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Abus d’autorité et corruption dans les services de base en Afrique : Introduction au dossier et principaux résultats

Ada Nayihouba et Quentin Wodon[1]
Avril 2022

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Résumé : Le numéro de la revue Educatio dans lequel cet article est publié porte sur la mutation des institutions et la crise de l’autorité. La crise de l’autorité est due à de nombreux facteurs qui peuvent être différents selon les pays, voir les communautés locales, mais l’un de ces facteurs est l’abus de pouvoir par les autorités. En particulier dans les pays à revenus bas et intermédiaires, l’une des formes de cet abus de pouvoir est la « petite » corruption dans la prestation de services, que ce soit dans les écoles, les centres de santé, les services administratifs, ou d’autres institutions. Ce dossier pour l’Afrique comprend quatre articles – cette brève introduction et trois analyses statistiques standardisées pour mesurer la corruption dans les secteurs de l’éducation, de la santé, et des services administratifs. L’analyse indique que la corruption reste répandue avec peu de progrès réalisés au cours de la dernière décennie. Les estimations par régression suggèrent que malgré des différences entre secteurs, certaines caractéristiques des individus et des localités sont associées à de plus ou moins grandes probabilités d’avoir des difficultés à obtenir ces services et d’être victime de la corruption. Continuer la lecture

As contradições da história da educação rural no Brasil

Maria Elisabeth Blanck Miguel*, Silvana Cassia Hoeller **

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Résumé : Cet article étudie, via une revue de littérature et une analyse des cadres réglementaires, la transition des politiques d’éducation rurale vers les politiques d’éducation do campo. Sont explorées les racines de l’éducation rurale au Brésil et une société qui s’est structurée en invisibilisant les particularités des habitants des campagnes. Avec la re-démocratisation du pays, les mouvements populaires se sont réorganisés et les revendications d’une éducation do campo sont venues s’opposer à l’école rurale au sens politique, social et culturel, et au concept d’éducation rurale. L’éducation do campo s’est consolidée au début des années 2000 et pénètre désormais les plans éducatifs de l’État fédéral, des États et des communes.

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As contradições da história da educação rural no Brasil

Maria Elisabeth Blanck Miguel*, Silvana Cassia Hoeller **

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Résumé : Cet article étudie, via une revue de littérature et une analyse des cadres réglementaires, la transition des politiques d’éducation rurale vers les politiques d’éducation do campo. Sont explorées les racines de l’éducation rurale au Brésil et une société qui s’est structurée en invisibilisant les particularités des habitants des campagnes. Avec la re-démocratisation du pays, les mouvements populaires se sont réorganisés et les revendications d’une éducation do campo sont venues s’opposer à l’école rurale au sens politique, social et culturel, et au concept d’éducation rurale. L’éducation do campo s’est consolidée au début des années 2000 et pénètre désormais les plans éducatifs de l’État fédéral, des États et des communes.

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Les écoles catholiques dans le monde – deuxième partie

Défis et engagements

Quentin Wodon*

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Résumé : Comme cela a été montré dans la première partie de cet article, les élèves inscrits dans les écoles catholiques vivent de plus en plus en Afrique et en Asie du Sud. Les réalités au jour le jour de ces élèves sont différentes de celles auxquelles les éducateurs catholiques dans les pays à hauts revenus peuvent être habitués. Les défis liés à la non-scolarité et à la faiblesse de l’apprentissage sont majeurs. Ils affectent tant les écoles catholiques que les autres écoles. En Afrique, aujourd’hui, plus de huit enfants sur dix ne savent pas lire un texte simple à l’âge de 10 ans. Pour explorer ces défis et les réponses qui peuvent y être apportées, l’accent est mis dans la seconde partie de cet article sur la crise de l’apprentissage dont de nombreux élèves sont victimes. Cette crise a été encore davantage exacerbée récemment par la fermeture des écoles suite à la pandémie de la COVID. L’article suggère quelques éléments de réponse pour mettre fin à la crise des apprentissages. Enfin, au-delà de ce qui peut être réalisé au sein des écoles, à la suite de l’appel du pape François pour le Pacte mondial sur l’éducation, l’article note l’importance de la mobilisation des communautés dans leur entièreté en faveur de l’éducation, ainsi que les engagements qui furent proposés pour les écoles catholiques lors du dernier Congrès de l’Office International de l’Enseignement Catholique à New York.

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Sommaire du numéro 11

Eduquer dans les perspectives ouvertes par Laudato Si’

Printemps 2021

Numéro réalisé en collaboration avec la revue Limite

Editorial

Philippe Franceschetti

 

1 – Eduquer dans les perspectives ouvertes par Laudato Si’

1.1 – Pour quoi avons-nous besoin de cette terre ?
Anne Corvellec

1.2 – Laudato Si’ et Fratelli tutti comme provocation pour penser une éducation politique à la fraternité universelle
Renaud Hétier, Nathanaël Wallenhorst

1.3 – Une éducation intégrale pour une écologie intégrale
Jean-Marie Leconnétable

1.4 – Comment réhabiliter, promouvoir et intégrer et réintégrer la sensibilité dans l’éducation ?
Michel Raquet

1.5 – Quel rôle a le système éducatif dans la pérennisation d’un rapport instrumentalisé au monde ?
Marie-Anne Torneberg

1.6 – Enseigner à vivre face à l’urgence écologique
Léa Falco, Caroline Mouille, Antoine Trouche

1.7 – Regards sur l’éducation au développement durable et Laudato Si’ – Entretien
Gérald Attali, Philippe Franceschetti

1.8 – Rédiger de nouveaux projets éducatifs inspirés par Laudato Si’
Geoffrey Legrand

1.9 – Frugalité et éducation
François Bal

 

2 – Laudato Si’ en actes

2.1 – Laudato si’ ou l’ouverture de possibles éducatifs ? D’expériences de terrain à une éducation écologique plus intégrale
Isabelle de La Garanderie

2.2 –  L’école dehors : une école naturelle, sensorielle, responsable, favorisant le corps au service de l’esprit
Anne-Céline Gancel

2.3 – « Une créativité généreuse et digne » : rétablir les travaux manuels au collège et au lycée général
Clémence Godefroy

2.4 – Projet d’une nouvelle branche scoute : les Poverelli 
Charlotte Cumet, Bertrand Cumet

 2.5 – A L’ÉCOLaudato
Sammy Coupreau

 

 

Postface

Pascal Balmand

 

3 – Varia

3.1 – Les écoles catholiques dans le monde –  Première partie : tendances des inscriptions
Quentin Wodon

3.2 – Les écoles catholiques dans le monde – Deuxième partie : défis et engagements
Quentin Wodon

3.3 – As contradições da história da educação rural no Brasil
Maria Elisabeth Blanck Miguel, Silvana Cassia Hoeller

 

4 – Recensions

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4.1 – Louis Lourme – Éduquer, c’est -à-dire ? Anthropologie chrétienne et éducation

4.2 – Agnès Charlemagne. – Je t’écoute : petit guide pour transmettre la foi entre les générations

4.3 – Victoire Degez – Guide pratique et simple pour une orientation réussie

4.4 – Jean-Marie Petitclerc – Portrait de Saint Dominique Savio

4.5 – Anniversaire des Filles de Marie-Auxiliatrice

Anniversaire des Filles de Marie-Auxiliatrice

Les Filles de Marie-Auxiliatrice – dites Sœurs Salésiennes de Don Bosco (SMA) – célèbrent en ce moment leur 150ème anniversaire.  Comme toutes les congrégations religieuses spécialisées dans l’éducation, elles méritent et reçoivent l’hommage dû à leur dévouement et à leurs compétences.

Les congrégations présentent généralement une originalité, une spécificité : celles de leurs objectifs et, plus encore, de leur spiritualité. Il s’agit précisément de leur « charisme ». Les Filles de Marie-Dominique Mazzarello manifestent, en la matière, une forte singularité : solidement adossées à la pédagogie de Don Bosco, à qui elles doivent leur élan et leur sécurité, fortes de leur charisme, elles ont su, simultanément, sauvegarder et aménager leur autonomie. De plus, disposant du « système préventif » et de la thématique de la confiance, elles ont très vite perçu combien leurs origines leur permettaient de tirer parti d’une certaine proximité avec les courants libéraux qui commençaient à la même époque à se déployer dans la conception de l’éducation des filles.

Guy Avanzini

Jean-Marie Petitclerc – Portrait de Saint Dominique Savio

Paris, Salvator, 2020, 144 p.

C’est, dit-il, aux adolescents eux-mêmes que, à leurs propres demandes, le Père Petitclerc adresse cet ouvrage. Son hypothèse, c’est évidemment que la figure de ce jeune Saint (1842-1857), Dominique Savio, canonisé en 1954, suscite un désir d’identification : hypothèse risquée, néanmoins, dans la mesure de la différence entre « les jeunes d’aujourd’hui », volontiers rebelles à toutes normes, et ceux du XIXème siècle. Cependant, si l’on ne cède pas à des représentations trop sommaires, Dominique Savio peut leur parler à sa façon. Son message ne porte pas, en effet, d’abord sur les enseignements scolaires mais sur la vie relationnelle quotidienne, au sein de l’établissement. C’est là qu’il est original et peut exercer un rôle.

Son originalité, c’est la manière dont il s’efforce de transformer le climat de la récréation et de l’internat. C’est à ces moments-là qu’il exerce une très grande influence en s’efforçant de faire cesser « les bagarres, les comportements agressifs, la violence, voire les désirs malsains » ; il s’efforce d’animer la vie fraternelle et de cultiver la bonne entente entre élèves. Il peut donc être considéré comme l’ancêtre ou l’inventeur de la « médiation » par la façon dont il intervient pour mettre fin aux conflits. C’est pourquoi Jean-Marie Petitclerc peut voir en lui le début des pratiques de médiation. On peut considérer que, à ce titre, il est, une fois de plus, au départ des intuitions pédagogiques de Don Bosco.

Guy Avanzini

Victoire Degez – Guide pratique et simple pour
une orientation réussie

Paris, Salvator, 2020, 240p.

Face à l’imprévisibilité du monde à venir, l’incitation adressée aux adolescents de « choisir » leur avenir pourrait prendre l’allure d’un défi ou d’une provocation : comment opter au sein de l’indiscernable ? Quelle pertinence accorder à une aspiration affectée de tant de facteurs aléatoires ? N’est-ce pas là une situation impossible, propre à induire le désarroi, sinon la colère, ou l’ironie, la déception, voire la dépression ? Ne sont-ce pas là les effets prévisibles d’une incitation qui peut sembler ironique ? N’est-elle pas une raison suffisante pour susciter ou accroître le découragement, le désintérêt scolaire, sinon le « décrochage » ? Mais, sans s’abandonner au pire, le risque majeur est celui d’un avenir affecté d’un poids de déterminants sociaux et socio-économiques insurmontables. Cela ne rend-il pas absurde l’idée de choix ? Quel sens prend en effet, dans cette situation, l’expérience d’une motivation ou d’un désir dont le contexte compromet l’obtention ?

Cependant, voici que, récemment, l’horizon semble commencer à se dégager ; cela est dû à diverses initiatives qui ont renouvelé les problématiques de l’orientation. Le signe en est donné, notamment, par diverses publications (cf. par exemple celle de : M. Chevreul. Ta vie est une mission. Paris, éditions Emmanuel, 2020, 178p.) et celle de Madame Degez, qui ont réhabilité une sphère de liberté pour l’orientation : ils n’y voient plus seulement la recherche d’une correspondance, plus ou moins garantie, entre une formation et un métier ; ils y voient, au contraire, le lieu possible de réalisation d’une « vocation » impliquant de considérer le choix professionnel comme voué à la réalisation d’un désir, comportant lui-même de fortes dimensions éthiques. Dans la même perspective, on voit émerger et se développer la notion de coach, impliquant la légitimité d’une aide à porter à un sujet pour faciliter son adaptation et favoriser sa réussite. Dans le même sens la diffusion, parfois abusive et insuffisamment maîtrisée, de la notion d’accompagnement qui, rigoureusement entendue, valorise le soutien à la réalisation d’un projet que son auteur ne parviendrait pas à faire aboutir seul, mais qu’il mènerait à bien avec un soutien approprié. Tout cela implique la reconnaissance d’une certaine liberté de jeu, et non l’acceptation aveugle de l’évolution socio-économique.

Pour Madame Degez, il ne s’agit pas « d’être orienté », c’est-à-dire d’apprendre d’un testing ce dont on serait capable, et d’y adhérer docilement, mais de travailler à son accomplissement.

A cet égard, la démarche à laquelle Madame Degez invite est celle d’une démarche active de toute la famille, qui réfléchit, avec l’intéressé, de son orientation. Nous sommes, ici, dans une attitude radicalement opposée à celle qui consiste à consulter « l’orienteur », plus encore « l’orientateur ». L’objectif est de réagir à certains critères susceptibles d’aider l’adolescent à identifier son portrait : quels sont ses goûts et ses points forts et, inversement, ses faiblesses ? quels sont, également, ses désirs et ses craintes ? Quelles sont, enfin, ses possibilités objectives et son propre contexte ? C’est l’ensemble des conclusions dégagées de cette réflexion qui le conduira à une réflexion saine susceptible d’aboutir à une décision délibérée, source de liberté.

Guy Avanzini

Agnès Charlemagne – Je t’écoute : petit guide pour
transmettre la foi entre les générations

Paris, 2020, éditions Créer, 190 p.

Justement connue et estimée pour ses activités pastorales dans les établissements catholiques d’enseignement, Agnès Charlemagne vient de publier un livre qui est à la fois la synthèse de ses travaux antérieurs et l’ouverture à de nouvelles recherches. Elle part de l’idée que l’éducation religieuse ne saurait se réduire à transmettre aux adolescents un bagage théologico-pastoral achevé, auquel ils adhéreraient d’emblée. Elle considère, au contraire, qu’il convient de partir de leurs expériences existentielles ou de leurs problèmes, pour engager une libre réflexion qui puisse conduire à la formalisation de données religieuses proprement dites et favoriser un accès à l’Évangile. On le voit, il s’agit d’une véritable révolution copernicienne liée à un renversement d’ordre anthropologique. Il ne s’agit plus d’accueillir facilement une révélation, mais de chercher les questions, problèmes et difficultés qui conduisent à accueillir la parole de Dieu pour en discerner le sens. Mutatis mutandis, on pourrait comparer cette démarche, en didactique générale, à celle de Freinet : les textes libres produits par les élèves sont d’emblée traités comme des matériaux à partir desquels va s’élaborer leur culture : pour toi, qui est Jésus Christ ? Où est Dieu ? C’est à partir de questions de ce type que l’on va s’efforcer d’engager la réflexion.

Cette approche nouvelle et originale peut paraître prometteuse. Cependant, vu sa nouveauté et sans aucun préjugé malveillant, elle appelle à un examen approfondi pour en éviter toutes dérives. Il importe en effet, en la matière, d’écarter l’adoption de nouveautés séduisantes mais équivoques, ou de les refuser par rejet de l’improvisation. Il faut donc la soumettre à une évaluation théologique qui en identifie la pertinence. Par ailleurs, la pratique des « ateliers », manifestement très suggestive et bienvenue, appelle à une précision sur sa gestion et son déroulement : comment s’y prendre pour procéder à « l’extraction » de l’intuition de l’élève et à son élucidation proprement spirituelle et religieuse.

A vrai dire, ces deux questions sont voisines. L’évaluation est indispensable à la sécurisation de la démarche et la rigueur méthodologique de celle-ci est également très souhaitable pour favoriser les progrès que requiert aujourd’hui la démarche catéchétique. Les difficultés que celle-ci rencontre actuellement et l’évidence de son importance donnent à cette investigation une urgence inconditionnelle.

Guy Avanzini

 

Louis Lourme – Éduquer, c’est -à-dire ? Anthropologie
chrétienne et éducation

Paris, Bayard, 2020, 228p.

Dès l’introduction, M. Lourme observe que l’éducation renvoie doublement à l’anthropologie : d’abord parce qu’elle est presque toujours liée à une certaine vision de l’enfant ; ensuite parce qu’elle entend promouvoir un certain type d’être humain. Cette référence est inégalement élaborée et identifiée mais elle est toujours présente. L’auteur met également en évidence un lien interne et intrinsèque entre éducation et philosophie. Il analyse ce lien notamment chez les grands formateurs, spécialement, pour l’époque contemporaine, Maritain et Mounier.

Ce premier chapitre, dû au professeur François Moog, analyse précisément ce lien ; en étudiant l’évolution de leurs textes, il le montre particulièrement valorisé chez Maritain et Mounier. Et il suscite, de ce fait, une réflexion très bienvenue sur une question considérée comme tellement importante qu’elle se trouve paradoxalement oubliée ou négligée, comme si c’était évident.

Mais c’est ensuite avec une particulière attention qu’on étudiera la communication du Frère André-Pierre Gauthier sur l’élaboration d’une « pédagogie de la fraternité ». Ce trait spécifique constitue à ses yeux l’exigence majeure d’un établissement chrétien en tant que tel. Son objectif, dit-il, ne saurait être autre que de s’attacher obstinément à réussir une pédagogie de la fraternité. C’est cela qui manifeste la singularité du projet de l’École catholique : la fraternité doit y être vécue dans les moments les plus quotidiens, dans la normalité de l’École, « dès qu’on en a franchi le seuil » (p.86). En effet, « l’acte éducatif y est vécu comme désir de relations fraternelles » (p.87). Là est son projet séculaire, à référer aux fondateurs les plus prestigieux des congrégations spécialisées. Pout l’École catholique, cette fraternité est « un élément structurant de l’acte éducatif » (p.95). Il ne s’agit plus ici de juger, d’évaluer, de classer, de condamner, mais de comprendre pour conduire à la réussite. Est-il besoin de souligner à l’attention de ceux qui cherchent à réactiver leur enseignement qu’ils trouveront dans ces pages le moyen d’y parvenir et, notamment, de repérer les finalités stimulantes qui répondent au désir de « ré enchanter l’École », ce que préconise le Secrétariat Général.

Le Père Stalla-Bourdillon propose ensuite une belle étude sur la parole de l’Homme, Etre qui parle, qui porte la Parole, qui entend celle d’autrui, dialogue avec lui et, plus encore, entend et reconnait la Parole de Dieu. L’auteur analyse sa fonction « nutritive », qui construit ceux à qui elle s’adresse, en particulier l’enfant et l’adolescent : l’un et l’autre la reçoive comme une nourriture, dont le défaut ou la mauvaise qualité compromettent gravement le développement. La Parole est à la fois objet et moyen de l’éducation, qui la mobilise sans cesse pour se déployer et donner un sens à la vie.

Dans le chapitre suivant, confié à Viviane Conturie, FSX, on retiendra d’abord le titre original : « La faculté de l’autre ». Ce texte, de haut niveau, analyse cette capacité humaine de « l’expérience d’autrui ». Au terme de son analyse, l’auteure peut dire : « éveiller, développer, faire expérimenter et goûter la faculté de l’autre, c’est un grand défi pour les éducateurs, parents et enseignants, et c’est aussi l’une de leurs missions les plus urgentes ? Elle montre comment l’élève perçoit et comprend cette capacité que, trop souvent, on se contente de condamner ou de bannir comme un simple bavardage. Il ne faut pas oublier que, selon le mot de Marguerite Lena, « la mission éducative, c’est cette parole qui appelle à vivre, à la fécondité d’un pouvoir au-delà de soi-même ».

Ce livre est important. Malheureusement, il n’est pas encore assez connu. Or, vu sa richesse, sa rigueur et sa capacité d’aller à l’essentiel, il devrait être diffusé et médité dans toutes les écoles chrétiennes. Il fournit en effet un bel exemple de cette anthropologie pédagogique qui appelle son Traité. En outre, il s’offre aux praticiens d’une « éducation intégrale » comme de la « pédagogie de l’Autre » pour y nourrir leur inventivité.

Nous terminerons cette recension en citant une remarque de Monseigneur Ide : « Ce dont les éducateurs, parents et enseignants, ont le plus besoin aujourd’hui, c’est le discernement vis-à-vis de ces différents modèles anthropologiques qui leur sont proposés » (p.196). Ce livre magistral pourra les y aider.

Guy Avanzini