Luc BRETONNIER
L’école du Gotha ; enquête sur l’École Alsacienne.

Paris, Seuil, 2021, 326 p.

La renommée dont jouit l’École Alsacienne amène à accueillir cet ouvrage avec intérêt. De fait, Monsieur Bretonnier propose un volume qui sera bien reçu. Il rassemble beaucoup d’informations sur les origines et l’originalité de cet établissement de prestige. Il en identifie les racines et, au terme d’enquêtes bien conduites, reconstitue tout son développement.

Cependant, sans qu’on en méconnaisse ses incontestables mérites, cette recherche suscite une certaine déception. Plusieurs de ses analyses apparaissent trop empiriques et approximatives ; sans exiger toujours une approche scientifique, il convient néanmoins de satisfaire à certaines requêtes méthodologiques, faute desquelles l’ensemble demeure insuffisamment valide. Mise en place à la suite de la guerre de 70 par les « Optants » français, elle ne présente pas suffisamment son contexte culturel. Elle n’indique pas non plus ce que serait son « projet pédagogique », qui en identifierait les objectifs et d’éventuelles doctrines de références. Ce n’est pas une rapide allusion à Maria Montessori qui suggère une idée précise des fondements que l’institution s’est donnés. Semblablement, si sa relation avec l’Église Réformée est notée, c’est de façon trop vague et rapide. Aussi bien, le paramètre religieux dans le programme de l’École n’est pas véritablement signalé ni analysé.

Quant aux problèmes de fond, celui du Gotha en tant que tel, l’ouvrage ne précise pas quelle solution est envisagée. Bien que la question soit largement traitée, elle ne permet pas d’y trouver une réponse vraiment satisfaisante. Ainsi, comment éviter que des enfants de milieux culturellement modestes mais scolarisés expérimentalement à l’École Alsacienne ne s’y sentent pas comme des « déportés culturels » ? Mais, inversement, si pour éviter tout danger, on préférait s’installer dans un « entre-soi », ne risquerait-on pas d’en ressentir une certaine mauvaise conscience ? La question est posée dans toute sa rigueur, mais on ne voit pas exactement comment elle est traitée, ni selon quel référentiel.

Guy AVANZINI