Paris – Editions Jésuites – 2016 -132 p.
Saint Jean-Eudes n’est généralement pas perçu d’abord comme un pédagogue, mais bien plutôt comme un missionnaire passionné, spécialement au sein du monde rural, et comme un artisan du renouveau spirituel du 17ème siècle, en lien avec Bérulle et l’Ecole française de spiritualité. Et cependant, c’est précisément cette expérience de prédicateur qui l’a rendu attentif à deux types de misère qui allaient l’amener à des initiatives d’ordre éducatif. La première est à l’intention des prostituées et des filles en danger moral ; elle le conduisit à créer à leur intention en 1641, à Caen, un « refuge » dont allaient ensuite émaner la Congrégation de Notre Dame de la Charité, puis celle du Bon Pasteur d’Angers. Toute différente, la seconde est, dans la dynamique du Concile de Trente, de créer moins des collèges que des séminaires, pour améliorer la formation défaillante du clergé séculier. Cela allait lui faire quitter l’Oratoire, pour susciter en 1643 la Congrégation de jésus et Marie, « les Eudistes », vouée à la préparation spirituelle des prêtres, dont la qualité est requise pour assurer aux missions leur portée. En outre, pour non formel qu’il soit, son incessant ministère au sein des paroisses comme son rôle de catéchèse et de directeur spirituel constituent bien, également, une activité foncièrement éducative.
Sans doute est-ce l’actuel désir de certains de le voir déclarer « Docteur de l’Eglise » qui est à l’origine de ce livre, dû à Monseigneur Crépy, évêque du Puy, lui-même eudiste, et à Sœur Marie-Françoise, de la Congrégation du Bon Pasteur. Tous deux déclarent, dans l’avant-propos, leur désir d’éviter deux dangers « tomber dans l’apologie et succomber au concordisme » (p.5).Mais, au risque de céder au second, on serait tenté de dire que, à sa manière, Saint Jean-Eudes s’est explicitement voulu apôtre des « périphéries ».
La seconde partie de l’ouvrage relève d’une thématique proprement théologique et spirituelle. Elle examine les aspects originaux de la réflexion de Saint Jean-Eudes, en insistant sur le rôle qu’il donne au « coeur » comme à la Vierge Marie. De copieux extraits de ses propres textes sont proposés.
Au total, ce livre bref présente une synthèse bien informée, dense, claire et précise d’une personnalité chrétienne aujourd’hui insuffisamment connue et non dépourvue de portée sur certains aspects de l’éducation.
Guy Avanzini