Paris – Presses de la Renaissance – 2018 – 140 p.
S’inscrivant dans la longue série des publications du Père Petitclerc, ce livre offre une synthèse dense et minutieuse. Il expose avec précision le contexte douloureux de l’enfance de Don Bosco dans une « famille recomposée », ses études, son accès au sacerdoce, ses premières initiatives d’ordre pastoral à l’égard des adolescents marginalisés ou vagabonds de Turin, les étapes de la création et de la stabilisation du Valdocco, la fondation des deux congrégations salésiennes, leur élan missionnaire et leur diffusion internationale.
Si les premiers chapitres sont d’ordre historique, les suivants sont de type thématique ; ils étudient la genèse et la structuration de sa conception de l’éducation. Don Bosco a en effet parfaitement discerné les composantes structurelles de l’acte éducatif : d’abord, les finalités, qui, chez lui, sont très claires : former un honnête citoyen et un bon chrétien ; ensuite, une anthropologie : l’être humain est foncièrement éducable, réceptif au climat affectif et dépendant de la qualité affective de ses relations ; enfin, la pédagogie proprement dite, qui procède de l’articulation des trois données du système préventif : raison, affection, religion.
On appréciera particulièrement la rigueur et la précision avec lesquelles l’auteur situe les diverses composantes pour montrer en quoi la « prévention personnalisée » (p. 69) est préférable à la « prévention répressive » et offre la bonne méthode éducative. L’auteur montre ainsi très clairement la pertinence de cette structure « systémique », qui met en œuvre l’interférence de la raison, de la religion et de l’affection, qui s’inter-renforcent les uns les autres.
Le Père Petitclerc refuse tout fatalisme et croit à l’éducabilité. A une époque où beaucoup sont tentés de s’abandonner à la répression, cela est précieux, quiconque a commis un délit n’est pas un « délinquant », poussé par sa nature à récidive. Enfin, il s’impose de signaler que le dernier chapitre est composé de « textes emblématiques » (pp. 113 et sy) spécialement le célèbre texte sur « le système préventif dans l’éducation de la jeunesse ». Cela permet de méditer sur des documents trop ignorés. Ainsi cet ouvrage met en évidence la pertinence novatrice d’une conception de l’éducation qu’un contexte contraire conduit trop souvent à écarter. Mais c’est précisément ce qui fait sa valeur.
Guy Avanzini