Alphonse Gilbert, s.p.
Aventurier de l’Esprit Saint : vie d’un missionnaire spiritain

Paris – Ed. Emmanuel – 2016 – 178 p.

Cette autobiographie est magnifique : elle raconte une vie réussie ; ce qui est rare dans les publications actuelles, que dominent si souvent la plainte ou la dépression. Comme le dit la quatrième page de garde, elle « se lit comme un roman d’aventure ». C’est l’histoire d’un missionnaire spiritain, qui, aujourd’hui nonagénaire et retiré à Chevilly-Larue, a vécu dans l’enthousiasme et la confiance totale en l’Esprit Saint les ministères successifs et divers auxquels l’obéissance religieuse l’a appelé.

Or -et c’est ce qui justifie cette recension- plusieurs ont été d’ordre éducatif et ont donné lieu à une réflexion sur l’expérience acquise. Certes, le Père Gilbert n’a écrit aucun ouvrage de pédagogie et ne formule aucune théorie en la matière : cependant, en le lisant, on remarque d’abord tout ce qu’il doit à une famille affectueuse et confiante dont, natif de St Pierre et Miquelon, il a dû s’éloigner géographiquement pour répondre à sa vocation sacerdotale mais qui a façonné sa personnalité. Cela se manifeste d’emblée par sa souffrance face à l’austérité et à la rigidité des professeurs du Séminaire comme des formateurs du noviciat. Aussi bien, nommé après son ordination, en 1943, dans un collège du Québec où il restera 15 ans, il adopte avec ses élèves une pédagogie de proximité, « je ne me braque pas sur leurs défauts », écrit-il (p.69). Envoyé ensuite en Guinée, pour ouvrir à Conakry, à l’époque de la dictature, un séminaire clandestin, il s’y montra, toujours bienveillant et proche, convaincu de l’éducabilité de chacun. Il en va de même en Haïti, où il apprivoise des élèves difficiles, puis en Belgique, où il ouvre un centre spirituel, et à Chevilly-Larue, pour la formation des futurs missionnaires, et plus encore, enfin, à l’Œuvre des apprentis d’Auteuil, avec des adolescents gravement perturbés, à qui il apporte une aide lucide et chaleureuse. En tout cela, lui-même perçoit le rapprochement qui s’impose avec Don Bosco (p. 90).

Cette attitude stimulante est la même dans toutes les tâches pastorales dans lesquelles l’ont engagé tant sa remarquable capacité de travail que son zèle apostolique. Ainsi en va-t-il de sa prédication comme de son rôle dans la Communauté de l’Emmanuel, ou en tant que Supérieur de séminaire, ou comme procureur de l’Episcopat français à Rome.

La lecture de cet ouvrage, écrit de façon vive et directe, révèle une personnalité tonique, dont on admire la totale disponibilité, l’immense adaptabilité, une envergure polyvalente mais aussi, et surtout, un vrai charisme éducatif.

Guy Avanzini