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Lorsqu’une Occu-Passion sportive devient un fait éducatif

Un au-delà du Paraître s’offre aux adolescents

Célestin MacKenzy*

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On ne peut pas imaginer qu’un acte éducatif ne soit
pas un acte collectif multiple faisant appel à des
partenaires. Mais à condition de ne pas substituer le
terme de partenariat à celui de partenaire. Qu’est-ce
qu’un partenaire ? C’est quelqu’un avec qui je suis et
contre qui je suis. Par exemple au tennis, le
partenaire est quelqu’un avec qui je joue et contre qui
je joue…… Ce qui conditionne le véritable
partenariat, c’est que je doive prendre en compte les
objectifs du partenaire pour réaliser les miens et qu’il
ait un droit de regard[1].

L’homo footballisticus est le prototype de ce qu’un acte éducatif peut révéler lorsque l’éprouvé prend le pas sur le prouvé. Entre deux mondes épistémologiques radicalement distincts, l’un vertical, linéaire, hiérarchisé et traduit par des énoncés hypothético-déductifs, l’autre plus stochastique (qui dépend, qui résulte du hasard), molaire, holistique (considération des phénomènes comme des totalités). Le second courant fait appel à une temporalité quasi bergsonienne, à la durée (à sa continuité, à son écoulement, à son imprévisibilité) qui n’entraîne toutefois pas son inintelligibilité mais suppose d’autres approches, plus « compréhensives » qui sont en ce domaine incontournables[2]. Le football chez les adolescents constitue une occupassion, qui signifie que l’activité qui le passionne en vient à constituer sa principale occupation au point de réveiller en lui des émotions qui lui donnent le statut de sujet-acteur porté par un désir d’être. Derrière ce désir se réveille des vertus pouvant favoriser une éducation où l’apprentissage social favorise le partage ce cette passion qui occupe une vie pleine et qui se transforme en compassion. Mais la passion pour le football et le football tout simplement ne sont pas en eux-mêmes éducatifs. Cette énergie humaine et cette pratique culturelle ne possèdent pas intrinsèquement des valeurs universelles. Il est nécessaire pour reconnaître celles-ci d’aller au-delà du football et de la passion  pour retrouver certaines valeurs tendant à une éducation de la personne humaine elle-même. Ainsi, c’est une réalité métafootballistique qui se dévoile au-delà du football dans des espaces et des temps sportifs  inédits, à la fois dé-solés, i-solés et hors sol. L’entraîneur en devenant un médiateur éducatif et un passeur connaît pour les avoir fréquenté ces endroits. Il sait utiliser des discours se rapprochant de la séduction, pour porter chaque adolescent à adopter des comportements en phase avec les règles sociales du football. Nous appelons cette posture la séducation, là où une action et une parole se révèlent entre la séduction et l’éducation. La séducation est une  séduction séduisante, qui se distingue d’une séduction séductrice où le séducteur cherche à tirer des profits personnels de son action[3]. Entre empathie et congruence, identités personnelles et identités communes, identités singulières et identités plurielles, une multitude d’identités sont convoquées pour permettre à des adolescents de participer à la construction d’une communauté sociale intergénérationnelle. Elle est la manifestation concrète d’une attitude de profond respect envers la personne adolescente en devenir.

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