Eduquer à la mixité à Apprentis d’Auteuil : quels repères ?

François Leménager

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Résumé : Apprentis d’Auteuil est une œuvre éducative chrétienne qui accueille, éduque, forme et insère, depuis 148 ans, des jeunes en difficulté. Ils qui sont en grande majorité des garçons jusque dans les années 2000. Entre 1998 et 2004, le nombre de jeunes filles accueillies augmente de 46%. Cette évolution amène Apprentis d’Auteuil à interroger ses références théoriques et ses pratiques qui sont ajustées jusqu’alors à un public masculin, afin de prendre en compte les besoins et aspirations des filles, et d’autre part, la mise en place de la mixité.          
L’objectif de cet article est de présenter la recherche réalisée par l’institution, entre 2000 et 2006, au niveau d’une région puis au niveau national, en vue de répondre à ce double défi.

Introduction

L’expression « jeunes en difficulté » ou « jeunes en souffrance » adoptée par Apprentis d’Auteuil pour désigner le public accueilli regroupe une grande diversité de profils, d’âges (0 à 20ans), de problématiques. Deux catégories peuvent cependant être identifiées par l’origine de leur admission : les jeunes confiés par leur famille ou les jeunes placés par les services de l’Aide Sociale (ASE) à l’Enfance des Conseils Généraux. La recherche engagée sur la mixité concerne tous les publics accueillis mais nous nous intéresserons, dans cet article, plus particulièrement à ceux qui sont confiés par les services sociaux et accueillis dans les Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS) d’Apprentis d’Auteuil.

Ces MECS sont des établissements sociaux, spécialisés dans l’accueil temporaire de mineurs, qui fonctionnent en internat. Les enfants et adolescents sont scolarisés ou reçoivent une formation professionnelle dans un établissement d’Apprentis d’Auteuil ou à l’extérieur. Le placement en MECS a notamment lieu dans les cas de violence familiale (physique, sexuelle[1] ou psychologique), de difficultés psychologiques ou psychiatriques des parents, de problème d’alcoolisme, de toxicomanie, de graves conflits familiaux, de carences éducatives, de problèmes comportementaux de l’enfant, de l’isolement en France d’un enfant étranger… À titre d’exemple, au 31 octobre 2004, Apprentis d’Auteuil accueille 4143 jeunes dont 3490 garçons et 653 filles (soit 16 % du total). 228 filles âgées de 0 à 20 ans sont confiées par leurs familles et 425 par les services de l’ASE (ou les magistrats). Ces dernières sont accueillies en MECS généralement mixtes pour les enfants et non mixtes pour les adolescentes. Elles sont scolarisées dans les écoles, collèges ou lycées d’Apprentis d’Auteuil mixtes, le plus souvent, mais avec une forte majorité de garçons.

La forte proportion de filles (65%) placés par les services de l’ASE à Apprentis d’Auteuil illustre l’évolution des demandes des Conseils Généraux qui, à cette époque, sollicitent les établissements pour accueillir des filles et introduire la mixité. De façon plus générale, sur les 34 « maisons » d’Apprentis d’Auteuil (regroupant aussi bien des MECS que des internats éducatifs et des établissements scolaires et/ou de formation) 18 sont mixtes, 14 accueillent uniquement des garçons et 2 uniquement des filles. La mixité devient pour Apprentis d’Auteuil un thème prioritaire même si quelques établissements ont déjà une expérience (MECS d’enfants de 6 à 12 ans où spécialisée dans l’accueil de fratries, écoles primaires, collèges, lycées,…). Le projet éducatif d’Apprentis d’Auteuil de 2000 aborde la question pour la première fois : « L’éducation à la mixité favorise la capacité à vivre la différence dans la connaissance et l’acceptation de l’autre »[2] La question qui se pose n’est donc pas d’aller ou non vers la mixité, mais de la préciser dans une approche « résolument éducative»[3]. Il s’agit dès lors d’interroger les motivations, les finalités et les conditions.[4]

Quelle mixité pour des jeunes en difficulté ? L’état de la question en 2000/2004

Dans le secteur de la Protection de l’enfance.

Il n’existe pas de textes légaux spécifiques sur l’éducation des garçons ou des filles, ou sur la mixité dans le secteur de la protection de l’enfance. La loi du 2 juillet 2002 mentionne cependant qu’il est « garanti à toute prise en charge le respect de la dignité, de son intimité, de sa vie privée et sa sécurité. (…) »[5]. En revanche, plusieurs auteurs travaillent sur la question de la sexualité des adolescents en institution ou dans les quartiers de banlieue (LEPOUTRE, 1997), (INSERM, 1998), (HUERRE P., LAURU D., 2001). Il y a dans ces textes une certaine liberté dans la façon de poser les questions qui semble moins impactée par les présupposés idéologiques que dans le secteur scolaire. S. COURAUD se demande quels seront les effets de la « rencontre et la cohabitation d’adolescents présentant une aussi grande fragilité interne », si la vie auprès de pairs va aggraver leur situation ou les ouvrir au changement et si la vie en institution va conforter leurs représentations particulièrement violentes et menaçantes autour de la sexualité, ou bien les aider à les transformer en scénario fantasmatiques plus sécurisants et moins figés, et leur faciliter l’accès à l’altérité et à une vie sexuelle. S. COURAUD note qu’un « grand silence règne sur ces sujets à l’intérieur des établissements » (2001, p. 175). G. FRANCEQUIN et L. RENARD indiquent, de leur côté, que « Favoriser l’égalité en préservant la différence qui la justifie, tel pourrait être le paradoxe que les professionnels de l’enfance dans leur rôle de transmission doivent privilégier : pour une éthique de l’égalité et de la reconnaissance de l’altérité, du mystère de l’autre. » (1998, p.5).

Le Rapport annuel du Haut Comité de la Santé Publique sur la souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes (2000) met en évidence l’influence du sexe sur l’expression de la souffrance psychique et préconise de « prendre en compte systématiquement, pour toute action, toute intervention, toute mesure, la différence entre les garçons et les filles, au risque de mettre en échec les actions de prévention entreprises » (HCSP, 2000, p.49).

Une mixité scolaire en difficulté

La mixité scolaire n’était pas un axe de travail prioritaire de la recherche (par rapport au thème « jeunes en difficulté en internat ») mais plusieurs évolutions importantes dans le traitement de cette question, à cette époque, ont orienté la réflexion:

La mixité à l’école est questionnée par certains auteurs (FIZE M, 2000) (ANATRELLA, 1998, p.57[6]) et évoquée dans plusieurs dossiers ou articles de Presse[7].

Des évolutions se dessinent dans les textes de l’éducation nationale : L’égalité reste à la fois la source et le résultat attendu de la mixité (CNDP 1999, BOEN 2000). La prévention des violences sexuelles devient une priorité (BOEN 1999, BELLOUBET-FRIER 2001). Le BOEN A l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité propose, entre autre, de mettre en œuvre « un travail éducatif diffèrent selon le sexe des élèves » (BOEN, 2000, p. 23).

Un début de réflexion au Québec

Des travaux au Québec s’orientent dans deux directions : mixité et échec scolaire des garçons (LAJOIE, 1999) et la mixité en foyer socioéducatif (Centres jeunesse de Montréal, 2002[8]).

Essai de problématique

Les références d’Apprentis d’Auteuil ne se présentent pas, comme pour d’autres institutions, sous la forme d’une doctrine éducative ou pédagogique mais plutôt, celle d’une tradition[9] éducative fortement ancrée dans l’anthropologie chrétienne et enrichie par l’expérience et l’adaptation aux jeunes accueillis, au fil du temps. Pour le sujet qui nous intéresse, l’héritage est constitué d’un ensemble d’attitudes éducatives, d’activités (sport, compétition, primauté de l’action,…) et une organisation plutôt masculine. L’Abbé Roussel emploie l’expression « éducation virile[10] ». Si la dimension collective et relationnelle est très forte, les questions liées à la vie affective et sexuelle ne sont pas prioritaires dans la prise en charge. L’effort est plutôt mis sur la formation morale, spirituelle et professionnelle comme l’attestent, depuis 1975, les projets éducatifs de l’institution mais aussi les témoignages et récits de vie d’anciens pensionnaires présentés régulièrement dans la revue « A l’écoute[11]».

Pour ce qui concerne la mixité, il semble qu’Apprentis d’Auteuil se pose des questions bien après les institutions publiques et privées du secteur scolaire mais au moment où des questionnements sont possibles. Dans le champ de la protection de l’enfance, le décalage est moins prononcé dans le temps mais renforcé par l’identité chrétienne de la Fondation qui n’est pas perçue comme un levier de progrès sur les questions d’affectivité, de sexualité et de mixité. A quelles sources, théoriques et pratiques ? Dans quels domaines ? et avec quelles méthodes ? Apprentis d’Auteuil va-t-il tenter de trouver ses repères pour relever ce nouveau défi ?

Matériel et méthodologie : d’une initiative locale à un chantier national

Le travail de recherche et de réflexion sur la mixité a pour terrain initial un projet local.

Recherche-action en vue de la création d’une première MECS mixte (2000-2002)

En 1999/2000 Apprentis d’Auteuil est sollicité par le Conseil Général de la Somme, en 2000, pour créer une MECS mixte à Amiens pour des adolescents de 13 à 18 ans. Il n’existe pas encore de MECS mixte à Apprentis d’Auteuil pour des adolescents. La demande du prescripteur prévoit d’héberger les filles et les garçons de façon aléatoire, sans doute pour faciliter la gestion administrative des places. Une étude, fortement inspirée par la méthode recherche-action, est lancée au niveau de la région Nord d’Apprentis d’Auteuil pour répondre à la question suivante : quelle mixité mettre en œuvre pour permettre une coexistence constructive entre garçons et filles adolescents avec des problématiques sociales, psychologiques et affectives lourdes[12] ?

Trois types de travaux sont réalisés par un coordinateur et des acteurs de terrain accompagnés par un expert externe[13] :

–       une étude documentaire dans les domaines psychologique (développement de l’enfant et de l’adolescent ; traumatismes affectifs et sexuels des jeunes), anthropologique et théologique (avis d’un professeur de théologie et d’un philosophe, droits de la personne et de l’enfant, enseignement de l’Eglise,…) et sociologique (mixité et société) ;

– des entretiens avec 15 experts ou professionnels externes et internes et une réunion avec une dizaine de professionnels d’un site mixte d’Apprentis d’Auteuil ;

– une enquête auprès de 8 internats éducatifs mixtes.

L’ensemble de ces travaux est présenté dans un document[14] remis aux responsables de la région qui réagissent et élaborent, pendant un séminaire de deux jours, des préconisations pour le projet de création de la MECS mixte : Prise en compte des problématiques spécifiques des jeunes garçons ou filles et des besoins d’intimité et de sécurité de tous sur la base d’une organisation en trois de lieux de vie : deux lieux de vie de garçons de 13 à 15 ans dans un bâtiment et un lieu de vie de filles de 15 à 17 ans dans un autre bâtiment avec une alternance espace/temps dans la mise en œuvre de la mixité. Ces aménagements du projet initial sont acceptés par le Conseil Général au regard de l’argumentaire réalisé à partir de l’étude.

Les participants au séminaire régional émettent aussi des propositions :

– Une « vision globale de la mixité » est nécessaire au niveau national d’Apprentis d’Auteuil afin de présenter « les valeurs (…) mais aussi les accords, les interrogations et les divergences ».

– La question essentielle est celle de la construction de l’identité masculine ou féminine de chaque jeune. Question qu’aucun établissement mixte ou non mixte ne peut ignorer.

– Les prescripteurs sont invités à préciser les raisons du choix de la mixité en prenant en compte les profils des jeunes accueillis, l’étape de leur développement psychoaffectif et l’effet structurant que peut avoir (ou pas) la vie dans un foyer mixte sur certains jeunes en fonction de leur histoire et de leurs capacités momentanées à vivre dans un contexte de mixité.

– Une attention particulière doit être donnée entre 13 et 15 ans au besoin d’espace privé et d’intimité. Il est ainsi précisé que la mixité dans une famille ne peut être comparée à celle qui existe dans une famille[15]. Une mixité permanente, comme elle est envisagée dans certaines MECS, prive le(a) jeune adolescent(e) de temps et d’espace, en dehors de la présence de l’autre sexe, nécessaires à la construction de sa personnalité pendant cette période.

– La mixité en MECS ne s’improvise pas, il y a un certain nombre de préalables : recrutement et formation des professionnels, équilibre dans les effectifs garçons/filles, profils des jeunes, architecture et organisation espace/temps de la vie quotidienne, souplesse et adaptation et « un minimum de consensus préalable sur la vision de l’être humain qui sous-tend l’action éducative »[16].

Quels repères pour éduquer à la mixité ? Un chantier national de réflexion (2004-2006)

En 2003, une enquête[17] auprès des salariés et des jeunes d’un gros établissement qui accueille des filles depuis quelques années seulement, permet de dresser un bilan mitigé, voire préoccupant sur certains aspects. Les enseignants jugent la mixité récente « intéressante », en particulier par rapport au comportement des garçons en classe. Par ailleurs cette enquête met aussi en évidence « une gestion de la mixité qui pose question » : des filles seules ou très minoritaires qui sont l’objet d’insultes ou le sexe est omniprésent, « la difficulté pour les filles d’être filles », des jugements (G/F et F/G) réciproques sans concession, des rapports de forces qui dégénèrent en bagarre et « malgré tout une source d’équilibre et d’ouverture ». Pourtant, les demandes d’accueillir des filles, des fratries, de créer ou de reprendre des établissements de filles ou mixtes continuent à se présenter. Les enjeux éthiques, institutionnels et éducatifs sont nombreux : Comment préparer les jeunes à la réalité mixte de la vie d’adulte ? Quelle mixité pour des jeunes blessés dans leur vie affective (et parfois sexuelle) ? Comment trouver la juste distance entre garçons et filles ? Comment prévenir et traiter les comportements à risques et les violences ?

En 2004, la Direction Générale décide de lancer un chantier national de réflexion en vue d’aboutir, si possible, à des orientations sur l’ensemble des questions posées par la mixité.

Les ressources et méthodes mobilisées

Pour associer le plus grand nombre possible d’acteurs de terrain à la réflexion, le processus et les méthodes de construction d’une vision partagée proposés par Vincent LENHARDT sont adoptés (LENHARDT, GODARD, 1999, p.107-128). Un comité scientifique qui rassemble des experts externes et internes est constitué. Le chantier se déroule en quatre grandes étapes :

  1. Une démarche collective de réflexion et de participation des professionnels (forums régionaux et un intranet dédié) et des jeunes (forums jeunes) ;
  2. La réalisation d’un rapport d’étape (résultats de recherche documentaire, contributions des professionnels, des experts, des jeunes ; synthèses et propositions) ;
  3. Le partage externe, dans le cadre d’un colloque, avec les acteurs des champs de l’éducation spécialisée, de l’enseignement et de l’animation ;
  4. L’élaboration d’orientations nationales.

Les actions du chantier

Un travail de recherche documentaire est réalisé, dans la continuité de celui de l’étude de 2001 (axes anthropologique, éthique, psychologique, sociologique et éducatif), mais dans une perspective nouvelle parce que nationale. Cette recherche permet, avec la collaboration d’experts externes et la contribution du comité scientifique, d’enrichir la réflexion et de produire des supports d’animation (carnet de route, diaporamas, … etc.).

40 établissements participent aux forums régionaux des professionnels. La présentation des résultats de la recherche documentaire permet de poser les enjeux et d’inviter les participants à dépasser les « a priori » et les positions idéologiques, sans les nier, pour centrer la réflexion sur les besoins des jeunes accueillis. Les participants sont ensuite conviés, après un temps de réflexion individuelle à énoncer leur proposition puis échanger sur quatre questions posées au départ : ce qu’il faut prendre en compte pour penser « mixité » par rapports aux valeurs et par rapport au fonctionnement de l’établissement? Quelles sont mes préconisations au niveau de l’établissement ? Quelle peut-être ma contribution ? Comment je vois l’établissement dans 3 ans, par rapport à la mixité ? Une synthèse et une priorisation des enjeux, objectifs et préconisations est ensuite réalisée avec le groupe.

Deux forums sont aussi organisés pendant deux week-ends avec 35 garçons et filles de différents établissements. Les échanges sur leurs difficultés et leurs attentes permettent de réaliser un film, avec eux et de le présenter au colloque.

Le site intranet « mixité » alimenté régulièrement par des articles reçoit, entre mai et décembre 2004, 1270 visites de 241 collaborateurs qui, cependant, s’expriment peu.

Un rapport d’étape[18] est réalisé et présenté aux instances dirigeantes de la Fondation puis, mis en débat, au colloque organisé en avril 2005. Ce colloque s’articule autour des 4 grands axes de recherche qui ont été définis dans cette démarche[19]. L’alternance de séances plénières et d’ateliers sur deux jours, a permis à 44 intervenants dont 40 externes[20] de présenter leur expérience ou leurs travaux aux 300 participants. Un compte rendu[21] est diffusé et mis en ligne sur le site de la Fondation.

A la suite de ce colloque, un groupe de travail se saisit de l’ensemble des contributions (forums, séances de travail avec les dirigeants, colloque) et propose des textes qui permettent à la Direction Générale de prendre position fin 2005 dans un document de 23 pages « Eduquer à la mixité, convictions et orientations de la Fondation d’Auteuil ». Il est diffusé en janvier 2006 à l’ensemble des professionnels de la Fondation.

Les résultats du « chantier mixité » : des repères pour penser et mettre en œuvre une éducation à la mixité

L’édition de la brochure Eduquer à la mixité n’est pas le seul résultat de ce chantier mais nous nous limiterons, dans cet article, aux apports qui présentent un intérêt pour la recherche dans le cadre du thème de la revue et de l’axe choisi.

Se poser les bonnes questions

La méthodologie adoptée pendant le chantier et les contributions apportées, internes et externes, ont permis d’identifier des questions et des problématiques qui sont autant de portes d’entrée qui permettent de passer du silence et de la crainte à l’échange et facilitent la réflexion partagée sur ce sujet complexe.

Ces questions s’intéressent d’abord au « pourquoi » puis au « pour qui » et au « comment »?

Quelles sont les raisons qui justifient le choix de la mixité ou de la non-mixité ? Quelles sont les finalités éducatives visées ? Quelle vision, quels modèles culturels et religieux de l’homme et de la femme inspirent le projet, dans le respect des consciences et de la diversité des cultures familiales ? Quels repères éthiques peuvent nous éclairer ?

Pour quels profils de jeunes, dans quelles situations et à quels âges la mixité et la non-mixité peuvent-elles être positives ?

Comment aider les jeunes à se construire, dans leur identité d’homme et de femme ? Comment passer d’une juxtaposition des garçons et des filles à une éducation à la relation ? Comment passer du mélange des sexes à une différenciation ? Quelle éducation affective et sexuelle proposer pour prendre en compte la perspective d’être époux ou épouse, père ou mère ? Comment éveiller les jeunes à un regard critique sur leurs modèles ? Comment construire une graduation des réponses institutionnelles : interdits fondamentaux, loi juridique, règle institutionnelle ? Au-delà des seuls interdits, comment offrir aux jeunes des chemins constructifs de croissance ?

Comment aborder les questions relatives à l’affectivité et la sexualité qui sont à la frontière de la vie collective et de la vie personnelle de chacun, jeune ou adulte ? Comment favoriser et respecter l’équilibre masculin/féminin dans l’encadrement scolaire et éducatif ? (FONDATION D’AUTEUIL, 2005)

Se mettre d’accord sur le sens des mots

Un travail sur une meilleure lisibilité et une compréhension partagée des concepts est une autre étape recommandée pendant ce travail.

Mixité, égalité, cohabitation, éducation à la mixité

Principe républicain, la mixité est également un choix éducatif, qui s’est imposé dans le système scolaire depuis les années soixante pour des raisons administratives et économiques[22]. Dans un deuxième temps, elle s’est imposée comme un « dogme », un acquis de l’égalité et de la promotion de sexes (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.6-7).

Un questionnement sur la gestion de la mixité scolaire émerge à partir des années 1990. Se référant à de nombreuses recherches menées aux Etats-Unis et en Amérique du Nord, Nicole MOSCONI constate qu’il ne suffit pas de « faire coexister les deux sexes pour améliorer leur rapports » (1999, p.42). Pour Michèle PERROT, la mixité est « susceptible d’aménagements éventuels » (2004, p.65).

La vie en mixité n’est pas un but en soi. Il n’y pas de lien systématique de causalité entre la cohabitation et l’équilibre affectif et sexuel du jeune. En revanche, l’éducation à la mixité vise cet équilibre et l’accès à une maturité de la personne dans son identité sexuée, qu’il vive en milieu mixte ou non mixte[23] (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.17).

Anthropologie chrétienne

La nécessité de préciser une « vision globale » s’est imposée dès les premiers travaux en 2000. Les forums régionaux ont mis en évidence des « valeurs partagées » (la dimension spirituelle, le respect, la famille,…)[24] et les jeunes eux-mêmes ont exprimé des attentes sur les thèmes de l’amour, de la confiance et du respect.

Quelle vision l’institution porte-t-elle de la personne, de l’amour, de la relation, des rapports homme/femme ?

Œuvre d’Eglise, Apprentis d’Auteuil puise dans l’anthropologie chrétienne les fondamentaux de cette vision.

L’approche éthique et anthropologique est travaillée à partir d’un texte commandé à Pierre Benoît, alors directeur de l’Institut des sciences de la famille de Lyon. Ce texte[25] présente des repères dans l’enseignement de l’Eglise. D’autres sources viendront nourrir la réflexion et apporter un éclairage particulièrement pertinent sur les problématiques rencontrées (RATZINGER J., 2004 ; FOLLO F., 2004 ; DE MUIZON F., 2003 ; ANATRELLA T., 2003).

Les résultats de ces recherches sont intégrés dans les supports présentés aux instances dirigeantes[26] de la Fondation et utilisées dans le processus d’animation.

Ce chantier permet de clarifier, parmi les fondamentaux, ceux qui relèvent d’une anthropologie philosophique qui ne se réfèrent pas explicitement à la foi chrétienne et ceux qui se réfèrent à la théologie chrétienne, suivant ainsi la recommandation de Jean Paul II :

« il est important de faire un gros effort pour expliquer, de manière appropriée, les motifs de la position de l’Église, en soulignant surtout qu’il ne s’agit pas d’imposer aux non-croyants une perspective de foi, mais d’interpréter et de défendre les valeurs fondées sur la nature même de l’être humain. » (2001, §51, p.78).

Mixité et sexualité : prendre en compte la sexualité sans réduire la mixité à la sexualité.

Sur ce point, nous reprenons le texte de la brochure « Penser la mixité provoque les adultes à s’interroger sur eux-mêmes, leur existence en tant qu’homme et femme, leur corps, leur sexualité et le rapport sexué existant entre eux. De la même manière, la dimension de la sexualité est bien présente dans les relations entre jeunes en milieu mixte et non mixte mais la question des relations ne se réduit pas à la sexualité. Ainsi peut-on dire que toute relation humaine est sexuée mais, parce que l’être humain est composé de multiples réalités (culturelles, professionnelles, sociales…), il faudra aussi éviter de réduire la relation à la seule génitalité » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.8).

Identité, altérité, respect, amitié, amour : des fondamentaux explicites

Fondamentaux anthropologiques

Homme ou femme, l’homme est reconnu comme une « personne unique, une et indivisible »… « dans l’ensemble de ses dimensions : corps, cœur, esprit » et « appelée à aimer ».

« La personne est un être relation » qui « se réalise pleinement à travers la relation de fraternité, d’amitié et d’amour ».

« L’homme et la femme sont égaux en dignité, en droit et riches de leurs différences »

« Tous ont droit à une éducation qui intègre les dimensions du masculin et du féminin. ».

La relation homme-femme se construit sur la reconnaissance mutuelle et le dépassement des préjugés.

« La famille est le premier lieu d’un éducation à la rencontre de la différence dans la proximité, d’apprentissage de l’entraide et de la responsabilité à l’égard de l’autre ». « Le droit au mariage et à fonder une famille sont des droits fondamentaux[27]. »

« L’engagement dans une vie de couple n’est épanouissant que dans un don libre et gratuit. L’homme et la femme doivent pouvoir vivre une sexualité responsable »

« Chaque jeune est appelé à réussir sa vie d’homme et de femme »
« Vivre un véritable amour est ouvert à tout le monde, y compris à ceux qui ont été blessés dans leur affectivité et leur sexualité » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.11-14).

Fondamentaux théologiques chrétiens

Apprentis d’Auteuil propose, dans le respect des convictions de chacun, l’essentiel de la Parole de Dieu et de l’enseignement de l’Eglise après avoir cité Genèse 1,27

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » : « C’est le couple qui est la première image de Dieu. La sexualité affecte tous les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Seul l’amour rend la sexualité authentiquement humaine. Le Christ sauveur permet à chacun de vivre la plénitude de sa vocation à l’amour » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.15).

La deuxième rubrique est consacrée à l’éducation des garçons et des filles : éducation à la responsabilité, éducation sexuelle qui intègre la perspective de la maternité ou de la paternité et l’apprentissage

« d’une saine régulation des pulsions sexuelles en vue de relations humaines authentiques, lien entre la liberté et la loi morale » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.16).

Enfin, la rubrique « bonne nouvelle » donne un message d’espérance aux jeunes :

« Il est possible de se donner par amour, de s’engager dans le mariage et de construire une histoire commune ». L’Eglise peut « permettre à l’homme blessé de rencontrer le Christ et un chemin de guérison, de libération et d’amour vrai » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p. 16).

Chacun de ses fondamentaux se décline en engagements de l’institution vis-à-vis des jeunes et de leurs familles.

Les finalités et principes d’action de l’éducation à la mixité

–       « Permettre aux garçons et aux filles de se construire dans leurs identités respectives, en aidant chacun à se connaître dans sa sensibilité et ses aspirations propres.

–       Éveiller les jeunes à la responsabilité entre homme et femme ; à l’engagement réciproque dans une relation qui peut ouvrir à la conjugalité et à la perspective d’être père et mère.

–       Bâtir entre jeunes et adultes des communautés humaines fondées sur la confiance, la compréhension mutuelle, le respect des différences, l’échange, le partage et le pardon » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.17).

Principes d’action : « Ces finalités sont à prendre en compte dans tout établissement ou projet, mixte ou non mixte ». L’éducation à la mixité favorise chez les garçons et les filles trois domaines de compétences :

–       « la connaissance de soi et la découverte de ses capacités à aimer, dans le respect de soi-même et de l’autre ;

–       la construction d’une vraie liberté afin de permettre aux jeunes de faire des choix différents de certains modèles sociaux et culturels dominants qui ne respectent pas la dignité humaine.

–       la reconnaissance de la dignité de la sexualité comme ouverture à l’amour et à la vie » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.17).

Des références à la mise en œuvre

La Direction Générale prend cinq orientations stratégiques pour assurer la prise en compte de l’éducation à la mixité dans les processus nationaux et les projets et actions des régions et des établissements :

–       Prendre en compte la dimension sexuée de chaque jeune accueilli dans la mise en œuvre de son parcours personnalisé.

–       Mettre en œuvre une éducation affective et sexuelle fondée sur les valeurs de la Fondation d’Auteuil.[28]

–       Soutenir, informer et former les adultes pour cette mise en œuvre.[29]

–       Construire une communauté éducative témoin d’une mixité riche et sereine.

–       Prendre en compte l’éducation à la mixité dans l’évaluation des projets et des actions (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.18).

Des objectifs nationaux sont ensuite répartis en fonction de cinq orientations. Des « axes de travail » pour les établissements, sont ensuite présentés sous forme de question « afin d’aider les acteurs de terrain à prendre la mesure des applications pratiques de ces orientations » (FONDATION D’AUTEUIL, 2005, p.18-23).

Discussion et conclusion

Il n’est pas possible de présenter toute la richesse et la diversité de la démarche entreprise par Apprentis d’Auteuil, et en particulier les contributions des professionnels et des jeunes. Nous avons mis l’accent sur la méthodologie, non seulement parce que « le chemin est aussi important que le résultat », mais aussi parce qu’elle est essentielle pour entrer dans la compréhension du résultat final.

Cette recherche collective a permis de répondre à la question « quelle mixité pour des jeunes en difficulté ? » pour ce qui concerne les repères théoriques et même d’aller plus loin.

En effet, en élargissant le cercle du cadre théorique aux sciences humaines, d’une part mais aussi à l’anthropologie, la théologie et l’éthique d’autre part et restant au plus près des besoins et des attentes des jeunes les plus en difficulté, Apprentis d’Auteuil réussit à donner un vrai contenu à l’ « éducation à la mixité » inscrite dans le projet éducatif de 2000 en quelques lignes[30]. Cette « éducation à la mixité » ne donne pas d’abord des orientations pour « gérer » la mixité mais elle intègre l’éducation à la vie affective et sexuelle à côté des missions traditionnelles d’Apprentis d’Auteuil que sont l’accueil, l’éducation humaine et spirituelle, la formation scolaire et professionnelle. Les bases d’une éducation à l’amour et à la sexualité, adaptée à des jeunes en souffrance, sont posées.

L’impact sur l’environnement de l’institution n’est pas essentiel mais il mérite d’être souligné. Les partenaires associés à cette démarche ont exprimé leur intérêt, en particulier lors du colloque, et, des collaborations ont été rendues possibles avec des institutions qui n’ont pas exactement les mêmes référentiels anthropologiques. La réalisation du parcours d’éducation relationnelle, affective et sexuelle pour les enfants de 6 à 12 ans et sa sélection (2005) puis sa promotion(2009)[31] par la Fondation pour l’Enfance illustrent l’intérêt, interne et externe, des suites de cette recherche. Par ailleurs, François Content, Directeur Général d’Apprentis d’Auteuil est invité aux semaines sociales 2012 « Hommes et femmes, la nouvelle donne » à la table ronde « éducation et sexualité ». Apprentis d’Auteuil est légitime pour s’exprimer sur ces sujets. C’eut été improbable dix ans plutôt.

Et pourtant, comme François Content l’indique dans son intervention, « c’est un sujet difficile, complexe et loin d’être épuisé » (DERAIN M., CONTENT F., 2012, p.3). Il cite le problème de la féminisation du personnel enseignant et éducatif (2012, p.6).

La mise en œuvre des cinq orientations « éduquer à la mixité » d’Apprentis d’Auteuil a donné les résultats déjà cités dans les domaines de l’éducation affective et de la formation des adultes. Mais la situation est problématique dans plusieurs établissements et, en particulier, les MECS. Constat repéré plus largement dans le secteur de la protection de l’enfance par les experts : « A l’heure actuelle, les réflexions concernant les prises en charge différenciées selon le sexe de l’enfant émanent, semble-t-il, uniquement des acteurs de terrain en réponse à une quotidienneté où l’accueil mixte reste difficile avec des adolescents » (BOUJUT S, FRECHON I, 2010) mais aussi dans le rapport du défenseur des droits de 2012 qui indique que 80% des MECS sont mixtes, ce qui pose problème à l’adolescence(DEFENSEUR DES DROITS,2012,p.54-55), alors même que les guides publiés par l’ANESM[32], depuis 2008, donnent des préconisations qui vont dans le sens d’une « éducation à la mixité » telle que présentée dans cet article (pris en compte de la singularité de chacun, construction de l’identité, estime de soi, respect, égalité, apprentissage au vivre ensemble…). Apprentis d’Auteuil a ouvert une voie mais nombreuses sont les pistes qui restent à explorer, en interne, telles que le devenir des anciens et anciennes, l’accompagnement des jeunes adultes, l’articulation mixité/non mixité dans la vie quotidienne,…etc. Les thèmes de recherche ne manquent non plus dans le secteur de la protection de l’enfance à tous les niveaux de responsabilité : décideurs politiques, responsables associatifs, familles, professionnels, jeunes.

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Pour citer cet article
Référence électronique :
François Leménager, « Eduquer à la mixité à Apprentis d’Auteuil : quels repères ? », Educatio [En ligne], 3 | 2014, mis en ligne juillet 2014. URL : https://revue-educatio.eu

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[1] Les blessures affectives et les violences sexuelles représentent 30% des mauvais traitements à l’origine des signalements en France en 2000. Dès l’âge de 4 ans, les abus sexuels deviennent la maltraitance principale pour les filles (ODAS, 2001)

[2] Le projet de la Fondation d’Auteuil, 2000, p.9

[3] Titre de l’éditorial de François Dupuy, Directeur général adjoint, de la Lettre d’information des partenaires de la Fondation d’Auteuil N°13/ 1er trimestre 2004.

[4] Particulièrement en internat

[5] VADELORGES Serge, 2005, Dans le secteur de la protection de l’enfance, la mixité : une réponse ou une question ? Dans Compte rendu des rencontres des rencontres de la Fondation d’Auteuil : Garons & filles en difficulté : quelle mixité ? p 12-13

[6] Eléments déjà présentés par l’auteur dans l’article « La Mixité » de la revue Etudes, juin 1988.

[7] A titre d’exemple : Elle, octobre 2000, Faut-il revenir à l’école non mixte ? (www.fr.worldonline.ch/women); Le Monde de l’éducation (dossier) Mars 2001, Enfants violeurs : le silence de l’école ; La Vie (dossier) Avril 2001, Mixité à l’école : le grand désarroi ; Libération, 8 octobre 2001, Au lycée des cœurs violentés ; la mixité en panne.

[8] Les Centres jeunesse de Montréal, 2002, Avis du conseil pluridisciplinaire sur les besoins de la clientèle en foyer de groupe en regard de la mixité, red. par PREMONT J.

[9] « Façon de faire, de penser, héritée du passé, dans un groupe social ou professionnel ». (CNRTL)

[10] ROUSSEL L. (1877) Editorial dans La France illustrée N°144 du 1er septembre, Orphelins Apprentis d’Auteuil, Paris

[11] Magazine bimestrielle d’Apprentis d’Auteuil.

[12] Un document du Conseil Général de la Somme indique que près de 63% des filles accueillies par l’Aide Sociale à l’Enfance ont été victimes d’abus sexuels pour les années 1997, 1998, 1999.

[13] Psychologue et formateur dans le secteur sanitaire et social.

[14] Orphelins Apprentis d’Auteuil, 2002, Mixité, internat, jeunes en difficulté ?, coord. LEMENAGER F., Délégation régionale Nord, Direction Qualité et Recherche.

[15] DUPONT J. (2001) Incidence des carences affectives sur la vie relationnelle garçons-filles, dans Orphelins Apprentis d’Auteuil, 2002, Mixité, internat, jeunes en difficulté ?, p.40-41. « …dans une famille où habitent frères et sœurs, la mixité entre « pairs » se vit en permanence à l’intérieur, mais elle est gérée par l’interdit de l’inceste…ce qui ne joue nullement dans un foyer mixte. »

[16] Orphelins Apprentis d’Auteuil, 2002, De la réflexion… à l’action : le séminaire régional dans « Mixité, internat, jeunes en difficulté ? », p.89-98.

[17] SOCIOVISION, étude qualitative après des salariés et des jeunes du Château des Vaux, présentation du 3 juin 2003.

[18] FONDATION d’AUTEUIL, Leménager, Poinas, Prissard, Boutet, Rapport d’étape, Etat des lieux, Janvier 2005. Ce rapport présente des synthèses des contributions de l’ensemble des acteurs : états des lieux et constats en interne et en externe, problématiques identifiées, éclairage des sciences humaines et de l’enseignement de l’Eglise, esquisse d’une vision partagée des fondamentaux, convictions et orientations.

[19] Psychologiques ; sociaux, culturels et religieux ; éthiques ; éducatifs et pédagogiques.

[20] Dont Michel BOYANCE, Pierre G.COSLIN, Boris CYRULNIK, Isabelle FERRAND, Abderrahim HAFIDI, Jean-Yves HAYEZ, Saül KARSZ, Marie-Paule MARTIN-BLACHAIS, Jean-Marie PETITCLERC, Xavier POMMEREAU, François SOTET, Serge VAELORGE, … et des représentant des institutions ou associations suivantes : L’Arche en France, AIRe, Accueil, Enfance, Jeunesse, ADASEA de Seine et Marne, AGEMME, Association Régionale des Responsables d’Internats Educatifs Spécialisés, Association Ouvrière des Compagnons du Devoir, Centre jeunesse de Montréal (Canada),Centre départemental Enfance et Famille du conseil général de Seine-Saint-Denis, Conseils généraux (Eure et Loir, Seine et Marne), Armée de terre, Education Nationale, Institut européen psychanalyse et travail social, Je.tu.Il, , Observatoire national de pédagogie de l’Enseignement Catholique, Scouts et guides de France, Synergie (Belgique),UDAF de Vendée.

[21] FONDATION d’AUTEUIL, Compte rendu des rencontres de la Fondation d’Auteuil : Garçons & filles en difficulté, quelle mixité ? 6 et 7 avril 2005.

[22] Il est intéressant de souligner que cette logique est parfois présente dans les motivations des Conseils généraux qui demandent un déploiement de la mixité dans les établissements.

[23] Le terme « coéducation » n’est pas adopté par Apprentis d’Auteuil qui le réserve pour définir le mode de relation avec les parents des enfants confiés.

[24] Rapport d’étape, p.7-8.

[25] BENOIT P., 2004, 10 repères à propos de la Mixité éducative dans le Magistère de l’Eglise Catholique.[s.l.].

[26] Comité de Direction Générale, Comités de direction au niveau national

[27] Déclaration universelle des droits de l’homme, art. XVI

[28] Une charte de l’éducation affective et sexuelle est diffusée en 2007 puis un parcours d’éducation affective et sexuelle pour les enfants de 6 à 12 ans (2008), Lauréat d’un appel à projet 2005 de la Fondation pour l’Enfance et un parcours pour les adolescents en 2012. Des guides pour les adultes et des outils pédagogiques pour les jeunes sont aussi réalisés.

[29] Des formations à l’éducation à la mixité sont proposées depuis 2007 pour les collaborateurs d’Apprentis d’Auteuil. Une formation d’éducateur à la vie Mention Jeunes en difficultés est proposée en partenariat avec L’Ecole des psychologues-praticiens et le CLER.

[30] « L’éducation à la mixité favorise la capacité à vivre la différence dans la connaissance et l’acceptation de l’autre » (Fondation d’Auteuil, projet).

[31] FONDATION POUR L’ENFANCE (2009), Les prix pour l’enfance [sd,sl]

[32] ANESM/ Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des Etablissements et services Sociaux et Médico sociaux : Recommandations de bonnes pratiques professionnelles.