Matthieu Brejon de Lavergnée (sous la direction de)
Des Filles de la Charité aux Sœurs de St Vincent de Paul : quatre siècles de cornettes (XVIIème – XXème siècle)

Paris – Honoré Champion – 2016 – 556 p.

En cette année 2017 où l’on célèbre, spécialement à Chatillon sur Chalaronne, le 4ème centenaire de la fondation des Equipes de Charité, sans doute s’imposera-t-il de présenter ce gros ouvrage qui, grâce à M. Brejon de Lavergnée, publie les Actes du Colloque tenu en octobre 2011 en Sorbonne et à la Maison-mère des Sœurs. Ainsi sont rassemblées 25 communications, qui illustrent leurs diverses activités sur tous les continents au cours de ces quatre siècles. Voilà donc une recherche qui répare une lacune ou une négligence des historiens, sans doute longtemps inattentifs au phénomène des congrégations féminines. Or celle-ci, à son apogée, en 1965, rassemblait 45 000 religieuses.

 « La charité est inventive », aimait à dire St Vincent. Son histoire le montre avec éclat. La première partie porte sur les origines, l’essor et les difficultés liées à des conjonctures inégalement formelles, voire hostiles. La seconde présente une implantation des religieuses géographiquement très variée, particulièrement significative, et la troisième a trait aux divers registres de leur apostolat, pour en souligner à la fois la variété et l’unité. Parmi les constantes, on retiendra évidemment ici le souci de l’éducation, qui entraîne très vite, dès 1641, la fondation des « petites écoles vincentiennes », jusqu’à ce réseau qui scolarise de nos jours en France 30 000 élèves ou apprentis, en 22 écoles, 15 collèges et 48 lycées, généralement techniques et professionnels, et 11 CFA. Contrairement à une représentation courante, cette charité éducative ne se limite pas au sauvetage des nouveau-nés abandonnés aux portes des églises mais s’étend à tous les pauvres, à tous les âges. Plus encore, et cela demeure méconnu, St Vincent, sans le dire explicitement, croit à l’éducabilité de tous ; il agit et forme les sœurs selon cette conviction dynamique et, à son époque, profondément novatrice.

Parmi toutes ces communications, de portée évidemment inégale, on retiendra particulièrement celle de Sœur Elisabeth Charpy sur la spiritualité des sœurs, et celle de Sarah Curtis sur l’action de la Bienheureuse Sœur Rosalie Rendu dans la paroisse St Médard de Paris.

Si l’on peut émettre un regret il portera sur l’absence de chapitres de synthèse qui, à partir de l’extraordinaire richesse  de ces textes successifs et des situations spécifiques qu’ils étudiaient, en présenteraient précisément les constantes et les lignes directrices. Celles-ci mériteraient d’être davantage thématisées.

Guy Avanzini