Gérard CHOLVY
Le XIXème, Grand siècle des religieuses françaises

Perpignan – Ed. Artège – 2012 – 134 p.

Chacun connaît les beaux travaux de Gérard Cholvy sur l’histoire religieuse française, dont il est un spécialiste réputé[1].  Ce récent ouvrage ne traite pas directement de la pédagogie chrétienne en tant que telle, mais il en éclaire utilement un moment important, en étudiant le phénomène massif du XIXème siècle que constitue en France « l’explosion » (p. 51) des congrégations féminines. Le nombre total de celles qui y ont alors été fondées serait d’environ 500 et, en 1901, l’effectif des Sœurs était approximativement de 135 000, sans compter celles qui se trouvaient en pays de mission et outre-mer. Si la complexité et la diversité de leurs statuts canoniques en excluent un inventaire très précis, du moins l’augmentation numérique des vocations s’avère-t-il constant tout au long des siècles.

Non, certes, que toutes aient été enseignantes, car l’auteur montre aussi que beaucoup, parmi les sœurs apostoliques, s’adonnent à d’autres ministères, notamment dans le registre médico-social ; d’autre part, leurs activités éducatives dépendent gravement des conjonctures politiques, qui allaient parfois devenir persécutoires. Il reste que, comme cet ouvrage remarquablement informé le décrit de manière très concrète, le rôle décisif des religieuses a, malgré les représentations erronées induites par les milieux laïcistes, largement précédé les initiatives d’ordre public dans l’éducation des filles. Par la variété de leurs charismes respectifs, la pluralité de leurs origines et leur incessante inventivité, et malgré l’inégalité de leurs implantations géographiques, elles ont pris une part majeure à la diffusion de l’instruction ; en ce sens, elles constituent un phénomène social dont il était d’autant plus opportun que fût ainsi évaluée, et révélée, l’ampleur qu’elle demeure mal soupçonnée ou insuffisamment perçue ; qu’on pense, par exemple, au cas trop oublié des « Béates » du Massif Central, qu’une histoire fidèle de l’éducation populaire et rurale ne saurait méconnaître. Face à la « cathophobie » du discours dominant, G. Cholvy contribue à faire œuvre de justice.

Si l’on regrette que le Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne ne figure pas dans la bibliographie, on se félicitera en revanche de l’excellent index des Congrégations (pp. 122-125) qui complète opportunément celle du P. Oury et constitue un excellent instrument de travail.

Guy AVANZINI,



[1] cf. notamment La religion en France de la fin du XVIIIème siècle à nos jours, Paris- Hachette – 9ème éd. 2009 – 256p.