Archives par étiquette : Education intégrale

Enseigner à vivre face à l’urgence écologique

Léa Falco, Caroline Mouille, Antoine Trouche*

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Résumé : À l’heure où l’urgence climatique bouleverse chaque aspect de nos vies, l’enseignement que chacun reçoit doit être repensé pour que nous puissions faire face aux nouvelles incertitudes du destin humain. Ces enseignements doivent être généralisés à l’ensemble des formations comme prérequis pour comprendre, agir et travailler dans un monde en cours de renversement dû au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, à la raréfaction des ressources non renouvelables et aux pollutions. Ces apprentissages doivent autant que possible être intégrés au sein des enseignements existants plutôt que de faire l’objet d’enseignements à part. Malgré tout, il reste nécessaire de s’affranchir du seul outil éducatif pour transmettre de façon urgente ces connaissances à l’ensemble de la société.

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Pour quoi avons-nous besoin de cette terre ?

 

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Anne Corvellec *

Résumé : « Pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous ? » (Laudato Si’, § 160). Si cette question du pape François invite à ancrer l’agir éducatif dans sa dimension téléologique, elle éclaire en retour —parce que « tout est lié » — la question qui nous concerne tout autant : pour quoi avons-nous besoin de cette terre ? Au cœur de l’année « Laudato Si’ », en quoi la réponse à ces deux questions nous donne-t-elle des clés pour apprendre à enseigner et à « éduquer autrement pour changer le monde » ? Confrontés à la pandémie du COVID-19, à ses impacts socio-économiques, et face à un avenir planétaire de plus en plus hypothéqué, nous voici convoqués au défi d’ouvrir « un chemin éducatif » (LS, § 15) au cœur d’une écologie intégrale inspirante et éthique.

Mots-clés : émerveillement, conversion, dialogue, vertus écologiques, communion

Introduction

La terre nous le rappelle : l’heure est venue pour nous d’écouter « la voix alarmée de la création »[1] pour recevoir de notre Maison commune ce qu’elle cherche à nous dire, dans le lien de fraternité qui nous unit à elle. Depuis le soir de son élection, le 13 mars 2013, le pape François n’a de cesse d’éveiller la conscience de l’humanité, que ce soit par son attention aux plus fragiles, par la profondeur de ses écrits sur l’écologie intégrale, ou encore par sa volonté de nous amener à « faire un pas de plus »[2] en cette année anniversaire de la parution de Laudato Si’.

« Ce n’est qu’en changeant l’éducation que l’on peut changer le monde »[3]. L’appel adressé à tous les acteurs du « village de l’éducation » est clair : voulons-nous, oui ou non, contribuer à la restauration du « Pacte éducatif global » et nous engager à renouer les alliances rompues entre frères et sœurs en humanité, entre l’humanité tout entière et la création, entre les différents acteurs de l’éducation des jeunes ? Voulons-nous prendre soin de la sauvegarde de la Maison commune et de l’ensemble de ses habitants, sans exception ?

C’est à la faveur des écrits de celui qui inaugura son ministère pétrinien en choisissant le nom du Poverello d’Assise que nous souhaitons encourager tout écosystème éducatif à déployer avec constance une triple dynamique : celle de l’émerveillement devant les dons reçus, celle de la « conversion écologique »[4] à vivre, et enfin celle d’une éducation intégrale qui vise à réconcilier l’humanité et la création tout entière.

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Collège Sainte-Croix de Neuilly (1911- 1927) : élite humaine, élite sociale, élite sportive, élite chrétienne.

François Hochepied*

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A la rentrée d’octobre 1910, ce sont environ deux cents élèves, dont la moitié de nouveau, qui intégraient le collège Sainte-Croix de Neuilly articulant en son sein un internat et un externat ; la moitié venait de Neuilly ou de Paris, l’autre de la grande banlieue.

Pour en faire une place forte des écoles diocésaines de Paris, c’est à Pierre Petit de Julleville (1876-1948) que le Cardinal Amette[1], archevêque de Paris, avait confié la reprise en main de ce collège fondé en 1856 par les pères de Sainte-Croix, dont la succession, après la loi de 1901 qui l’avait privé de ses meilleurs maîtres, ne s’était pas déroulée avec efficacité dans les domaines de l’instruction, de l’éducation et, évidemment, du recrutement des élèves :

« Les Pères de Sainte-Croix, congrégation enseignante d’origine récente, recrutés en majorité dans l’ouest de la France, qui devaient par la suite exercer leur influence au Canada et aux Etats-Unis, avaient fait le possible en confiant leur succession à d’anciens professeurs. Mais le corps sacerdotal n’était pas fourni par le diocèse et se recrutait péniblement ; le nouveau directeur, jusque là professeur de philosophie, n’avait pas les qualités nécessaires à un administrateur, si bon prêtre qu’il fût »[2]. Continuer la lecture

Le Père Henri Didon (1840-1900) et une certaine conception de l’élitisme

Jean-Jacques Bruxelle*

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Dans la plupart des cas le mode de gouvernance d’un pays et son organisation sociale se présentent comme un millefeuille dont la partie supérieure constitue l’élite qui le gouverne et lui assure une certaine stabilité. Or, la question centrale de la formation des élites se pose pour influer sur le projet politique et la vision du monde à construire dont nous rêvons. Dans le dernier quart du 19ème siècle, la France est sous le régime d’une République, la IIIème. Elle cherche à stabiliser ses fondations par la mise en place d’institutions propres à l’asseoir. L’idéal républicain sur fond d’esprit de revanche, après la défaite de 1870, fixe une ambition pour la France. C’est ainsi que :

  • L’école primaire devient gratuite, laïque et l’instruction obligatoire ;
  • La diffusion de la langue française est primordiale pour l’unité du pays ;
  • La religion est considérée comme ne devant plus présider au destin du pays[1];
  • L’encouragement des progrès scientifiques et technologiques est au service du développement économique et industriel

Pour autant , c’est une période de grande instabilité institutionnelle[2], et c’est dans ce contexte politique, éducatif, économique et nationaliste qu’Henri Didon, Père dominicain, directeur du complexe scolaire Albert le Grand, à Arcueil, entre 1890 et 1900, guidé par un Idéal, inscrit son œuvre d’éducation et son projet de renouvellement de la France, par la formation de la jeunesse. Continuer la lecture