Charles Lapierre, f.e.c
Marche en ma présence : Monsieur de la Salle 1651-1719

Paris –  Edition des Frères des Ecole Chrétiennes – 2018 – 174 p.

Alors que l’on s’apprête à célébrer le tricentenaire de la disparition de St Jean Baptiste de la Salle -le 7 avril 1719- cette 5ème édition d’un ouvrage bien connu est particulièrement opportune. Marginalisés par la pédagogie officielle et négligés par les chrétiens, qui souvent en discernent mal la pertinence, les grands éducateurs chrétiens sont insuffisamment mobilisés.

Présenté sous forme d’une chronique, solidement documentée et écrite avec vivacité et clarté, cette biographie se lit à la manière d’un roman. Elle permet de bien percevoir la personnalité complexe de ce marcheur infatigable, qui s’abandonne, dans la confiance en Dieu, à la découverte progressive de sa vocation d’éducateur des pauvres et s’attache avec obstination à créer une structure de religieux laïcs, les « Frères ». Ainsi, malgré les obstacles, les différences, les trahisons, la jalousie des Maîtres Ecrivains et des Maîtres des Petites Ecoles, en dépit d’une grande fragilité canonique et d’une forte vulnérabilité, il parvient à instaurer son Institut et, au-delà de celui-ci, à marquer décisivement l’histoire de l’éducation scolaire. L’on connaît son intelligence, son courage, sa volonté, sa force de conviction. Son objectif est, à la fois, ambitieux et modeste : il ne s’agit pas de transformer la société mais de former des chrétiens munis de la formation requise pour s’y intégrer et y réussir leur salut. On regrettera seulement, outre une ponctuation déficitaire, que, malgré ses mérites, la méthode chronologique retenue par l’auteur n’ait pas permis un exposé synthétique de la pensée pédagogique de St Jean Baptiste de la Salle et la présentation thématique de sa vision de l’Ecole, du système scolaire et des procédures didactiques qu’il préconise, notamment la méthode simultanée. Il reste que ces pages éclairent remarquablement l’inventivité courageuse et lucide d’où sont issus les Frères des Ecoles Chrétiennes. Il convient donc de remercier vivement Frère Lapierre de ce beau travail.

Guy Avanzini