Paris –Retz – 2013 – 240 p.
Professeur de psychologie à l’Institut Catholique de Paris et partout connue pour ses travaux sur le fonctionnement cognitif, l’auteur approfondit et prolonge ses recherches sur les apprentissages et le savoir.
Telle est la condition de l’homme que, s’il consent à l’effort d’apprendre, il réussit à savoir, et il s’en trouve heureux. Le problème est donc qu’il accepte cet effort. Et c’est là qu’intervient le rôle médiateur de l’enseignant qui, dit-elle, comporte, à la fois, un accompagnement et l’instrumentation d’ « outils de pensée » (p. 14). Ainsi, l’élève peut découvrir le sens de ce qu’il apprend et, simultanément, fortifie sa motivation et sa confiance dans sa capacité d’apprendre. Celle-ci, en effet, ne peut procéder que du constat d’y être arrivé. Paradoxalement, pour réussir, il faut déjà avoir réussi. Et cela passe par l’assimilation des concepts requis pour « intégrer des observations concrètes dans un ensemble plus large, qui lui donne sens » (p.19°). Les concepts sont vraiment les outils de la compréhension. C’est le vice d’une pédagogie confondue avec le dressage que de prétendre faire apprendre sans faire comprendre, et de s’en contenter. Si l’on néglige de cultiver la confiance, comme si elle était innée, on suscite une conviction d’impuissance, source de démission et, à terme, de « décrochage ». Encore faut-il, aussi, savoir évaluer, en dépassant les pratiques ou consignes confuses de la pédagogie officielle et l’objectif, devenu obsessionnel, de prétentieuses « compétences », qui sacrifient la culture à l’utilitarisme
On saura gré à Britt-Mari Barth de dénoncer l’illusion selon laquelle « l’information se trouve dans la clarté du message » (p. 155). « Ce n’est pas la clarté de l’expression qui nous informe d’abord, mais la signification que nous pouvons donner à un exposé » (p. 57). Aussi bien, les sciences cognitives confirment que « pour apprendre, il y a nécessité d’une implication à la fois émotionnelle, sociale et culturelle » (p. 198). Les élèves, en effet, ne sont pas comme « un récipient qu’il faut remplir, mais de personnes dotées de la capacité d’apprendre et d’entreprendre » (p. 205). C’est là, « une question d’éthique » (p. 209).
Nous en resterons là, car la pédagogie générale n’est pas, en tant que telle, l’objet de ces recensions. Mais l’activité éducative que préconise Mme Barth et la vision personnaliste qui l’anime méritent d’être signalées et louées en raison de leur parfait ajustement à ce que l’on peut attendre d’un E.C.A.
Guy Avanzini