Paris – Editions Artège – 2016 – 128 p.
Bien que Frère des Ecoles Chrétiennes, ce n’est pas à un apport original à la pédagogie que le Saint Frère Salomon doit la gloire de sa récente canonisation, le 16 octobre 2016. Originaire de Boulogne-sur-Mer, il était entré dans l’Institut Lassalien en 1767, pour sauvegarder sa fidélité chrétienne, menacée par la corruption environnante ; et ce, malgré l’opposition de certains membres de sa propre famille fermement hostiles à une éducation scolaire des enfants du peuple, qu’ils estimaient inutile, sinon dangereuse. Quant à lui, il n’eut que pendant environ 5 ans la charge d’une classe, c’est-à-dire, vu l’époque, de 130 élèves, puis d’une « pension de force, destinée à des sujets difficiles ou « libertins », dont leurs parents désespéraient. Très vite, il fut appelé à d’autres fonctions, d’abord comme responsable du noviciat, donc de la formation des jeunes Frères, puis comme procureur du gros établissement de Maréville. Il fut ensuite le secrétaire du Supérieur Général, le célèbre Frère Agathon, et, enfin et surtout, secrétaire général de l’Institut.
Mais voici que bientôt allaient commencer la révolution de 1789 et la persécution antireligieuse qui y fut liée. Horrifié par ces événements, le Saint Frère Salomon refuse fermement de prêter le « serment civique » imposé en mars 1792 aux enseignants, comme tout contact avec les prêtres jureurs. Se cachant à Paris, il rassemblait clandestinement des informations pour le Frère Général, demeuré à Melun, et il eut la joie d’y rencontrer le Père de Clorivière au moment où celui-ci fondait secrètement ses propres sociétés religieuses, spécialement celle des Filles du Cœur de Marie.
Cependant en avril 1792, l’assemblée législative vota la suppression de l’Institut. Dénoncé pour ses activités, Frère Salomon fut arrêté le 15 avril et emprisonné au Couvent des Carmes de la rue de Vaugirard. C’est là que, dès le 2 septembre suivant, une horde haineuse allait le massacrer en même temps que 113 autres prêtres, religieux et laïcs, incarcérés avec lui. Le tragique épisode fait de lui le premier martyr canonisé de la révolution. Au delà du pédagogique, il est éducateur par l’exemple impressionnant de son inaltérable fidélité.
Guy Avanzini