Archives de catégorie : Non classé

L’orientation : choix d’une rationalité ou développement d’une capacité stratégique ?

Réflexion sur les affinités électives entre la foi chrétienne et une approche stratégique de l’orientation.

Matthieu Ollagnon[1]

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Résumé. L’orientation peut être entendue de deux manières : soit comme l’acte d’orienter, c’est-à-dire de choisir une rationalité de référence (uni-rationalité), à laquelle subordonner à un moment donné un ensemble d’objectifs et de moyens ; soit comme la mise en route d’une capacité à s’orienter en continu, c’est-à-dire d’une capacité d’écoute et de synthèse du réel et de soi traçant un chemin toujours réajusté. Cette seconde manière correspond à ce que l’on pourrait appeler une approche « stratégique[2] », dont nous proposons qu’elle entretienne des affinités électives avec la foi chrétienne.

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L’Iffeurope : une pédagogie de la vocation

Agnès Teynié[1]

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Résumé : A travers son programme OPEN (DU bac+1), à destination d’étudiants « à l’arrêt » dans leur parcours, l’Iffeurope déploie une pédagogie de la vocation, fondée sur la foi chrétienne et ouverte à tous. Cet article s’appuie sur deux parcours d’étudiants pour expliciter les ressorts de la pédagogie mise en œuvre.

Mots clés : orientation, pédagogie de la vocation, éducation à l’intériorité, accompagnement.

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Pour une visée unifiée de l’acte éducatif

Quatre nœuds existentiels au service de la visée intégrale de l’éducation catholique contemporaine

Sylvain Cariou-Charton[1]

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Résumé : Le propos de cet article est de situer l’acte éducatif dans la visée intégrale de la construction d’un jeune. En prenant pour point de départ le topos social largement partagé de l’orientation, il s’agit de décliner la manière dont s’éclairent et se conduisent les choix principaux sur lesquels se fonde une existence dans notre contexte contemporain.

L’analyse se concentre ici sur le choix de la vie professionnelle, qui se décline dans l’enseignement secondaire et supérieur au travers des enjeux bien connus et fortement surinvestis de l’orientation. Ces choix sont actuellement vécus par les jeunes comme étant à la fois enthousiasmants et anxiogènes.

Tout éducateur est donc invité à être bien conscient de ces tensions pour développer une approche unifiée de la croissance du jeune qu’il accompagne. L’auteur invite donc tout accompagnateur ou éducateur de jeunes à bien repérer quatre nœuds existentiels pour organiser un dispositif éducatif pensé. Autour du nœud de l’identité personnelle, une éducation à l’intériorité. Autour du nœud des finalités une éducation à l’espérance. Autour du nœud de l’altérité, une éducation au dialogue et au discernement. Enfin autour du nœud de la réconciliation, une éducation au pardon.

En définitive, cette proposition empirique d’articulation des enjeux de l’orientation professionnelle en lien avec la construction humaine et un dispositif éducatif adapté, cherche à déployer une approche contemporaine de l’éducation intégrale qui demeure l’horizon de sens de sa dimension catholique.

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« S’orienter » ? Vocation, profession et sens du travail

Emmanuel GABELLIERI[1]

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Résumé : Le concept d’ « orientation » est ici élargi du point de vue d’une anthropologie fondamentale interrogeant le sens que les hommes ont à donner à leur vie. « S’orienter dans la pensée » (Kant), chercher à obéir à une « vocation » (Blondel), méditer l’«incarnation » d’un « être en situation » (G.Marcel), voilà qui oblige toujours à penser un lien entre un contexte socio-historique déterminé et un appel qui le dépasse, en même temps qu’il est pourtant le lieu où nécessité et liberté doivent se conjuguer. Si l’on ne veut pas risquer de réduire le problème de l’orientation scolaire et professionnelle (et les multiples (ré)orientations qui pourront suivre) à un ensemble de déterminismes aléatoires, sans doute faut-il toujours distinguer, pour les unir autant que possible, le plan des « compétences » mesurables et celui d’un horizon de sens et de « capabilités » qui est la source la plus profonde de l’agir et du vivre.

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Fondement personnaliste de l’orientation

Eléments théoriques pour une discussion des approches traits-facteurs et constructiviste en orientation

Bertrand Senez[1]

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Résumé : Un rapide retour sur plus d’un siècle de recherches en orientation apprend que deux grands courants se dégagent nettement, avec tout d’abord l’approche traits-facteurs, puis l’approche constructiviste. Cet article vise : à esquisser les contours et les fondements d’une nouvelle approche qui sera qualifiée ici de personnaliste ; à la distinguer de ces deux grands courants dominants qui ont prévalu jusqu’à maintenant ; et à en montrer la pertinence.

Mots clés : Personnalisme, orientation professionnelle, congruence, constructivisme, approche traits-facteurs

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Approche personnaliste du discernement d’une orientation professionnelle

Proposition d’éléments de compréhension

Bertrand Senez[1]

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Résumé : Cet article vise à comprendre, d’un point de vue personnaliste, le discernement d’une orientation professionnelle. Il décrit l’activité par laquelle le sujet tente de faire émerger son orientation par l’identification de ses appétences et l’évaluation de caractéristiques objectives qui ont trait à une activité professionnelle. Il caractérise trois processus d’émergence ainsi que trois dimensions de la congruence, eu égard à l’environnement de travail, à la nature de l’activité et à la finalité du travail. En mettant en lumière ce qui se joue dans l’intériorité du sujet qui discerne, il tente de jeter les bases d’une approche personnaliste du discernement de l’orientation professionnelle.

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L’intelligence collective au service de l’orientation

Gilles Le Cardinal[1]

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Résumé :

La vision de la personne humaine, sur laquelle est fondée notre réflexion, comporte les quatre dimensions suivantes : l’être humain est auteur de sa communication, sujet d’une pensée personnelle, acteur dans un projet et partenaire dans une équipe.

Nous distinguons deux démarches permettant d’aider un jeune à s’orienter :

– Un travail sur la connaissance de soi, via des tests psychologiques et leurs interprétations toujours délicates, suivi d’un travail d’écriture sur son passé, son présent, son futur et sur son réseau relationnel.

– un travail collectif, par table de quatre, pour identifier ensemble les bonnes manières de faire ses choix d’orientation. Le jeu sérieux « Diapason », conçu à cet effet, est alors décrit et illustré d’une application en classe de seconde. Le recueil des avis des élèves à l’issu de cette expérience révèle tout l’intérêt de la démarche.

Enfin nous proposons une interprétation des processus cognitifs à l’œuvre dans ces deux démarches.

Mots clés :

Aide à l’orientation, tests psychologiques, travail sur soi, intelligence collective, jeu sérieux Diapason, processus cognitifs, construction de la confiance.

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Lutte contre le décrochage scolaire et orientation des étudiants :
l’orientation pédagogique et spirituelle au Lycée Saint Luc au Burkina Faso

Alexandre Bingo et Quentin Wodon[1]

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 Résumé : l’orientation scolaire et professionnelle est une préoccupation de toutes les écoles. Chaque école se soucie d’orienter ses élèves vers des débouchés professionnels prometteurs et utiles. Cependant, la question des valeurs doit aussi être posée, en particulier dans les écoles chrétiennes. Dans une société aux repères parfois incertains, mais où la quête de sens reste primordiale, la question de l’accompagnement non seulement professionnel mais aussi spirituel des élèves se pose. Cet article décrit l’approche de l’orientation pédagogique et spirituelle au Lycée Saint Luc au Burkina Faso. Dans un premier temps, pour ancrer l’analyse dans le contexte du pays, une analyse sur des données d’enquêtes auprès des ménages illustre les défis auquel le système éducatif fait face, avec un accent sur les facteurs menant au décrochage scolaire. Ensuite, après une présentation de quelques caractéristiques du Lycée Saint Luc, l’article discute des innovations proposées par le lycée en matière d’orientation tant pédagogique que spirituelle, dans ce dernier cas en tenant compte du pluralisme religieux qui caractérise le pays.

Mots-clés : écoles catholiques ; Burkina Faso ; décrochage scolaire ; pluralisme religieux ; orientation pédagogique ; orientation spirituelle.

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Lutte contre le décrochage scolaire et orientation des étudiants :
l’orientation pédagogique et spirituelle au Lycée Saint Luc au Burkina Faso

Alexandre Bingo et Quentin Wodon[1]

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 Résumé : l’orientation scolaire et professionnelle est une préoccupation de toutes les écoles. Chaque école se soucie d’orienter ses élèves vers des débouchés professionnels prometteurs et utiles. Cependant, la question des valeurs doit aussi être posée, en particulier dans les écoles chrétiennes. Dans une société aux repères parfois incertains, mais où la quête de sens reste primordiale, la question de l’accompagnement non seulement professionnel mais aussi spirituel des élèves se pose. Cet article décrit l’approche de l’orientation pédagogique et spirituelle au Lycée Saint Luc au Burkina Faso. Dans un premier temps, pour ancrer l’analyse dans le contexte du pays, une analyse sur des données d’enquêtes auprès des ménages illustre les défis auquel le système éducatif fait face, avec un accent sur les facteurs menant au décrochage scolaire. Ensuite, après une présentation de quelques caractéristiques du Lycée Saint Luc, l’article discute des innovations proposées par le lycée en matière d’orientation tant pédagogique que spirituelle, dans ce dernier cas en tenant compte du pluralisme religieux qui caractérise le pays.

Mots-clés : écoles catholiques ; Burkina Faso ; décrochage scolaire ; pluralisme religieux ; orientation pédagogique ; orientation spirituelle.

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Editorial

Crise des institutions et mutations de l’autorité
à l’école et dans l’éducation

Jean-Louis Barbon

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En 2012 paraissait « la fabrique de la défiance »[1]. Les auteurs, économistes au CEPREMAP[2], mettaient en évidence un certain nombre de dysfonctionnement de notre société pour en pointer les conséquences sur la qualité des relations entre les citoyens et les représentants des institutions, ainsi que sur notre capacité collective à prendre en compte les enjeux socio-économiques.

Cet ouvrage, grand public, reprenait les informations d’un ouvrage précédent « la société de défiance – Comment le modèle social français s’autodétruit » qui comparait les attitudes sociales dans une trentaine de pays, en analysant tout un ensemble d’études conduites depuis les années 1950, sur leur impact socio-économique et sur notre aptitude à vivre ensemble.

Ainsi significativement la France se trouve dans le peloton de tête des pays comportant la plus importante proportion de personnes estimant que « pour arriver au sommet, il est nécessaire d’être corrompu », et n’ayant « aucune confiance dans la justice », « dans le parlement » ou « les syndicats ».[3]

A l’inverse, notre pays compte parmi ceux qui ont les plus faibles part de personnes estimant qu’« il est possible de faire confiance aux autres » ou qui trouvent injustifiable de « réclamer indûment des aides publiques » ou « d’acheter un bien dont on sait qu’il a été volé »[4].

Très significativement, dès l’introduction de « la fabrique de la défiance », les auteurs pointent le rôle de l’école comme modèle initial de fabrication et d’expérimentation de rapports sociaux inégalitaires façonnant une relation viciée à nos contemporains et aux institutions, donc à l’autorité de leurs représentants. En miroir, la conclusion de l’ouvrage, souhaitant ouvrir des pistes d’amélioration, appelle de ses vœux une réforme de l’école dont on retrouve aujourd’hui les termes concernant l’allègement des disciplines, les « méthodes horizontales d’apprentissage », la révision des méthodes d’évaluation….

Prudents, ou réalistes, les auteurs notaient que « l’horizon de cette réforme est forcément lointain, car il faudra obtenir le consensus de tous les acteurs. ».[5]

L’appel à contribution pour cette livraison d’Educatio faisait écho, sans le vouloir, à ce constat, qui force peut-être un peu le trait, établi voici une dizaine d’années, à partir de données plus anciennes, compilées et analysées. La question qui peut se poser est celle du caractère durable, ou structurel, de cette situation tant les termes en sont proches et tant les manifestations de cette crise semblent avoir gagné en intensité et en généralité. En effet, les réseaux sociaux offrent une formidable caisse de résonnance à des interrogations ou propositions, souvent légitimes ou intéressantes, mais aussi, le cas échéant, contestables ou fausses. Appuyées sur une seule personne, ou une seule source, ces propositions tirent leur légitimité de leur affirmation et de leur diffusion. Le partage et la vérification d’informations, la discussion, ne font plus vraiment spontanément autorité, ni ceux qui les promeuvent, bousculés par les opinions proclamées. Cette mise en cause de l’autorité verticale est encore accentuée par la survalorisation du débat, qui est souvent un combat qu’il s’agit, habilement, de gagner, au détriment du partage qui permet d’interroger ses convictions. Ainsi se trouvent confortées des positions individuelles, consolidées par les réseaux sociaux qui fournissent toutes les confirmations souhaitées, en évitant les informations non conformes aux dites positions.

L’affaiblissement de la dimension collective, ou communautaire, de la formation des opinions ou de la légitimation des règles est accentué par la tendance de l’école en France à donner la quasi-totalité de la place à sa fonction, essentielle bien sûr, d’enseignement, et en ayant du mal à assurer une fonction transmissive concernant non seulement le « vivre ensemble » -ambition minimum fondée sur la tolérance mutuelle – mais aussi un « art de vivre ensemble » fondé sur un apprentissage résolu de l’écoute et du partage.

En effet, la mise en question de l’autorité verticale traditionnelle, nonobstant les difficultés qu’elle provoque, ouvre un espace horizontal qu’il faut apprendre à maîtriser. C’est sans doute là une mission essentielle de l’école, premier espace de socialisation (non familial) dont il faut concevoir et expérimenter des modes de fonctionnement prenant en compte les mutations de l’autorité, et les promouvoir.

Pour lutter contre une société de défiance, il faut expérimenter une société de confiance, et si l’école ne peut pas tout, elle peut néanmoins jouer ses cartes. Cette livraison d’Educatio entend, à sa modeste place, apporter sa contribution.

Dominique Vermersch, nous introduit, avec sa contribution « Autorité éducative, autorité prodigue » à une réflexion de fond sur les mutations contemporaines de l’autorité et sur les postures de l’éducateur, en nous proposant in fine une « figure libre » sur l’exercice de l’autorité à partir de la parabole du fils prodigue de l’Évangile (Lc 15, 11-32).

Bernard Senelle (O.P), « Une autorité fragile au service de la cohésion », à partir de l’expérience de l’Ordre Dominicain, pointe le caractère fragile de l’autorité et s’attache à en préciser les conditions d’un bon exercice de celle-ci.

Jean-Yves Séradin, « Autorité ou autorités ? Suggestions certaliennes », invite Michel de Certeau dans notre revue. Distinguant autorité et pouvoir, il nous introduit à une autorité pensée au pluriel.

Par ailleurs, cette belle réflexion initiale sur la pédagogie comme art de vivre les frontières, fait écho à l’article exigeant de Thierry le Goaziou sur la liminalité (Educatio n°9).

Francis Marfoglia « Crise de l’autorité : offensive des têtes bien pleines ou résistance des têtes bien faites ? » met en évidence l’impact des fractures sociales contemporaines dans les mutations de l’autorité, en nous invitant à ne pas perdre de vue la prise en compte des besoins fondamentaux de nos contemporains

Ces réflexions servent de support à la présentation de pistes d’action ou d’initiatives concrètes :

Philippe Franceschetti « Des « leaders populaires » contre la crise de l’autorité. Un défi éducatif du pape François »

La présentation de cet aspect peu connu de la pensée du Pape François fourni un prolongement constructif à la contribution de Francis Marfoglia, en mettant l’accent sur la nécessité de recruter et former des cadres sociaux dans les différentes couches de la société.

Geoffrey Legrand, « Participation aux marches pour le climat en Belgique. Une illustration de la migration de l’autorité chez les jeunes », nous offre un bel exemple d’occupation de cette horizontalité révélée par l’affaiblissement de l’autorité verticale. Un exemple intéressant aussi pour montrer comment les responsables éducatifs et hiérarchiques peuvent penser leur positionnement par rapport aux initiatives de la jeunesse.

François Galichet « Les élèves parties prenantes de l’école – Citoyenneté et participation dans la vie scolaire et les apprentissages ». Des réponses concrètes sont possibles pour mettre en œuvre une éducation à la solidarité et au partage, et, ainsi, poser à nouveaux frais la question de l’autorité. Comment l’école peut-elle devenir un « milieu éducatif ? »

N’oublions pas d’autres articles ou dossiers pouvant nourrir notre réflexion :

Baptiste Jacomino, dans « Pédagogie mariale », nous propose un renversement pédagogique salutaire permettant de rompre avec un fantasme de toute puissance pédagogique et de demeurer disponible à l’inattendu.

Dossier : « Abus d’autorité et corruption : Les difficultés d’accès aux services éducatifs et autres services de base en Afrique – Etude comparative »

Quentin Wodon et Ada Nayihouba, économiste et consultant à la Banque Mondiale, nous partagent un important dossier mettant en évidence, dans le cas particulier de l’Afrique, les liens entre les conditions socio-politiques, incluant l’exercice de l’autorité, et la possibilité d’accéder aux services éducatifs.

Enfin, une interview de Son Excellence Monseigneur Zani, Secrétaire de la Congrégation pour l’Education catholique, remet opportunément en perspective « Le pacte éducatif mondial » proposé par le Pape François.

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Pour citer cet article

Référence électronique : Jean-Louis Barbon, « Crise des institutions et mutations de l’autorité
à l’école et dans l’éducation », Educatio [En ligne], 12| 2022. URL : https://revue-educatio.eu

Droits d’auteurs
Tous droits réservés

[1] « La fabrique de la défiance… et comment s’en sortir » – Yann Algan, Pierre Cahuc, André Zylberberg – Albin Michel Éditions 2012

[2] Le CEPREMAP ou Centre Pour la Recherche EconoMique et ses APplications est un laboratoire de recherche en science économique qui a pour vocation de faire l’interface entre le monde académique et les administrations.

http://www.cepremap.fr/

[3] La société de défiance pp. 10-27 –Source World Value Survey 1990-2000.

[4] Idem

[5] P.178