Affectivité et autorité en éducation.
Actes du IVème Congrès de l’éducation salésienne (octobre 2009)

Paris – Ed. Don Bosco – 2010 – 112 p.

Ce congrès portait sur un thème particulièrement épineux et complexe, qui n’a rien perdu de son actualité et de son acuité. Le constat de la « crise d’autorité » n’est-il pas une sorte d’évidence qui s’impose aux éducateurs, tant parce qu’il les perturbe et les désoriente que, plus profondément, parce qu’il interroge nécessairement sur son sens et paraît mettre en cause des valeurs naguère incontestées, voire sacrées ? Et cette réaction du rejet de l’autorité est d’autant plus étonnante qu’elle s’accompagne d’une recherche, voire d’une requête d’affection. Dès lors, que comprendre ?

Si tel fut l’objet de ces journées, c’est que, en toute modestie, la pédagogie salésienne se pense en mesure d’éclairer cette apparente contradiction. Don Bosco était sans doute le premier à avoir perçu, dit explicitement et vérifié concrètement que, loin d’amoindrir ou de compromettre l’autorité et de s’y opposer, l’affection est au contraire ce qui la fonde, l’entraîne et l’affermit.

A cet égard, l’actuelle « crise » a, en réalité, le grand mérite de montrer que l’autorité ne saurait se confondre avec un pouvoir de contrainte et de coercition mais, tout au contraire, procède de l’affection et de la confiance réciproque qui en émane. En d’autres termes, l’éducation est intrinsèquement à l’opposé du dressage, c’est le mérite décisif du « système préventif » de l’avoir établi, même si cette conception se heurte encore à la résistance d’esprits demeurés attachés au « système répressif ».

Les 5 conférences publiées dans ces Actes, de G. Avanzini, Ph. Jeannet, X. Lacroix, J.M. Petitclerc et M. Wirth, s’attachent, par des approches variées, à écarter les visions qui opposeraient affection et autorité comme antagonistes ou variant en sens inverse, alors qu’elles varient dans le même sens, interagissant et s’inter-renforçant. Tel est l’apport de Don Bosco à la pensée pédagogique, et il est grave qu’un certain laïcisme en empêche la reconnaissance et même, tout simplement, la connaissance.

On ne saurait donc trop inciter à la lecture de ce bel ouvrage, qui a le double mérite de la rigueur, tant dans la défense des notions que dans le positionnement des problèmes, et la pertinence des conseils concrets qu’il fournit concernant des pratiques éducatives appropriées.

Alain MOUGNIOTTE