Revue de l’AIRAP, dossier spécial – n° 27 – mai 2015 – 21 p.
Le « fait religieux » : notion nouvelle, qui désigne désormais l’objet d’un enseignement également nouveau, celui des religions. Mais lui-même non religieux, neutre, « laïque », il est destiné à procurer la connaissance des données indispensables à la compréhension de la culture scolaire (en histoire, littérature, etc.). Cependant, dans le climat survolté de la société française quant à tout ce qui a trait au religieux, il est, tout à la fois, valorisé et redouté, exposé à mille malentendus. C’est pourquoi tout ce qui peut contribuer à clarifier cette notion est bienvenu. Et tel est précisément l’objet de ce dossier de l’AIRAP, qui rassemble une douzaine de textes brefs et divers.
Parmi eux, on signalera spécialement d’abord les définitions d’ordre terminologique, proposées par Martine Esclavissat, des Extraits du Père Faure et d’Emmanuel Mounier sur la construction de la personnalité et l’acquisition du sens de l’intériorité, un texte d’Hélène Lubienska de Lenval sur « la pédagogie sacrée », diverses réflexions d’Anne Lachèze et, enfin, un sondage sur l’enseignement du fait religieux en classe. Il ne s’agit donc nullement d’une théorie élaborée du fait religieux, mais, plus modestement, de diverses données susceptibles de susciter la réflexion et de faire appréhender la complexité de problèmes.
A vrai dire, cet enseignement se heurte paradoxalement à une double méfiance : celle des incroyants, d’abord, qui soupçonnent un catéchisme déguisé, vu qu’une information sur le phénomène religieux peut induire une curiosité qui lui confère une dimension prosélyte ; celle des croyants, ensuite, inquiets de l’attitude éventuelle d’enseignants qui ethnologiseraient ou folkloriseraient la religion, par exemple en traitant la Trinité comme les divinités antiques. Et, plus globalement, l’inculture religieuse croissante de nos contemporains conduit à se demander comment assurer et garantir la qualification des professeurs en ce domaine.
Guy Avanzini