Anne-Marie AUDIC
Pierre Faure sj 1904-1988

Paris, éditions Don Bosco et AIRAP, 2021, 312p.

En octobre 2020, l’AIRAP a célébré le 50ème anniversaire de sa fondation et, parmi les manifestations de celui-ci, a fait rééditer la thèse de doctorat de Sciences de l’éducation soutenue par Anne-Marie Audic en 1997. Nul, on le sait, n’était plus qualifiée que celle-ci pour analyser et formaliser la genèse de l’AIRAP et la pensée pédagogique du Père Faure, qui en a été le principal artisan. Par son positionnement dans l’histoire du mouvement comme par ses qualités propres, Anne Marie Audic présente une recherche qui dispose d’un statut privilégié, en ce qu’il constitue un vrai référentiel pour l’identification de la pédagogie personnaliste et communautaire. Il s’agit, en définitive, de mettre en évidence le mode de construction d’une pédagogie chrétienne, susceptible d’être authentiquement considérée comme telle. Cela tient à la façon dont elle a su en identifier les trois paramètres fondamentaux : ses finalités, sa représentation du sujet et la mise au point de pratiques didactiques appropriées, comme les modalités d’enseignement et de travail mise en œuvre dans les divers établissements dont l’AIRAP assure la tutelle, avec la vigueur et la pertinence que l’on sait.

S’agissant des finalités, Anne Marie Audic a montré comment elles se caractérisent par leur ouverture à la transcendance et la mise en évidence des valeurs susceptibles d’amener l’enfant à la découverte et à l’assimilation des idéaux qui peuvent devenir ceux du chrétien. Encore fallait-il mettre en évidence le dynamisme psychologique de l’enfant, c’est-à-dire son éducabilité, sa perméabilité aux idéaux antérieurement retenus et leur solidarité. Il s’agit enfin de gérer les pratiques didactiques susceptibles de mettre en œuvre les modalités qui exploitent les données antérieures. Anne marie Audic a su décrire clairement l’articulation de ces trois paramètres.

Enfin, le mérite de cette thèse est d’avoir su rapprocher sans syncrétisme et sans confusion, mais avec rigueur, les deux exigences majeures que le Père Faure considérait comme décisive dans la pratique éducative : il entendait mettre en relation l’ambition intellectuelle et spirituelle propre à la pédagogie de Saint Ignace avec l’attention aux plus pauvres qu’affectionnait Jean-Baptiste de la Salle. Anne Marie Audic montre comment le Père Faure a approfondi sa conception des objectifs de l’éducation et affiné une didactique qui permette l’applicabilité de ces idéaux aux élèves d’origines variées dont il lui paraissait indispensable de favoriser la réussite.

Guy AVANZINI