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Anne Corvellec *
Résumé : « Pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous ? » (Laudato Si’, § 160). Si cette question du pape François invite à ancrer l’agir éducatif dans sa dimension téléologique, elle éclaire en retour —parce que « tout est lié » — la question qui nous concerne tout autant : pour quoi avons-nous besoin de cette terre ? Au cœur de l’année « Laudato Si’ », en quoi la réponse à ces deux questions nous donne-t-elle des clés pour apprendre à enseigner et à « éduquer autrement pour changer le monde » ? Confrontés à la pandémie du COVID-19, à ses impacts socio-économiques, et face à un avenir planétaire de plus en plus hypothéqué, nous voici convoqués au défi d’ouvrir « un chemin éducatif » (LS, § 15) au cœur d’une écologie intégrale inspirante et éthique.
Mots-clés : émerveillement, conversion, dialogue, vertus écologiques, communion
Introduction
La terre nous le rappelle : l’heure est venue pour nous d’écouter « la voix alarmée de la création »[1] pour recevoir de notre Maison commune ce qu’elle cherche à nous dire, dans le lien de fraternité qui nous unit à elle. Depuis le soir de son élection, le 13 mars 2013, le pape François n’a de cesse d’éveiller la conscience de l’humanité, que ce soit par son attention aux plus fragiles, par la profondeur de ses écrits sur l’écologie intégrale, ou encore par sa volonté de nous amener à « faire un pas de plus »[2] en cette année anniversaire de la parution de Laudato Si’.
« Ce n’est qu’en changeant l’éducation que l’on peut changer le monde »[3]. L’appel adressé à tous les acteurs du « village de l’éducation » est clair : voulons-nous, oui ou non, contribuer à la restauration du « Pacte éducatif global » et nous engager à renouer les alliances rompues entre frères et sœurs en humanité, entre l’humanité tout entière et la création, entre les différents acteurs de l’éducation des jeunes ? Voulons-nous prendre soin de la sauvegarde de la Maison commune et de l’ensemble de ses habitants, sans exception ?
C’est à la faveur des écrits de celui qui inaugura son ministère pétrinien en choisissant le nom du Poverello d’Assise que nous souhaitons encourager tout écosystème éducatif à déployer avec constance une triple dynamique : celle de l’émerveillement devant les dons reçus, celle de la « conversion écologique »[4] à vivre, et enfin celle d’une éducation intégrale qui vise à réconcilier l’humanité et la création tout entière.