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Projet d’une nouvelle branche scoute

Les Poverelli

Charlotte Cumet, Bertrand Cumet

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Genèse

La proposition d’une branche scoute  Poverelli   décrite ici est née d’une demande et d’un constat.

La demande du pape François tout d’abord, dans Laudato Si’, de relever le « grand défi culturel, spirituel et éducatif » (LS 202) de mettre en pratique les préceptes de l’écologie intégrale contenus dans son encyclique.

Notre constat par ailleurs, à l’époque où nous étions chefs d’un groupe de scouts de France, que la nature et plus largement la création demeuraient pour les jeunes accueillis un « environnement » propice à la mise en place de la pédagogie par le jeu, mais guère plus. Trop souvent des propriétaires nous faisaient part des dégâts commis par les scouts, des arbres coupés ou abimés, distraitement ou intentionnellement, aux mégots ou détritus oubliés sur place. Mais surtout il nous semblait que la démarche HALP (Habiter Autrement La Planète) des scouts de France, quoique innovante dans ce domaine, et plus largement cet article de la loi scoute « Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu : il aime les plantes et les animaux. », n’étaient pas assimilés. Nous nous sentions démunis pour inverser cette tendance, renforcée par l’urbanisation de nos unités, la perte de connaissances en matière de « campisme », et les multiples règles contraignantes concernant les bivouacs ou les camps, éloignant toujours plus les scouts de la nature.

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Projet d’une nouvelle branche scoute

Les Poverelli

Charlotte Cumet, Bertrand Cumet

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Genèse

La proposition d’une branche scoute  Poverelli   décrite ici est née d’une demande et d’un constat.

La demande du pape François tout d’abord, dans Laudato Si’, de relever le « grand défi culturel, spirituel et éducatif » (LS 202) de mettre en pratique les préceptes de l’écologie intégrale contenus dans son encyclique.

Notre constat par ailleurs, à l’époque où nous étions chefs d’un groupe de scouts de France, que la nature et plus largement la création demeuraient pour les jeunes accueillis un « environnement » propice à la mise en place de la pédagogie par le jeu, mais guère plus. Trop souvent des propriétaires nous faisaient part des dégâts commis par les scouts, des arbres coupés ou abimés, distraitement ou intentionnellement, aux mégots ou détritus oubliés sur place. Mais surtout il nous semblait que la démarche HALP (Habiter Autrement La Planète) des scouts de France, quoique innovante dans ce domaine, et plus largement cet article de la loi scoute « Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu : il aime les plantes et les animaux. », n’étaient pas assimilés. Nous nous sentions démunis pour inverser cette tendance, renforcée par l’urbanisation de nos unités, la perte de connaissances en matière de « campisme », et les multiples règles contraignantes concernant les bivouacs ou les camps, éloignant toujours plus les scouts de la nature.

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« Une créativité généreuse et digne »

Rétablir les travaux manuels au collège et au lycée général

Clémence Godefroy*

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En 2017, j’ai fait passer des oraux d’anglais au Ceproc, une école culinaire située dans le 19e arrondissement de Paris. J’interrogeais des élèves qui finissaient leur bac professionnel en pâtisserie ; comme pour n’importe quel oral d’anglais, certains parlaient avec une grande fluidité, d’autres avaient beaucoup de mal à s’exprimer. Tous devaient, entre autres, me parler brièvement des raisons pour lesquels ils faisaient de la pâtisserie et ce qu’ils voulaient faire plus tard.

J’ai découvert à cette occasion toute une filière d’étude que je ne connaissais absolument pas, alors que j’enseignais depuis 2009. Je me souviens très bien des élèves qui expliquaient avec passion les raisons pour lesquelles ils aimaient la pâtisserie ; beaucoup m’ont également parlé de leur souhait de continuer leur formation pour obtenir un Brevet de Maîtrise, et éventuellement d’ouvrir leur propre pâtisserie à l’étranger, puisque les pâtissiers français sont très en demande notamment dans les pays asiatiques.

Cette expérience a été révélatrice pour moi à plusieurs niveaux. Tout d’abord, je me suis rendue compte que je n’avais pas l’habitude d’entendre des jeunes de terminale parler avec autant de motivation et d’enthousiasme de ce qu’on leur enseignait et de leurs projets d’avenir. Ensuite, j’ai pu constater mon ignorance totale en matière de CAP et bac pro et leurs débouchées possibles, et la séparation quasi-hermétique entre les différentes voies que nous proposons aux jeunes.

Mais que proposons-nous vraiment ? De mémoire, je n’ai entendu parler qu’une seule fois du CAP et du bac pro, à la fin de la troisième. Alors que je suivais ma scolarité dans le collège public d’un quartier populaire, l’enseignante ne cachait pas que ces voies n’étaient pas adressées à de bons élèves, ce que je m’efforçais d’être. Issue d’une famille où l’enseignement universitaire est très valorisé, il était inenvisageable pour moi de choisir une telle orientation.

Et pourtant, je me souviens également d’avoir été tentée par le métier d’ébéniste et le travail du bois. J’étais très habile de mes mains, que ce soit pour dessiner, pour fabriquer ou pour bricoler. Ce goût des travaux manuels ne m’a d’ailleurs jamais quittée, et c’est surtout grâce à mon engagement dans le scoutisme que j’ai pu le mettre à profit. En effet, dans mon lycée général, l’idée qu’on pouvait non seulement aimer les travaux manuels mais qu’ils pouvaient tout à fait être intégrés à notre formation était totalement absente.

Je suis désormais à mon tour professeur en lycée général, et rien n’a changé. On sépare toujours de l’intellectuel du manuel sans se demander pourquoi, et sans prendre en compte la variété des talents et des aspirations de nos élèves. La lecture de Laudato Si’ m’a fait réfléchir sur l’effet contre-productif d’une telle dichotomie au regard du changement de société auquel nous sommes appelés. Si nous souhaitons que les élèves de l’enseignement catholique répondent également à cet appel, il est impératif de faire tomber les cloisons qui créent une hiérarchie injustifiée, non seulement à l’école mais à l’échelle de la société, et empêchent les jeunes de s’accomplir pleinement dans leurs études.

Orientation ou obstruction ?

Nous avons tous fait l’expérience des difficultés que présente l’orientation de nos élèves. Alors que beaucoup d’entre eux n’ont qu’une très vague idée de ce qu’ils veulent faire, il y a une pression significative de la part des parents de choisir celles qui sont perçues comme les plus à même de déboucher sur des métiers socialement reconnus et prestigieux : ingénieur, médecin, commercial. Quand les filières S, ES et L existaient, elles semblaient correspondre moins aux appétences des jeunes qu’à un classement des élèves (respectivement bons, moyens et médiocres). Quant aux filières technologiques ou professionnels, les proposer sans offusquer les parents est un exercice délicat tant les a priori sont ancrés dans notre vision collective de l’éducation.

Or, la réussite et l’épanouissement personnel est possible dans n’importe quelle filière, tant que l’élève est motivé par un goût sincère pour les matières enseignées et non entravé dans sa progression par une impression d’être relégué dans une formation de seconde catégorie. Cependant, beaucoup d’élèves ne peuvent pas aujourd’hui choisirent une orientation en bonne intelligence. Non seulement parce qu’ils n’ont qu’une connaissance très parcellaire de la multitude de choix qui s’offre à eux, mais également parce que tout un pan de l’enseignement manque à leur cursus.

Nous poussons les élèves à réfléchir, argumenter, conceptualiser, mais jamais nous ne les poussons à fabriquer. En rendant l’EPS obligatoire jusqu’à la terminale, nous reconnaissons l’importance de l’activité physique, de la coordination et de la dextérité quand elle sert des performances sportives, mais non quand elle sert une construction ou une œuvre d’artisanat. Nous essayons de leur apprendre à être autonomes, à se forger un point de vue de façon logique, à connaître les réalités scientifiques, historiques et géographiques du monde, mais d’autres réalités ne leur sont jamais enseignées : la réflexion nécessaire à la conception d’un meuble, l’effort de spatialisation qu’exige la fabrication d’un vêtement, la patience dont on doit faire preuve lorsqu’on cultive des légumes.

L’ameublement, les vêtements et la nourriture font partie de leur quotidien ; ce sont même les conditions de base pour que s’effectuent toutes les autres tâches qui ponctuent leur journée. Nous nous retrouvons donc dans une situation où les jeunes doivent gérer des notions d’une très grande complexité tout en n’ayant qu’une vague idée du travail nécessaire à la création de tout ce qui les entoure.

La capacité d’abstraction est certes une force dans notre système scolaire. Le fait qu’on enseigne la philosophie à des adolescents, ce qui est le cas dans très peu de pays, doit être vue comme une preuve de confiance en leur potentiel intellectuel. Néanmoins, si cette capacité d’abstraction sert à justifier une mise à l’écart du réel par rapport à l’idée, ou pire, une hiérarchisation entre le travail de l’esprit et celui des mains, alors elle devient vide de sens. Nous pouvons nous inspirer ici de la révolution bénédictine mentionnée au paragraphe 126 :

Plus tard, saint Benoît de Nurcie a proposé que ses moines vivent en communauté, alliant la prière et la lecture au travail manuel (“Ora et labora’’). Cette introduction du travail manuel, imprégné de sens spirituel, était révolutionnaire. On a appris à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail. Cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de l’environnement, elle imprègne de saine sobriété notre relation au monde.

C’est un point qui devrait particulièrement nous intéresser en tant que professeurs dans l’enseignement catholique privé. Le christianisme est par définition une religion incarnée : elle ne peut se contenter d’abstractions. Dans le paragraphe 98, le pape François attire notre attention sur ce fait :

[Jésus] n’apparaissait pas comme un ascète séparé du monde ou un ennemi des choses agréables de la vie. Il disait, se référant à lui-même : « Vient le Fils de l’homme, mangeant et buvant, et l’on dit : voilà un glouton et un ivrogne » (Mt 11, 19). Il était loin des philosophies qui dépréciaient le corps, la matière et les choses de ce monde. (…) Jésus travaillait de ses mains, au contact direct quotidien avec la matière créée par Dieu pour lui donner forme avec son habileté d’artisan. Il est frappant que la plus grande partie de sa vie ait été consacrée à cette tâche, dans une existence simple qui ne suscitait aucune admiration. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » (Mc 6, 3).

De façon paradoxale, nous vivons dans une société à la fois matérialiste, où la recherche de plaisir est omniprésente, et où le virtuel prend de plus en plus de place. Les directives de l’Éducation Nationale nous poussent à faire une place toujours plus grande aux écrans dans nos pratiques pédagogiques, et de fait, de nombreux actifs passent une large partie de leur journée devant un écran et ne voient pas concrètement le résultat de leur travail. Cela reste à l’état de chiffres, des statistiques, de tableaux, de comptes-rendus.

Ce qui ne revient pas à dire que ces emplois sont inutiles, loin de là. D’ailleurs, Laudato Si’ est loin d’être un texte conservateur, empreint d’une nostalgie pour un âge d’or sans réalité historique, comme nous pouvons le voir au paragraphe 102 :

La technologie a porté remède à d’innombrables maux qui nuisaient à l’être humain et le limitaient. Nous ne pouvons pas ne pas valoriser ni apprécier le progrès technique, surtout dans la médecine, l’ingénierie et les communications. Et comment ne pas reconnaître tous les efforts de beaucoup de scientifiques et de techniciens qui ont apporté des alternatives pour un développement durable ?

Cependant, nous aurions tort de penser que ces métiers conviennent aux aspirations de tous nos élèves, et qu’il faut présenter le secteur tertiaire et les métiers « cols blancs » comme le but ultime à atteindre après sa scolarité, une récompense pour les bons élèves tandis que les mauvais devront se contenter de basses tâches purement utilitaires. Cette hiérarchisation est d’autant plus dépassée qu’une nouvelle réalité économique et sociale se dessine à l’horizon, conséquence des changements qu’entraîneront la crise climatique.

Des élèves acteurs et non consommateurs

Nous pouvons constater en parlant avec eux que les jeunes sont très informés sur la crise écologique que nous traversons, à la fois à l’école et en dehors ; ils se sentent concernés et certains d’entre eux commencent à militer pour une prise de conscience. Cependant, ce flot d’information, nourri en particulier par les réseaux sociaux, peut être excessivement anxiogène. Il n’est pas évident pour eux de savoir ce qu’ils peuvent faire concrètement, d’autant plus qu’ils sont limités par leur jeune âge et par leur dépendance à leurs parents. Les incitations à moins consommer se heurtent chez les adolescents à une pression très forte de conformité et de ressemblance entre paires :  celle-ci nécessite d’acheter des vêtements à la mode et des appareils électroniques dernier cri. Même avec beaucoup de bonne volonté, ils sont tiraillés entre le désir de prendre leur essor, le regard de leurs camarades et le poids très lourd que les générations précédentes font peser sur eux. Que faire ?

La décroissance nécessaire à la sauvegarde de notre environnement repose en partie sur le principe des « trois R » : recycler, réparer, réutiliser. Or, cet apprentissage est pour l’instant laissé de côté au collège et au lycée général : personne n’apprend aux élèves à coudre, à fabriquer un meuble à partir de palettes ou de réparer un appareil électronique. Ces compétences sont réservées aux filières spécialisées que peu d’entre eux, nous l’avons vu, seront amenés à choisir, et les autres n’auront comme sources que des vidéos de tutoriels trouvés sur le web.

Or, tant que l’institution scolaire se contente d’enseigner aux élèves les raisons et les conséquences de la crise de notre environnement, elle n’apportera que la moitié de la solution au problème. Le pape François le dit de manière très claire dans le paragraphe 211 :

Cependant, cette éducation ayant pour vocation de créer une “citoyenneté écologique” se limite parfois à informer, et ne réussit pas à développer des habitudes. L’existence de lois et de normes n’est pas suffisante à long terme pour limiter les mauvais comportements, même si un contrôle effectif existe. (…) C’est seulement en cultivant de solides vertus que le don de soi dans un engagement écologique est possible. (…) Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie. (…) Tout cela fait partie d’une créativité généreuse et digne, qui révèle le meilleur de l’être humain. Le fait de réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement, parce qu’on est animé par de profondes motivations, peut être un acte d’amour exprimant notre dignité.

Ce « style de vie » auquel nous exhorte le pape, condition essentielle à une véritable conversion, ne peut rester purement théorique. Pour les motiver les élèves et développer de façon positive la « créativité généreuse et digne » dont il est question, nous devons les encourager non seulement à avoir les bonnes habitudes que chacun sait (trier ses déchets, éteindre les lumières inutiles, éviter les emballages plastique), mais également à savoir faire des choses de leurs mains, que ce soit de délicieux plats à partager, loin de la fadeur de la nourriture industrielle, ou des habits uniques, décorés avec soin, dont ils ne se lasseront pas en quelques semaines.

J’ai noté avec beaucoup d’intérêt qu’un certain nombre de mes élèves ont développé ces talents pendant le confinement, tout simplement parce qu’ils avaient du temps, et y ont trouvé beaucoup de plaisir. Pourtant le plaisir n’est pas souvent quelque chose qu’on associe à un style de vie plus écologique dans le discours politique actuel. Or le travail manuel, au-delà du côté pratique et du gain d’autonomie, peuvent leur procurer de la joie, un sentiment d’accomplissement, les sensibiliser à la beauté par un autre biais que le biais purement intellectuel duquel certains se sentent exclus, notamment lorsqu’ils viennent de milieux défavorisés. Au paragraphe 215, le pape nous parle d’un nouveau paradigme vers lequel nous pouvons mener nos élèves :

Prêter attention à la beauté, et l’aimer, nous aide à sortir du pragmatisme utilitariste. Quand quelqu’un n’apprend pas à s’arrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupule. En même temps, si l’on veut obtenir des changements profonds, il faut garder présent à l’esprit que les paradigmes de la pensée influent réellement sur les comportements. L’éducation sera inefficace, et ses efforts seront vains, si elle n’essaie pas aussi de répandre un nouveau paradigme concernant l’être humain, la vie, la société et la relation avec la nature.

Possibilités de mise en pratique

Même si l’on parvient à reconnaître l’utilité des travaux manuels, leur potentiel pédagogique et leur contribution à un style de vie plus écologique, reste la difficulté de la mise en pratique au sein de nos établissements. Les programmes sont déjà saturés, avec davantage de travail demandé aux professeurs et aux élèves à chaque nouvelle réforme. Les conditions matérielles et financières des établissements varient énormément et empêchent d’envisager à court terme une évolution majeure de notre enseignement. Les difficultés de mise en pratique sont particulièrement ardues pour la cuisine ou la menuiserie, qui nécessitent un matériel dont très peu d’établissements disposent et des conditions de sécurité rigoureuses.

Voici cependant quelques exemples d’initiatives simples à mettre en place au collège et au lycée qui peuvent contribuer d’ores et déjà à une plus grande place des travaux manuels.

Séjour scolaire en centre sportif ou en station de ski avec des collégiens : les élèves sont encouragés à faire des jeux sportifs lors de leurs temps de détente. D’autres préfèrent parler en groupe ou jouer aux cartes. Pourquoi ne pas consacrer une petite salle aux activités artistiques et manuelles telle que le dessin ou le tissage de bracelets ? Une personne de l’équipe encadrante peut-elle proposer une initiation sommaire à une pratique comme le tricot ?

Activités extrascolaires au collège ou au lycée : de la même façon qu’on propose des activités sportives et qu’on anime des clubs de cinéma ou des ateliers d’écriture, nous pourrions animer des clubs de couture ou de fabrication d’objets artisanaux. Ceci pourrait se décliner de plusieurs façons :

  • fabrication de décorations en feutrine, tissage de bracelets et de colliers : deux de mes collègues ont animé un atelier similaire au collège avec grand succès. Le surplus produit par les élèves étaient vendus à la kermesse de Noël pour une cause charitable.
  • apprentissage du patchwork (celui-ci peut se faire à la main) et création collective d’un quilt commémoratif avec des chutes de tissu récupérées.
  • partage de créations personnelles et de techniques de customisation d’habits (broderie, peinture sur tissu, etc.)
  • exposition des créations à la fin de l’année scolaire.

Jardin partagé : si les locaux le permettent, on peut demander à une équipe d’élèves bénévoles de donner un peu de temps pour entretenir le jardin, faire pousser des plantes, récolter quelques légumes. Selon la quantité, pourquoi ne pas en faire don à la paroisse pour une redistribution à des personnes qui en aurait besoin ?

Ces initiatives peuvent paraître minimes, voire dérisoires, mais même si elles n’attirent qu’un petit nombre d’élèves, ceux-ci auront du moins l’assurance que leur goût pour les travaux manuels est aussi louable et légitime qu’un goût pour le sport, la musique ou le cinéma.

De notre côté, nous devons mieux nous informer sur les filières et les possibilités d’orientation dont nous n’avons pas l’habitude de parler, et proposer des réunions d’informations destinés aux lycéens désireux d’élargir leurs horizons postbac, ouvertes également aux parents. Les élèves de terminale, dont je suis la professeure principale, m’ont récemment demandé d’eux-mêmes de leur présenter les études postbac en art et artisanat. Plusieurs se plaignaient de toujours entendre parler des mêmes orientations – celles, sans doute, desquelles leurs parents et leurs professeurs sont majoritairement issus.

Nés pour beaucoup d’entre nous dans les années 70 ou 80, ayant grandi à la fin du 20e siècle où le consumérisme et l’avènement du numérique nous paraissaient des garanties infaillibles de confort et de prospérité, il est peut-être difficile pour nous, plus que pour eux, d’envisager l’avenir sous un autre angle. Il est pourtant de notre devoir de nous mobiliser et de faire preuve d’une plus grande ouverture d’esprit si nous voulons répondre aux attentes de ces jeunes et leur montrer, à la suite du pape François, qu’il est possible de construire ensemble un autre modèle de société.

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Pour citer cet article
Référence électronique : Clémence Godefroy, « « Une créativité généreuse et digne » : rétablir les travaux manuels au collège et au lycée général », Educatio [En ligne], 11 | 2021. URL : https://revue-educatio.eu

Droits d’auteurs
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* Professeure d’anglais en lycée

L’école dehors

Une école naturelle, sensorielle, responsable,
favorisant le corps au service de l’esprit

Anne-Céline Gancel*

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Résumé : Dans ma classe maternelle, j’avais déjà mis en place une pédagogie qui s’inspire de Maria Montessori et Pierre Faure. J’avais déjà pu constater combien les enfants sont capables d’être actifs, autonomes et solidaires. Certains enfants me posaient tout de même question. L’observation de leur comportement pour se sentir bien, m’a poussée à sortir de la classe. En allant dehors allais-je trouver la même richesse que dans la classe, tout en m’aidant à adapter ma pédagogie à tous ? Et même aller au-delà de ce que les enfants étaient déjà capables de montrer à travers la liberté que leur offrait l’espace classe ? L’école dehors développe chez les enfants une conscience environnementale et une curiosité du vivant autour d’eux. Elle favoriserait également le développement intégral de l’enfant en ouvrant de nouvelles capacités à une intelligence différemment stimulée : respect, savoir-être et savoir-faire, coopération, imagination, créativité, contemplation, spiritualité. L’école aurait donc un rôle primordial à jouer pour offrir aux enfants cette expérience. Il est alors important que l’enseignant soit conscient de sa relation à la nature et à ses élèves. À travers l’expérience de ma classe, je montre comment s’établit ce lien entre l’expérience en classe dehors, la pédagogie déjà vécue en classe, et la construction intégrale de l’enfant. L’organisation du travail, la posture d’enseignante contribuent à établir ce lien qui, s’il n’est pas clairement exprimé dans Laudato Si’, permet de conduire une éducation intégrale qui inclut un apprentissage de l’écologie intégrale.

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Laudato si’ ou l’ouverture de possibles éducatifs ?

D’expériences de terrain à une éducation écologique plus intégrale

Isabelle de La Garanderie *

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Résumé : De plus en plus de projets écologiques se pensent et se bâtissent dans les établissements scolaires. Si nous pouvons nous en réjouir profondément et que ceux-ci sont porteurs d’un véritable progrès dans ce domaine, nous constatons dans le même temps, a fortiori dans les milieux les moins favorisés, que le changement de paradigme tant attendu n’est pas encore présent. Nous voudrions donc, en conséquence, proposer quelques pistes puisées dans Laudato si’ afin d’ouvrir à une écologie plus intégrale.

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A L’ÉCOLaudato

Sammy Coupreau*

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La refondation des missions de l’école initiée par le ministère de l’Éducation Nationale ces dernières années, et l’encyclique du Pape François consacrée à l’écologie intégrale, nous ont engagés à réécrire notre projet d’établissement afin d’accorder notre mission de service publique de l’éducation refondée et l’appel du Pape. Il nous est apparu que ces deux résolutions étaient en maints points concordantes, non pas seulement par le temps de leur initiation, mais également par le mouvement de conversion auquel elles engagent chacun.

Notre institution accueille, de la maternelle au lycée, les nouvelles générations. Elle les prépare à prendre leur place et leur responsabilité au sein d’une maison plus grande que celle qui les a vu grandir, ou que la nôtre qui les a enseignés ; une demeure, dont la pérennité qu’indique son nom, est aujourd’hui remise en question par la crise écologique.

Les notions de maison, d’accueil, de relation responsable ou causale, ne font qu’énoncer l’étymologie du terme écologie : du grec « oikos », maison et « logos », science, connaissance.

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Rédiger de nouveaux projets éducatifs inspirés
par Laudato Si’

Geoffrey Legrand*

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Résumé : Après avoir présenté quelques pratiques éducatives inspirées par Laudato Si’, notre contribution se focalisera sur les principes d’éducation et de spiritualité écologiques développés par le pape François (chapitre 6 de Laudato Si’ et quelques textes du Pacte éducatif mondial) afin de mieux comprendre ceux-ci. Par la suite, nous montrerons que ces textes comportent tout le matériel nécessaire à la réécriture des documents fondant l’identité et la spécificité de l’école catholique dans le contexte de pluralisation, de détraditionalisation et de pluralisation qui caractérise l’Europe occidentale en 2020.

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Une éducation intégrale pour une écologie intégrale

Jean-Marie Leconnétable*

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Résumé : Laudato Si’ appelle à une réflexion pédagogique et avec confiance affirme que « des éducateurs sont capables de repenser les itinéraires pédagogiques d’une éthique écologique, de manière à faire grandir effectivement dans la solidarité, dans la responsabilité et dans la protection fondée sur la compassion » (LS, 210). Trois mots clé sont posés ici qui peuvent servir de cadre à ces itinéraires pédagogiques. « Solidarité », « responsabilité », « compassion ». À l’école aujourd’hui, l’éducation à l’environnement est centrée plus particulièrement sur la connaissance du milieu, l’hygiène et le sport en pleine nature et l’acquisition de bonnes attitudes. Or l’École Nouvelle a proposé un autre modèle de relation scolaire aussi bien en classe qu’en dehors de la classe. L’expérience, telle que la propose John Dewey, engage les enfants à plus de responsabilité dans leur éducation, par l’engagement personnel et commun qu’elle leur demande. Responsabilité et solidarité y sont requises. Toutefois la sécularisation de ce modèle le rend incomplet pour répondre à l’appel du pape François. La Pédagogie Personnalisée et Communautaire de Pierre Faure qui affirme sa source chrétienne et ses liens avec l’École Nouvelle peut apporter la dimension spirituelle et chrétienne. Son caractère fraternel requiert la compassion. Elle peut préparer le lien entre une éducation intégrale et l’écologie intégrale telle que conçue dans Laudato Si’.
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Enseigner à vivre face à l’urgence écologique

Léa Falco, Caroline Mouille, Antoine Trouche*

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Résumé : À l’heure où l’urgence climatique bouleverse chaque aspect de nos vies, l’enseignement que chacun reçoit doit être repensé pour que nous puissions faire face aux nouvelles incertitudes du destin humain. Ces enseignements doivent être généralisés à l’ensemble des formations comme prérequis pour comprendre, agir et travailler dans un monde en cours de renversement dû au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, à la raréfaction des ressources non renouvelables et aux pollutions. Ces apprentissages doivent autant que possible être intégrés au sein des enseignements existants plutôt que de faire l’objet d’enseignements à part. Malgré tout, il reste nécessaire de s’affranchir du seul outil éducatif pour transmettre de façon urgente ces connaissances à l’ensemble de la société.

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