Bar le Duc – Imprimerie St Paul – 1987 – 92 p.
Née en 1789, dans les environs d’Agen, Adèle de Batz de Trenquelléon dut rapidement s’exiler, avec sa famille, pour échapper à la Terreur. Revenue en France en 1801, elle appartient à cette génération de chrétiens fervents, résolus à remédier à la déchristianisation, spécialement celle des milieux ruraux. Très jeune, même, elle s’est sentie appelée à annoncer l’Evangile. Instruite par une tante, elle n’a elle-même fréquenté aucun établissement scolaire mais, hyperactive, généreuse, passionnée et un peu scrupuleuse, elle ouvre chez elle une sorte de « petite école » pour pourvoir, très empiriquement à l’instruction religieuse des filles pauvres de la campagne. Avec une amie également pieuse et décidée, elle fonda une « petite société » qui rejoint, par une lettre hebdomadaire, des jeunes filles également désireuses de spiritualité.
Et voici que, en 1808, elle rencontre fortuitement -ou providentiellement !- chez une amie, un collaborateur du Père Chaminade, prêtre bordelais, qui entreprend d’établir une « congrégation mariale ! ». Assez vite, tous deux découvrent la similitude de leurs objectifs ; également convaincus que la re-christianisation de la population passerait et commencerait par celle de la jeunesse, ils en viennent à mûrir le projet d’une famille religieuse dont les Marianistes seraient la branche masculine et l’association d’Adèle constituerait la branche féminine. Le Père Chaminade en entreprend la rédaction des Constitutions. Malgré mille obstacles, en juillet 1817, Adèle, nommée Supérieure et devenue Mère Marie de la Conception, peut faire profession ainsi que ses compagnes. Fortes d’une spiritualité à dominante mariale, elles se veulent missionnaires, vouées à faire connaître et aimer Dieu et l’Evangile. Enfin, en juillet 1819, les « Filles de Marie » reçoivent l’approbation Pontificale.
Ce petit ouvrage, dont la parution coïncide avec le cinquantenaire de l’Institution Sainte Marie d’Antony, présente très bien la spiritualité dynamique de la nouvelle Bienheureuse. Et il lui apporte l’hommage qui convient. On regrettera seulement qu’il soit insuffisamment explicite et clair sur les structures canoniques de sa congrégation, la diversité des statuts et la genèse des « Tiers ordres », tant séculier que régulier. L’exposé manque ici de précision, et cela gêne la compréhension des activités apostoliques des uns et des autres. On sait seulement que « les Sœurs se trouvent en ville, les tertiaires à la campagne (p. 65) on aimerait des indications plus précises.
La nouvelle Bienheureuse n’avait pas laissé de pédagogie. Mais sa finalité est claire : il s’agit d’évangéliser. Certes, il faut, selon les modalités appropriées, donner aux filles de la campagne l’instruction polyvalente que requièrent leur condition et leur époque, mais il faut d’abord former de vraies chrétiennes, dont la foi soit solide, éclairée et active.
Guy Avanzini
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