Fondation et métamorphoses d’une congrégation enseignante
André Lanfrey
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Le 2 janvier 1817, Marcellin Champagnat, un jeune vicaire, installe deux disciples dans une maison du bourg de La Valla-en-Gier, sur le flanc du Mont Pilat au-dessus de la ville industrielle de St Chamond (Loire). Les Frères Maristes considèrent cet événement comme la date de leur fondation. Mais il s’agit tout autant de l’aboutissement d’un projet antérieur plus complexe et plus ambitieux.
Marcellin Champagnat est né le 20 mai 1789, au moment où commencent à Versailles les Etats Généraux, dans la paroisse de Marlhes : un bourg de 2700 habitants à la limite de ce qui va bientôt devenir le département de la Loire, à environ 1000 m. d’altitude, sur une route qui mène de St Etienne au Puy. Le bourg proprement dit est relativement modeste et la plus grande partie des habitants sont répartis dans soixante-quinze hameaux. A cette altitude l’économie est fondée en bonne partie sur l’élevage et l’exploitation de la forêt. La rubanerie y est une activité féminine très répandue.
C’est un pays très catholique, profondément réévangélisé au XVII° siècle par Saint François Régis, jésuite basé au Puy. Un curé et son vicaire assurent le service pastoral. Tout le monde est baptisé, fait sa première communion vers treize ans et reçoit la confirmation avant 25 ans. Une confrérie de pénitents du Saint Sacrement rassemble une élite laïque d’hommes et de femmes. Dans plusieurs hameaux exercent des béates, pieuses filles célibataires formées au Puy, qui reçoivent chez elles les jeunes filles et les petits garçons, pour leur apprendre catéchisme, prières, lecture et dentelle ou rubanerie. Au bourg fonctionne un couvent de 9 sœurs de Saint Joseph, congrégation du XVII° siècle fondée au Puy. Continuer la lecture