Archives par étiquette : Education sportive

Prendre en compte le corps à l’école : le cas des enfants sourds

Jean Habarurema*

 

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Résumé : Le corps est le premier lieu de l’apprentissage. L’enfant perçoit le monde par ses sens et cette connaissance est le fondement de ses pensées et de sa compréhension du monde. Cependant, les institutions scolaires ont toujours cherché à maitriser ce corps pour le faire rentrer dans une norme sociale qui permettra à l’enfant devenu adulte de s’intégrer. Mais cette norme scolaire correspond-elle à tous les enfants ? Qu’en est-il des enfants sourds pour qui la perception du monde se fait à travers quatre sens et dont la communication sollicite d’autres parties du corps que la voix ?

Abstract : The body is the first place for children to start their learning process. Children perceive the world thanks to their senses and this knowledge is the basis of their thoughts and their understanding of the world. Nevertheless, educators in schools always struggled in controling bodies to make them adapt a social norm that would allow children to integrate society once adults. But, is this scholar norm adapted to all children ? What about deaf children who perceive the world thanks to four senses and whose communication implicates other body parts than the voice ?

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Lorsqu’une Occu-Passion sportive devient un fait éducatif

Un au-delà du Paraître s’offre aux adolescents

Célestin MacKenzy*

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On ne peut pas imaginer qu’un acte éducatif ne soit
pas un acte collectif multiple faisant appel à des
partenaires. Mais à condition de ne pas substituer le
terme de partenariat à celui de partenaire. Qu’est-ce
qu’un partenaire ? C’est quelqu’un avec qui je suis et
contre qui je suis. Par exemple au tennis, le
partenaire est quelqu’un avec qui je joue et contre qui
je joue…… Ce qui conditionne le véritable
partenariat, c’est que je doive prendre en compte les
objectifs du partenaire pour réaliser les miens et qu’il
ait un droit de regard[1].

L’homo footballisticus est le prototype de ce qu’un acte éducatif peut révéler lorsque l’éprouvé prend le pas sur le prouvé. Entre deux mondes épistémologiques radicalement distincts, l’un vertical, linéaire, hiérarchisé et traduit par des énoncés hypothético-déductifs, l’autre plus stochastique (qui dépend, qui résulte du hasard), molaire, holistique (considération des phénomènes comme des totalités). Le second courant fait appel à une temporalité quasi bergsonienne, à la durée (à sa continuité, à son écoulement, à son imprévisibilité) qui n’entraîne toutefois pas son inintelligibilité mais suppose d’autres approches, plus « compréhensives » qui sont en ce domaine incontournables[2]. Le football chez les adolescents constitue une occupassion, qui signifie que l’activité qui le passionne en vient à constituer sa principale occupation au point de réveiller en lui des émotions qui lui donnent le statut de sujet-acteur porté par un désir d’être. Derrière ce désir se réveille des vertus pouvant favoriser une éducation où l’apprentissage social favorise le partage ce cette passion qui occupe une vie pleine et qui se transforme en compassion. Mais la passion pour le football et le football tout simplement ne sont pas en eux-mêmes éducatifs. Cette énergie humaine et cette pratique culturelle ne possèdent pas intrinsèquement des valeurs universelles. Il est nécessaire pour reconnaître celles-ci d’aller au-delà du football et de la passion  pour retrouver certaines valeurs tendant à une éducation de la personne humaine elle-même. Ainsi, c’est une réalité métafootballistique qui se dévoile au-delà du football dans des espaces et des temps sportifs  inédits, à la fois dé-solés, i-solés et hors sol. L’entraîneur en devenant un médiateur éducatif et un passeur connaît pour les avoir fréquenté ces endroits. Il sait utiliser des discours se rapprochant de la séduction, pour porter chaque adolescent à adopter des comportements en phase avec les règles sociales du football. Nous appelons cette posture la séducation, là où une action et une parole se révèlent entre la séduction et l’éducation. La séducation est une  séduction séduisante, qui se distingue d’une séduction séductrice où le séducteur cherche à tirer des profits personnels de son action[3]. Entre empathie et congruence, identités personnelles et identités communes, identités singulières et identités plurielles, une multitude d’identités sont convoquées pour permettre à des adolescents de participer à la construction d’une communauté sociale intergénérationnelle. Elle est la manifestation concrète d’une attitude de profond respect envers la personne adolescente en devenir.

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U.G.S.E.L. : une vision du sport catholique

François Hochepied*

 

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U.G.S.E.L. 2011-2013 : de l’intérêt d’un retour aux sources du projet actualisé et stabilisé

En 2011, l’Union Générale et Sportive de l’Enseignement Libre, fédération affinitaire emblématique du « sport scolaire catholique » célébrait son centenaire. Dans le prolongement des manifestations institutionnelles festives, de nouveaux projets éducatifs, associatifs, et pastoraux voyaient le jour et, tout en conservant le sigle U.G.S.E.L., la fédération changeait officiellement de nom pour devenir « Fédération sportive éducative de l’Enseignement catholique ».

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Le sport et l’éducation chrétienne

La survivance d’un mythe et les liaisons dangereuses

François Hochepied*

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Le « sport catholique » : sujet d’historiens, réflexions désuètes ou légitimes préoccupations ?

Dans la contestation virulente qui frappe de plein fouet le christianisme, et le catholicisme en particulier (Rémond, 2000, 2005, 11, 12), le rapport au corps est l’un des points majeurs du contentieux. Il ne s’agira pas, dans le cadre de cet article, de reprendre le procès, ce qui inviterait, bien sûr, aux nuances indispensables.

Certes, il est évident que les tendances jansénistes et rigoristes dans le catholicisme ont contribué à majorer les interprétations sévères concernant le corps et le rigorisme a survécu bien au-delà des condamnations qui ont frappé le jansénisme : il appartient au temps long de l’Histoire. (Cognet, 2000, 3)

Mais il n’en demeure pas moins vrai que, contrairement à une idée reçue trop souvent affirmée de la part des athées hostiles à la religion chrétienne, cette dernière n’est pas toute entière vouée au combat contre le corps, la chair et la sensualité. Comme le remarque G. Cholvy (2010, 2), même le catéchisme officiel de l’Eglise, qui n’est pourtant pas un texte suspect d’originalité, y insiste :

« La chair est le pivot du Salut. Nous croyons en Dieu qui est le créateur de la chair ; nous croyons au Verbe fait chair pour racheter la chair ; nous croyons en la résurrection de la chair, achèvement de la création et rédemption de la chair […]. Nous croyons en la vraie résurrection de cette chair que nous possédons »[1].

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