Paris – Editions de l’Atelier – 2017 – 112 p.
A l’occasion de son 150ème anniversaire – que nous avons déjà évoqué –la Fondation a mobilisé, pendant l’année 2016, ceux qu’elle accueille, 25000 enfants et adolescents, ainsi que leurs familles (6000) et ses collaborateurs, professionnels et bénévoles, pour une vaste concertation sur ce qui pourrait être et, surtout, devenir une vraie politique de la jeunesse. Et c’est, a-t-elle pensé, en le demandant aux intéressés eux-mêmes que l’on en obtiendrait la meilleure vision. Selon des modalités variées – débats, ateliers, etc. – les uns et les autres s’y sont engagés et sont parvenus à des conclusions classées selon des rubriques appropriées : famille, école, avenir, société, etc. … Certaines suggestions émises ont été d’emblée expérimentées dans tel ou tel établissement de l’Œuvre, pour aboutir à une série de 20 propositions présentées aux décideurs et récapitulées, selon l’expression d’une mère d’élève, dans ce « petit bouquin d’utilité publique ».
On remarquera d’abord l’originalité d’une démarche qui postule la capacité des « jeunes » à réfléchir utilement sur leur propre sort. S’adressant à des sujets que leurs difficultés familiales, scolaires ou sociales ont trop souvent déconsidérés à leurs propres yeux, elle a favorisé chez eux une certaine reconsidération ; ils y ont vu un signe de confiance et d’estime dont on ne saurait méconnaître la portée psychologique. Aussi bien, les propositions élaborées sont bienvenues, exemptes d’extravagances, de souhaits magiques ou infantiles comme de sottises naïves, elles manifestent globalement une pertinence et un bon sens qui confirment les qualités de l’éducation ou de la formation reçues.
Parmi elles, nous retiendrons particulièrement 4 thèmes. D’abord, il faut éviter des décisions de placement émanent de préjugés administratifs peu éclairés et insensibles aux paramètres affectifs ; ensuite, il faut redire les méfaits d’une Ecole inattentive aux personnes, figée dans un immobilisme et agent aveugle de sa décrépitude ; En outre, on doit songer au sort des jeunes adultes abandonnés à eux même au jour de leur 18 ans, et faciliter l’accès aux contrats jeunes majeurs. Enfin, s’ils reconnaissent bien l’importance du politique, les mêmes n’ont guère confiance dans les hommes politiques, dont la parole ne leur paraît pas toujours fiable.
Certes, une enquête de ce type ne saurait être représentative. Du moins est-elle hautement significative, tout spécialement des problèmes de ceux que les Apprentis d’Auteuil ont vocation d’accueillir. Si l’on regrette que la méthodologie et les méthodes de dépouillement n’aient pas été explicitées, elle souligne très opportunément une urgence sociale et, à cet égard, appelle à être prolongée. En particulier, selon quelles voies institutionnelles pourrait s’organiser une consultation régulière sur les besoins ? Plus largement, quelle suite assurer désormais à ce travail, qu’il serait navrant de ne pas expliciter et de ne pas partager ?
Guy Avanzini