diverses activités au service de la société, telles que l’enseignement, la santé et les actions pastorales. Ils ont également la possibilité de dialoguer avec les religieuses âgées, qui consacrent une grande partie de leur temps à la prière.
Conclusion
Cette investigation, qui insiste sur la nécessité de dispenser aux enfants l’enseignement religieux ou de leur parler de Dieu, se concentre sur le Centre des Œuvres des Paulins afin de réfléchir à l’importance de transmettre le message évangélique aux enfants pauvres et vulnérables, en particulier ceux issus de familles défavorisées ou orphelins. En évaluant la qualité de l’éducation offerte par le centre, à partir du travail d’investigation et de l’enquête conduite par Razanamanampisoa Victoire dans le cadre de son mémoire de Master, ainsi que de mes observations approfondies et réfléchies en tant que prêtre ayant assuré les célébrations dominicales et quelques activités spirituelles pour les pensionnaires de ce centre pendant près de 12 ans, il est juste d’affirmer, par ce travail de recherche, que ce centre adopte une vision d’éducation intégrale. Ce centre ne se limite pas en effet à enseigner le message évangélique à travers un simple catéchisme. Il met en œuvre des activités pédagogiques permettant aux enfants de comprendre qui est Dieu et de s’approprier ce message. L’éducation dispensée contribue de manière explicite et vérifiable au développement intégral de ces enfants, tant pendant leur séjour au centre que dans leur avenir, comme l’ont montré les analyses précédentes. Par ailleurs, le centre veille à ce que les éducateurs et les enfants soient guidés par l’enseignement de Jésus, résumable par le commandement d’amour qui appelle chacun à s’aimer comme il les a aimés (cf. Jn 13,14-15 ; 15,12.17). Ainsi, à travers ses activités, le centre inculque aux éducateurs et aux enfants des valeurs telles que la responsabilité, la fraternité, le pardon, l’entraide, la patience, la persévérance, la correction fraternelle et l’amour d’autrui, contribuant ainsi à la réalisation de l’homme selon le projet de son Créateur (cf. Gn 1,26-28).
Pour atteindre ces objectifs, le centre mobilise ses ressources humaines et collabore avec des entités éducatives, telles que les établissements scolaires, la communauté chrétienne, les parents, ainsi que des bénévoles qui apportent un soutien matériel, spirituel et social aux enfants, facilitant ainsi leur intégration sociale.
En outre, en intégrant les enseignements et les activités pratiques, telles que le jardinage et le nettoyage de leur dortoir, les enfants mettent en œuvre ce qu’ils apprennent. Ces activités leur permettent de réviser et d’assimiler les connaissances acquises à l’école, tout en prenant des initiatives pour leur détente, parfois avec l’aide des éducateurs. L’éducation du centre encourage également une participation active à leur propre apprentissage. Chaque enfant est en effet reçu comme une personne unique, influencée par son passé, sa culture et son mode de vie. L’éducation du centre vise à les aider à surmonter leurs difficultés, les transformant en individus dignes et responsables, ce qui est essentiel pour le bon fonctionnement de l’établissement. Grâce à cette éducation, les enfants réussissent à progresser intellectuellement, à s’ouvrir aux autres et à interagir avec des pairs de divers milieux sociaux. L’intégration du message évangélique dans leurs activités favorise leur développement global, leur permettant de vivre en accord avec leur dignité humaine et de s’engager pour le bien-être de leurs semblables et de toutes les créatures. (cf. Gn 1, 26-28)[47]. Par ailleurs, leur accueil de l’éducation offerte par le centre les transforme, modifiant leurs comportements et leurs mentalités, favorisant ainsi leur développement personnel et celui de la société dans laquelle ils évoluent.[48].
Néanmoins, le centre doit améliorer la qualité et la quantité de ses éducateurs pour atteindre sa vision. Avec un personnel de seulement 7 personnes, dont deux religieuses, il n’est pas en mesure d’accompagner efficacement une centaine d’enfants. Cela explique pourquoi certains d’entre eux se sentent délaissés ou ne réussissent pas pleinement dans leur pratique religieuse, comme l’indiquent les chiffres précédents.
Pour renforcer l’efficacité éducative, il serait nécessaire d’avoir au moins un accompagnateur pour 8 enfants. Un effectif plus important permettrait aux éducateurs d’écouter et d’échanger davantage avec les enfants.
Par ailleurs, le centre bénéficierait d’un renforcement de la formation en éducation intégrale des éducateurs à travers des sessions et d’autres activités. Bien que ces initiatives existent déjà, elles nécessitent d’être améliorées pour que les éducateurs puissent accomplir leur mission d’éducation intégrale de manière optimale.
Un des problèmes auxquels le centre doit faire face concerne l’avenir de ses enfants après la classe de septième. En effet, certains d’entre eux, n’ayant pas de parrains pour assurer la continuité de leur formation professionnelle ou académique, retournent à une vie antérieure à leur arrivée au centre. Peu d’entre eux parviennent ainsi à mener une existence correcte, tandis que d’autres rencontrent des échecs dans leur parcours éducatif. Il est donc crucial d’établir une collaboration entre le centre et d’autres établissements accueillant des enfants sortis de celui-ci, afin que ces jeunes puissent poursuivre leur formation, qu’elle soit professionnelle ou intellectuelle, et approfondir l’éducation reçue au centre.
Malgré ces défis, le centre peut être perçu comme un laboratoire de charité, visant à former les enfants défavorisés en accord avec un idéal de justice et de paix. Il est également en harmonie avec la pédagogie divine, qui souligne l’éducabilité de chaque individu, permettant aux enfants de grandir dans l’amour et la vérité. Cela leur donne accès à « une vie pleine et libre, digne de l’homme » (GS, n°9 §1) et les aide à se libérer de l’ignorance et de l’égoïsme. Le centre cultive en eux des valeurs telles que le partage, l’amitié, la charité, la persévérance, la justice et le pardon, contribuant ainsi à la construction d’une société plus juste et fraternelle.
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Pour citer cet article
Référence électronique : Erick RAHARIVELO, « L’importance de transmettre le message évangélique aux enfants orphelins et défavorisés afin de favoriser leur développement et leur épanouissement intégral : exemple du Centre de Paulins », Educatio [En ligne], 15| 2025. URL : https://revue-educatio.eu
Droits d’auteurs
Tous droits réservés
[1]Professeur extraordinaire en théologie à l’Université catholique de Madagascar, chef du pôle de recherche CCR du CRD.
[2]Cardinal Parolin, P. (3 juin 2015). « L’Église catholique et l’éducation. Intervention au forum de l’Unesco » Éduquer aujourd’hui et demain, 1, 2.
[3] Molinario, J. (2017).« Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 21.
[4] Moog, F. (2017). « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique ». Transversalités, n° 141(2), 49.
[5] Pix XI. (1929, 31 décembre). Divini Illius Magistri.
[6] Cf. Pix XI. (1929, 31 décembre). Divini Illius Magistri. n° 14.58.
[7] Cf. Moog, F. (2017). « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique ». Transversalités, n° 141(2), 37.
[8] Maritain, J. (1936). Humanisme intégral. Problèmes temporels et spirituels d’une nouvelle chrétienté, Paris, Aubier.
[9] Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads), p.24.
[10]Ibid., p. 26.
[11] Concile Vatican II (1965), Gravissimum educationis.
[12] Gugelot, F.« Philippe Chenaux, « Humanisme intégral » (1936) de Jacques Maritain », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], p.1-2, | avril – juin 2006, document 134-20, mis en ligne le 05 septembre 2006, consulté le 14 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/assr/3486 ; DOI : https://doi.org/10.4000/assr.3486
[13]Cf. Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 27.
[14]Cf. Frédéric Gugelot, « Philippe Chenaux, « Humanisme intégral » (1936) de Jacques Maritain », p.3.
[15] Maritain, J. (1943-1944). Education at the Crossroads, New Haven, Yale University Press.
[16] Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads), avant-propos de Charles Journet, Paris, Egloff.
[17] Cf. Ibid., p.11. Cf. aussi, Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 24.
[18]Cf. Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads). p. 63-66
[19]Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 25.
[20]Cf. Cf. Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads). p. 23. Voir aussi Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 25.
[21] Cf. Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads). p. 63-66. Voir aussi Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 25.
[22]Cf. Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 25
[23] Cf. Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 27-28.
[24] Cf. Molinario, J. (2017) . « Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 30-31.
[25] Ibid.,p.16. Voir aussi Molinario, J. (2017).« Surmonter les dualismes par l’éducation intégrale ». Transversalités, n° 141(2), 26.
[26] Moog, F. (2017). « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique », p. 39.
[27]Cf. Moog, F. (2017). « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique », p. 16. Voir aussi Mougniotte, A. (2013). « La notion de “personne” dans la pensée de Jacques Maritain », Educatio, n° 2,p.1-6 ; en ligne : https://revue-educatio.eu/wp/2013/11/29/la-notion-de-personne-dans-la-pensee-de-jacquesmaritain/.
[28] Concile Vatican II (1965), Gravissimum educationis, n°1.
[29]Cf. Moog, F. (2017). « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique. », Transversalités, n° 141(2), 35-51.)
[30]Cf. Moog, F (Avril-juin 2017) « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique », in Transversalités, 3 (141), 40.
[31]Congrégation pour l’éducation catholique (15 octobre 1982), Le Laïc Catholique: Témoin de la foi à l’école, nº 19.
[32]Congrégation pour l’éducation catholique ( 7Avril 1988), Dimension Religieuse de l’Education dans l’Ecole Catholique, n°84.
[33]Congrégation pour l’éducation catholique (6 janvier 1980), Lettre circulaire sur quelques aspects urgents concernant la formation spirituelle dans les séminaires, n°1.
[34]Congrégation pour l’éducation catholique (7 avril 2014), Éduquer aujourd’hui et demain. Une passion qui se renouvelle (Instrumentum laboris), n°III,1.e.
[35]Voir Congrégation pour l’éducation Catholique, L’école catholique (19 mars 1977) n° 4, 8, 15, 16, 19, 26, 35, 36, 39, 45. Pour une perspective globale sur les notions d’éducation intégrale et de formation intégrale de la personne, nous renvoyons à François Moog, « La notion d’éducation intégrale, pivot anthropologique de l’éducation catholique », Transversalités 141 (2017/2), p. 35-51
[36]Congrégation pour l’école catholique (1982), Le laïc catholique, témoin de la foi dans l’école, (§17).
[37]Moog, F. (2019) « La recherche sur l’éducation catholique au service de l’éducation morale », in Revue d’éthique et de théologie morale n° Hors-série
https://doi.org/10.3917/retm.305.0061
[38]Éduquer ensemble… n° 3. Voir également de la Congrégation pour l’éducation Catholique (28 décembre 1997), L’école catholique au seuil du troisième millénaire, n° 4.
[39]Conférence des évêques de France, Statut de l’Enseignement catholique en France (1er juin 2013), édité par le secrétariat général de l’enseignement catholique, art. 13. En ligne : https://enseignement-catholique.fr/wp-content/uploads/2016/07/statut-enseignement-catholique-juin-2013.pdf.
[40]François (2015). Lett. enc. Laudato si’, n° 215.
[41]Congrégation pour l’éducation Catholique (15 octobre 1982), Le laïc catholique. Témoin de la foi à l’école n° 22. Voir également L’école catholique au seuil du troisième millénaire… n° 18, Éduquer ensemble… n° 13 et 30 ; Éduquer au dialogue interculturel… n° 80
[42]Moog, F., (2019), « La recherche sur l’éducation catholique au service de l’éducation morale », in Revue d’éthique et de théologie morale, p. 66.
[43]Razanamanampisoa T. V. (2021), Valorisation des acquis issus des œuvres des Paulins de Bel- Air dans le cadre de la trajectoire professionnelle de ses anciens protégés (mémoire de Master II non publié). Université Catholique de Madagascar.
[44] Cf. Moog, F. (2019), « La recherche sur l’éducation catholique au service de l’éducation morale », Revue d’éthique et de théologie morale HS, p.67-69
[45] Cf. Cf. Maritain, J. (1947). L’éducation à la croisée des chemins (Education at the Crossroads). p. 63-66 ; voir aussi Muratet, L.(dir.). (2012). Un nouveau monde en marche : Vers une société non-violente, solidaire et écologique, Yves Michel
[46] Cf. Congrégation pour l’éducation Catholique (15 octobre 1982), Le laïc catholique. Témoin de la foi à l’école n° 22. Voir également L’école catholique au seuil du troisième millénaire… n° 18, Éduquer ensemble… n° 13 et 30 ; Éduquer au dialogue interculturel… n° 80
[47]Cf. Raharivelo, E (2024) « Assumer son rôle dans le projet du Créateur, fondement et expression de la dignité de l’être humain », p, 29.33-34.
[48]Cf. Gauchet, M. (2004). Un monde désenchanté ?, L’Atelier, p. 225.