Documents épiscopaux – n° 12 – 2013 – 52 p.
Centré sur l’évangélisation des jeunes -étudiants et jeunes adultes- ce texte, dû à Sœur Nathalie Becquart, prolonge et complète en quelque manière le livre de J.M. Peticlerc. Ce qui leur est commun, et est plus marqué encore dans le second, c’est de rompre avec le style de déploration, -voire sa lamentation,- qui prévaut aujourd’hui en la matière et d’y substituer une vision encourageante, qui n’émane pas d’un optimisme simplet mais d’une analyse attentive, allant au-delà des apparences, de la culture post-moderne. Certes, l’auteur rappelle que « moins de 4 % des 18-25 ans vont à la messe régulièrement » (p.16) mais elle observe aussi que le pourcentage de ceux qui se déclarent catholiques serait plus élevé chez les moins de 35 ans que parmi les plus âgés et qu’un quart d’entre eux considèrent la religion comme une dimension de leur identité. S’il faut évidemment se garder de recevoir ces données de manière scientiste, une certaine significativité peut raisonnablement leur être reconnue. Ainsi, ce texte permet de dire que, « contrairement à ce que l’on pourrait parfois penser, ce terreau qu’est la culture actuelle des 18-30 ans est en fait un terrain très favorable pour l’annonce de l’Evangile » (p.16). De même souligne-t-il « le rôle important que peut jouer aujourd’hui l’Enseignement Catholique pour l’évangélisation des Jeunes » (p. 18), d’autant plus que près d’un sur deux y a passé au moins un an pendant ses études secondaires.
Tout le problème – et il n’est pas simple- est de rejoindre ces générations très différentes des précédentes et marquées aussi bien par l’influence des TICE et des réseaux sociaux qui s’y constituent que par la souffrance souvent due à l’instabilisation familiale, par la crise des valeurs, par la mondialisation des horizons, comme par la décrédibilisation des institutions. Les jeunes, désormais tout à la fois angoissés par l’avenir et sceptiques vis-à-vis du « progrès », désirent être rassurés par les expériences affectives intenses : d’où leur enthousiasme pour des figures éminentes -singulièrement le Pape, voire leur Evêque- à qui leur valeur confère autorité, et pour des situations fortes : les J.M.J., Taizé, Lourdes.
Encore reste-t-il à s’y adapter et à savoir inventer des projets et des propositions dans lesquelles ils se retrouvent et au sein desquelles ils puissent s’investir, en particulier face à la misère, et par là trouver une réponse à leur soif spirituelle, donc au désir de donner un sens à leur vie. « L’Eglise est plus souvent facilement reconnue et accueillie d’abord sur sa crédibilité humaine et sa qualité de service, de relations, d’écoute, plutôt que directement sur une entrée spirituelle explicite » (p. 36). Au total, ils attendent qu’on les aide à inventer la manière de vivre chrétiennement, au sein d’un monde qui ne l’est pas.
La lecture de ce dossier, qui s’inscrit dans une série de qualité, est revigorante parce qu’elle pose que ce n’est pas impossible et que ce n’est pas un pari perdu. C’est pourquoi elle intéresse particulièrement les A.P.S., les aumôniers et tous ceux à qui incombe une responsabilité d’ordre pastoral auprès des adolescents et jeunes adultes.
Guy AVANZINI