Paris – 2014 – L’Harmattan – T1 (358 p.) – T2 (302 p.)
Ce volumineux ouvrage en deux tomes reprend la thèse de doctorat de sciences de l’éducation que l’auteur a soutenue en 2013 devant l’Institut Catholique de Paris. Et il y a au moins deux raisons de se réjouir de sa publication.
La première, c’est qu’il présente une excellente histoire de l’éducation scolaire au Congo et, plus précisément, du rôle des Ecoles conventionnées Catholiques de l’Archidiocèse de Bukavu. Il analyse en particulier les problèmes et les conséquences de l’époque Mobutu sur leur situation actuelle. C’est donc là une précieuse contribution à la connaissance du phénomène de la scolarisation dans son pays, avec un tableau lucide et réaliste de ses difficultés et des conditions de son essor. Mais, surtout, c’est une approche originale de la remédiation à l’échec scolaire. Constatant en effet la fréquence désastreuse de celui-ci parmi les jeunes congolais, dont il compromet sérieusement l’avenir socioprofessionnel, le Père Mukata a courageusement et vigoureusement organisé et géré une expérimentation d’envergure, consistant à voir si un accompagnement personnalisé, c’est-à-dire librement accepté par les intéressés, aiderait l’élève à compenser ses lacunes et à atteindre le niveau requis pour poursuivre normalement son cycle d’études. Et il a montré que, sans céder à l’euphorie ou à l’illusion et en tenant compte de la complexité des cas particuliers, une amélioration très estimable était obtenue chez la plupart.
D’où la seconde raison de se réjouir, qui résulte de la précédente ; en effet, cette tentative a une portée qui déborde sa localisation géographique et serait applicable ailleurs, vu l’anthropologie personnaliste dont elle s’inspire, la pratique pédagogique qu’elle recommande et surtout sa compréhension exacte et authentique du concept d’accompagnement. A la différence de textes officiels qui l’utilisent de manière confuse et diluée, qui le privent de toute identité, il l’entend à bon droit comme l’engagement réciproque et librement accepté des partenaires dans une relation confiante et clairement vécue.
Devenant, à son retour d’Afrique, directeur des Ecoles Catholiques de l’Archidiocèse, le Père Mukata pourra, nous l’espérons, généraliser et appliquer à grande échelle ce qu’il a mis en évidence dans sa thèse. Ce sera une belle initiative, tout à la fois, de la pédagogie africaine et de la pédagogie chrétienne. Mais, comme l’écrit le Professeur Avanzini, dans sa Préface, « il n’est pas moins désirable que, instruite par cet exemple, la pédagogie française sache, elle aussi, en profiter. Alors que la formation du corps enseignant est en voie de remaniement, puisse-t-elle ne pas négliger de le former à l’accompagnement » (p.10).