Paris – l’Harmattan – 2014 – 138 p.
C’est également en invitant la pédagogie française à « emprunter la voie que lui ouvre ici la pédagogie africaine » (p.1) que G. Avanzini, dans sa préface, présente les actes de ce Colloque que le Père Mukata a organisé à Bukavu, peu après sa soutenance de thèse de doctorat. De fait, cinq approches de l’échec sont ici proposées : philosophique, sociologique, théologique, juridique et pédagogique. Et ce sont bien des regards « croisés », et non juxtaposés ni concurrentiels, dont on sent bien l’indissociabilité si l’on peut parvenir à sa véritable intelligibilité de phénomène de l’échec.
On retiendra en particulier, après le discours introductif de l’Archevêque de Bukavu, l’analyse phénoménologique de Rigobert Kabamba, qui situe toutes les raisons qu’a un élève pour ne pas s’intéresser à la classe, notamment la renommée et les avantages assurés aux « aux joueurs de football » (p.31) plutôt qu’aux titulaires de grades de haut niveau. Bosco Mucukiwa, sociologue, étudie la rupture scolaire et les moyens de la prévenir, ou de la réfréner. Muke Zihisire analyse les dommages psychologiques entraînés par l’insuccès.
Notons particulièrement la contribution du Père RubuguzoM’Pongo qui, intervenant en théologien moraliste, souligne la grave responsabilité éthique et politique de celui qui, de quelque manière que ce soit, induit, ou ne se soucie pas, de prévenir l’échec ; Il y a en ce domaine beaucoup d’inconscience. M. Busane Ruhana Mirindi se place à un point de vue juridique, pour montrer comment le seul respect du droit à l’enseignement autorise et même comporte d’anticiper l’échec.
Enfin, fidèle à ses convictions, le Père Mukata rappelle fortement que l’échec n’est pas une fatalité et qu’il faut lui opposer le postulat de l’éducabilité et la pratique d’un véritable et sain accompagnement. C’est dire que ce colloque est un bel exemple de ce qu’il faut faire.