Jean-Marie Petitclerc
Quand nos ados boudent la foi

Paris – Médiaspaul Éditions – 2013 – 88 p.

En achevant la lecture de ce livre, on échappe difficilement au regret de sa brièveté ; il est trop court, trop bref ; vu, à la fois, la gravité des problèmes qu’il pose et la remarquable pertinence de la façon dont il les traite comme la rigueur de sa formalisation, on souhaiterait à bon droit une étude plus étoffée. Mais sans doute l’auteur répondrait-il qu’il a, ici, voulu se centrer sur l’essentiel et que, au demeurant, ses nombreuses et justement remarquées publications antérieures offrent des développements plus abondants.

Quoi qu’il en soit, chacun a rencontré ce phénomène déroutant d’adolescents qui, rompant avec des convictions antérieures bien affirmées, se détournent de la pratique religieuse, voire de la foi chrétienne, non sans dérouter un entourage familial qui ne sait trop comment réagir et se comporter et, en vient même à se demander s’il n’est pas, de quelque manière, responsable de l’éloignement qu’il déplore.

Le Père Petitclerc analyse excellemment ce phénomène, en rappelant notamment que l’adolescent est aujourd’hui au carrefour de trois univers culturels divergents – ceux de la famille, de l’Ecole et de la rue et que, spécialement dans les milieux populaires, c’est le troisième qui prévaut, « l’entre-pairs » (p.10)  l’emportant sur l’influence du père. Le religieux salésien montre alors à bon droit comment la pédagogie salésienne, l’anthropologie dont elle procède et la conviction de l’éducabilité qui l’anime offrent un moyen de rejoindre les jeunes. Aussi bien, ceux-ci sont beaucoup plus sensibles à l’authenticité du témoignage de chrétiens qu’à l’enseignement des vérités de la foi : c’est elle qui fonde l’autorité reconnue à celui chez qui on la reconnaît, c’est dire que « l’on assiste moins à une crise de l’autorité qu’à une crise de crédibilité des porteurs d’autorité » (p. 49).

On profitera volontiers de la présentation de cet ouvrage, au moment où l’on s’apprête à célébrer le bicentenaire de la naissance de Don Bosco, pour rappeler à nouveau la pertinence et l’actualité d’une pédagogie que la tradition laïciste de l’histoire française de la pédagogie et des sciences de l’éducation s’obstine à marginaliser, qu’il s’agisse de l’éducateur Turinois lui-même ou de ceux qui, comme le Père Thévenet et le Père Petitclerc, sont en France les interprètes autorisés et talentueux de sa pensée. Or, dans le marasme de la conjoncture éducationnelle contemporaine, sans doute est-ce bien la pédagogie salésienne qui, et pas seulement dans le domaine religieux, offre et ouvre une voie d’avenir.

Guy AVANZINI,