Geneviève de Taisne
Etre parents, une école de vie

Paris – Bayard-Presse – 2017 – 66 p.

Les très modestes dimensions de cet opuscule pourraient bien l’exposer à passer inaperçu. Or ce serait dommage car, s’adressant à des parents soucieux de leur responsabilité éducative et capables de réflexion, il s’avère bienvenu. Les problématiques actuelles de la parentalité donnent lieu à tant de publications qu’on craint d’abord de se trouver devant la réitération de lieux communs et de propos convenus. Mais tel n’est pas le cas. Forte de son expérience psychanalytique, G. de Taisne présente une étude rigoureuse à partir d’un regard souvent original et toujours judicieux.

L’on notera ici, à titre d’exemples, quelques thématiques propres à approfondir, voire à renouveler, le regard. Ainsi, s’adressant à des familles qui, estime-t-elle, s’occupent beaucoup de leurs enfants, elle les met en garde contre la tentation de se croire -et même de se désirer- parfaits et omniscients, ou culpabilisées de ne pas l’être. Elle les invite à percevoir leur propre fragilité et à reconnaître qu’il faut chercher et inventer ensemble les meilleurs moyens  de concilier des impératifs moraux et sociaux avec les désirs des adolescents. De même rappelle-t-elle que, si l’éducation vise à les autonomiser, cela ne consiste pas à les abandonner mais à les munir de la capacité de gérer cette autonomie. Il faut les protéger, mais non les étouffer, et les sécuriser assez pour qu’ils osent courir les risques de la vie, en sachant les évaluer. Elle souligne surtout la portée décisive de l’affection, comme de la valorisation du sujet, et d’une parole libre et confiante dans « une vie familiale riche, où parler tient une place importante » (p. 40). Elle précise enfin ce que l’on peut attendre d’un accompagnement psychanalytique, pour restaurer ou pacifier la personne, dans sa relation avec les autres et avec elle-même.

Une formule résume et signifie bien l’esprit du livre : « Osons être parents. Non des êtres tout-puissants, mais des humains, imparfaits et aimants, qui permettent à leurs enfants de se sentir, à leur tour, aimés » (p.13).On ne peut tout résumer, d’autant plus qu’il s’agit d’un texte dense, qui relève d’une lecture exigeante. L’on trouvera dans l’ouvrage de G. de Taisne la satisfaction de rencontrer une pensée de qualité.

Guy Avanzini