Frère André-Pierre Gauthier, fec
1. La scolarisation des pauvres, entre nécessité pastorale et carences paroissiales.
À partir du concile de Trente et durant deux siècles, la monarchie et l’Église servent un objectif commun : assurer l’éducation religieuse et morale des enfants du peuple. L’initiative répond à la volonté d’éradiquer le protestantisme et à l’urgence de combattre les effets du péché originel – l’ignorance et la dépravation –, cause de la damnation. Or l’éducation des pauvres se solde souvent par un échec, et la pastorale paroissiale reste, en maints endroits, inadaptée, malgré la rénovation tridentine. Les clercs attirent les enfants au catéchisme mais les fidélisent peu. Leur enseignement, par manque de pédagogie, est abstrait. Ils négligent d’instruire les fidèles, quand, chez les protestants, « les plus grossiers artisans, et les femmes même et les enfants, selon Bossuet, [peuvent] citer l’Écriture et parler des points de controverse[1] ». Continuer la lecture