Paris – l’Harmattan – 2014 – 128 p.
Après une enfance difficile et précaire, Madeleine Covas a été, pendant 40 ans, professeur de lettres, successivement, dans deux collèges de l’Enseignement Catholique sous contrat. Or, épargnant à ses lecteurs les syndicalo-lamentations d’usage, elle affirme au contraire d’emblée, « je fus un professeur heureux (p. 7), « je n’ai pas d’amertume » (p. 9). C’est assez rare pour que son livre retienne immédiatement l’attention.
Ce qui frappe d’abord, c’est la modestie de son approche, toute simple, sans aucune prétention, mais aussi le bon sens et l’équilibre du jugement. Elle raconte que, d’emblée sceptique quant à la pertinence du « collège unique » (p. 29), elle s’est gardée de suivre les « Instructions », qu’elle jugeait inadaptées, mais a participé à des tentatives judicieuses de différenciation ; elle évoque aussi la pression exercée pour faire monter le pourcentage de succès au Brevet. (p.127).
Si, cependant, au-delà des anecdotes, d’ailleurs généralement intéressantes et bien choisies, on essaie de formaliser ce à quoi Mme Covas doit d’avoir été « un professeur heureux », il apparaît que c’est pour avoir su montrer à ses élèves qu’elle les « aimait », car confiante dans leurs possibilités de progresser, et simultanément pour s’être avérée ferme et exigeante quant à la qualité du travail. Globalement, n’est-ce pas, d’une certaine manière, l’idée dominante de Don Bosco ? Sans paraître s’en douter et peut-être même sans la connaître, c’est la pédagogie salésienne qu’elle pratiqua.
En revanche, on s’étonne vraiment de son silence sur le référentiel chrétien de ces établissements, à part une rapide allusion aux « grands principes de christianisme » (p.66), que « nous avons gardé le plus possible » (id). Comment peut-on enseigner pendant 40 ans dans un établissement catholique sans y percevoir une trace de l’animation pastorale ? Vu qu’on ne peut supposer ni que l’auteur ait réussi à n’en jamais percevoir de « caractère propre », ni que celui-ci y soit à ce point discret que rien ne permette de le soupçonner, on demeure perplexe, et inquiet !
Guy Avanzini