Archives par étiquette : Histoire des idées pédagogiques

L’expérience des classes nouvelles à Saint-Martin de France (1945-1950)

Télécharger le fichier en version .pdf

Laurent Gutierrez*

A Gilbert Dufournet

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le collège de Saint-Martin de France[1] est le théâtre d’expériences pédagogiques originales encadrées par de jeunes professeurs. Menée conjointement à la mise en place dans l’enseignement public des « classes nouvelles », cette initiative témoigne de la volonté du directeur de cet établissement catholique, de participer à cet élan en faveur de la réforme de l’enseignement en France. Directeur de la nouvelle revue Pédagogie, éducation et culture, le père Pierre Faure est attentif à cette tentative de transformation de l’enseignement traditionnel par l’intégration des méthodes actives. Par certains aspects, cette expérience des classes nouvelles rejoint la pédagogie personnalisée et communautaire du père Faure. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles, il accordera de nombreux articles aux méthodes actives dans sa revue en tentant d’en circonscrire les contours. Continuer la lecture

La démarche personnaliste en éducation

Télécharger le fichier en version .pdf

Michel Soëtard*

Résumé : On n’a guère de mal à montrer que la pédagogie moderne est née en même temps que  l’on prenait conscience que l’enfant n’était pas une pâte qu’il s’agissait de modeler selon des projets et des idéaux définis en dehors de lui, mais bien une personne à part entière qui méritait dignité et considération pour elle-même. Cette avancée philosophique et historique décisive n’a pourtant pas su gommer la difficulté qui se présentait immédiatement : cette personne que l’on voulait autonome, responsable et capable de décision, n’avait pas d’autre chemin pour se former que celui des déterminations qui pèsent sur elle dès la naissance, de l’aliénation à laquelle elle se trouve soumise d’entrée par l’éducation, des influences multiples qui  la modèlent… La visée de la personne comme idéal a ainsi dû s’articuler sur la réalité d’un individu qui prétend bien marquer bien son territoire. La grande tâche de l’éducateur fut alors, telle que Rousseau la met en scène dans son Emile,  et telle qu’elle persiste encore pour nous : comment associer, dans l’action pédagogique, la visée d’un accomplissement de la personne dans son essence, et son ancrage dans une individualité qui n’accepte pas de se laisser réduire à une belle Idée ? Continuer la lecture

La notion de « personne » dans la pensée de Jacques Maritain

Télécharger le fichier en version .pdf 

Alain Mougniotte

L’on ne saurait étudier les pédagogies personnalistes du XXème siècle sans situer l’apport de Jacques Maritain. Sans doute cela pourrait-il d’abord sembler paradoxal car il n’est, généralement, pas perçu comme un spécialiste en ce domaine. Cependant, les problèmes de l’éducation n’ont  cessé de le préoccuper et de tenir dans sa pensée une place, seconde mais non secondaire[1]. Or, c’est précisément la manière dont il mobilise la notion de « personne » en tant que telle qui caractérise son approche. Nous voudrions donc montrer, en essayant de reconstituer la genèse et la dynamique de sa démarche, comment son anthropologie lui assure un ancrage qui retentit décisivement sur sa philosophie politique, laquelle entraîne un positionnement pédagogique dont il identifie à la fois la fonction et les limites.

Continuer la lecture

Origine et avenir de la pédagogie personnaliste

Télécharger le fichier en version .pdf

Guy Avanzini

On parle volontiers, aujourd’hui, de « pédagogies personnalistes » et de « pédagogies personnalisées ». Sans que le sens de ces expressions soit vraiment stabilisé, on peut estimer que les premières désignent plutôt celles qui valorisent philosophiquement une éducation centrée sur la personne, et les deuxièmes celles qui proposent des pratiques didactiques différenciées en fonction de chacun. Quoi qu’il en soit, elles sont toutes deux à distinguer de « l’enseignement individuel », qui implique un travail accompli par l’élève seul, alors que la personnalisation, entendant s’adapter à chacun, comporte diverses modalités et n’exclut donc pas, par exemple, le travail en groupe. Sans que ces conceptions procèdent toutes de Mounier, étant donné que certaines l’ont précédé, d’autres s’y réfèrent plus au moins explicitement, pour en éclairer la signification. Quoi qu’il en soit nous proposerons trois séries de remarques : sur leurs facteurs d’émergence ; sur leurs principes; enfin, sur leur avenir.

Continuer la lecture