Sœur Emmanuelle BILLOTEAU
Nicolas Barré : Un chemin de liberté.

Paris, Salvator, 2021, 222p.

Le grand réveil religieux qui a marqué, en France, le XVIIème siècle a suscité, à la fois, des initiatives pastorales d’envergure, notamment l’essor de l’éducation des milieux populaires et la création de congrégations enseignantes, mais aussi un renouveau spirituel très intense, comportant l’essor de conversions engagées par des chrétiens désireux d’assurer leur perfectionnement spirituel. Si Nicolas Barré a intensément participé à l’action scolaire de sa propre congrégation des Minimes, le second chantier lui doit également beaucoup. Il a, en effet, puissamment aidé ce mouvement que nous appellerions volontiers aujourd’hui « d’accompagnement » : il s’agit bien toujours d’éducation, non plus, certes, d’enfants, mais d’adultes à faire grandir spirituellement selon leur propre souhait. Leur volonté étant de répondre à l’appel de Dieu, cela se fera selon des voies appropriées à leur état de vie, à leur culture et à leurs aspirations. Il ne s’agit pas, ici, de se contenter d’une démarche peu exigeante, mais bien d’identifier et de cultiver des voies appropriées à chacun, de façon personnalisée. Comme l’écrit dans sa préface Monseigneur Boulanger, « la vie spirituelle, pour eux, ne s’adresse pas à des anges mais à des êtres humains ». Il s’agit donc, de façon modeste mais résolue, de mettre en place une démarche de formation chrétienne d’adultes. Cela devait aboutir en 1694, c’est-à-dire quelques années après la mort de l’auteur, à la publication de « Maximes pour la direction des âmes » tant pour les « directeurs » que pour les personnes « dirigées ». Il s’agit donc d’instaurer une pratique originale de perfectionnement spirituel. L’on sera à bon droit reconnaissant à Sœur Emmanuelle d’avoir ainsi actualisé une voie de recherche un peu oubliée mais dont les origines et l’histoire méritent d’être connus, et cela à l’occasion du 4ème centenaire de la disparition de Nicolas Barré. Il convient donc d’en féliciter chaleureusement Sœur Emmanuelle.

Guy AVANZINI