Le système scolaire brésilien :
Principaux défis éducationnels
Ce numéro est en cours de préparation avant publication
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Jérôme Brunet*
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Résumé : Le terme « vocation » recouvre plusieurs champs de signification qui peuvent être catégorisées en 5 domaines : les capacités, les appétences, le sens, les fonctions et enfin, la notion d’appel. Prétendre faire grandir une personne dans une perspective d’éducation intégrale, c’est donc l’accompagner dans ces cinq dimensions dans un processus de croissance au cours de sa scolarité.
Le mot « vocation » fait partie de ces vocables que l’on ne peut s’empêcher d’utiliser tout en ayant conscience que le sens qu’on prête au terme est souvent incomplet, imparfait. Le terme, connoté religieusement, est également employé dans le champ de certaines professions : vocation enseignante, sociale, médicale, etc. Souvent rattaché à la notion de don de soi, de générosité, il peut susciter de la méfiance : parler de vocation dans un domaine, cela peut être un bon moyen de manipuler et d’abuser des personnes qui vont se donner « corps et âme ».
Alors, parler de vocation dans le champ de l’éducation (que ce soit en évoquant les élèves ou les adultes) demande de clarifier précisément de quoi l’on parle.
Nous nous proposons ici de repartir de la définition du terme vocation, d’explorer les champs sémantiques qu’il recouvre, et de questionner ce que cela peut ouvrir comme pistes dans le champ de l’éducation, et plus particulièrement de l’orientation, au sein de l’Enseignement catholique.
Paris – Ed. Ellipses – 2018 – 230 p.
Ce livre, original, rassemble 59 « fiches » qui, toutes, concernent l’éducation et les recherches dont elle est l’objet. L’on en voit bien l’intérêt : une série d’exposés succincts -2 à 3 pages chacun- situe succinctement les données principales et l’état actuel des problématiques éducationnelles et fait le point des questions majeures qui les concernent ou des connaissances acquises à leur propos. Chaque fiche est bien informée, de sorte que l’ensemble pourrait faire songer à une petite encyclopédie.
Si l’on voit donc bien l’utilité du livre, néanmoins on en voit vite aussi les limites : une information considérable se trouve émiettée et éparpillée mais, simultanément, redondante, incapable d’éviter des chevauchements dus à des thématiques inter-référentes. La liste même des notices ne manque pas de surprendre. La 6ème partie paraît comme surajoutée, et l’on saisit mal, par exemple, la différence entre la 13ème et la 54ème ou entre la 17ème et la 57ème. Les références bibliographiques sont également un peu étriquées.
Il y a plus grave : en effet, l’ouvrage souffre surtout d’une déficience épistémologique. Certes, la question de la scientificité des sciences de l’éducation est complexe car chacune contribue, selon sa propre méthodologie, à éclairer un processus qui n’est pas scientifiquement établi, mais inventé en articulant aléatoirement les fins, valeurs et idéaux de l’éducation avec les données fournies sur l’éduqué par une anthropologie constituée de ces diverses sciences : ainsi en va-t-il, par exemple, quand une problématique historique étudie le contexte global d’un système scolaire, ou quand une problématique psychologique analyse une démarche d’apprentissage. Mais, ici, faute de partir de la prise en considération de la structure de l’acte éducatif, l’on n’arrive pas à appréhender la spécificité de son objet et les fiches 9 et 12 le mettent en évidence. Ainsi, il n’est presque pas question des finalités, valeurs et idéaux de l’éducation, qu’il est indispensable de prendre en compte si l’on veut saisir le sens d’une démarche éducative.
Au total, ce livre peut rendre service en raison de toute la documentation qu’il rassemble mais il s’avère décevant à cause de l’insuffisance de son support théorique
Guy Avanzini
Fidélité éditeur– 2019 – 151 p.
Chacun, à Lyon et dans l’agglomération lyonnaise, est ou a été au courant de l’action de ce professeur de collège public devenu le fondateur, unanimement respecté et admiré, d’un foyer d’accueil de sans-abri. Il convenait que cette belle initiative soit l’objet d’une étude historique approfondie, qui en analyse toute la signification. Et c’est précisément le travail que vient de publier Michel Catheland.
Directeur honoraire du Collège Notre Dame de Bellecombe, celui-ci a su dégager et situer au-delà des apparences, l’unité profonde d’une vie qui semble comporter deux étapes différentes mais qui, en réalité, est unifiée par la même exigence spirituelle. Porté, lui aussi, par la parole qu’il attribuait à Antoine Martel, « il est dévoré », disait-il, « par l’amour du Christ et des pauvres ». Et telle était l’intensité de son regard qu’en chacun d’eux il percevait Jésus lui-même. C’est pourquoi les hôtes du foyer étaient appelés « passagers» : terme qui signifie le respect dû à chacun, c’est-à-dire que nul n’était considéré comme un « clochard » incurable mais pouvait, peut-être grâce au Foyer, trouver une possibilité de redressement. Enfin, on comprendra mieux encore, dans ce livre, la sensibilité de Rosset, fonctionnaire de l’Enseignement public, membre fidèle et assidu de la Paroisse Universitaire, dont plusieurs des militants ont été par ailleurs actifs et efficaces serviteurs du Foyer ; engagé aussi dans les problématiques de la laïcité ; c’est là aussi qu’il trouvera -si Dieu le veut- la voie de cette béatification pour laquelle prie et travaille l’association de ses amis, fondée à cette fin. Le beau livre de Michel Catheland y contribuera fortement.
Guy Avanzini
Paris – Edition des Frères des Ecole Chrétiennes – 2018 – 174 p.
Alors que l’on s’apprête à célébrer le tricentenaire de la disparition de St Jean Baptiste de la Salle -le 7 avril 1719- cette 5ème édition d’un ouvrage bien connu est particulièrement opportune. Marginalisés par la pédagogie officielle et négligés par les chrétiens, qui souvent en discernent mal la pertinence, les grands éducateurs chrétiens sont insuffisamment mobilisés.
Présenté sous forme d’une chronique, solidement documentée et écrite avec vivacité et clarté, cette biographie se lit à la manière d’un roman. Elle permet de bien percevoir la personnalité complexe de ce marcheur infatigable, qui s’abandonne, dans la confiance en Dieu, à la découverte progressive de sa vocation d’éducateur des pauvres et s’attache avec obstination à créer une structure de religieux laïcs, les « Frères ». Ainsi, malgré les obstacles, les différences, les trahisons, la jalousie des Maîtres Ecrivains et des Maîtres des Petites Ecoles, en dépit d’une grande fragilité canonique et d’une forte vulnérabilité, il parvient à instaurer son Institut et, au-delà de celui-ci, à marquer décisivement l’histoire de l’éducation scolaire. L’on connaît son intelligence, son courage, sa volonté, sa force de conviction. Son objectif est, à la fois, ambitieux et modeste : il ne s’agit pas de transformer la société mais de former des chrétiens munis de la formation requise pour s’y intégrer et y réussir leur salut. On regrettera seulement, outre une ponctuation déficitaire, que, malgré ses mérites, la méthode chronologique retenue par l’auteur n’ait pas permis un exposé synthétique de la pensée pédagogique de St Jean Baptiste de la Salle et la présentation thématique de sa vision de l’Ecole, du système scolaire et des procédures didactiques qu’il préconise, notamment la méthode simultanée. Il reste que ces pages éclairent remarquablement l’inventivité courageuse et lucide d’où sont issus les Frères des Ecoles Chrétiennes. Il convient donc de remercier vivement Frère Lapierre de ce beau travail.
Guy Avanzini
Bar le Duc – Imprimerie St Paul – 1987 – 92 p.
Née en 1789, dans les environs d’Agen, Adèle de Batz de Trenquelléon dut rapidement s’exiler, avec sa famille, pour échapper à la Terreur. Revenue en France en 1801, elle appartient à cette génération de chrétiens fervents, résolus à remédier à la déchristianisation, spécialement celle des milieux ruraux. Très jeune, même, elle s’est sentie appelée à annoncer l’Evangile. Instruite par une tante, elle n’a elle-même fréquenté aucun établissement scolaire mais, hyperactive, généreuse, passionnée et un peu scrupuleuse, elle ouvre chez elle une sorte de « petite école » pour pourvoir, très empiriquement à l’instruction religieuse des filles pauvres de la campagne. Avec une amie également pieuse et décidée, elle fonda une « petite société » qui rejoint, par une lettre hebdomadaire, des jeunes filles également désireuses de spiritualité.
Et voici que, en 1808, elle rencontre fortuitement -ou providentiellement !- chez une amie, un collaborateur du Père Chaminade, prêtre bordelais, qui entreprend d’établir une « congrégation mariale ! ». Assez vite, tous deux découvrent la similitude de leurs objectifs ; également convaincus que la re-christianisation de la population passerait et commencerait par celle de la jeunesse, ils en viennent à mûrir le projet d’une famille religieuse dont les Marianistes seraient la branche masculine et l’association d’Adèle constituerait la branche féminine. Le Père Chaminade en entreprend la rédaction des Constitutions. Malgré mille obstacles, en juillet 1817, Adèle, nommée Supérieure et devenue Mère Marie de la Conception, peut faire profession ainsi que ses compagnes. Fortes d’une spiritualité à dominante mariale, elles se veulent missionnaires, vouées à faire connaître et aimer Dieu et l’Evangile. Enfin, en juillet 1819, les « Filles de Marie » reçoivent l’approbation Pontificale.
Ce petit ouvrage, dont la parution coïncide avec le cinquantenaire de l’Institution Sainte Marie d’Antony, présente très bien la spiritualité dynamique de la nouvelle Bienheureuse. Et il lui apporte l’hommage qui convient. On regrettera seulement qu’il soit insuffisamment explicite et clair sur les structures canoniques de sa congrégation, la diversité des statuts et la genèse des « Tiers ordres », tant séculier que régulier. L’exposé manque ici de précision, et cela gêne la compréhension des activités apostoliques des uns et des autres. On sait seulement que « les Sœurs se trouvent en ville, les tertiaires à la campagne (p. 65) on aimerait des indications plus précises.
La nouvelle Bienheureuse n’avait pas laissé de pédagogie. Mais sa finalité est claire : il s’agit d’évangéliser. Certes, il faut, selon les modalités appropriées, donner aux filles de la campagne l’instruction polyvalente que requièrent leur condition et leur époque, mais il faut d’abord former de vraies chrétiennes, dont la foi soit solide, éclairée et active.
Guy Avanzini
Actes du colloque du 26 au 28 septembre 2017 – Bourg en Bresse – 2018 – 464 p.
Organisé à Chatillon-sur-Chalaronne du 26 au 28 septembre 2017 pour commémorer le 4ème centenaire de la création des confréries des Dames de la Charité de Saint-Vincent de Paul, ce colloque, à proprement parler, ne traite guère d’éducation. Il mérite néanmoins d’être évoqué ici, car il y fait très fréquemment et directement allusion. L’acte de charité est fréquemment un geste éducatif. Il se présente globalement comme attestant l’incessante créativité de la pratique caritative, que requiert nécessairement l’amour du prochain. C’est véritablement une histoire de la charité au quotidien, même s’il ne s’agit évidemment pas ici de réduire l’éducation à sa seule forme scolaire, qui n’en est qu’une modalité parmi d’autres. Plusieurs textes mettent en évidence des gestes qui ne sont pas seulement ponctuels mais visent un acte durable, propice à l’auto-réalisation d’autrui.
Sans entrer ici dans l’analyse détaillée des communications, nous voudrions seulement souligner l’initiative originale de charité que plusieurs d’entre elles, rassemblées ici, mettent en évidence. A cet égard, les chapitres relatifs au Diocèse de Lyon et à son environnement, notamment à la paroisse de Chatillon-sur-Chalaronne apportent une information précieuse sur l’état de la pastorale mais aussi des pratiques d’ordre éducatif. La mise au point de celles-ci, en préfigurant la pratique régulière et méthodique de la visite à domicile des familles pauvres, acquiert une précision et une pertinence qui permettent d’y pressentir ce qu’il est maintenant devenu classique d’appeler « l’éducabilité non formelle ».
C’est dire que cet excellent ouvrage montre comment le christianisme n’est pas seulement une doctrine mais engage ceux qui y adhèrent à une démarche globale en « immersion ». Et le rôle moteur de Saint-Vincent y est placé dans une lumière impressionnante.
Guy Avanzini
Paris – Fayard– 2018 – 684 p.
Poursuivant dans ce volumineux tome 2 ses travaux sur l’histoire des Filles de la Charité de St Vincent de Paul, l’auteur établit ce qu’il en est advenu au cours des XIXe et XXème siècles. Et il lui paraît légitime d’unifier cette période autour de la notion symbolique du « temps des cornettes », pour évoquer la célèbre coiffure religieuse qui fût portée jusqu’après le Concile.
Nous n’entrons pas ici dans le détail de la remarquable analyse des archives de la Compagnie, qu’a magistralement effectuée M. de Lavergnée, mais nous soulignerons l’idée centrale qui anime toute sa lecture. Les Filles de la Charité furent près de 130 000, à la fin du XIXème siècle, mais elles ne demeurent qu’environ 8 000 en 2010, après que la cornette eût été remplacée par un voile plus léger. Or, force est de constater que, malgré sa finesse, sa sensibilisation aux changements et sa perception des évolutions sociales, la Congrégation n’a pu empêcher la chute des effectifs. Mille activités socio-professionnelles permettent d’être au service d’autrui sans s’imposer les rigueurs de la vie religieuse. Comme les autres congrégations, la Compagnie des Filles de la Charité connaît une cruelle diminution de ses effectifs.
Paris – Ed. Salvator – 2018 – 206 p.
Convaincre que l’inscription en lycée professionnel n’est pas fatalement le signe et la promesse de l’échec scolaire et social, telle est l’intention paradoxale de cet ouvrage. Mais n’est-elle pas bien présomptueuse, voire euphorique ? Elle se heurte en effet à la conviction séculaire qui, héritée de la culture gréco-latine, n’a cessé de nourrir le mépris des tâches manuelles et de ceux qui les accomplissent. Et la valorisation de l’Ecole a, de nos jours, fortifié ce préjugé en voyant dans le succès scolaire le véritable indice de l’intelligence et le seul fondement légitime de l’ambition. Soutenir que le lycée professionnel pourrait être un lieu d’épanouissement paraît donc dérisoire.
Telle est cependant l’hypothèse que risque ce livre, qui entend bien ébranler ces représentations funestes : Pour lui, le lycée professionnel, « c’est une véritable opportunité à saisir » (p.18). Encore n’est-ce ni fortuit ni magique, mais subordonné à un renversement du regard de l’élève et de celui-ci sur lui-même. Il est arrivé découragé, voire révolté, convaincu de sa médiocrité, « décrocheur » promis à la marginalisation. Il ne pourra commencer à changer d’attitude que si les formateurs sont assez convaincus de son éducabilité et de sa perfectibilité pour l’amener à y croire aussi. A l’expérience de le confirmer, il réagira par l’effort pour la mériter. Ce nouveau climat affectif suscitera sa propre démarche de reconstruction, que la réussite confirmera. En d’autres termes, c’est la pédagogie salésienne qui le sauvera.
Telle est en effet, précisément, la spécificité de l’Institut Lemonnier, l’excellent lycée salésien de Caen, dont on sait l’inventivité pédagogique comme la fidélité créative à Don Bosco. Réunis autour du Père Petitclerc, une dizaine de ses professeurs ont entrepris d’analyser leurs pratiques. Si leur niveau d’écriture et d’analyse est inégal, tous cependant se retrouvent autour de l’anthropologie dynamique du « système préventif » qui, sans que ce soit perçu, marque décisivement l’histoire de la pédagogie. « C’est une particularité de ce lycée : de travailler sur l’être en tant que personne, et non en tant qu’élève » (p. 47). Les divers contributeurs convergent pour dire combien leur pratique les a, eux aussi, revigorés et « épanouis ». On est loin, ici, des lamentations redondantes sur « le manque de moyen », à la dénonciation duquel tant d’autres limitent leur regard. C’est « qu’il n’est pas anodin, pour un directeur, de voir, émerveillé, la métamorphose que la prise d’initiative donne à vivre aux jeunes » et de « partager avec eux le goût de la confiance » (p. 30). On les verra alors arriver d’un meilleur statut social que tant de ceux que des diplômes sans portée condamnent au chômage. Quand ceux qui ont charge de l’Ecole consentiront-ils à s’en apercevoir ?
Guy Avanzini
Strasbourg – Editions du Signe – 2015 – 96 p.
Ce livre-album, qui comporte plus d’images et de photographies, souvent très belles, que de textes, présente sous un jour nouveau, et esthétiquement très réussi, l’œuvre de Don Bosco.
Introduit par Sœur Geneviève, provinciale des Filles de Marie-Auxiliatrice, il montre comment et pourquoi ce prêtre turinois du lointain XIXème siècle, non seulement garde toute son actualité mais, bien davantage, fournit des pistes et des démarches appropriées à l’éducation actuelle. Il met en évidence, chez Don Bosco, des intuitions pédagogiques capables de sortir de certaines de nos difficultés d’aujourd’hui. A partir d’une série de critères, il expose les situations que celui-ci a vécues, et comment il y a réagi, pour en faire apparaître la pertinence. Ainsi en est-il, par exemple, de la famille ou de l’école, ou de l’initiation chrétienne. Il confirme que l’évolution plus ou moins heureuse de chaque adolescent est subordonnée à ses rencontres et à la qualité affective de ses relations. C’est dire combien il importe « d’accompagner » l’enfant qui grandit, pour parvenir à la fois « à le sécuriser et à le responsabiliser » (p. 12). Encore faut-il, pour cela, risquer le pari de la confiance. Qu’on le sache ou le veuille, ou non, ce sont là les conditions de l’éducation, sa structure. C’est aussi l’effet du « système préventif » et de « l’amorevolezza », qui le spécifie. Et il en propose une évaluation qui confirme son efficacité et justifie de persévérer.
Mis en valeur par l’analyse remarquablement claire et précise qu’en propose le Père Jean-Marie Petitclerc, la thématique et l’originalité de Don Bosco voient ainsi leur spécificité élucidée en des termes qui convaincront l’éducateur désemparé de chercher ici une issue aux impasses dont il se sent souvent victime. Et c’est ce qui justifie le titre même du volume : « croire en la jeunesse ».
Guy Avanzini